concours saint -Cyr fin XIXe siècle
Le 20/04/2016 à 15h45
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Question d'origine :
Chères têtes chercheuses,du guichet,
Y avait il une préparation du concours dans des lycées à cette école après que le baccalauréat ait été exigé ? A Lyon quel établissement proposait cette préparation?
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/04/2016 à 08h45
Bonjour,
L’ouvrage « Saint-Cyr : deux siècles au service de la France » de Pierre Montagnon (2002) retrace « le passé glorieux de l'Ecole spéciale militaire, créée par Napoléon en 1802, installée à Fontainebleau puis à Saint-Cyr et destinée à former les futurs officiers de l'armée française."
Le livre apporte quelque éléments de réponse. Il faut noter qu’au début, le concours n’était pas de rigueur ; c’est plus tard qu’il apparaît. Voici, les détails :
page 18 :
« Ils sont 192 à intégrer en 1803. 239 l’année suivante, puis 398 en 1805, l’année d’Austerlitz. La guerre a repris entre la France et l’Europe sous l’impulsion de l’Angleterre. L’Empereur a besoin d’officiers et de soldats. Il n’a pas loisir de sélectionner les candidats par concours. D’autorité, il désigne les jeunes gens destinés à partir pour l’Ecole Militaire . Même s’il les choisit dans l’ensemble de bonne famille, il ne s’attarde pas sur leur degré réel d’instruction. Ce recrutement d’office provoquera quelques surprises sur la qualité. A défaut, il fournira du monde. Jusqu’en 1814, la norme initiale des 250 sera presque constamment dépassée."
Page 33 :
Le 16 juillet, une ordonnance royale a supprimé l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr etprescrit le maintien du collège de La Flèche comme établissement préparatoire à une grande école à définir . Deux mois plus tard, le 6 septembre, une autre ordonnance fixe la même fonction à l’ancienne Ecole de Saint Cyr et toujours dans la même perspective. Puis, les mois passent sans précisions sur le futur établissement alors que les deux collèges se remplissent de 500 à 600 élèves chacun. Pour ce laps de temps, l’Histoire a retenu, pour l’Ecole Préparatoire de Saint Cyr, le nom de « Petite Ecole ».
Enfin, le 31 décembre 1817, l’horizon s’éclaircit dans le cadre général de la loi Gouvion-Saint-Cyr sur la réorganisation de l’armée. Une ordonnance royale prévoit le rétablissement d’une Ecole Spéciale Militaire qui formera de futurs officiers destinés à l’Infanterie, à la Cavalerie et, par la suite, au corps royal d’état-major. Cette école retrouvera les locaux de Saint-Cyr et recevra, en principe, 300 élèves.Ces derniers proviennent, moitié d’une Ecole Militaire préparatoire, moitié d’un recrutement par concours. (…)
La première rentrée s’effectue début novembre 1818. Ils ne sont que 121 pour ce grand retour.66 proviennent des deux écoles préparatoires de La Flèche et Saint-Cyr. Les autres sont issus du concours intervenu en septembre et portant essentiellement sur le français, le latin, l’arithmétique et la géographie.
Page 94 :
Pour accéder à ce Saint des Saints qui a tout d’un petit purgatoire au seuil de la vie militaire, le concours est toujours le préalable incontournable. Avec les années il évolue. De 1817 à 1909, on ne compte pas moins de trente et un décrets, ordonnances, décisions, instructions, lois, règlements fixant ses modalités.
L’évolution du baccalauréat n’est pas totalement étrangère à ces diverses modifications. A la veille de 14-18, pour intégrer est exigé :
-Limite d’âge : 18 ans au moins et 21 au plus au 1er janvier de l’année du concours.
-Le certificat de la première partie du baccalauréat classique ou moderne est obligatoire. (Le baccalauréat philosophie ou mathématiques apporte 30 points supplémentaires.)
-L’écrit comporte une composition française, une composition d’histoire pouvant comprendre un élément de géographie, un thème et une version allemande (sans dictionnaire, une composition de mathématiques, un calcul logarithmique, une épreuve de géométrie cotée, une épreuve de physique et chimie, un dessin paysagiste.
-L’oral, outre les épreuves physiques (escrime, gymnastique, équitation), porte sur : la géométrie plane et dans l’espace, la géométrie cotée, l’algèbre, la trigonométrie, la mécanique, la cosmographie, la physique, la chimie, l’anatomie du corps, l’histoire (à partir du règne de Louis XIV), la géographie (physique et politique de tout l’univers), la langue allemande, la philosophie (logique et morale), le dessin. A titre facultatif, il est loisible de présenter une langue étrangère, russe, anglais, arabe, italienne, espagnole, dans l’espoir d’obtenir des points supplémentaires sous condition d’atteindre le minimum requis. »
L’article intitulé « La préparation aux grandes écoles scientifiques au XIXe siècle : établissements publics et institutions privées » publié dans la revue Histoire de l’Education ( 2001) par Bruno Belhoste apporte les réponses recherchées. Nous vous laissons le soin de le lire entièrement. Il y est dit notamment :
"L’École spéciale militaire, fondée à Fontainebleau en 1802 avant d’être transférée à Saint-Cyr en 1808, forme les officiers d’infanterie et de cavalerie, ainsi que les officiers du corps d’État-major.Sous le Consulat et l’Empire, il n’y a pas de concours pour l’admission des élèves, qui sont nommés par Napoléon lui-même. À partir de 1818, en revanche, la moitié des places est donnée au concours, l’autre moitié étant réservée aux élèves de l’École préparatoire de La Flèche . Ce concours, organisé sur le modèle de celui de l’École polytechnique et avec les mêmes examinateurs, devient l’unique voie d’admission (…)
II. Les préparations publiques avant 1852
1. Naissance des mathématiques spéciales
• Les lycées prennent le nom de collèges royaux entre 1815 et 1848. (...)
L’une des particularités de l’enseignement préparatoire aux grandes écoles est son implantation dans des établissements d’enseignement secondaire . Ce trait, qui remonte à l’origine des concours, a perduré jusqu’à aujourd’hui. Comment expliquer ce qui peut apparaître comme une sorte d’anomalie institutionnelle ? Je me contenterai ici d’examiner les raisons pour lesquelles ce sont les lycées qui ont accueilli l’enseignement préparatoire au XIXe siècle, sans chercher pourquoi rien n’a changé au siècle suivant. La première raison est simplement négative : entre 1808 et 1850, la loi interdit le développement d’un tel enseignement hors de l’Université. Quant aux facultés des sciences, elles sont alors beaucoup trop faibles pour l’accueillir, contrairement aux lycées où existe depuis l’origine un enseignement des sciences. L’explication, cependant, est insuffisante. L’implantation de l’enseignement préparatoire dans les lycées résulte en effet d’une véritable politique. Rappelons qu’au début du XIXe siècle, le seul concours est celui de l’École polytechnique, qui ouvre l’accès à des carrières d’officiers militaires et d’ingénieurs d’État. Or, la grande œuvre de consolidation politique et administrative engagée par le régime napoléonien exige des fonctionnaires compétents et fidèles. C’est principalement pour assurer et contrôler leur formation que les lycées sont établis en 1802, et la préparation des candidats au concours de l’École polytechnique entre naturellement dans ce cadre. Il est prévu expressément par ailleurs que l’École spéciale militaire, fondée en même temps que les lycées, recrutera aussi parmi leurs élèves. Loin d’être un accident historique, l’implantation de l’enseignement préparatoire dans les lycées est donc pour eux une mesure fondatrice, au même titre que le rétablissement du latin comme base de la culture secondaire."
Bonne Journée.
L’ouvrage « Saint-Cyr : deux siècles au service de la France » de Pierre Montagnon (2002) retrace « le passé glorieux de l'Ecole spéciale militaire, créée par Napoléon en 1802, installée à Fontainebleau puis à Saint-Cyr et destinée à former les futurs officiers de l'armée française."
Le livre apporte quelque éléments de réponse. Il faut noter qu’au début, le concours n’était pas de rigueur ; c’est plus tard qu’il apparaît. Voici, les détails :
page 18 :
« Ils sont 192 à intégrer en 1803. 239 l’année suivante, puis 398 en 1805, l’année d’Austerlitz. La guerre a repris entre la France et l’Europe sous l’impulsion de l’Angleterre. L’Empereur a besoin d’officiers et de soldats.
Page 33 :
Le 16 juillet, une ordonnance royale a supprimé l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr et
Enfin, le 31 décembre 1817, l’horizon s’éclaircit dans le cadre général de la loi Gouvion-Saint-Cyr sur la réorganisation de l’armée. Une ordonnance royale prévoit le rétablissement d’une Ecole Spéciale Militaire qui formera de futurs officiers destinés à l’Infanterie, à la Cavalerie et, par la suite, au corps royal d’état-major. Cette école retrouvera les locaux de Saint-Cyr et recevra, en principe, 300 élèves.
La première rentrée s’effectue début novembre 1818. Ils ne sont que 121 pour ce grand retour.
Page 94 :
Pour accéder à ce Saint des Saints qui a tout d’un petit purgatoire au seuil de la vie militaire, le concours est toujours le préalable incontournable. Avec les années il évolue. De 1817 à 1909, on ne compte pas moins de trente et un décrets, ordonnances, décisions, instructions, lois, règlements fixant ses modalités.
L’évolution du baccalauréat n’est pas totalement étrangère à ces diverses modifications. A la veille de 14-18, pour intégrer est exigé :
-Limite d’âge : 18 ans au moins et 21 au plus au 1er janvier de l’année du concours.
-Le certificat de la première partie du baccalauréat classique ou moderne est obligatoire. (Le baccalauréat philosophie ou mathématiques apporte 30 points supplémentaires.)
-L’écrit comporte une composition française, une composition d’histoire pouvant comprendre un élément de géographie, un thème et une version allemande (sans dictionnaire, une composition de mathématiques, un calcul logarithmique, une épreuve de géométrie cotée, une épreuve de physique et chimie, un dessin paysagiste.
-L’oral, outre les épreuves physiques (escrime, gymnastique, équitation), porte sur : la géométrie plane et dans l’espace, la géométrie cotée, l’algèbre, la trigonométrie, la mécanique, la cosmographie, la physique, la chimie, l’anatomie du corps, l’histoire (à partir du règne de Louis XIV), la géographie (physique et politique de tout l’univers), la langue allemande, la philosophie (logique et morale), le dessin. A titre facultatif, il est loisible de présenter une langue étrangère, russe, anglais, arabe, italienne, espagnole, dans l’espoir d’obtenir des points supplémentaires sous condition d’atteindre le minimum requis. »
L’article intitulé « La préparation aux grandes écoles scientifiques au XIXe siècle : établissements publics et institutions privées » publié dans la revue Histoire de l’Education ( 2001) par Bruno Belhoste apporte les réponses recherchées. Nous vous laissons le soin de le lire entièrement. Il y est dit notamment :
"L’École spéciale militaire, fondée à Fontainebleau en 1802 avant d’être transférée à Saint-Cyr en 1808, forme les officiers d’infanterie et de cavalerie, ainsi que les officiers du corps d’État-major.
II. Les préparations publiques avant 1852
1. Naissance des mathématiques spéciales
• Les lycées prennent le nom de collèges royaux entre 1815 et 1848. (...)
Bonne Journée.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 22/04/2016 à 14h35
Sur le site slideshare.net, on peut lire un article de Bruno Belhoste : Historique des classes préparatoires que vous pourriez consulter. Voici quelques petits extraits :
C’est sous la IIIe République, entre 1880 et 1914 que le système des classe préparatoires scientifiques prend le visage qu’il va conserver presque sans changements jusqu’aux années 1970.
On trouve des classes préparatoires dans les grands lycées, en province et surtout à Paris.
(…) En province, les meilleures préparations sont celles du lycée du Parc, à Lyon, et du lycée de Nancy.
Le Lycée du Parc a ouvert ses portes aux élèves pour la première fois seulement pour la rentrée de 1914.
Nous avons consulté : Le lycée du Parc : 100 ans d’histoire, éditions LieuxDits, 2014, dans lequel on peut lire :
(…) Dès le 2 août 1914, les bâtiments du lycée du Parc sont mobilisés pour servir de dépôt au 17e régiment de ligne, à l’exception de l’aile sud. Dans cette partie du lycée s’effectue en octobre la première rentrée, pour 163 élèves seulement, ceux des classes primaires et des cinq classes préparant aux concours des « Ecoles de gouvernement ».
(…) En octobre 1919, les ouvriers travaillent encore mais le lycée du Parc peut effectuer sa première rentrée complète avec 732 élèves, dont 207 en prépas, parmi lesquels de nombreux démobilisés dont certains, écrit Vachey « sont très âgés ».
(…) L’histoire de la khâgne de Lyon, la première Khâgne de province, commence, on le sait, avant même le lycée du Parc. C’est en effet au lycée Ampère qu’en 1901 est confiée à Edouard Herriot la responsabilité de la toute nouvelle « rhétorique supérieure ». Sur cette « cagne » - ainsi la désignait-on alors – nous savons simplement qu’elle siégeait « sous les combles, au quatrième étage du lycée Ampère, face aux quais du Rhône » et qu’elle a été marquée par la forte personnalité de deux professeurs : Edouard Herriot qui y enseigna jusqu’en 1905, avant d’être nommé maître de conférence à l’université de Lyon et élu maire de Lyon , et le philosophe André Cresson, spécialiste de Kant, qui y professa jusqu’en 1909, avant de rejoindre les Khâgnes parisiennes.
En 1914, la Khâgne migre au Parc et s’installe dans le bâtiment de la rue Tronchet, dédiée aujourd’hui à la physique. Les effectifs des Khâgneux – guerre oblige- ne cesse de décroître : de 14 en 1914, ils passent à 9 en 1918. Le corps professoral évolue lui aussi en fonction de la mobilisation des maîtres.
La guerre achevée les effectifs de la Khâgne ne cessent de croître (…)
A Lyon, effectivement, le premier établissement à recevoir officiellement le titre de lycée en 1802 est le lycée impérial de la rue de la Bourse, ancien collège de la Trinité fondé en 1519 et qui deviendra le lycée Ampère en 1888. La guerre de 1914-1918 lui fait perdre ses classes préparatoires, dont il ne récupère une partie que bien plus tard.
Le lycée Edouard Herriot est inauguré en 1883, après la première guerre mondiale, il retrouve pleinement ses fonctions d’enseignement avec un internat ouvert à Saint-Just, des classes préparatoires et aussi une annexe, que la guerre suivante perturbe à nouveau.
Ses classes préparatoires existaient-elles avant la guerre ?
A propos des CPGE aujourd’hui, voir cette page du site de l’Onisep. Ou encore ce site, et celui-là.
Sur le site la-prépa-concours.com, on peut lire quels sont actuellement les critères d’admission à l’EMS Saint-Cyr. Nous avons envoyé votre question par mail sur ce site, nous vous communiquerons bien sûr les éléments d’informations que nous obtiendrons.
Par ailleurs, nous avons tenté de contacter par téléphone le lycée Ampère, le lycée du Parc, l’ENS Lyon et l’Ecole de Saint-Cyr mais il se trouve que votre demande a lieu en pleine période de vacances scolaires, nous n’avons pas pu obtenir d’interlocuteurs susceptibles de nous donner les informations que vous recherchez.
Vous pourriez peut-être contacter après les vacances l’ESM Saint-Cyr, le lycée Ampère de Lyon.
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