Question d'origine :
Bonjour,
m'intéressant à la vie du Prophète Mahomet , je tombe sur cet évènement dans un livre parlant du Massacre de la Tribu des Banu Qurayzah, est-ce authentique ou pas ? avéré historiquement ou controversé ?
En vous remerciant.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 30/06/2016 à 07h23
Bonjour,
Au regard de la documentation biographique sur Mahomet que nous avons pu consulter, il semble historiquement avéré que la tribu des Qurayza a été défaite par l’armée du Prophète et que les hommes de cette tribu furent exécutés.
Qui étaient les Qurayza ? Selon le site oxfordislamicstudies.com, il s’agit d’une « riche tribu juive de Médine qui avait d’abord accepté de soutenir Muhammad avant de négocier avec les Quraysh contre les Musulmans durant le siège de Médine en 627 » (traduction approximative du paragraphe anglais sur le site). Il s’agit d’une des trois principales tribus juives de Yathrib (future Médine) à cette époque.
Rappelons le contexte :
En 627, (an V de l’Hégire), Mahomet est installé à Médine et résiste au siège de 10 000 Mekkois venus pour le déloger. Après cette bataille du Fossé, dont il sort victorieux, Mahomet, informé du fait que la tribu des Qurayza, soi-disant neutre durant le siège, aurait négocié avec l’ennemi, entreprend de se tourner contre eux. Au bout de 25 jours de siège, la tribu se rend. Pour décider du sort des Banu Qurayza, Mahomet s’en remet au jugement de Sa’d ibn Mu’âdh, un allié des Qurayzah qui décide que « les mâles pubères seront tués, les femmes et les enfants réduits en esclavage, les biens partagés » (Maxime Rodinson, Mahomet, Seuil)
Il reste cependant des zones d’ombre sur cet épisode de la vie du Prophète. Ainsi L’Encyclopédie de l’Islam reste-t-elle prudente sur la « trahison des Banu Qurayza » : « bien que les Kurayza ne semblent pas avoir commis aucun acte hostile, ils avaient probablement engagé des négociations avec l’ennemi ».
De même, le nombre de Qurayza exécutés est sujet à controverse. La biographie du philosophe des sciences Roger Caratini annonce 800 morts tandis que celle de Cheikh Safiyyu ar-Rahman al-Mubarakfuri, le Nectar Cacheté, indique entre 600 et 700 morts. La Sîra (biographie) de Ibn Ishaq, telle qu’elle nous est parvenue par Ibn Hichâm, hésite elle entre 600 et 900…
Plus globalement, le Dictionnaire historique de l’islam de Janine et Dominique Sourdel précise que cette action contre la tribu des Banu Qurazayh s’inscrit dans une stratégie plus générale de renforcement du pouvoir de Mahomet au détriment des tribus juives de Yathrib.
« En mars 627, les Mekkois passèrent à l’attaque en mettant le siège devant Médine. Les Médinois furent sauvés par l’initiative d’un des leurs, Salmân l’Iranien, qui fit creuser un fossé ou khandaq pour défendre l’oasis, d’où le nom de “bataille du fossé” qui fut donné à cet engagement. Au bout de trois mois, les Mekkois se retirèrent.
Muhammad décida alors de poursuivre son avantage en direction de la Mekke […]. Ayant eu maille à partir avec les clans juifs qui étaient restés à l’écart des premiers engagements guerriers ou même qui s’étaient joints aux ennemis des musulmans, il avait pris à leur encontre des mesures de plus en plus rigoureuses : à l’expulsion du clan des Qaynuqa’ après Badr, à celle des Banû Nadir après Ohod, fit suite l’exécution de tous les hommes du clan des Qurayzah après la bataille du Fossé. Cette attitude hostile envers les juifs s’accompagna d’une nouvelle orientation religieuse car Jérusalem cessa d’être le lieu vers lequel on se tournait pour la prière [au profit de la Mekke] […]. Le jeûne juif, qui avait été d’abord adopté, fut remplacé par celui du mois de ramadân ».
Pour aller plus loin :
Mahomet à Médine, de W. Montgomery Watt, 1959.
Un « ouvrage de référence pour quiconque s’intéresse à l’Islam, à sa naissance et à son essor spectaculaire. Au-delà de la biographie spirituelle, W. Montgomery Watt y restitue avec précision le contexte social dans lequel s’est faite la prédication de Mahomet, qui explique en grande partie la rapidité de son extension religieuse, mais aussi politique ».
Histoire des relations entre juifs et musulmans, des origines à nos jours, sous la direction d'Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, 2013.
« Depuis les premiers liens entre les tribus juives d’Arabie et le Prophète Muhammad jusqu’aux récents conflits du Proche-Orient, en passant par les civilisations de Bagdad et de Cordoue, sans oublier l’Empire ottoman, le monde perse et même l’espace européen, les relations tour à tour fécondes ou tumultueuses entre juifs et musulmans sont ici exposées et analysées en toute impartialité » (4ème de couverture).
Bonnes lectures
Au regard de la documentation biographique sur Mahomet que nous avons pu consulter, il semble historiquement avéré que la tribu des Qurayza a été défaite par l’armée du Prophète et que les hommes de cette tribu furent exécutés.
En 627, (an V de l’Hégire), Mahomet est installé à Médine et résiste au siège de 10 000 Mekkois venus pour le déloger. Après cette bataille du Fossé, dont il sort victorieux, Mahomet, informé du fait que la tribu des Qurayza, soi-disant neutre durant le siège, aurait négocié avec l’ennemi, entreprend de se tourner contre eux. Au bout de 25 jours de siège, la tribu se rend. Pour décider du sort des Banu Qurayza, Mahomet s’en remet au jugement de Sa’d ibn Mu’âdh, un allié des Qurayzah qui décide que « les mâles pubères seront tués, les femmes et les enfants réduits en esclavage, les biens partagés » (Maxime Rodinson, Mahomet, Seuil)
Il reste cependant des zones d’ombre sur cet épisode de la vie du Prophète. Ainsi L’Encyclopédie de l’Islam reste-t-elle prudente sur la « trahison des Banu Qurayza » : « bien que les Kurayza ne semblent pas avoir commis aucun acte hostile, ils avaient probablement engagé des négociations avec l’ennemi ».
De même, le nombre de Qurayza exécutés est sujet à controverse. La biographie du philosophe des sciences Roger Caratini annonce 800 morts tandis que celle de Cheikh Safiyyu ar-Rahman al-Mubarakfuri, le Nectar Cacheté, indique entre 600 et 700 morts. La Sîra (biographie) de Ibn Ishaq, telle qu’elle nous est parvenue par Ibn Hichâm, hésite elle entre 600 et 900…
Plus globalement, le Dictionnaire historique de l’islam de Janine et Dominique Sourdel précise que cette action contre la tribu des Banu Qurazayh s’inscrit dans une stratégie plus générale de renforcement du pouvoir de Mahomet au détriment des tribus juives de Yathrib.
« En mars 627, les Mekkois passèrent à l’attaque en mettant le siège devant Médine. Les Médinois furent sauvés par l’initiative d’un des leurs, Salmân l’Iranien, qui fit creuser un fossé ou khandaq pour défendre l’oasis, d’où le nom de “bataille du fossé” qui fut donné à cet engagement. Au bout de trois mois, les Mekkois se retirèrent.
Muhammad décida alors de poursuivre son avantage en direction de la Mekke […]. Ayant eu maille à partir avec les clans juifs qui étaient restés à l’écart des premiers engagements guerriers ou même qui s’étaient joints aux ennemis des musulmans, il avait pris à leur encontre des mesures de plus en plus rigoureuses : à l’expulsion du clan des Qaynuqa’ après Badr, à celle des Banû Nadir après Ohod, fit suite l’exécution de tous les hommes du clan des Qurayzah après la bataille du Fossé. Cette attitude hostile envers les juifs s’accompagna d’une nouvelle orientation religieuse car Jérusalem cessa d’être le lieu vers lequel on se tournait pour la prière [au profit de la Mekke] […]. Le jeûne juif, qui avait été d’abord adopté, fut remplacé par celui du mois de ramadân ».
Mahomet à Médine, de W. Montgomery Watt, 1959.
Un « ouvrage de référence pour quiconque s’intéresse à l’Islam, à sa naissance et à son essor spectaculaire. Au-delà de la biographie spirituelle, W. Montgomery Watt y restitue avec précision le contexte social dans lequel s’est faite la prédication de Mahomet, qui explique en grande partie la rapidité de son extension religieuse, mais aussi politique ».
Histoire des relations entre juifs et musulmans, des origines à nos jours, sous la direction d'Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, 2013.
« Depuis les premiers liens entre les tribus juives d’Arabie et le Prophète Muhammad jusqu’aux récents conflits du Proche-Orient, en passant par les civilisations de Bagdad et de Cordoue, sans oublier l’Empire ottoman, le monde perse et même l’espace européen, les relations tour à tour fécondes ou tumultueuses entre juifs et musulmans sont ici exposées et analysées en toute impartialité » (4ème de couverture).
Bonnes lectures
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