Question d'origine :
Hier soir, j’étais de sortie. Sur la table, un magnifique pot de fleurs qui masquait l’un des convives, à la manière de la toile “Coin de table” de Henri Fantin-Latour, exposée au Musée d’Orsay.
Pourriez-vous me rappeler qui est délibérément caché par le pot de fleurs aux boins soins de monsieur Fantin-Latour ? Quel est le motif de la brouille entre le peintre et cette personne ? Est-ce pour une femme, une dette ou une querelle plus argumentée ? La situation a-t-elle évoluée favorablement entre les deux hommes, ensuite ?
On m’a dit que les personnages représentés sur cette toile étaient les membres d’un même courant littéraire, lequel ? De quoi s’agit-il ?
Plus généralement, existe-t-il des sites Internet ou des livres qui racontent les coulisses insolites de toiles (la brouille du peintre avec “le littéraire” que Fantin-Latour a matérialisée sur sa toile).
Durant cette soirée, on m’a parlé de “photos” (daguérrotype, certainement) de Rimbaud. Puis, pour une quelconque raison, le photographe les aurait toutes cassées. Qui est ce photographe ? Pourquoi les a-t-il cassées ? Les a-t-on récupérées par la suite ?
Coin de Table, Henri Fantin-Latour
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 13/05/2005 à 15h35
Dans le tableau de Henri Fantin-Latour intitulé « Le coin de table », figurent, de gauche à droite : Paul Verlaine (1844-1896), Arthur Rimbaud (1854-1891), Léon Valade (1841-1884), Camille Pelletan (1846-1915), Elzéar Bonnier et Emile Blémont (1839-1927). Ce groupe de poètes appartenait au groupe des « Vilains bonhommes », cercle de poètes issus des parnassiens.
Contrairement à ce que vous annoncez dans notre libellé de question, personne ne se cache derrière le bouquet de fleurs situé à l’extrême droite du tableau. Il devait figurer quelqu’un à la place de ce vase de fleurs. Cette personne était un poète nommé Albert Mérat (1840-1909).
La raison de son absence sur la toile est très clairement expliquée dans l'ABCdaire de Rimbaud.
A la page 47 : « Enfin, à la place du vase de fleurs devait figurer Albert Mérat, qui s’est désisté, ne supportant pas d’avoir été égratigné dans l’Album zutique : Verlaine et Rimbaud y ont inséré Le Sonnet du Trou du cul, pastiche de son poème l’Idole. » A la page 79, on apprend pourtant qu’Arthur Rimbaud vouait une certaine admiration à Albert Mérat puisqu’il le qualifie en 1871 comme étant l’un des deux « voyants » dont peut se féliciter « la nouvelle école dite parnassienne ».
Il n’est pas fait explicitement allusion à des photographies prises durant les soirées de ce groupe de poètes. Néanmoins, nous savons que le photographe Etienne Carjat assistait aux réunions des Vilains Bonhsommes puisque, lors de l’une de ces soirées, ce dernier fut légèrement blessé par Rimbaud. A la page 79 de l’ouvrage cité ci-dessus, on trouve l’anecdote racontée en ces termes « Son animosité [celle D’Albert Mérat] envers Rimbaud s’est accrue lorsque ce dernier a failli transpercer le photographe Etienne Carjat lors du dîner des Vilains Bonhommes en 1872. ». De plus, on connaît une photographie d’Arthur Rimbaud prise par Etienne Carjat (1828-1906) en 1871 :
Concernant les ouvrages traitant de faits relatifs à l’iconographie d’oeuvres d’art, vous pouvez vous reporter à l’ouvrage suivant « les dessous des chefs-d'oeuvre», disponible à la bibliothèque de la Part Dieu.
D’autre part, dans les ouvrages d’histoire de l’art dans lesquels les œuvres font l’objet d’une notice descriptive et d’un commentaire développé, on apprend généralement comment l’élaboration puis l’exécution de l’œuvre se sont déroulées et peu sur l'histoire des personnages représentés.
Pour en savoir plus sur le contexte poétique de l'époque et ses différents mouvements, vous pouvez nous reporter à l'ouvrage de Robert Sabatier.
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