Question d'origine :
Lorsqu'on fait de la randonnée dans le Beaufortain, on est surpris par la couleur verte qui domine dans ces montagnes et par la couleur très blanche de l'eau qui s'écoule dans les torrents.
Comment expliquer ces jolies couleurs ?
réponse attendue pour le 26/07/2017 à 16:21
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 25/07/2017 à 08h02
Bonjour,
Le Beaufortain est un domaine de moyenne montagne dont le plus haut sommet se hisse à 2889m (Aiguille du Grand Fond). Aussi ne s’y niche-t-il aucun glacier ni même névé permanent. « Cela reste donc un large domaine de prairies, forêts et alpages au sein de paysages certes vigoureux mais aimables et quasiment préalpins. » op.cit. Beaufortain - val d’Arly
Raoul Blanchard le père de la géographie alpine, qui avait parcouru à pied toute la chaine des alpes, aurait eu cette réflexion au sujet du Beaufortain.
Disparus les glaciers, les névés permanents ; adieu les aiguilles, les rudes crêtes jaillissant vers le ciel ! Le relief est doux et fondu, le spectacle qui sans cesse sollicite ici le regard, c’est celui du gracieux paysage de parc, prairies emmêlées de compagnies ou de files d’épicéas, de frênes, de coudriers, parmi lesquelles bondissent de gros ruisseaux d’eaux vives […] Le pays est charmant ; c’est l’un des plus agréables qui se puissent fréquenter, avec son tapis herbeux poussé jusqu’aux sommets, ses gracieuses constructions et parure suprême, le mont-Blanc trônant à l’horizon. op.cit.Le Beaufortain : jardin du Mont-Blanc Dans l’ouvrage Beaufortain - val d'Arly (cité ci-dessus), « Tout le bassin de l’Arly est couvert d’une envahissante couverture forestière à l’image des Préalpes toutes proches. Elle a pour circonstances favorables l’abondante pluviosité ainsi que des pentes abruptes (…) »
La forêt se compose :
- D’épicéa (75%),
- de sapins (20%),
- de hêtres (5%).
Enfin, pour le plaisir, voici un large extrait d’un texte de Maxime Viallet (alpagiste né à Haute-luce), cité dans l’ouvrage Ensemble dans le Beaufortain, dépeignant les paysages tout en couleurs du Beaufortain.
Gravir la montagne dans le grand soleil du matin, c’est aussi pénétrer dans l’intimité de la vallée. S’il vous arrive, par une claire journée de la Saint Jean (fin juin), de monter aux pays au-dessus du village d’Hauteluce, après la forêt, le passage du chalet de la Croix, débouchant sur l’alpage du Mont-clocher, vous apercevez dominant la vallée, ses multiples nuances de couleurs :
- Le vert pâle des foins mûrissant au fond où s’activent les gens avec les instruments de la fenaison.
- Au-dessus de la clairière des prés, monte le satin bleu noir des forêts qui habille les versants, combinaison de l’ozone de l’air avec le vert sombre des épicéas.
- Après les forêts, surgit le vert intense du printemps des alpages. Ces alpages sont la plus ancienne richesse du Beaufortain (…).
- Plus haut, enfin, se découpent, dans le bleu du ciel, les cimes toutes blanches de la neige hivernale (…) S’agissant des torrents nous n’avons pas trouvé, dans les ouvrages consultés, d’explication sur « la couleur très blanche » des eaux. Nous rapportons toutefois cette information concernant le « Doron de Beaufort », découverte dans le livre Les torrents de la Savoie, qui pourrait contenir un élément de réponse : « En raison de la nature du sol, de l’importance encore considérable des massifs forestiers, les érosions et le charriage sont limités : on peut citer les ravins du col de la Bathie, le Nant Bruyant et le ruisseau de Queige parmi ceux qui apportent au Doron le plus de matériaux. Il en résulte donc qu’après des pluies abondantes et prolongées, le Doron aura des inondations comme toute autre rivière, mais qu’il n’aura qu’à un faible degré le caractère torrentiel. »
Bonne journée
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