Question d'origine :
Bonjour,
Me sont apparues les questions suivantes:
D'où proviennent les informations des relations sociales des temps de la préhistoire ?
Comment peut-on déterminer à partir des seules données que nous avons (os, peintures rupestres, poterie... ?) les rapports de pouvoir et d'interactions entre les individus à cette époque?
En effet, ces interrogations me sont parvenues lorsque je me suis interrogée sur l'origine/le commencement de la domination masculine dans notre société occidentale.
Peut-on déterminer si, à cette époque déjà, cette domination avait lieu ? Et quelles en étaient les causes?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/09/2016 à 10h36
Bonjour,
Vous pointez du doigt la difficulté de la recherche en archéologie, comment déchiffre t-on, traduit-on le fragment d’os, les cendres ou l’éclat de silex en une réalité sociale, technique, spirituelle ?
La préhistoire est une science interdisciplinaire, qui mobilise la géologie, la biologie, l'archéologie, l'ethnologie, l'histoire de l'art et qui s'enrichit des développements de tous ces savoirs. Mais elle est avant tout une discipline historique, dont les documents sont pourtant beaucoup plus pauvres que ceux de l'histoire : ce sont des traces, des vestiges fragmentaires et muets, auxquels il faut donner sens, et dont l'interprétation est un lieu privilégié de projection de nos propres cadres mentaux et culturels.
Quelques pistes de lecture pour vous permettre de trouver des éléments de réponse à vos interrogations :
- Méthodes archéologiques, Marcel Otte :
Ce manuel offre une vision globale des méthodes archéologiques existantes.
- Le sombre abîme du temps, Laurent Olivier
L'archéologie, pensons-nous spontanément, consiste à retrouver ce qui s'est effacé de l'histoire, à reconstituer les civilisations disparues, à dévoiler les trésors d'un passé enfoui. Mais ce n'est pas cela, l'archéologie. Elle met au jour des vestiges de ce qui a vécu. Le vestige est une archive, un document de mémoire bien plus que d'histoire. Les objets que l'archéologie " remonte " à la surface ne découvrent pas un passé disparu.
- Chasseurs-cueilleurs, sous la dir. De A de Beaune :.
Une synthèse sur les interrogations concernant la façon dont les préhistoriens reconstituent les éléments de la vie quotidienne à partir de vestiges archéologiques et sur les déductions scientifiques des comportements sociaux des hommes préhistoriques.
-Eléments de classification des sociétés, par Alain Testart.
Un essai d'anthropologie sociale qui présente les différents types de sociétés qui se sont développées tout au long de l'histoire humaine.
-Avant l’histoire :
Dans ce nouveau livre, l'anthropologue Alain Testart cherche à reconstituer l'évolution des structures sociales de l'humanité, depuis le paléolithique supérieur (vers - 40 000) jusqu'à l'apparition de l'Etat (- 4000 ). Il s'appuie pour cela sur les données les plus récentes de l'archéologie préhistorique, tout en se réclamant du vieux projet évolutionniste de l'anthropologie du XIXème siècle. Selon l'auteur, cette approche représente une nouveauté complète, compte tenu du rejet de toute pensée évolutionniste par l'anthropologie sociale depuis près d'un siècle. Les rares ouvrages, tous américains, à aborder ces sujets se bornent à dresser une classification des sociétés actuelles et ne traitent des données préhistoriques que par allusion. Quant à l'archéologie préhistorique, aucun ouvrage de synthèse ne se propose de retracer une évolution sociale à l'échelle mondiale sur la très longue période. Pour toutes ces raisons, Alain Testart prend grand soin de détailler et justifier sa méthode. Appliquant cette méthode, il jette ensuite un éclairage inédit sur les moments clés de l'évolution des sociétés. Par manque de données et surtout de cette source essentielle qu'est l'art, il ne fait démarrer sa reconstruction qu'au début du paléolithique supérieur (Lascaux). Il l'arrête juste avant la naissance de l'Etat et l'apparition de l'écriture (Carnac), autrement dit avant l'histoire.
-De la préhistoire aux missiles balistiques :
Nous partageons tous la vie des techniques, mais nous avons de la peine à le penser car il y a peu d'effort organisé pour retrouver le fil de la technologie générale. Initiée par
Parmi vos interrogations, et peut-être même au départ de celles-ci, figure celle sur l'origine/le commencement de la domination masculine dans notre société occidentale.
Peut-on déterminer si, à cette époque déjà, cette domination avait lieu ? Et quelles en étaient les causes?
- Sexe au temps des Cro-Magnons :
L'approche paléoanthropologique et préhistorique des données archéologiques et anthropologiques concernant la sexualité est ici doublée d'un comparatisme ethnologique qui permet de mieux rendre compte de la sexualité de l'homme de Cro-Magnon et d'envisager la sexualité humaine comme un phénomène total, biologique, psychologique, social et symbolique.
Et si les chasseurs cueilleurs étaient aux origines des inégalités ? Vaste question, que l’on ne peut confier qu’à des spécialistes, qui fait l’objet de nombreux débats et à laquelle il est n’est pas possible de répondre succinctement.
Vous pouvez consulter le site Hominidés
Les objectifs du site sont :
- d'intéresser le plus grand nombre d'internautes à l'évolution de l'homme, ses ancêtres, la préhistoire, les outils, les premières manifestations de l'art
- de présenter les actualités de l'anthropologie, les découvertes de fossiles, les publications, mais aussi les dernières avancées en primatologie
- de répondre dans un langage simple aux questions que se posent les visiteurs, pour eux-mêmes ou leurs enfants...
Notamment, à lire, un article intitulé : Quand les hommes et les femmes étaient égaux... :
Une étude montre que les tribus modernes de chasseurs-cueilleurs sont basées sur une répartition égalitaire et que c'est l'avènement de l'agriculture qui a, dans le passé, provoqué l'inégalité entre les sexes...
[…]
Des sociétés égalitaires propices à la survie du groupe ?
Mark Dyble (anthropologue, University College London ) qui a dirigé l'étude a déclaré: «Il subsiste encore l'idée que les tribus de chasseurs-cueilleurs étaient « macho » ou dominées par les hommes. Nous pensons, nous, que c'est seulement avec le développement de l'agriculture, quand les gens ont pu commencer à accumuler des ressources, que les inégalités ont émergé ".
Mark Dyble va beaucoup plus loin et suggère que l'égalité entre les sexes a pu être un avantage de survie et a joué un rôle important dans la société humaine et son évolution. "L'égalité des sexes est l'un des chainons d'une suite importante de modifications de l'organisation sociale, comme l'union monogame, les cerveaux développés, le langage, et tout ce qui qui distingue les humains du reste de la faune. C'est une question importante qui n'a pas vraiment été étudiée jusqu'à présent."
Dans les sociétés de chasseur-cueilleurs actuelles qui ont fait l'objet de l'étude, la voix des femmes est donc aussi écoutée que celle des hommes. Les décisions ne sont pas réservées aux hommes et les tâches sont attribuées en fonction des capacités et non du sexe (même la garde des enfants). De même, pour accepter un nouveau membre, la décision du clan est différente si le clan est dirigé par des hommes ou de manière égalitaire.
Mark Dyble explique: "Quand ce sont seulement des hommes qui choisissent avec qui ils vont vivre, cela génère un groupe d'hommes apparentés entre eux avec les femmes à l'extérieur du groupe décisionnaire. Si les deux sexes décident, la répartition est plus équilibrée." Ainsi l'égalité entre les sexes permet un développement plus important du clan, avec un brassage génétique plus riche.
Quand les hommes et les femmes étaient égaux...
D’autres sources, regards, hypothèses sur ces questions :
- Les chasseurs cueilleurs ou l’origine des inégalités par Alain Testart :
Un essai sur les fondements de la division sexuelle du travail chez les chasseurs-cueilleurs.
- L’amazone et la cuisinière :
Pourquoi, dans toutes les cultures, les femmes ont-elles été exclues de la chasse ? Pourquoi n'ont-elles pu ni monter à bord des navires ni être soldat ? Pourquoi leur a-t-on plutôt assigné les tâches de cueillir, de filer, de tisser, de tanner ? Qu'est-ce qui expliquerait qu'il existe des façons masculines et des façons féminines de couper, de creuser et de travailler la terre ? Dans cet essai qui conjugue audace intellectuelle et rigueur scientifique, Alain Testart montre que ce sont les croyances qui expliquent la différenciation des activités masculines et féminines et fait remonter leur origine à la lointaine préhistoire.
Rassemblés peu avant sa mort, le 2 septembre 2013, par A. Testart, ces textes forment une synthèse d'un sujet que le chercheur n'a cessé d'explorer. Il y met en évidence la constance de la répartition sexuelle du travail à travers les époques et les cultures, et postule que cette division a son origine ancestrale dans les menstruations, les femmes étant écartées des tâches liées au sang.
- Une vidéo : De l'homme - et de la femme - préhistoriques :
Dont la conclusion, que nous vous proposons comme conclusion de nitre réponse, est la suivante « C’est pourquoi on peut prophétiser sans risque que l'humanité préhistorique du XXIème siècle ne ressemblera pas à celle du XIXème ou du XXème siècle. Non seulement parce que des découvertes, suscitées ou inattendues, surgiront du terrain ou du laboratoire. Mais aussi parce que nos sociétés elles-mêmes, et la conscience que nous en avons, changeront elles aussi. Car l'Homme préhistorique a une double histoire : la sienne propre, et celle de nos représentations. »
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