droit de bourgeoisie sous l'Ancien Régime à Lyon
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 28/04/2016 à 10h47
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Question d'origine :
Chères têtes chercheuses,
A Lyon, ceux qui ont le droit de bourgeoisie ,étaient-ils exempts de la taille et des droits à l'entrée des marchandises (comme à Bordeaux ?). Fallait-il payer pour obtenir ce droit de bourgeoisie ?
Merci pour votre bon travail.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 02/05/2016 à 10h02
Bonjour,
Comme le rappelle un article paru dans la Revue du Lyonnais, Note au sujet de la bourgeoisie de Lyon, contrairement à ce que le terme nous laisse entendre aujourd’hui, la « bourgeoisie » sous l’Ancien régime est statutaire :
[Un] Bourgeois au Moyen-Age, était toute autre chose qu'un Bourgeois au XIXe siècle. Puisque l'occasion s'en présente, nous allons essayer de donner quelques notions précises sur cette qualification employée aujourd'hui d'une tout autre manière. Un bourgeois était celui qui avait droit de bourgeoisie dans une ville, c'est-à-dire qui était agrégé à la commune, participait à son gouvernement et jouissait des privilèges qui y étaient attachés. Le bourgeois pouvait donc être ou ne pas être noble, peu importait, de même qu'aujourd'hui on peut être conseiller municipal sans cela, et, néanmoins, la noblesse, même la plus illustre n'est pas exclusive de cette charge. Bourgeois était donc un titre. On ne pouvait se l'attribuer sans l'avoir légitimement, car il conférait des droits importants, celui, entre autres, de contribuer à la nomination des Echevins.
Dans les grandes villes, et surtout dans les villes commerçantes, le pouvoir de la bourgeoisie acquit une telle prépondérance que la noblesse, pour ne pas laisser grandir un tel adversaire, qui se montra souvent redoutable, ne vit rien de mieux à faire que de se mêler à ses rangs et de joindre à ses qualifications nobiliaires d'écuyer, de chevalier, de comte et de marquis celle de bourgeois ou de citoyen de la ville où elle voulait conserver quelque influence. Cela explique, dans nos listes consulaires, le mélange de noms appartenant à la haute aristocratie et de noms de marchands et d'hommes de loi.
Il semble que ce droit de bourgeoisie était acquis principalement par la résidence dans la ville - étymologiquement d’ailleurs, le bourgeois désigne l’habitant du bourg. C’est en tout cas le principe qui semble prévaloir sur les autres, car c’est celui dont nous trouvons régulièrement fait état : Suite aux dispositions ordonnées par le roi quant au droit de bourgeoisie lyonnaise, précisé par ses lettres patentes du 9 novembre 1617, qui ordonnaient que « tous estrangers seront tenus de declairer en la maison de ville la résolution qu’ilz auront prinse de demeurer en icelle avant d’y faire leur habitation ». (Lyon et le Roi : De la "bonne ville" à l'absolutisme municipal (1594-1654) de Yann Lignereux et Denis Crouzet, pp.523 )
D'après un grand nombre de Chartes du moyen âge, le droit de bourgeoisie et la liberté qui s'y rattachait, étaient le prix de la résidence d'un an et un jour.
« N'est-ce pas ici la tradition directe du droit des Francks, si ce n'est que la villa salique s'est agrandie, enceinte de murailles et distinguée par des privilèges (p. 55) ? » (De l'origine de la possession annale in Revue du Lyonnais, série 2 n°8)
La bourgeoisie statutaire aurait moins à voir avec la richesse qu’avec un droit de sol, et que, donc, tous les Lyonnais y avaient accès de fait : La classe ouvrière et indigente ne nourrissait donc, contre l'opulence et la noblesse, d'autre envie que celle inhérente à la nature humaine et qui résulte pour le malheureux du spectacle de l'être plus heureux que lui; mais rien dans les lois ni dans les mœurs locales ne venait aggraver ce ferment inévitable des passions. On peut même dire qu'il n'y avait à Lyon que des privilèges honorifiques, conférés seulement à ceux que le peuple en avait jugé dignes, puisque
Vivre à Lyon sous l'Ancien régime revient sur les privilèges des lyonnais, et notamment celui de l’exemption de la taille, tout en confirmant que la principale condition d’accession au droit de bourgeoisie consiste à habiter la ville (c’est nous qui soulignons) :
PRIVILEGES URBAINS
Comme tous les habitants des « bonnes villes » du royaume, les Lyonnais bénéficient de privilèges qu’ils ont acquis, dans des circonstances variées, au cours de leur histoire. Mais tous les Lyonnais n’en profitent pas de la même manière. Depuis qu’elle a obtenu sa liberté de son seigneur, au XIVe siècle, 1a ville est « exempte de garnison », ce qui signifie qu’elle n’a pas a accueillir (et a entretenir) de troupes, que ce soit de manière permanente ou temporaire. [...] La cité se charge donc de sa propre sécurité par l’intermédiaire d’une garde bourgeoise 1a servant gratuitement et volontairement. A cet effet, Lyon est découpée en pennonages dont 1e nombre et la géographie sont éminemment variables.[...]
Le deuxième privilège dont jouit la ville est
L’exemption de taille ne cesse cependant, de provoquer des difficultés durant tout l’Ancien Régime pour deux raisons essentielles. D’une part, elle vaut aussi pour les biens que possèdent les Lyonnais en Forez, Beaujolais et Lyonnais. D’autre part,
De tels privilèges sont financièrement très intéressants : la seule vente du vin permet de doubler, voire tripler les prix d’achat. C’est pourquoi le droit de bourgeoisie est extrêmement recherché.
Ainsi y a-t-il intérêt à être Lyonnais. Mais les plus avantagés ne sont pas les plus pauvres: les propriétaires de terres dans le plat pays, surtout si elles portent des vignes, sont les principaux bénéficiaires des privilèges urbains. Il en va encore de même pour le dernier d’entre eux, celui de se gouverner toute seule. Depuis 1495, entre autres avantages, ceux qui l’administrent (qui ne sont pas du tout les plus démunis de la cité) deviennent nobles à leur sortie de charge.
Votre question trouvera certainement une réponse plus détaillée dans un ouvrage qui vient de paraitre aux Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, La bourgeoisie statutaire de Lyon et ses privilèges par Olivier Zeller, dont nous vous invitons à guetter l’addition très prochaine à notre catalogue.
Voir aussi :
Bourgeoisie lyonnaise
De la commune lyonnaise au Moyen-âge
DANS NOS COLLECTIONS :
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