La fin des bibliothèques...
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 19/08/2016 à 16h52
309 vues
Question d'origine :
Bonjour,
avec le développement rapide des bases de données, la numérisation croissante de l’écrit sous toutes ses formes, l’essor de Wikipédia et autres sites participatifs, l’accès généralisé à Internet, l'efficacité des moteurs de recherche qui s'améliore, estimez-vous que les financements publics aux médiathèques et autres bibliothèques municipales (en exceptant les quelques établissements dont les fonds documentaires ont une valeur patrimoniale) auront cessé plutôt en 2040, 2050 ou 2060 et sur quels travaux vous serez-vous appuyés pour le savoir ?
Coup de pouce : https://scinfolex.com/
Merci d'avance !
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/08/2016 à 10h37
Bonjour,
Le développement du numérique ne signifie pas la mort prochaine des bibliothèques :
Il faut d’abord rappeler que « sur internet, le libre accès à notre héritage culturel ne s’exerce en général que jusqu’au 1er janvier 1923, date à compter de laquelle un nombre important d’ouvrages restent soumis aux lois sur le copyright ». De surcroît, les éditeurs se sont emparés du marché de l’information (surtout scientifique et technique), véritable manne financière. L’accès aux revues scientifiques, bases de données et œuvres sous droit est onéreux. Seules les bibliothèques, regroupées au sein de consortiums – et non les usagers à titre individuel – sont en mesure de négocier des tarifs avec les éditeurs et fournisseurs. Les utilisateurs ne peuvent avoir accès à ces ressources numériques payantes que par l’intermédiaire des bibliothèques, qui se voient dès lors renforcées dans leurs missions premières de diffusion et de partage des connaissances.
[…]Au-delà de leurs missions traditionnelles toujours d’actualité, les bibliothèques sont appelées à jouer un rôle majeur au cœur d’une société de l’information en pleine évolution.
Alors même qu’il donne l’illusion d’une extrême accessibilité de ses contenus, internet, de par sa structure réticulaire basée sur un enchevêtrement d’informations aussi riches qu’hétérogènes, est instable et déstructuré. Le cheminement d’une recherche documentaire est souvent sinueux, et ne peut être emprunté que par ceux qui en maîtrisent les codes.
Alors que l’omniprésence d’internet se confirme, tant dans le domaine scientifique que dans la vie quotidienne, la demande d’une médiation entre usagers et contenus devient pressante.
Aujourd’hui, « nous avons besoin d’organisations qui facilitent notre rapport avec l’information », insiste Lluís M. Anglada i de Ferrer. Les bibliothécaires, dont le rôle a toujours consisté à « guider les lecteurs vers le savoir désiré parmi l’immensité des connaissances et des supports qui les recèlent », sont en passe de devenir de véritables « coach[es] de l’information ». L’activité de cette « nouvelle espèce d’experts qui doivent gérer les modes d’accès au savoir » se situe au
cœur de besoins inédits, induits par le numérique. Pour Jean-Noël Jeanneney, les choses sont claires : avec le numérique, « les bibliothécaires se maintiendront plus que jamais ».
source : Au loin s’en vont les bibliothèques, bbf : 2012, T.57, n°3.
En plus de ce rôle de partage et de médiation, la bibliothèque devient un troisième lieu qui permet de tisser du lien social :
« Aux côtés d’autres établissements de la vie de tous les jours, où l’on peut traîner et se détendre, à l’instar des cafés, librairies, tavernes, lunch clubs et centres communautaires, elles [les bibliothèques] ont historiquement témoigné des qualités essentielles propres au “troisième lieu” : elles représentent des endroits neutres, gommant les clivages sociaux, plutôt sans prétention, communautaires ; elles constituent des territoires familiers, confortables, accessibles, qui favorisent l’interaction, la conversation (dans certaines limites) et une ambiance enjouée ; elles sont fréquentées par des “habitués” et font fonction de second chez-soi, soulageant les individus du train-train quotidien, procurant réconfort et distraction. » D’après Kate Meyrick, auteur de l’article « Libraries with latte : the new third place », la bibliothèque remplit tous les critères du troisième lieu et tend à se décliner en un espace d’échanges et de vie par excellence. La phase de mutation actuelle amorcée par la bibliothèque, avec l’adjonction de cafés en son sein, tend à parfaire sa dimension sociale et en fait un troisième lieu majeur, pierre angulaire de la collectivité.
Source : Les bibliothèques troisième lieu : Une nouvelle génération d'établissements culturels, Mathilde Servet
En complément des documents cités plus haut, vous pouvez écouter ces podcasts qui s’interrogent sur l’avenir des bibliothèques :
- La fin des bibliothèques, franceculture.fr
- Y a-t-il encore des livres dans les bibliothèques ?, franceinter.fr
Bonne journée.
Le développement du numérique ne signifie pas la mort prochaine des bibliothèques :
Il faut d’abord rappeler que « sur internet, le libre accès à notre héritage culturel ne s’exerce en général que jusqu’au 1er janvier 1923, date à compter de laquelle un nombre important d’ouvrages restent soumis aux lois sur le copyright ». De surcroît, les éditeurs se sont emparés du marché de l’information (surtout scientifique et technique), véritable manne financière. L’accès aux revues scientifiques, bases de données et œuvres sous droit est onéreux. Seules les bibliothèques, regroupées au sein de consortiums – et non les usagers à titre individuel – sont en mesure de négocier des tarifs avec les éditeurs et fournisseurs. Les utilisateurs ne peuvent avoir accès à ces ressources numériques payantes que par l’intermédiaire des bibliothèques, qui se voient dès lors renforcées dans leurs missions premières de diffusion et de partage des connaissances.
[…]Au-delà de leurs missions traditionnelles toujours d’actualité, les bibliothèques sont appelées à jouer un rôle majeur au cœur d’une société de l’information en pleine évolution.
Alors même qu’il donne l’illusion d’une extrême accessibilité de ses contenus, internet, de par sa structure réticulaire basée sur un enchevêtrement d’informations aussi riches qu’hétérogènes, est instable et déstructuré. Le cheminement d’une recherche documentaire est souvent sinueux, et ne peut être emprunté que par ceux qui en maîtrisent les codes.
Alors que l’omniprésence d’internet se confirme, tant dans le domaine scientifique que dans la vie quotidienne, la demande d’une médiation entre usagers et contenus devient pressante.
Aujourd’hui, « nous avons besoin d’organisations qui facilitent notre rapport avec l’information », insiste Lluís M. Anglada i de Ferrer. Les bibliothécaires, dont le rôle a toujours consisté à « guider les lecteurs vers le savoir désiré parmi l’immensité des connaissances et des supports qui les recèlent », sont en passe de devenir de véritables « coach[es] de l’information ». L’activité de cette « nouvelle espèce d’experts qui doivent gérer les modes d’accès au savoir » se situe au
cœur de besoins inédits, induits par le numérique. Pour Jean-Noël Jeanneney, les choses sont claires : avec le numérique, « les bibliothécaires se maintiendront plus que jamais ».
source : Au loin s’en vont les bibliothèques, bbf : 2012, T.57, n°3.
En plus de ce rôle de partage et de médiation, la bibliothèque devient un troisième lieu qui permet de tisser du lien social :
« Aux côtés d’autres établissements de la vie de tous les jours, où l’on peut traîner et se détendre, à l’instar des cafés, librairies, tavernes, lunch clubs et centres communautaires, elles [les bibliothèques] ont historiquement témoigné des qualités essentielles propres au “troisième lieu” : elles représentent des endroits neutres, gommant les clivages sociaux, plutôt sans prétention, communautaires ; elles constituent des territoires familiers, confortables, accessibles, qui favorisent l’interaction, la conversation (dans certaines limites) et une ambiance enjouée ; elles sont fréquentées par des “habitués” et font fonction de second chez-soi, soulageant les individus du train-train quotidien, procurant réconfort et distraction. » D’après Kate Meyrick, auteur de l’article « Libraries with latte : the new third place », la bibliothèque remplit tous les critères du troisième lieu et tend à se décliner en un espace d’échanges et de vie par excellence. La phase de mutation actuelle amorcée par la bibliothèque, avec l’adjonction de cafés en son sein, tend à parfaire sa dimension sociale et en fait un troisième lieu majeur, pierre angulaire de la collectivité.
Source : Les bibliothèques troisième lieu : Une nouvelle génération d'établissements culturels, Mathilde Servet
En complément des documents cités plus haut, vous pouvez écouter ces podcasts qui s’interrogent sur l’avenir des bibliothèques :
- La fin des bibliothèques, franceculture.fr
- Y a-t-il encore des livres dans les bibliothèques ?, franceinter.fr
Bonne journée.
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