Question d'origine :
Bonjour à tous,
connaissant le téléphérique de l'aiguille du midi dans la vallée de Chamonix. Je me suis souvent demandé comment les constructeurs avaient pu poser les câbles porteurs entre le sommet et la gare intermédiaire du Plan de l'Aiguille.
Comme il a été construit au début du XX° siècle, époque où il n'y avait pas d'hélicoptères,la question est de savoir comment ils ont pu monter le câble sans pylônes intermédiaires puisque qu'entre la gare interméédiaire et le sommet il n'y a pas de pylones
Merci de votre réponse
Réponse attendue le 17/08/2018 - 09:08.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 14/08/2018 à 08h56
Ce téléphérique actuel n’a pas été construit au début mais au milieu du 20e siècle, quand les techniques ont déjà fait d’importants progrès. Le premier téléphérique, celui du Col du Midi, avait été effectivement construit entre 1910 et 1927. C’est Dina Lora Totino, ingénieur issu de l’Ecole polytechnique de Turin, qui a proposé la construction d’un nouveau téléphérique en deux tronçons : le premier de Chamonix au Plan de l’Aiguille, le second du Plan de l’Aiguille au sommet de l’Aiguille du Midi. En 1938, il avait déjà construit le téléphérique du Col du Géant, sur le versant italien du Mont-Blanc, à 3 300 m d’altitude avec 2,5 km sans pylône.
La décision de construire la liaison Plan de l’Aiguille – Aiguille du Midi, date de 1948. A l’été 1948, le projet de téléphérique au Col du Midi avait été abandonné, mais les bennes de service et le téléphérique des Glaciers existaient toujours. Entre le Col du Midi et l’Aiguille, il n’existe « que » 242 m de dénivelé. C’est par ces bennes qu’est monté le matériel, avec la solution suivante : « Pour hisser les câbles de 40 tonnes, on montera successivement des câbles de plus en plus gros, de manière à les tendre en les faisant passer sur des chevalets pour les isoler du sol. »
« Le 27 juin 1949, trois tronçons de câbles sont montés par la benne de service jusqu’au col du Midi. Une trentaine de guides et de militaires les hissent ensuite en file indienne, chacun portant 30 kg jusqu’au petit col qui sépare le piton nord du sommet. Le matin du 29 juin, vers 8 heures, les guides débutent la première descente en rappel de la face nord de l’Aiguille du Midi ! L’itinéraire passe sous la langue glaciaire sommitale, dans un couloir raviné par les chutes de pierre et les avalanches. Les guides doivent rester sur le qui-vive, tout en veillant à ce que le câble ne coince pas : il faut le secouer pour qu’il ne se fiche pas dans la glace, et boucher les fissures avec des bouts de bois. Vers 17 h 30, après neuf heures de rappel harassant, le câble de 1,5 km, qui pèse 1,5 tonne, atteint la base de l’Aiguille. Il est relié à un filin tiré depuis le Plan sur le glacier des Pélerins, puis mis en tension d’un seul tenant. »
Les travaux se déroulent de 1951 à 1955. 800 kilos de matériel peuvent être montés par benne entre les Pélerins et le Col du Midi, avec trois transbordements. A l’arête, les ouvriers transfèrent les sacs de ciment d’une benne à l’autre avec un palan. Le téléphérique des Glaciers supporte jusqu’à 2 tonnes et transporte des poutres sur son toit. Ainsi, l’itinéraire d’un sac de ciment est le suivant : Pélerins-Para, Para-Glaciers, Glaciers-arête, arête-Col du Midi, puis par luge du col du Midi pour rejoindre la ficelle qui monte le sac en haut de l’Aiguille. Frizon-Roche raconte qu'un sac de ciment, qui arrivait à moitié vide, coûtait 40 000 francs !
Concernant le premier tronçon : « D’abord une ligne entre la Para et le Plan de l’Aiguille : « Pendant l’été 1951, raconte Bernard Borgarelli, un câble est transporté aux Glaciers par l’ancien téléphérique. Cent militaires de l’Ecole de haute montagne le portent ensuite par le glacier des Pélerins, jusqu’au Plan… Le soir, nous descendons une des extrémités du filin jusqu’à la Para, atteinte vers 22 heures. Nous avons recommencé l’opération tôt le lendemain avec l’autre extrémité, que nous avons raccordée à la première. Il nous restait à construire un pylône intermédiaire, en plus de ceux situés près du départ et de l’arrivée : on a repéré deux mélèzes que nous avons reliés par des travers en bois trouvées sur place. Et le tour était joué ! » Cette installation de fortune permettra de reporter à l’année 1953 les frais de construction d’une seconde ligne de service plus robuste entre Chamonix et le Plan de l’Aiguille… ».
Ces extraits proviennent du livre de Pierre-Louis Roy, magnifiquement illustré,
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