Question d'origine :
Bonjour,
Je suis actuellement des cours et je bute sur une définition :
qu'est-ce que le monothéisme ethique ?
Merci de vos réponses :
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/05/2005 à 15h00
Voici quelques définitions qui vous permettront peut-être, en cheminant pas à pas, de clarifier la notion de monothéisme éthique :
Prenons tout d’abord la définition de monothéisme dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d’André Lalande, p. 651-652 :
« Doctrine philosophique ou religieuse qui n’admet qu’un seul Dieu, distinct du monde. (…) Remarque. Il convient de distinguer du monothéisme, pour qui il n’existe qu’un seul Dieu, les religions qui n’admettent le culte que d’une seule divinité, mais sans nier pour cela qu’il en existe d’autres. Max Müller a désigné cette attitude sous le nom d’hénothéisme (dans son article Semitic Monotheism, 1860). Il considère cette forme de religion comme un état antérieur au monothéisme et au polythéisme proprement dits. On a proposé aussi, en ce sens, le mot monolâtrie. (A. Loisy) »
Poursuivons par l’article « Dieu dans la Bible » du Dictionnaire des religions aux éditions des Presses Universitaires de France, puisque la recherche « monothéisme » nous renvoie directement à « Dieu » :
« Le Dieu de Moïse, Dieu maître de la nature et chef de son peuple.
Lorsque la Bible commence à être rédigée, les dieux nationaux sont des dieux dynastiques, protégeant les chefs qui assurent l’unité de la nation. Mais les traditions bibliques admettent toutes en stade intermédiaire entre le Dieu des Pères et le Dieu de David : c’est l’étape mosaïque où les tribus s’unissent dans un culte commun de YHWH. (…) Voici les traits nouveaux par lesquels se révèle alors le Dieu d’Abraham :
1° Il n’est plus seulement le Dieu personnel (YHWH) ou le El suprême, mais lointain . Il assume les fonctions du grand dieu sémitique de l’orage. (…) Il est donc maître de la nature (…).
2° Il assume la conduite du peuple par l’alliance du Sinai. (…).
3° YHWH est un Dieu moral, car il impose des stipulations au peuple avec lequel il se lie, que ce soit le rituel d’Ex 34, 10-26, ou les dix paroles d’Ex 20 (---Dt 5 ---Décalogue) . Ces commandements représentent le plus pur des obligations morales reconnues dans les cultures du IIe millénaire : respect du Dieu personnel en éliminant le culte de toute autre divinité, respect du prochain dans sa personne, sa famille et ses biens. Ce Dieu respecte toujours la liberté humaine qui se manifeste par les nombreuses « rébellions » du désert.
4° Protecteur de son peuple sous condition de fidélité à ses paroles, ce Dieu est « lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui pardonne l’iniquité » (Ex 34, 6 --- Num 14, 18) (…)
5° Les anciennes divinité cosmiques (vents) ou locales ne sont plus que des messagers, male’akîm, anges « anges » du Seigneur, parfois porteurs de sa parole comme les ambassadeurs du temps ou les divinités inférieures. (…) »
Consultons à présent l’article Monothéisme du Dictionnaire encyclopédique du judaisme :
« Foi en un dieu unique. La croyance en l’existence de D. et l’affirmation de son unicité, sont les principes fondamentaux de la foi juive. (…)
Les opinions divergent quant aux origines du monothéisme des Hébreux : la Bible regorge d’allusion à des pratiques polythéistes (culte de plusieurs dieux), syncrétistes (culte du Dieu d’Israel associé à celui des dieux cananéens), ou monolâtres (culte d’un dieu national qui ne serait que le dieu d’un peuple et d’un pays). (…)
On établit généralement diverses distinctions à l’intérieur du monothéisme, qui reflètent différentes analyses scientifiques.
-Le monothéisme théiste différencie les monothéismes biblique et païen, dont le premier est qualifié de « théiste » et le second de « panthéiste ». Le monothéisme se réfère à l’existence d’une divinité en tant que telle, tandis que le théisme et le panthéisme font référence à une relation s’établissant entre la divinité et l’univers.
-Le monothéisme éthique s’attache également à fonder la différence entre les croyances biblique et paienne, dont la première serait éthique et la seconde essentiellement philosophique et ontologique. Alors que le paganisme parvient à l’unicité de la divinité par le raisonnement philosophique, ou par des considérations métaphysiques, la croyance biblique se fonde sur les aspects éthiques de l’absolu de la loi morale. La différence entre les notions précédentes de théisme-panthéisme s’établit dorénavant en termes qualitatifs : il s’agit de déterminer non pas combien de dieux sont invoqués, mais de quelle divinité il est question. (…)
Une recherche sur Internet à l’aide de l’expression « monothéisme éthique » vous ouvrira d’autres pistes.
Par exemple dans ce site, vous pourrez lire : « Selon André Chouraqui, « le message central de la Torah réside dans le monothéisme éthique que les Hébreux furent les premiers à propager. L’adoration d’un Dieu unique, juste, invisible, créateur des cieux et de la terre, impliquait le rejet, par les Benéi [enfants] d’Israël, de toutes les idoles adorées par les nations, de toute forme de paganisme ». L’étude de la Torah est une obligation religieuse : son contenu et son exégèse font partie des fondements du judaïsme. »
Dans notre catalogue vous pourrez aussi vous reporter aux ouvrages d’auteurs comme Levinas, Ricoeur, Chouraqui qui ont, semble-t-il, abordé cette question.
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