Question d'origine :
Qu'est-ce qu'une réflexion épistémologique ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/11/2016 à 12h23
Bonjour,
Revenons tout d'abord sur la définition du terme épistémologie :
"ÉPISTÉMOLOGIE : n. f. ; emprunté à l'anglais epistemology (1856), mot créé par le philosophe écossais James F. Ferrier, comp. du grec epistèmê « science » et de -logy (-logie)
1 (Sens étroit). Philos.
Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée .
Syn. philosophie des sciences. — Spécialt. Étude des théories scientifiques, indépendamment de la méthodologie.
2 (Sens large, incluant le précédent, par influence de l'anglais epistemology).
Théorie de la connaissance et de sa validité ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). -» gnoséologie.
Épistémologie historique, qui pense l'unité de l'épistémologie et de l'histoire des sciences (—► aussi archéologie, 3). Épistémologie et sémiotique."
source : Dictionnaire culturel en langue française
" Si l'on traduit par notre mot « science » le mot grec ἐπιστήμη, l'épistémologie est, étymologiquement,la théorie de la science . Bien que la forme anglaise du vocable ait existé avant que le français ne l'assimile, c'est pourtant avec le sens différent et plus large de « théorie de la connaissance » qu'il est généralement utilisé par les Anglo-Saxons. Ce décalage sémantique n'intéresse pas seulement le linguiste ; il évoque une différence d'orientation significative, qui se retrouve aussi bien à l'intérieur même de l'épistémologie entendue au sens français. Sans doute ne qualifierions-nous pas volontiers d'« épistémologiques » des considérations sur la connaissance en général, ou sur des modes de connaissance s'éloignant manifestement de ceux qu'un large consensus désigne comme scientifiques. Néanmoins, l'épistémologie ne saurait non plus se réduire à l'examen purement technologique des méthodes spécifiques des sciences. Elle vise aussi à situer la science dans une expérience du savoir qui la déborde, à en évaluer la portée, à en dégager le sens pour l'ensemble de la pratique humaine. Il convient donc de dire que le mot français lui-même renvoie à deux styles de théorie de la science ; l'un, plus proche de la philosophie d'obédience américaine ou britannique, met l'accent sur les processus les plus généraux de la connaissance, sur leur logique, sur leur fondement ; l'autre, assez caractéristique des épistémologues français, et même continentaux, depuis la fin du XIXe siècle, privilégie volontiers l'étude spécifique des sciences, voire du développement historique concret de leurs problèmes . On pourrait citer, à titre d'exemples typiques, Antoine Cournot, Henri Poincaré, Pierre Duhem, Ernst Mach, Federigo Enriques comme représentants de ce dernier style ; John Stuart Mill, Bertrand Russell, Karl Popper, Kazimierz Ajdukiewicz comme représentants du premier. Mais il ne s'agit, bien entendu, que d'orientations dominantes, et l'on trouverait aisément chez chacun d'eux des traits qui l'apparentent à l'autre tendance."
source : Universalis
Voici ce qu'indique Solange Gonzalez dans l'introduction de l'ouvrage intitulé Epistémologie & histoire des sciences :
"La signification du terme « épistémologie » est double selon que l'on se réfère à la tradition anglophone ou francophone (plus tardive). C'est James Frederick Ferrier (1808-1864) qui l'emploie (« epistemology »), pour la première fois, en 1856, pour traduire « Erkenntnistheorie » ou théorie de la connaissance.L' « epistemology » est alors une branche de la philosophie et, plus précisément, il semble que son sens initial soit connoté au contexte de la philosophie kantienne .
Le terme « épistémologie » apparaît, quant à lui, pour la première fois, en 1901, dans la traduction de l'ouvrage de Bertrand Russell intitulé Essai sur les fondements de la géométrie. A cette dimension de philosophie de la connaissance s'adjoint ainsi une autre signification, plus spécifique :l'épistémologie, dans son versant français, désigne alors une étude des théories scientifiques.
Cependant, ces deux significations s'articulent très étroitement l'une à l'autre car il est impossible de disjoindre une réflexion menée sur la méthode scientifique (par exemple, quel est le rôle de l'expérience dans l'élaboration de la connaissance scientifique ?) sans s'interroger, implicitement ou explicitement, sur l'origine de nos connaissances (viennent-elles des sens ? de la pensée ?). Selon que l'on opte pour une origine empirique ou idéelle, l'élaboration du savoir suit des chemins différents. On le voit donc, dire ce que sont nos connaissances et identifier leur origine - recherche qui relève, si l'on tient à respecter les lignes de démarcation, de la philosophie de la connaissance - conditionne un discours méthodologique précis, lequel constitue une rubrique de l'épistémologie, conçue comme discours sur le savoir scientifique. Il n'est donc pas légitime de trop insister sur cette ambivalence entre deux approches complémentaires à moins d'en saisir tout aussitôt la richesse et la portée. Philosophie des sciences, histoire des sciences ou épistémologie, ces clivages paraissent arbitraires et toujours provisoires, toutes ces disciplines empiétant les unes sur les autres."
Apparentée à l'histoire des sciences et à la philosophie des sciences, la réflexion épistémologique peut consister à retracer l'histoire et l'objet de méthodes, pratiques, postures et outils utilisés dans un champ précis des sciences. C'est s'interroger sur les démarches de construction d'une pensée scientifique.
Nous vous invitons à consulter les ouvrages suivants :
- Pratiquer l'épistémologie: Un manuel d'initiation pour les maîtres et formateurs / Jean-Claude Verhaeghe dont vous trouverez quelques extraits sur Cairn.
- Epistémologie & histoire des sciences / Anouk Barberousse, Bernadette Bensaude-Vincent, Pascal Duris... [et al.]; sous la direction de Solange Gonzalez
- Petites leçons d'épistémologie : comment penser la science et la connaissance ? / Yannis Delmas-Rigoutsos
- L'Epistémologie / Hervé Barreau
Bonne journée.
Revenons tout d'abord sur la définition du terme épistémologie :
"
1 (Sens étroit). Philos.
Syn. philosophie des sciences. — Spécialt. Étude des théories scientifiques, indépendamment de la méthodologie.
2 (Sens large, incluant le précédent, par influence de l'anglais epistemology).
Épistémologie historique, qui pense l'unité de l'épistémologie et de l'histoire des sciences (—► aussi archéologie, 3). Épistémologie et sémiotique."
source : Dictionnaire culturel en langue française
" Si l'on traduit par notre mot « science » le mot grec ἐπιστήμη, l'épistémologie est, étymologiquement,
source : Universalis
Voici ce qu'indique Solange Gonzalez dans l'introduction de l'ouvrage intitulé Epistémologie & histoire des sciences :
"La signification du terme « épistémologie » est double selon que l'on se réfère à la tradition anglophone ou francophone (plus tardive). C'est James Frederick Ferrier (1808-1864) qui l'emploie (« epistemology »), pour la première fois, en 1856, pour traduire « Erkenntnistheorie » ou théorie de la connaissance.
Le terme « épistémologie » apparaît, quant à lui, pour la première fois, en 1901, dans la traduction de l'ouvrage de Bertrand Russell intitulé Essai sur les fondements de la géométrie. A cette dimension de philosophie de la connaissance s'adjoint ainsi une autre signification, plus spécifique :
Cependant, ces deux significations s'articulent très étroitement l'une à l'autre car il est impossible de disjoindre une réflexion menée sur la méthode scientifique (par exemple, quel est le rôle de l'expérience dans l'élaboration de la connaissance scientifique ?) sans s'interroger, implicitement ou explicitement, sur l'origine de nos connaissances (viennent-elles des sens ? de la pensée ?). Selon que l'on opte pour une origine empirique ou idéelle, l'élaboration du savoir suit des chemins différents. On le voit donc, dire ce que sont nos connaissances et identifier leur origine - recherche qui relève, si l'on tient à respecter les lignes de démarcation, de la philosophie de la connaissance - conditionne un discours méthodologique précis, lequel constitue une rubrique de l'épistémologie, conçue comme discours sur le savoir scientifique. Il n'est donc pas légitime de trop insister sur cette ambivalence entre deux approches complémentaires à moins d'en saisir tout aussitôt la richesse et la portée. Philosophie des sciences, histoire des sciences ou épistémologie, ces clivages paraissent arbitraires et toujours provisoires, toutes ces disciplines empiétant les unes sur les autres."
Apparentée à l'histoire des sciences et à la philosophie des sciences, la réflexion épistémologique peut consister à retracer l'histoire et l'objet de méthodes, pratiques, postures et outils utilisés dans un champ précis des sciences. C'est s'interroger sur les démarches de construction d'une pensée scientifique.
Nous vous invitons à consulter les ouvrages suivants :
- Pratiquer l'épistémologie: Un manuel d'initiation pour les maîtres et formateurs / Jean-Claude Verhaeghe dont vous trouverez quelques extraits sur Cairn.
- Epistémologie & histoire des sciences / Anouk Barberousse, Bernadette Bensaude-Vincent, Pascal Duris... [et al.]; sous la direction de Solange Gonzalez
- Petites leçons d'épistémologie : comment penser la science et la connaissance ? / Yannis Delmas-Rigoutsos
- L'Epistémologie / Hervé Barreau
Bonne journée.
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