Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Enthousiasmé par cette superbe saga historique sur le sort de l'Alsace depuis la guerre de 1870 jusqu'à la seconde guerre mondiale à travers 3 familles alsaciennes déchirées j'aurais souhaité connaitre l'histoire ( scénario, tournage, acteurs,etc...) de cette œuvre majeure et trop peu diffusée.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/01/2016 à 14h15
Bonjour,
Le téléfilm Les alsaciens ou les Deux-Mathilde a été diffusé par Arte en 1996.
Cette saga familiale retrace l’histoire de l’Alsace entre 1870 et 1953 à travers l’histoire du village d’ Alsheim et de la famille Kempf de la Tour.
Le scénario a été écrit par le dramaturge Michel Deutsch et par l’historien Henri de Turenne.
Le journal Libération avait consacré un article au téléfilm lors de sa diffusion, «Les Alsaciens ou les deux Mathilde», saga en quatre parties retraçant la vie d'une famille de 1870 à 1953. L'histoire de l'Alsace sans images d'Epinal :
« […] En effet, c'est bel et bien cent ans de l'histoire d'une région dont les habitants ont changé de nationalité quatre fois dans l'intervalle que les Alsaciens nous proposent de découvrir via la fiction. Entreprise hautement pédagogique: pour les Français «de l'intérieur» (c'est-à-dire pour les habitants de cette province, tous ceux qui vivent au-delà de la ligne bleue des Vosges), les Alsaciens sont assez facilement des Boches, des Fridolins, voire des Schleus. D'ailleurs, jusqu'ici, n'importe quel personnage de fiction originaire du Nord-Est était au minimum affublé de l'accent de Gert Fröbe dans le Jour le plus long.
Ici, le particularisme local et la vérité historique ont été particulièrement soignés, au point que, parfois, la narration s'en trouve considérablement ralentie. Bétonnée question scénario et dialogues par l'historien Henri de Turenne et le dramaturge alsacien Michel Deutsch, et filmée réglo par Michel Favart, la saga bénéficie, en outre, d'un casting local qui permettra à quiconque en douterait encore de vérifier que l'alsacien ne ressemble pas tant que ça au Hochdeutsch, vu que les trois langues (le français, aussi) sont indifféremment employées. La bonne idée des scénaristes, c'est d'avoir appuyé l'intrigue sur quatre niveaux sociaux, qui correspondent, grosso modo, à autant de manières d'exprimer un sentiment national quelque peu malmené par les événements historiques. Nous suivons ainsi la famille Imhof (viticulteurs), les Laugel (aubergistes), les Kempf de la Tour (industriels), tous habitants du village d'Alsheim (40 km au nord de Strasbourg), plus les von Wismar-Marbach (aristocrates prussiens) au gré des fluctuations de la frontière. […] »
Cette saga familiale peut être étudiée collège, le CNDP propose un dossier sur le téléfilm réalisé par un professeur d’histoire-géographie. Vous trouverez de nombreux renseignements sur le scénario, les acteurs… :
« Avec Cécile Bois (Mathilde 1), Aurore Clément (Mathilde 2), Jean-Pierre Miquel (le baron Kempf), Sébastien Koch (Wismar-Marbach 1), Manfred Andrae (Wismar-Marbach 2), Julien Lambroschini (Louis 1), Michel Voïta (Louis 2), Irina Wanka (Frederike), Serge Dupire (Édouard 2), Catherine Aymarie (Alexandra), Maxime Leroux (Albert Laugel 2), Caroline Tresca (Katel)
Les Alsaciens ou les deux Mathilde retrace l'histoire de l'Alsace entre 1870 et 1953, à travers le destin de quatre générations de la famille Kempf de la Tour, originaire du village d'Alsheim, imaginé près de Haguenau, au nord de Strasbourg. Cette saga historique en quatre épisodes fourmille de personnages très différents, dont les trajectoires nous permettent de mieux appréhender l'histoire de l'Alsace, ballottée entre deux pays, l'Allemagne et la France, et deux cultures. Dans ce téléfilm, tous les rôles sont importants, les grands comme les petits. Le jeu de tous les acteurs sonne juste. En choisissant de s'intéresser à des parcours individuel, au sein d'une famille et parmi des gens qui leur sont proches, dans le cadre d'un village inventé pour les besoins du film, le réalisateur Michel Favart et le scénariste (et célèbre dramaturge) Michel Deutsch nous font vivre et surtout comprendre les tragédies vécues par tous les Alsaciens entre 1870 et 1953. On peut réaliser ainsi que les Alsaciens ont toujours été Français de cœur, mais en veillant à conserver leurs particularismes qui se sont du coup parfois heurtés au principe de la « République une et indivisible ».
[…]
Autour de l'émission
Le procédé de la fiction historique
Le téléfilm réussit l'ambitieux pari de raconter l'histoire de l'Alsace entre 1870 et le milieu des années 1950 au travers d'une fiction, où tous les personnages principaux sont inventés et n'ont jamais existé. Les scénaristes ont choisit la forme du récit. Une voix off, celle du personnage de Louis-Charles Kempf de la Tour, que l'on imagine âgé, introduit chaque épisode et intervient de temps à autre au cours du film. Les génériques sont systématiquement les mêmes : un plan du château des Kempf, puis un homme de dos à un bureau en train de taper un texte sur un ordinateur. Le vieux Louis-Charles écrit donc l'histoire de sa famille. Ensuite, le spectateur est plongé dans le récit sous la forme du flash-back. Les personnages du téléfilm, s'ils sont fictifs, n'en croisent pas moins des personnages historiques. Ainsi, Mathilde croise Maurice Barrès. À Strasbourg, vers 1890, Louis fait ses études de droit et assiste avec un de ses camarades, Max Seligman, à un meeting de Bebel, leader du parti socialiste allemand (SPD). L'usine Kempf fabrique vers 1910 des automobiles grâce à un ingénieur italien, Bugatti. Cela contribue à renforcer la crédibilité de la fiction. Enfin, chaque époque est évoquée au travers des costumes et des décors. De plus, les scénaristes se sont parfaitement documentés sur l'histoire de l'Alsace. Tous les événements historiques sont justes, même ceux qui nous apparaissent aujourd'hui assez incroyables ; telles ces journées du lendemain de la Première Guerre mondiale à Strasbourg où, entre le 9 et le 25 novembre 1918, des soviets de marins tentent de prendre le pouvoir avant que l'arrivée de l'armée française ne mette fin à leur révolution. Tout ce qui, dans le troisième épisode concerne le procès des autonomistes alsaciens à Colmar en 1928 est également exact. […]»
Le téléfilm a été réalisé avec soin, il est proche des réalités historiques ce qui en fait une source intéressante pour connaître l’histoire de l’Alsace et ses changements successifs de nationalité.
L’article Wikipédia sur le téléfilm, nous apprend que le village fictif d’Alsheim est en réalité celui de Gueberschwihr. C’est ce village qui a inspiré le réalisateur pour la situation géographique et l’architecture du village d’Alsheim.
La série a ensuite été adaptée en version écrite avec le livre Les Alsaciens ou Les deux Mathilde : roman écrit par Henri de Turenne, François Ducher.
Bonne journée.
Le téléfilm Les alsaciens ou les Deux-Mathilde a été diffusé par Arte en 1996.
Cette saga familiale retrace l’histoire de l’Alsace entre 1870 et 1953 à travers l’histoire du village d’ Alsheim et de la famille Kempf de la Tour.
Le scénario a été écrit par le dramaturge Michel Deutsch et par l’historien Henri de Turenne.
Le journal Libération avait consacré un article au téléfilm lors de sa diffusion, «Les Alsaciens ou les deux Mathilde», saga en quatre parties retraçant la vie d'une famille de 1870 à 1953. L'histoire de l'Alsace sans images d'Epinal :
« […] En effet, c'est bel et bien cent ans de l'histoire d'une région dont les habitants ont changé de nationalité quatre fois dans l'intervalle que les Alsaciens nous proposent de découvrir via la fiction. Entreprise hautement pédagogique: pour les Français «de l'intérieur» (c'est-à-dire pour les habitants de cette province, tous ceux qui vivent au-delà de la ligne bleue des Vosges), les Alsaciens sont assez facilement des Boches, des Fridolins, voire des Schleus. D'ailleurs, jusqu'ici, n'importe quel personnage de fiction originaire du Nord-Est était au minimum affublé de l'accent de Gert Fröbe dans le Jour le plus long.
Ici, le particularisme local et la vérité historique ont été particulièrement soignés, au point que, parfois, la narration s'en trouve considérablement ralentie. Bétonnée question scénario et dialogues par l'historien Henri de Turenne et le dramaturge alsacien Michel Deutsch, et filmée réglo par Michel Favart, la saga bénéficie, en outre, d'un casting local qui permettra à quiconque en douterait encore de vérifier que l'alsacien ne ressemble pas tant que ça au Hochdeutsch, vu que les trois langues (le français, aussi) sont indifféremment employées. La bonne idée des scénaristes, c'est d'avoir appuyé l'intrigue sur quatre niveaux sociaux, qui correspondent, grosso modo, à autant de manières d'exprimer un sentiment national quelque peu malmené par les événements historiques. Nous suivons ainsi la famille Imhof (viticulteurs), les Laugel (aubergistes), les Kempf de la Tour (industriels), tous habitants du village d'Alsheim (40 km au nord de Strasbourg), plus les von Wismar-Marbach (aristocrates prussiens) au gré des fluctuations de la frontière. […] »
Cette saga familiale peut être étudiée collège, le CNDP propose un dossier sur le téléfilm réalisé par un professeur d’histoire-géographie. Vous trouverez de nombreux renseignements sur le scénario, les acteurs… :
« Avec Cécile Bois (Mathilde 1), Aurore Clément (Mathilde 2), Jean-Pierre Miquel (le baron Kempf), Sébastien Koch (Wismar-Marbach 1), Manfred Andrae (Wismar-Marbach 2), Julien Lambroschini (Louis 1), Michel Voïta (Louis 2), Irina Wanka (Frederike), Serge Dupire (Édouard 2), Catherine Aymarie (Alexandra), Maxime Leroux (Albert Laugel 2), Caroline Tresca (Katel)
Les Alsaciens ou les deux Mathilde retrace l'histoire de l'Alsace entre 1870 et 1953, à travers le destin de quatre générations de la famille Kempf de la Tour, originaire du village d'Alsheim, imaginé près de Haguenau, au nord de Strasbourg. Cette saga historique en quatre épisodes fourmille de personnages très différents, dont les trajectoires nous permettent de mieux appréhender l'histoire de l'Alsace, ballottée entre deux pays, l'Allemagne et la France, et deux cultures. Dans ce téléfilm, tous les rôles sont importants, les grands comme les petits. Le jeu de tous les acteurs sonne juste. En choisissant de s'intéresser à des parcours individuel, au sein d'une famille et parmi des gens qui leur sont proches, dans le cadre d'un village inventé pour les besoins du film, le réalisateur Michel Favart et le scénariste (et célèbre dramaturge) Michel Deutsch nous font vivre et surtout comprendre les tragédies vécues par tous les Alsaciens entre 1870 et 1953. On peut réaliser ainsi que les Alsaciens ont toujours été Français de cœur, mais en veillant à conserver leurs particularismes qui se sont du coup parfois heurtés au principe de la « République une et indivisible ».
[…]
Le procédé de la fiction historique
Le téléfilm réussit l'ambitieux pari de raconter l'histoire de l'Alsace entre 1870 et le milieu des années 1950 au travers d'une fiction, où tous les personnages principaux sont inventés et n'ont jamais existé. Les scénaristes ont choisit la forme du récit. Une voix off, celle du personnage de Louis-Charles Kempf de la Tour, que l'on imagine âgé, introduit chaque épisode et intervient de temps à autre au cours du film. Les génériques sont systématiquement les mêmes : un plan du château des Kempf, puis un homme de dos à un bureau en train de taper un texte sur un ordinateur. Le vieux Louis-Charles écrit donc l'histoire de sa famille. Ensuite, le spectateur est plongé dans le récit sous la forme du flash-back. Les personnages du téléfilm, s'ils sont fictifs, n'en croisent pas moins des personnages historiques. Ainsi, Mathilde croise Maurice Barrès. À Strasbourg, vers 1890, Louis fait ses études de droit et assiste avec un de ses camarades, Max Seligman, à un meeting de Bebel, leader du parti socialiste allemand (SPD). L'usine Kempf fabrique vers 1910 des automobiles grâce à un ingénieur italien, Bugatti. Cela contribue à renforcer la crédibilité de la fiction. Enfin, chaque époque est évoquée au travers des costumes et des décors. De plus, les scénaristes se sont parfaitement documentés sur l'histoire de l'Alsace. Tous les événements historiques sont justes, même ceux qui nous apparaissent aujourd'hui assez incroyables ; telles ces journées du lendemain de la Première Guerre mondiale à Strasbourg où, entre le 9 et le 25 novembre 1918, des soviets de marins tentent de prendre le pouvoir avant que l'arrivée de l'armée française ne mette fin à leur révolution. Tout ce qui, dans le troisième épisode concerne le procès des autonomistes alsaciens à Colmar en 1928 est également exact. […]»
Le téléfilm a été réalisé avec soin, il est proche des réalités historiques ce qui en fait une source intéressante pour connaître l’histoire de l’Alsace et ses changements successifs de nationalité.
L’article Wikipédia sur le téléfilm, nous apprend que le village fictif d’Alsheim est en réalité celui de Gueberschwihr. C’est ce village qui a inspiré le réalisateur pour la situation géographique et l’architecture du village d’Alsheim.
La série a ensuite été adaptée en version écrite avec le livre Les Alsaciens ou Les deux Mathilde : roman écrit par Henri de Turenne, François Ducher.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter