Difficultés et "loi du silence"
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 30/03/2017 à 18h12
284 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Plusieurs intervenants auprès d'agriculteurs en difficultés observent une sorte de "loi du silence" notamment de la part de certains créanciers entourant la période où les difficultés s'accumulent et aboutissent parfois à une procédure collective...
Ce phénomène est-il observé auprès d'autres professions non salariées non agricoles ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 03/04/2017 à 12h55
Bonjour,
Les seuls éléments que nous trouvons sur la loi du silence entourant l’endettement des agriculteurs est le constat du silence des agriculteurs eux-mêmes.
La honte, la peur du jugement pousse en effet de nombreux agriculteurs à taire leurs difficultés financières.
C’est ce que constate le rapport de Solidarité paysans sur le mal-être des agriculteurs :
« Les agriculteurs considèrent que les problèmes administratifs, judiciaires et sanitaires constituent également une source de leurs difficultés. Mais, au-delà, leur mal-être provient de la spécificité de leur métier et de leur milieu avec une surcharge de travail (les exploitants agricoles travaillent en moyenne 54 heures par semaine, contre par exemple 42 heures pour les cadres, une étude mentionnée dans le rapport indique d’ailleurs que 35 % des exploitants sont concernés par un travail excessif), des conditions de travail difficiles, la pression liée au travail, principalement dans l’élevage (traite matin et soir, 365 jours par an), mais aussi la « loi du silence qui règne en milieu rural » : « le regard social pèse sur la situation d’endettement "ça ne se dit pas c’est honteux" ». Par rapport à leur endettement, la plupart des agriculteurs expriment ainsi de la honte et une peur du jugement des autres. »
Source : Le rapport de Solidarité paysans sur le mal-être des agriculteurs, wikiagri.fr
« Une autre forme de pression exprimée lors des entretiens est la loi du silence qui règne en milieu rural. Le regard social pèse sur la situation d’endettement « ça ne se dit pas c’est honteux ». Les familles n’en parlent ni à leurs voisins, ni à leurs parents ou frères et sœurs. Parmi tous les agriculteurs rencontrés, un seul parle librement de sa situation d’endettement. Sinon, l’expression est celle de la honte, de la peur du jugement mais aussi une façon de se protéger de l’avidité d’un voisin qui voudrait agrandir son exploitation reprenant les parcelles de celui qui est en difficulté. »
Source : Des agriculteurs sous pression : une profession en souffrance - Rapport d’étude sur les mécanismes psychosociaux en jeu chez les agriculteurs en difficulté, Solidarité paysans
Confrontés à des difficultés financières et à l'absence de perspectives de leur secteur, les agriculteurs vivent un mal-être qui, parfois, s'achève tragiquement :
« le taux de suicide chez les exploitants agricoles est trois fois plus élevé que chez les cadres. C'est la conclusion de la seule enquête officielle qui renseigne sur les suicides d'agriculteurs, réalisée par l'Institut de veille sanitaire (INVS), publiée en 2010 dans la Revue d'épidémiologie et de santé publique. "Nous avons analysé les causes de décès par secteur d'activité de 1968 à 1999", détaille Christine Cohidon, médecin épidémiologiste à l'INVS. Une nouvelle étude est envisagée entre l'INVS et la MSA pour affiner les données.
"Le suicide d'un agriculteur ne fait pas de bruit, mais c'est souvent son ultime manière de dénoncer la situation de crise morale et sociale que vit notre secteur", s'indigne Bernard Lannes. "C'est une forme de désespérance qui s'est installée dans le monde agricole, observe Jean-Pierre Vigier. Ce sont des gens courageux, qui ne comptent pas leurs heures, qui ne prennent jamais de vacances, qui ont parfois dû s'endetter et qui sont contraints de travailler à perte. On ne leur laisse aucune échappatoire". »
Source : Chez les agriculteurs, le taux de suicide est trois fois plus élevé que chez les cadres, lemonde.fr
(voir aussi plus récemment : Après la mort de Beulin, l'agriculture française en crise de confiance, journaldunet.com)
Dans de nombreux milieux professionnels, la souffrance au travail, quelles que soient ses causes, est vécue comme un mal silencieux. Les ressources suivantes vous permettront d’approfondir le sujet :
Articles :
- Souffrir au travail, la loi du silence, liberation.fr
- Souffrances et suicides au travail, lemonde.fr
- Humiliations, insultes, violences : les étudiants de santé doivent "rompre la loi du silence", francetvinfo.fr
Ouvrages :
- La déprime des opprimés : enquête sur la souffrance psychique, Patrick Coupechoux
- Docteur, je vais craquer ! le stress au travail Staf Henderickx et Hans Krammisch
- Le silence des cadres : enquête sur un malaise Denis Monneuse
Quant à la loi du silence des créanciers que vous évoquez, nos moyens de recherche ne nous permettent pas de trouver des ressources confirmant ces observations.
Bonne journée.
Les seuls éléments que nous trouvons sur la loi du silence entourant l’endettement des agriculteurs est le constat du silence des agriculteurs eux-mêmes.
La honte, la peur du jugement pousse en effet de nombreux agriculteurs à taire leurs difficultés financières.
C’est ce que constate le rapport de Solidarité paysans sur le mal-être des agriculteurs :
« Les agriculteurs considèrent que les problèmes administratifs, judiciaires et sanitaires constituent également une source de leurs difficultés. Mais, au-delà, leur mal-être provient de la spécificité de leur métier et de leur milieu avec une surcharge de travail (les exploitants agricoles travaillent en moyenne 54 heures par semaine, contre par exemple 42 heures pour les cadres, une étude mentionnée dans le rapport indique d’ailleurs que 35 % des exploitants sont concernés par un travail excessif), des conditions de travail difficiles, la pression liée au travail, principalement dans l’élevage (traite matin et soir, 365 jours par an), mais aussi la « loi du silence qui règne en milieu rural » : « le regard social pèse sur la situation d’endettement "ça ne se dit pas c’est honteux" ». Par rapport à leur endettement, la plupart des agriculteurs expriment ainsi de la honte et une peur du jugement des autres. »
Source : Le rapport de Solidarité paysans sur le mal-être des agriculteurs, wikiagri.fr
« Une autre forme de pression exprimée lors des entretiens est la loi du silence qui règne en milieu rural. Le regard social pèse sur la situation d’endettement « ça ne se dit pas c’est honteux ». Les familles n’en parlent ni à leurs voisins, ni à leurs parents ou frères et sœurs. Parmi tous les agriculteurs rencontrés, un seul parle librement de sa situation d’endettement. Sinon, l’expression est celle de la honte, de la peur du jugement mais aussi une façon de se protéger de l’avidité d’un voisin qui voudrait agrandir son exploitation reprenant les parcelles de celui qui est en difficulté. »
Source : Des agriculteurs sous pression : une profession en souffrance - Rapport d’étude sur les mécanismes psychosociaux en jeu chez les agriculteurs en difficulté, Solidarité paysans
Confrontés à des difficultés financières et à l'absence de perspectives de leur secteur, les agriculteurs vivent un mal-être qui, parfois, s'achève tragiquement :
« le taux de suicide chez les exploitants agricoles est trois fois plus élevé que chez les cadres. C'est la conclusion de la seule enquête officielle qui renseigne sur les suicides d'agriculteurs, réalisée par l'Institut de veille sanitaire (INVS), publiée en 2010 dans la Revue d'épidémiologie et de santé publique. "Nous avons analysé les causes de décès par secteur d'activité de 1968 à 1999", détaille Christine Cohidon, médecin épidémiologiste à l'INVS. Une nouvelle étude est envisagée entre l'INVS et la MSA pour affiner les données.
"Le suicide d'un agriculteur ne fait pas de bruit, mais c'est souvent son ultime manière de dénoncer la situation de crise morale et sociale que vit notre secteur", s'indigne Bernard Lannes. "C'est une forme de désespérance qui s'est installée dans le monde agricole, observe Jean-Pierre Vigier. Ce sont des gens courageux, qui ne comptent pas leurs heures, qui ne prennent jamais de vacances, qui ont parfois dû s'endetter et qui sont contraints de travailler à perte. On ne leur laisse aucune échappatoire". »
Source : Chez les agriculteurs, le taux de suicide est trois fois plus élevé que chez les cadres, lemonde.fr
(voir aussi plus récemment : Après la mort de Beulin, l'agriculture française en crise de confiance, journaldunet.com)
Dans de nombreux milieux professionnels, la souffrance au travail, quelles que soient ses causes, est vécue comme un mal silencieux. Les ressources suivantes vous permettront d’approfondir le sujet :
Articles :
- Souffrir au travail, la loi du silence, liberation.fr
- Souffrances et suicides au travail, lemonde.fr
- Humiliations, insultes, violences : les étudiants de santé doivent "rompre la loi du silence", francetvinfo.fr
Ouvrages :
- La déprime des opprimés : enquête sur la souffrance psychique, Patrick Coupechoux
- Docteur, je vais craquer ! le stress au travail Staf Henderickx et Hans Krammisch
- Le silence des cadres : enquête sur un malaise Denis Monneuse
Quant à la loi du silence des créanciers que vous évoquez, nos moyens de recherche ne nous permettent pas de trouver des ressources confirmant ces observations.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter