Bonjour,
Vous trouverez des informations sur les écoles militaires ouvertes en Algérie au début du XXe siècle dans l’article suivant :
Écoles d’élèves-officiers « indigènes » en Algérie (1912-1946), Alain Sainte-Marie,
Cahiers de la Méditerranée, 80 | 2010, 199-210.
Pour compléter vous pouvez aussi consulter l’ouvrage de Gilbert Meynier :
L'Algérie révélée : la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, dont voici un extrait :
« Les autorités coloniales étudient […] les modalités pratiques d’une suppression du remplacement. Depuis la fin 1916, des pelotons d’élèves aspirants, puis d’élèves sous-officiers fonctionnent, d’abord pour les fils de familles influentes engagés. En 1971, et surtout en 1918, ils accueillent les conscrits. Arrivé au pouvoir, Clemenceau est résolu à augmenter le rendement du recrutement militaire. Les propositions de Pierre-Etienne Flandin, rapporteur de la commission sénatoriale de l’armée, sont retenues fin 1917 par la S.A. : elles contiennent, entre autres, la suppression du remplacement, assortie de la création d’écoles d’élèves aspirants et d’élèves sous-officiers destinées aux « fils de
famille » et aux « indigènes les plus instruits ». Début janvier 1918, une mission d’études dirigée par le député Cuttoli rédige un rapport dont les conclusions sont proches de celles de Flandin. Le remplacement est supprimé peu après. Il s’agit, dès lors, de mettre sur pied le programme d’écoles militaires qui doit compléter la mesure.
Dans l’immédiat avant-guerre, la question était à l’étude au G.G. et à la S.A. Un cours fonctionne à Alger, au moins jusqu’en 1916, qui reçoit quelques fils de caïds, d’officiers « indigènes », de fonctionnaires et magistrats musulmans, jugés capables de devenir sous-lieutenants. En octobre 1916, est créé au 7e Tir., à Constantine, un peloton d’élèves sous-officiers. Peu après, est créé à Miliana le premier peloton des élèves aspirants, d’abord ouvert aux « fils de familles notables ou maraboutiques » engagés. Pour la première promotion, sur une soixantaine d’engagés, 31 – dont six tunisiens – sont finalement admis à suivre les cours qui durent trois mois et sont sanctionnés par un examen trimestriel. La première promotion à sortir de l’école comprend 25 admis, dont 19 Algériens. En 1917, sont créés trois autres groupes dans le peloton des élèves aspirants. A l’issue de chaque trimestre, les élèves subissent un examen pour être admis dans le groupe suivant, et ils sont, à chaque fois, nommés au grade correspondant à leur groupe d’origine, de caporal à aspirant. Le cycle normal d’études dure ainsi une année au minimum (exceptionnellement neuf, voire six mois pour les plus brillants sujets) et deux années au maximum en cas de redoublement de chaque cours trimestriel. Les élèves non admis au redoublement passent au peloton des élèves sous-officiers créé début 1917, ou repassent à la troupe. A la fin du cycle, en cas de succès, les élèves attendent leur nomination au grade d’aspirant en suivant des cours de perfectionnement spécialisés à Blida. La consigne est de soigner les élèves : par rapport aux tirailleurs encasernés à Miliana ou Blida, ils jouissent d’avantages de tenue, de nourriture et d’hébergement. Le peloton des élèves sous-officiers fonctionne de la même manière. Les élèves, après un stage de quatre mois dans un régiment, suivent des cours sanctionnés par un examen trimestriel mais ne pouvant déboucher, au maximum, que sur le grade, nouvellement créé, d’« adjuvant indigène ». Un peloton spécial pour sous-officiers accueille les meilleurs éléments qui sont présentés, quand leur niveau est jugé suffisant, au dernier stage trimestriel des élèves aspirants.
Dès avant 1918, l’école de Miliana a bien pour objectif d’accueillir les fils de
famille engagés en leur assurant pratiquement qu’ils n’iront pas au front. Il est spécifié que les élèves ne pourront en sortir que sous-officiers : en clair, même si après des dizaines de stages, un élève est toujours reconnu incapable de faire un sous-officier, il ne peut être renvoyé comme caporal ou simple soldat dans un régiment de tirailleurs. Il ne sortira de l’école que gradé, ou alors il n’en sortira pas… avant la fin de la guerre. Cette disposition intéresse particulièrement les fils de chefs, des Hautes Plaines et du Sud dont beaucoup sont illettrés. Or, la suppression du remplacement amène une forte augmentation du nombre des candidats aux pelotons, appelés et non plus seulement engagés. Le nombre des postulants analphabètes devient tel qu’une section spéciale est instituée pour eux à Miliana, dont les cadres et les moyens doivent être accrus. En 1918, sont créés successivement les pelotons d’élèves sous-officiers de Mostaghanem et d’Aïn M’lila où des sections spéciales fonctionnent également. Les candidats « lettrés » deviennent, eux aussi, plus nombreux, les Jeunes-Algériens, pas plus que les « fils de
famille » ne pouvant plus se faire remplacer. »
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