délimitations de la commune de Lyon
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 31/03/2016 à 14h43
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Question d'origine :
Bonjour
Je ne trouve nul part des informations sur la création de la commune de Lyon (l'espace administratif,pas le mouvement révolutionnaire) et souhaite savoir par qui,comment et pourquoi les limites de cette commune ont été dessinées ainsi?
On entend couramment que les communes ont été calquées sur les paroisses,pourtant il me semble que Sainte-Foy-lès-Lyon et d'autre faubourgs faisaient parti de la paroisse de Lyon mais sont aujourd'hui des communes indépendantes.
Villeurbanne quand a elle est bien une municipalité a part entière pourtant ne se trouvait elle pas a l’intérieur des fortifications de la ville,donc dans l'intra-muros?
Qui a décrété que tel ou tel endroit faisait parti ou non de la commune de Lyon?Quand?Pourquoi?
Par avance,merci pour votre aide
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 04/04/2016 à 09h44
Bonjour,
En introduction , nous pouvons reprendre un extrait de l’introduction générale de l’ouvrage Histoire de Lyon : des origines à nos jours de André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard, Pierre Cayez, 2007 : L’histoire du site de Lyon est particulière puisque à la différence de la plupart des grandes villes au passé ancien qui se sont agrandies par cercles concentriques, celui de Lyon s’est déplacé dans l’espace dans le sens ouest-est. La colonie romaine de Lugdunum était sise sur la colline de Fourvière ; le bourg médiéval se développa d’abord sur la rive droite de la Saône au pied de la colline avant de gagner la presqu’ile que la ville romaine avait déjà atteinte ; la ville de l’âge classique occupa toute la presqu’île ; enfin les XIXe et XXe siècles ont vu la ville s’installer largement sur la rive gauche du Rhône qui symbolise aujourd’hui le dynamisme de la Cité autour de 3 pôles principaux : celui de la Part-Dieu, celui du quai Achille-Lignon et celui de Gerland.
Concernant votre interrogation sur le lien entre communes et paroisses, il est vrai qu’historiquement, les communes françaises créées à la Révolution ont été calquées sur les anciennes paroisses ecclésiastiques. Pour les villes, on calqua les communes sur les anciennes paroisses fiscales ou collectes. Grâce à cela, les villes conservèrent leur unité alors qu'elles renfermaient en général plusieurs paroisses ecclésiastiques.
On peut donc dire que les paroisses constituèrent des pôles majeurs de peuplement qui vont faire la ville.
Sur l’organisation paroissiale à Lyon, nous vous recommandons la lecture de 2 articles que vous trouverez dans :
- Rive gauche; n°190, sept. 2009, p. 3-16 ; n°191, déc. 2009, p.14-21 : Les paroisses de Lyon de leur origine à la révolution : petit tour d'horizon
- Revue historique; n°584, oct-déc 1992, p. 321-348 : L'Eglise et l'espace de la grande ville au XIXè siècle : Lyon et ses paroisses
En 1789, la ville de Lyon et ses faubourgs regroupe 14 paroisses dont 7 se partagent la seule rive droite de la Saône. La réforme de 1791 va modifier cette cartographie : plutôt que de s’inscrire dans les cadres spatiaux de l’Église, les nouvelles circonscriptions civiles furent au contraire appelées à donner former à ces derniers, à l’échelle des villes (paroisses) comme celle des départements (diocèses). Ainsi un remodelage des paroisses lyonnaises s’opère, qui doivent coïncider avec les « cantons de justice de paix ». De telles règles se maintiennent jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Le maillage spatial catholique a donc joué le rôle d’un auxiliaire du maintien de l’ordre social, politique et public.
La réorganisation révolutionnaire a découpé en arrondissements "municipaux » les trois plus grandes villes françaises : Paris, Lyon et Marseille. Chacun de ces arrondissements possède une mairie, mais l'essentiel des pouvoirs a été laissé aux trois municipalités centrales.
Au début du XIXe, Lyon n’est encore que peu urbanisé. Du noyau de la ville se détachent des « digitations » constituées par des faubourgs qui font partie de communes indépendantes limitrophes : grandes rues de la Guillotière, de Vaise ou de la Croix-Rousse et dans une moindre mesure, Grande-rue des Charpennes à Villeurbanne. Tous les autres établissements humains de l’agglomération actuelle ne sont que des villages qu’animent parfois de grandes routes : la route de Lyon à Toulouse (RN86), à Oullins et Saint-Genis-Laval ou la route de la vallée du Rhône (RN7) à Saint-Fons et Vénissieux.
Les expansions démographique et industrielle de ces communes s’effectuent dans la continuité de l’extension des zones industrielles de la ville centre.
Les divisions communales vont varier : pour des raisons essentiellement politiques, le second Empire rattache à Lyon les communes de la Croix-Rousse, de la Guillotière et de Vaise en 1852. En effet, le pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte (Prince Président) incarné par le préfet Claude Marius Vaïsse qui détient à Lyon tous les pouvoirs politiques et administratifs, se méfiait des faubourgs ouvriers de Lyon: Vaise, La Croix-Rousse, la Guillotière où des émeutes se produisaient régulièrement. Le pouvoir voulait assurer l'ordre à Lyon et dans les communes limitrophes.
Lyon sera ainsi divisée en 5 arrondissements municipaux ayant chacun un maire et 2 adjoints.
Le territoire de la Guillotière constitue le troisième de ces arrondissements (qui couvrait è l’époque les 3e, 6e, 7e et 8e arrondissements actuels). La Croix-Rousse et Vaise forment respectivement le quatrième et le cinquième arrondissement.
Le 6e arrondissement sera créé en 1867 et illustre bien le jeu géopolitique de ce découpage administratif.
Concernant Villeurbanne, en 1852, la ville est détachée du département de l'Isère (dans l'arrondissement de Vienne), et rejoint le département du Rhône. Elle refuse cependant à cette époque son rattachement à la ville de Lyon, à l'encontre des autres faubourgs. Lyon s'est cependant approprié, en faisant passer une loi en 1894, la partie du Parc de la Tête d'or située sur la commune de Villeurbanne pour poursuivre sa politique d'absorption de sa périphérie.
La fin du XIXe et le début du XXe verront se poursuivre la création de voieries, de la rénovation des quartiers, de l’ouverture de nouveaux quartiers avec l’urbanisation de la rive gauche du Rhône.
Source : Atlas historique du grand Lyon : formes urbaines et paysages au fil du temps / Jean Pelletier, Charles Delfante
Concernant l’appartenance administrative de Sainte-Foy-lès-Lyon, village et paroisse de la généralité de Lyon, elle est rattachée au canton de Saint-Genis-Laval puis au canton d’Oullins à la Révolution. En 1885, Sainte Foy-lès-Lyon et La Mulatière se séparent en deux communes indépendantes, pour des raisons d’incompatibilité géographique, sociale et économique.
Source : Sainte-Foy-lès-Lyon / Département du Rhône, Comité du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques sous la dir. de Henri Hours
Ainsi des années 1789-1795 à 1914, paroisses et commissariats ont été bien souvent les premiers découpages et équipements à toucher les nouvelles agglomérations populaires. Pour l’évêque comme pour le préfet, le jeu sur la division de l’espace a donc été un outil de gestion des territoires urbains et des populations, enjeux de distinction ou d’intérêt.
Source : Genèses Année 1994 Volume 15 Numéro 1 pp. 103-114 La ville en quartiers : découpages de la ville en histoire urbaine par Pierre-Yves Saunier
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