Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Comme généalogiste amateur je m'interroge par exemple sur la possibilité pour un laboureur du 18° siècle d'avoir pour ancêtre un proprietaire marié à une noble...
Y aurait-il des études sur la question des alliances et des mésalliances au cours des siècles passés ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/05/2016 à 12h31
[Réponse du Département Civilisation
Il existe effectivement des ouvrages sur l’histoire du mariage en Occident dans lesquels vous pouvez trouver des éléments de réponse concernant les questions d’alliances et de mésalliances.
- Le mariage en Occident, de Jean Gaudemet.
« A toute époque prédomine le mariage conclu dans le même groupe social. Il ne s’agit pas d’une obligation juridique.[…] Nobles et détenteurs d’offices se replient presque totalement sur leur groupe. Les marchands ont plus d'éclectisme. Les boutiquiers, sauf pour quelques femmes, se voient refuser l’accès au monde des notables. Cette homogamie conduit le plus souvent les fils à rester fidèle à l’emploi paternel, qu’ils s’agissent de marchands, d’avocats-procureurs, d’artisans ou de journaliers » p. 358
Autre lecture, un peu complexe peut-être , mais intéressante sur le sujet :
Les alliances matrimoniales dans la haute société grenobloise lors du premier XIXe siècle (1790-1850) : conservatismes et changement social dans un contexte révolutionnaire,
Dans le livre, Histoire du mariage en Occident, de Jean Claude Bologne ,vous trouverez un chapitre intitulé « Alliances et mésalliances » p. 235 et suivantes.
Il décrit à partir d’exemples les différentes stratégies mises en œuvre dans le cadre des mariages arrangés de l’époque, avec toutes les contradictions observées. Ce chapitre est illustré de nombreux exemples. Voici quelques extraits :
« Les lourdes charges familiales pesant sur l’aristocratie, surchargée de filles à doter et de fils à placer, expliquent les problèmes financiers des plus hautes maisons. La vénalité des offices, même ceux qui sont pas tradition réservés aux grandes familles, oblige à des dépenses importantes pour assurer aux garçons une situation à la hauteur de leur rang [...].
[ …]d’autres types d’alliance prennent le relais, entre familles ou entre Etats. Dans tous les cas, il semble qu’un mariage soit destiné à entériner ou à concrétiser une alliance, non à la créer. Les mariages d’acquisition (d’une terre, de richesses, d’un titre, d’une beauté juvénile…) sont au moins tacitement réprouvés, même lorsque chacun des époux semble y trouver son compte. Mais cela n’est possible que dans la mesure où les richesses (essentiellement foncières), la puissance et la dignité nobiliaires circulent en cercles relativement fermés. Le risque de « mésalliance » est considérablement limité. Tout change lorsque la puissance et la fortune se retrouvent de plus en plus fréquemment en d’autres mains que celles veinées de sang bleu. En un siècle l’évolution est flagrante.
Au début du XVII° siècle, ainsi, le système féodal est encore debout. Les mariages entre grands confirment leurs alliances et l’on ne craint de mésalliance que suite à un coup de tête d’un fils indocile ou aux intrigues d’une servante délurée…
La montée de la bourgeoisie et les problèmes financiers de la petite noblesse menacent cependant le vieux système. Entre ceux qui cherchent à acheter un titre et ceux qui veulent « redorer leur blason » se nouent des alliances que réprouvent la morale nobiliaire aussi bien que bourgeoise[...]
Pendant les deux derniers siècles de l’Ancien Régime, estime un historien de cette période, les mariages sont le plus souvent « le fruit d’une politique tendant à augmenter le prestige ou la richesse d’une famille ». Aussi les mésalliances sont-elles « un des aspects les plus typiques » de cette société. »
Nous vous conseillons la lecture intégrale de ce chapitre.
Il vous faut aussi, pour répondre à votre question, resituer ce qu’on entend par laboureur au 18° siècle et appréhender la diversité que recouvre cette appellation.
«Les paysans dont la personne est pleinement affranchie ne forment pas cependant une classe uniforme, car ils ne possèdent pas tous la même quantité de terre. Il en est qui peuvent vivre exclusivement de la culture de leurs champs : ils constituent une sorte d’aristocratie paysanne, la classe des laboureurs. Ce sont eux
surtout qui arrondissent leurs terres, qui tirent parti des afféagements, des défrichements, et qui, à l’époque de la Révolution, profiteront de la vente des biens nationaux.»
La France économique et sociale au XVIIIe siècle,Henri Sée .
Laboureur
1.Celui qui laboure la terre, aussi bien l’ouvrier qui trace la raie de labour que le propriétaire ou le fermier qui exploite une ferme/Laboureur à bras , journalier, manouvrier, parfois petit propriétaire, mais qui n’a pas de bête de trait ; de la Touraine au Bourbonnais, le laboureur est un homme à gages, un domestique qui tient la charrue chez un propriétaire qui fait valoir par lui-même./Laboureur à charrue , ou plus simplement laboureur, propriétaire ou fermier plus important, paysan qui possède le train de culture (au moins deux chevaux) et qui peut exploiter plusieurs charrues de terre. Outre cet outillage, le laboureur possède un cheptel vif important (pour le fumier), des capitaux ; c’est souvent un fermier, et sa fortune varie énormément d’une région à l’autre. A coté du « ruche laboureur sentant sa mort prochaine » (La Fontaine, Fables, V, 9) existent des exploitants qui n’ont que deux chevaux./Laboureur à bœufs , le métayer dans certaines régions comme le Poitou. / Le coq de village est un laboureur particulièrement puissant des grandes plaines à blé du Bassin parisien, et il cumule souvent d’autres fonctions, comme celle de receveur de la seigneurie, de fermier de la dîme, etc. 2.laboureur de vigne , le vigneron, en région parisienne, jusqu’au début du XVII° siècle.
Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé.
A vous d’approfondir maintenant ces pistes qui vous permettront peut-être de résoudre votre questionnement en adaptant ces données générales au cas particulier que vous étudiez….
Il existe effectivement des ouvrages sur l’histoire du mariage en Occident dans lesquels vous pouvez trouver des éléments de réponse concernant les questions d’alliances et de mésalliances.
- Le mariage en Occident, de Jean Gaudemet.
« A toute époque prédomine le mariage conclu dans le même groupe social. Il ne s’agit pas d’une obligation juridique.[…] Nobles et détenteurs d’offices se replient presque totalement sur leur groupe. Les marchands ont plus d'éclectisme. Les boutiquiers, sauf pour quelques femmes, se voient refuser l’accès au monde des notables. Cette homogamie conduit le plus souvent les fils à rester fidèle à l’emploi paternel, qu’ils s’agissent de marchands, d’avocats-procureurs, d’artisans ou de journaliers » p. 358
Autre lecture, un peu complexe peut-être , mais intéressante sur le sujet :
Les alliances matrimoniales dans la haute société grenobloise lors du premier XIXe siècle (1790-1850) : conservatismes et changement social dans un contexte révolutionnaire,
Dans le livre, Histoire du mariage en Occident, de Jean Claude Bologne ,vous trouverez un chapitre intitulé « Alliances et mésalliances » p. 235 et suivantes.
Il décrit à partir d’exemples les différentes stratégies mises en œuvre dans le cadre des mariages arrangés de l’époque, avec toutes les contradictions observées. Ce chapitre est illustré de nombreux exemples. Voici quelques extraits :
« Les lourdes charges familiales pesant sur l’aristocratie, surchargée de filles à doter et de fils à placer, expliquent les problèmes financiers des plus hautes maisons. La vénalité des offices, même ceux qui sont pas tradition réservés aux grandes familles, oblige à des dépenses importantes pour assurer aux garçons une situation à la hauteur de leur rang [...].
[ …]d’autres types d’alliance prennent le relais, entre familles ou entre Etats. Dans tous les cas, il semble qu’un mariage soit destiné à entériner ou à concrétiser une alliance, non à la créer. Les mariages d’acquisition (d’une terre, de richesses, d’un titre, d’une beauté juvénile…) sont au moins tacitement réprouvés, même lorsque chacun des époux semble y trouver son compte. Mais cela n’est possible que dans la mesure où les richesses (essentiellement foncières), la puissance et la dignité nobiliaires circulent en cercles relativement fermés. Le risque de « mésalliance » est considérablement limité. Tout change lorsque la puissance et la fortune se retrouvent de plus en plus fréquemment en d’autres mains que celles veinées de sang bleu. En un siècle l’évolution est flagrante.
Au début du XVII° siècle, ainsi, le système féodal est encore debout. Les mariages entre grands confirment leurs alliances et l’on ne craint de mésalliance que suite à un coup de tête d’un fils indocile ou aux intrigues d’une servante délurée…
La montée de la bourgeoisie et les problèmes financiers de la petite noblesse menacent cependant le vieux système. Entre ceux qui cherchent à acheter un titre et ceux qui veulent « redorer leur blason » se nouent des alliances que réprouvent la morale nobiliaire aussi bien que bourgeoise[...]
Pendant les deux derniers siècles de l’Ancien Régime, estime un historien de cette période, les mariages sont le plus souvent « le fruit d’une politique tendant à augmenter le prestige ou la richesse d’une famille ». Aussi les mésalliances sont-elles « un des aspects les plus typiques » de cette société. »
Nous vous conseillons la lecture intégrale de ce chapitre.
Il vous faut aussi, pour répondre à votre question, resituer ce qu’on entend par laboureur au 18° siècle et appréhender la diversité que recouvre cette appellation.
«Les paysans dont la personne est pleinement affranchie ne forment pas cependant une classe uniforme, car ils ne possèdent pas tous la même quantité de terre. Il en est qui peuvent vivre exclusivement de la culture de leurs champs : ils constituent une sorte d’aristocratie paysanne, la classe des laboureurs. Ce sont eux
surtout qui arrondissent leurs terres, qui tirent parti des afféagements, des défrichements, et qui, à l’époque de la Révolution, profiteront de la vente des biens nationaux.»
La France économique et sociale au XVIIIe siècle,Henri Sée .
Laboureur
1.Celui qui laboure la terre, aussi bien l’ouvrier qui trace la raie de labour que le propriétaire ou le fermier qui exploite une ferme/
Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé.
A vous d’approfondir maintenant ces pistes qui vous permettront peut-être de résoudre votre questionnement en adaptant ces données générales au cas particulier que vous étudiez….
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