crocodile à l'envers
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 30/06/2016 à 22h54
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Question d'origine :
Bonjour à tous et merci pour vos réponses de qualité.
J'ai vu un "cabinet de curiosités" où il y avait un crocodile au plafond , fixé les quatre pattes en haut. C'est-à-dire le dos tourné vers le bas.
Il paraît qu'il en est ainsi dans tous les cabinets de curiosités.
Cela à une signification particulière ?
Bonne journée
Amicalement
JP
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 04/07/2016 à 08h35
Bonjour,
Les crocodiles, animaux exotiques et imposants, avaient en effet une place particulière dans les cabinets de curiosité, où ils étaient souvent suspendus au plafond, par tradition… ou par manque de place :
Le couloir au plafond duquel sont appendus les crocodiles comme le veut la tradition des Cabinets de Curiosités…
Source : Exposition Cabinet des merveilles, Fonds patrimoniaux de la Ville de Laval
le monstre, loin d’être un accident de la création est une émanation de la nature que l'homme apprivoisera d’une certaine manière en le transformant en œuvre d'art. Le fait de collectionner ces " bizarreries ", parfois créées de main d'homme, dévoile donc une autre caractéristique du cabinet de curiosités : son aspect ludique.Jeu humain, il fait écho au jeu divin de la création. En témoigne cette image d'un monde inversé dans le cabinet de Ferrante Imperato à Naples : au plafond est suspendu un crocodile, entouré par une multitude de coquillages et de poissons de mer. Même si cette disposition était due en réalité à un manque de place, elle ne pouvait que surprendre le visiteur …
source : Espace de jeu et théâtre du monde / anthropologie de la collection (1)... Du Cabinet de curiosités au Musée. Regard éloigné
La « Kunst- und Wunderkammer » d’Ambras est tout à la fois le reflet des richesses naturelles de l’arc alpin et le témoin de la volonté hégémonique de la maison des Habsbourg dans le Nouveau Monde. Le cabinet de curiosités de l’archiduc présente les richesses de l’univers avec une volonté didactique de représentation du monde, tout en montrant l’intérêt des princes germaniques pour les collections minéralogiques et zoologiques locales des Alpes : sud de l’Allemagne, Autriche et provinces du nord de l’actuelle Italie. A Ambras, la disposition des collections d’animaux exotiques, fidèle à l’Inventaire après-décès de l’archiduc Ferdinand II en 1596, précède les collections de curiosités des Alpes. Quatre animaux marins suspendus au plafond du cabinet devancent un ours abattu par l’archiduc Ferdinand et des bois de cerf. Plus évocatrice encore que la reconstitution actuelle, certes fidèle, du cabinet de curiosités, la lecture de l’inventaire après décès de l’archiduc Ferdinand daté de 1596 montre tout d’abord que le plafond du cabinet était entièrement recouvert d’animaux. L’inventaire permet également d’établir la préséance des collections exotiques sur les collections alpines, tant par la position qu’elles occupent au sein de l’inventaire que par leur écrasante majorité en nombre de spécimens. Parmi les spécimens appendus, on compte entre autres pas moins de sept crocodiles, une défense d’éléphant, quatre cornes de rhinocéros et autres cornes de gazelle, cinq nageoires de grands poissons et une tête d’éléphant entraînés par un premier grand crocodile.
L’Influence des naturalistes et des cabinets de curiosités germaniques dans la genèse du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble (1773-1839) : le cas du cabinet de curiosités de l’archiduc Ferdinand II du Tyrol, curiositas.org
Sachant que les animaux suspendus au plafond sont regardés par en-dessous, il nous semble raisonnable de conclure que la principale raison de cette suspension « à l’envers » (outre l’aspect ludique du « monde inversé ») est de mettre en valeur l’animal en montrant son dos et sa tête, plus impressionnants que son ventre et ses pattes… d’autant plus que les animaux suspendus ne sont pas les plus faciles à examiner pour le visiteur :
Dans sa Description du cabinet du roi en 1749, Daubenton ne recommandait déjà plus l’ancienne habitude des cabinets de curiosités de suspendre des animaux au plafond. Il reprochait à cette pratique de trop attirer l’attention sur certaines pièces, de trop « piquer la curiosité » sans que le visiteur puisse les examiner véritablement :
Enfin par rapport à la distribution et aux proportions de l’intérieur, comme les planchers ne doivent pas être fort élevés, on ne peut pas faire de très grandes salles ; car si l’on veut décorer un Cabinet avec le plus d’avantage, il faut meubler les murs dans toute leur hauteur, et garnir le plafond comme les murs, c’est le seul moyen de faire un ensemble qui ne soit point interrompu, et même s’il y a des choses qui sont mieux en place étant suspendues, que partout ailleurs ; mais si elles se trouvent trop élevées, on se fatiguerait inutilement à les regarder sans pouvoir les bien distinguer ; en pareil cas l’objet que l’on n’aperçoit qu’à demi, est toujours celui qui pique le plus la curiosité : on ne peut guère voir un Cabinet d’Histoire Naturelle sans une certaine application qui est déjà assez fatigante ; quoique la plupart de ceux qui y entrent, ne prétendent pas en faire une occupation sérieuse, cependant la multiplicité et la singularité des objets fixent leur attention.
Concernant la symbolique du crocodile, la thèse de Joëlle Rajat Rochas Du Cabinet de curiosités au Muséum : les origines scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble (1773-1855) apporte des éclaircissements :
La symbolique des animaux suspendus à la voûte des cabinets d’histoire naturelle, comme à Grenoble, a largement contribué au développement des collections exotiques. Banale en apparence, la liste manuscrite d’Albin Crépu énumérant ces objets accrochés nous a livré l’intérêt obsédant des Dauphinois pour les expéditions maritimes. Nous n’avons pas cherché dans le manque de place au cabinet de Grenoble la raison de ces suspensions : c’était en fait les animaux les plus lourds et les plus encombrants qui étaient accrochés. Nous n’avons pas répondu à la question des suspensions par l’appartenance des animaux à l’élément air : les animaux étaient de grands mammifères, des poissons, des serpents et des crocodiles. C’est dans la mentalité des hommes, dans la symbolique de leurs métiers ou dans leur appartenance que nous avons cherché la raison ou les raisons des suspensions de Grenoble.
Adalgisa Lugli a donné aux suspensions d’animaux dans les églises et dans les cabinets de curiosités plusieurs explications dont certaines nous ont apporté un éclairage sur les suspensions de Grenoble. Elle a vu dans la disposition haute des objets la tradition continue depuis le Moyen-Age des rites de magie thaumaturgique. (Ainsi, une dent de crocodile suspendue au-dessus d’un malade était-elle censée lui faire passer la fièvre). Cette tradition de la suspension a pu faire sens chez les Antonins et conserver un écho chez les médecins et chirurgiens grenoblois du XVIIIe siècle. L’étude d’Adalgisa Lugli sur les suspensions de crocodiles dans les églises a retenu toute notre attention, le père Ducros, entre autres, ayant légué un grand crocodile empaillé à la Bibliothèque publique, et le cabinet de Grenoble étant installé au Collège dans une église, celle des Jésuites. La position élevée, ultra-terrestre des merveilles utilisées comme reliques dans les églises avait été destinée à exercer au Moyen-Age une forte attraction sur les fidèles. De la même façon, nous pensons qu’un animal exotique de grande taille suspendu à la voûte du cabinet avait eu pour fonction, à la fin du XVIIIe siècle, d’attirer le regard et d’appeler le collectionneur au voyage.
Animal cosmophore, maître des eaux, le crocodile, dont la voracité était celle de la nuit dévorant chaque soir le soleil, fut dans le langage symbolique la représentation de la mort et de la renaissance. Les Egyptiens jouèrent sur la nature ambivalente de l’animal en le vénérant et en luidressant des temples, ou bien en le considérant comme un monstre. C’est sous ce deuxième aspect qu’il fut perçu dans la Bible, où, sous le nom du Léviathan, il fut décrit comme un des monstres du chaos. Sa position d’intermédiaire entre les éléments terre et eau firent de lui le symbole des contradictions fondamentales : s’agitant dans l’eau, il fut le symbole de la fécondité. Sortant soudain des eaux et dévorant, il incarna le démon de la méchanceté. Symbole de la lumière alternativement éclipsée et foudroyante, il fut considéré comme le maître des mystères de la vie et de la mort. Il devint le grand initiateur et le symbole des connaissances occultes.
Dans le cas de Grenoble, cette approche par la symbolique reliée à l’interprétation par la magie nous ont paru dignes d’intérêt au regard du nombre important de francs-maçons qui s’étaient rassemblés au sein de la direction de la Bibliothèque publique ainsi que du nombre élevé de médecins et de chirurgiens. Claude de Saint-Martin, créateur de la maçonnerie ésotérique du XVIIIe siècle et ami du savant grenoblois Prunelle de Lière, avait repris lui-même en 1799 la symbolique du crocodile dans son œuvre littéraire le Crocodile.
L’essentiel de sa doctrine et les enseignements hérités de Martines de Pasqually étaient exprimés dans cette œuvre allégorique. La part des sciences contenue dans l’œuvre avait été importante : Saint-Martin leur avait consacré trois chants et choisi une expédition maritime avec le passage du Cap Horn comme toile de fond à son récit. L’auteur s’était exprimé par la bouche d’un animal maléfique, un crocodile - « Lorsqu’un reptile impur, par l’Egypte enfanté, / Vint sans quitter Memphis jusqu’aux bords de la Seine ».Louis-Claude de Saint-Martin avait joué en permanence dans son ouvrage avec le sens des mots, confondu les époques et les genres, mêlé les voyages initiatiques et les voyages d’exploration. « Amateur de choses cachées » utilisant sans cesse l’allégorie, il avait cherché, au-delà de la banalité des apparences, à exprimer ce que l’on ne voyait pas. Il en avait fait l’axe fondamental de toute recherche :
[C’est parce que les objets sensibles sont aussi les signes d’une réalité cachée qu’ils] fixent tant notre attention, qu’ils nous inspirent tant d’intérêt, et qu’ils aiguillonnent tant notre curiosité. Ainsi c’est moins ce que nous voyons en eux que ce que nous n’y voyons pas qui nous attire, et c’est le véritable but de nos recherches.
L’approche par la symbolique nous a permis de comprendre à quel point, dès les origines du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, les collections alpines et les collections exotiques avaient été appréciées avec la même considération. A l’intérieur d’un même théâtre, le collectionneur avait ainsi, rassemblées autour de lui, les collections dauphinoises et loin devant lui, par le truchement de l’animal suspendu, les collections exotiques
source : festivaldesabbayes.com
Bonne journée.
Les crocodiles, animaux exotiques et imposants, avaient en effet une place particulière dans les cabinets de curiosité, où ils étaient souvent suspendus au plafond, par tradition… ou par manque de place :
Le couloir au plafond duquel sont appendus les crocodiles comme le veut la tradition des Cabinets de Curiosités…
Source : Exposition Cabinet des merveilles, Fonds patrimoniaux de la Ville de Laval
le monstre, loin d’être un accident de la création est une émanation de la nature que l'homme apprivoisera d’une certaine manière en le transformant en œuvre d'art. Le fait de collectionner ces " bizarreries ", parfois créées de main d'homme, dévoile donc une autre caractéristique du cabinet de curiosités : son aspect ludique.
source : Espace de jeu et théâtre du monde / anthropologie de la collection (1)... Du Cabinet de curiosités au Musée. Regard éloigné
La « Kunst- und Wunderkammer » d’Ambras est tout à la fois le reflet des richesses naturelles de l’arc alpin et le témoin de la volonté hégémonique de la maison des Habsbourg dans le Nouveau Monde. Le cabinet de curiosités de l’archiduc présente les richesses de l’univers avec une volonté didactique de représentation du monde, tout en montrant l’intérêt des princes germaniques pour les collections minéralogiques et zoologiques locales des Alpes : sud de l’Allemagne, Autriche et provinces du nord de l’actuelle Italie. A Ambras, la disposition des collections d’animaux exotiques, fidèle à l’Inventaire après-décès de l’archiduc Ferdinand II en 1596, précède les collections de curiosités des Alpes. Quatre animaux marins suspendus au plafond du cabinet devancent un ours abattu par l’archiduc Ferdinand et des bois de cerf. Plus évocatrice encore que la reconstitution actuelle, certes fidèle, du cabinet de curiosités, la lecture de l’inventaire après décès de l’archiduc Ferdinand daté de 1596 montre tout d’abord que le plafond du cabinet était entièrement recouvert d’animaux. L’inventaire permet également d’établir la préséance des collections exotiques sur les collections alpines, tant par la position qu’elles occupent au sein de l’inventaire que par leur écrasante majorité en nombre de spécimens. Parmi les spécimens appendus, on compte entre autres pas moins de sept crocodiles, une défense d’éléphant, quatre cornes de rhinocéros et autres cornes de gazelle, cinq nageoires de grands poissons et une tête d’éléphant entraînés par un premier grand crocodile.
L’Influence des naturalistes et des cabinets de curiosités germaniques dans la genèse du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble (1773-1839) : le cas du cabinet de curiosités de l’archiduc Ferdinand II du Tyrol, curiositas.org
Sachant que les animaux suspendus au plafond sont regardés par en-dessous, il nous semble raisonnable de conclure que la principale raison de cette suspension « à l’envers » (outre l’aspect ludique du « monde inversé ») est de mettre en valeur l’animal en montrant son dos et sa tête, plus impressionnants que son ventre et ses pattes… d’autant plus que les animaux suspendus ne sont pas les plus faciles à examiner pour le visiteur :
Dans sa Description du cabinet du roi en 1749, Daubenton ne recommandait déjà plus l’ancienne habitude des cabinets de curiosités de suspendre des animaux au plafond. Il reprochait à cette pratique de trop attirer l’attention sur certaines pièces, de trop « piquer la curiosité » sans que le visiteur puisse les examiner véritablement :
Enfin par rapport à la distribution et aux proportions de l’intérieur, comme les planchers ne doivent pas être fort élevés, on ne peut pas faire de très grandes salles ; car si l’on veut décorer un Cabinet avec le plus d’avantage, il faut meubler les murs dans toute leur hauteur, et garnir le plafond comme les murs, c’est le seul moyen de faire un ensemble qui ne soit point interrompu, et même s’il y a des choses qui sont mieux en place étant suspendues, que partout ailleurs ; mais si elles se trouvent trop élevées, on se fatiguerait inutilement à les regarder sans pouvoir les bien distinguer ; en pareil cas l’objet que l’on n’aperçoit qu’à demi, est toujours celui qui pique le plus la curiosité : on ne peut guère voir un Cabinet d’Histoire Naturelle sans une certaine application qui est déjà assez fatigante ; quoique la plupart de ceux qui y entrent, ne prétendent pas en faire une occupation sérieuse, cependant la multiplicité et la singularité des objets fixent leur attention.
Concernant la symbolique du crocodile, la thèse de Joëlle Rajat Rochas Du Cabinet de curiosités au Muséum : les origines scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble (1773-1855) apporte des éclaircissements :
La symbolique des animaux suspendus à la voûte des cabinets d’histoire naturelle, comme à Grenoble, a largement contribué au développement des collections exotiques. Banale en apparence, la liste manuscrite d’Albin Crépu énumérant ces objets accrochés nous a livré l’intérêt obsédant des Dauphinois pour les expéditions maritimes. Nous n’avons pas cherché dans le manque de place au cabinet de Grenoble la raison de ces suspensions : c’était en fait les animaux les plus lourds et les plus encombrants qui étaient accrochés. Nous n’avons pas répondu à la question des suspensions par l’appartenance des animaux à l’élément air : les animaux étaient de grands mammifères, des poissons, des serpents et des crocodiles. C’est dans la mentalité des hommes, dans la symbolique de leurs métiers ou dans leur appartenance que nous avons cherché la raison ou les raisons des suspensions de Grenoble.
Adalgisa Lugli a donné aux suspensions d’animaux dans les églises et dans les cabinets de curiosités plusieurs explications dont certaines nous ont apporté un éclairage sur les suspensions de Grenoble. Elle a vu dans la disposition haute des objets la tradition continue depuis le Moyen-Age des rites de magie thaumaturgique. (Ainsi, une dent de crocodile suspendue au-dessus d’un malade était-elle censée lui faire passer la fièvre). Cette tradition de la suspension a pu faire sens chez les Antonins et conserver un écho chez les médecins et chirurgiens grenoblois du XVIIIe siècle. L’étude d’Adalgisa Lugli sur les suspensions de crocodiles dans les églises a retenu toute notre attention, le père Ducros, entre autres, ayant légué un grand crocodile empaillé à la Bibliothèque publique, et le cabinet de Grenoble étant installé au Collège dans une église, celle des Jésuites. La position élevée, ultra-terrestre des merveilles utilisées comme reliques dans les églises avait été destinée à exercer au Moyen-Age une forte attraction sur les fidèles. De la même façon, nous pensons qu’un animal exotique de grande taille suspendu à la voûte du cabinet avait eu pour fonction, à la fin du XVIIIe siècle, d’attirer le regard et d’appeler le collectionneur au voyage.
Animal cosmophore, maître des eaux, le crocodile, dont la voracité était celle de la nuit dévorant chaque soir le soleil, fut dans le langage symbolique la représentation de la mort et de la renaissance. Les Egyptiens jouèrent sur la nature ambivalente de l’animal en le vénérant et en luidressant des temples, ou bien en le considérant comme un monstre. C’est sous ce deuxième aspect qu’il fut perçu dans la Bible, où, sous le nom du Léviathan, il fut décrit comme un des monstres du chaos. Sa position d’intermédiaire entre les éléments terre et eau firent de lui le symbole des contradictions fondamentales : s’agitant dans l’eau, il fut le symbole de la fécondité. Sortant soudain des eaux et dévorant, il incarna le démon de la méchanceté. Symbole de la lumière alternativement éclipsée et foudroyante, il fut considéré comme le maître des mystères de la vie et de la mort. Il devint le grand initiateur et le symbole des connaissances occultes.
Dans le cas de Grenoble, cette approche par la symbolique reliée à l’interprétation par la magie nous ont paru dignes d’intérêt au regard du nombre important de francs-maçons qui s’étaient rassemblés au sein de la direction de la Bibliothèque publique ainsi que du nombre élevé de médecins et de chirurgiens. Claude de Saint-Martin, créateur de la maçonnerie ésotérique du XVIIIe siècle et ami du savant grenoblois Prunelle de Lière, avait repris lui-même en 1799 la symbolique du crocodile dans son œuvre littéraire le Crocodile.
L’essentiel de sa doctrine et les enseignements hérités de Martines de Pasqually étaient exprimés dans cette œuvre allégorique. La part des sciences contenue dans l’œuvre avait été importante : Saint-Martin leur avait consacré trois chants et choisi une expédition maritime avec le passage du Cap Horn comme toile de fond à son récit. L’auteur s’était exprimé par la bouche d’un animal maléfique, un crocodile - « Lorsqu’un reptile impur, par l’Egypte enfanté, / Vint sans quitter Memphis jusqu’aux bords de la Seine ».Louis-Claude de Saint-Martin avait joué en permanence dans son ouvrage avec le sens des mots, confondu les époques et les genres, mêlé les voyages initiatiques et les voyages d’exploration. « Amateur de choses cachées » utilisant sans cesse l’allégorie, il avait cherché, au-delà de la banalité des apparences, à exprimer ce que l’on ne voyait pas. Il en avait fait l’axe fondamental de toute recherche :
[C’est parce que les objets sensibles sont aussi les signes d’une réalité cachée qu’ils] fixent tant notre attention, qu’ils nous inspirent tant d’intérêt, et qu’ils aiguillonnent tant notre curiosité. Ainsi c’est moins ce que nous voyons en eux que ce que nous n’y voyons pas qui nous attire, et c’est le véritable but de nos recherches.
L’approche par la symbolique nous a permis de comprendre à quel point, dès les origines du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, les collections alpines et les collections exotiques avaient été appréciées avec la même considération. A l’intérieur d’un même théâtre, le collectionneur avait ainsi, rassemblées autour de lui, les collections dauphinoises et loin devant lui, par le truchement de l’animal suspendu, les collections exotiques
source : festivaldesabbayes.com
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