Question d'origine :
Bonjour,
J'ai- nous avons- récemment entendu, qu'un grammairien belge, proposait de modifier cette règle de la grammaire française complexe et totalement idiote , qui concerne les accords du participe passé , utilisés avec les verbe auxiliaires !
Que propose t il spécialement, et qui , en France a le pouvoir et la possibilité de modifier ainsi telle ou telle règle de la grammaire ?
Il est vrai que nos amis belges -wallons- naturellement, sont souvent d'un niveau supérieurs à nous français, en matière de grammaire française .Cette observation étant issue d'expérience personnelle. merci.
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 19/09/2018 à 14h27
Réponse du Département Langues et Littératures :
Bonjour,
Il y a quelque temps en effet, les Belges Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, professeurs de français en Wallonie de leur état, ont lancé un appel pour la suppression de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir » publié dans le journal Libération du 2 septembre 2018.
Cette initiative, soutenue par le Conseil de la Langue Française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, viserait à «rendre le participe passé invariable après l'auxiliaire avoir, et ce, en toutes circonstances», afin de simplifier une règle de grammaire certes élémentaire mais que de nombreuses exceptions viennent complexifier.
Cette requête qui en quelques jours a déjà fait couler beaucoup d’encre a le mérite de nous faire nous interroger sur la ou les instances qui auraient autorité sur la langue française.
Une réponse faussement simple :
On entend ainsi souvent dire qu’en matière de langue française, il convient de se référer à l’Académie Française. Mais ce serait un peu simple.
En effet depuis sa création par le Cardinal de Richelieu en 1635, l’Académie a pour mission « de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences » (extrait de l’article 24 des Statuts de l’Académie Française).
En outre, il ne faut pas oublier un point essentiel : en France, la possibilité d’acter une modification de la langue est subordonnée à sa parution au Bulletin officiel, et donc au pouvoir de légiférer. Or, le seul organisme à pouvoir édicter des lois est l’Etat.
Un environnement complexe :
Pour mieux comprendre par qui et comment se modifie la langue française, prenons l’exemple des réformes orthographiques.
Le Conseil Supérieur de la Langue Française — qui est rattaché à la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France (DGLFLF) et dont le travail consiste à animer et à coordonner la politique linguistique du gouvernement en prenant en compte le maintien de la cohésion sociale et la diversité de notre société — soumet à l’Académie Française une série de propositions visant à simplifier ou moderniser la langue française. Ce n’est donc pas comme on peut le penser le Ministère de l’Education Nationale qui s’occupe de ce genre de dossier, mais le Ministère de la Culture, dont dépend la DGLFLF.
L’Académie Française va alors se réunir en session pour discuter de ces propositions car, ainsi qu’on peut le lire sur le site du gouvernement : « Il ne revient pas au ministère de l’Éducation nationale de déterminer les règles en vigueur dans la langue française. Ce travail revient à l’Académie française, depuis Richelieu ».
Ces propositions sont également soumises à une autre institution consultative : le Conseil international de la Langue Française ; car ces questions ne concernent pas que ceux qui résident sur le seul territoire français, mais bien l’ensemble des francophones à travers le monde, parmi lesquels nos amis Belges.
Ces deux organismes vont ensuite statuer sur ces réformes envisagées, et émettre un avis favorable ou non.
Il apparaît alors que si le pouvoir décisionnel réside entre les mains de l’Etat, l’instance qui fasse réellement autorité en la matière, soit l’Académie Française. Mais là encore, est-ce réellement le cas ?
De l’usage au « bon usage » :
Si l’on examine la Déclaration de l’Académie française sur la « réforme de l’orthographe »adoptée dans la séance du jeudi 11 février 2016, la chose se complique encore.
On peut y lire les mots suivants :
« L’Académie a réaffirmé qu’il n’appartient ni au pouvoir politique ni à l’administration de légiférer ou de réglementer en matière de langage, l’usage, législateur suprême, rendant seul compte des évolutions naturelles de la langue, qui attestent sa vitalité propre. »
Plus que toute institution, ce serait donc pour les académiciens avant tout l’usage que nous faisons d’une langue qui règnerait sur celle-ci et lui dicterait son évolution.
Ainsi, c’est de l’usage que naitrait le « bon usage », ce qui est assez comique quand on pense que pour tout ce qui concerne la grammaire française, l’ouvrage qui fait référence depuis 1936 (s’adaptant à chaque nouvelle édition aux changements que connaît la langue française) s’appelle justement Le Bon Usage, et qu’il a été rédigé par Maurice Grevisse, un grammairien non pas Français, mais Belge !
Bonjour,
Il y a quelque temps en effet, les Belges Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, professeurs de français en Wallonie de leur état, ont lancé un appel pour la suppression de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir » publié dans le journal Libération du 2 septembre 2018.
Cette initiative, soutenue par le Conseil de la Langue Française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, viserait à «rendre le participe passé invariable après l'auxiliaire avoir, et ce, en toutes circonstances», afin de simplifier une règle de grammaire certes élémentaire mais que de nombreuses exceptions viennent complexifier.
Cette requête qui en quelques jours a déjà fait couler beaucoup d’encre a le mérite de nous faire nous interroger sur la ou les instances qui auraient autorité sur la langue française.
On entend ainsi souvent dire qu’en matière de langue française, il convient de se référer à l’Académie Française. Mais ce serait un peu simple.
En effet depuis sa création par le Cardinal de Richelieu en 1635, l’Académie a pour mission « de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences » (extrait de l’article 24 des Statuts de l’Académie Française).
En outre, il ne faut pas oublier un point essentiel : en France, la possibilité d’acter une modification de la langue est subordonnée à sa parution au Bulletin officiel, et donc au pouvoir de légiférer. Or, le seul organisme à pouvoir édicter des lois est l’Etat.
Pour mieux comprendre par qui et comment se modifie la langue française, prenons l’exemple des réformes orthographiques.
Le Conseil Supérieur de la Langue Française — qui est rattaché à la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France (DGLFLF) et dont le travail consiste à animer et à coordonner la politique linguistique du gouvernement en prenant en compte le maintien de la cohésion sociale et la diversité de notre société — soumet à l’Académie Française une série de propositions visant à simplifier ou moderniser la langue française. Ce n’est donc pas comme on peut le penser le Ministère de l’Education Nationale qui s’occupe de ce genre de dossier, mais le Ministère de la Culture, dont dépend la DGLFLF.
L’Académie Française va alors se réunir en session pour discuter de ces propositions car, ainsi qu’on peut le lire sur le site du gouvernement : « Il ne revient pas au ministère de l’Éducation nationale de déterminer les règles en vigueur dans la langue française. Ce travail revient à l’Académie française, depuis Richelieu ».
Ces propositions sont également soumises à une autre institution consultative : le Conseil international de la Langue Française ; car ces questions ne concernent pas que ceux qui résident sur le seul territoire français, mais bien l’ensemble des francophones à travers le monde, parmi lesquels nos amis Belges.
Ces deux organismes vont ensuite statuer sur ces réformes envisagées, et émettre un avis favorable ou non.
Il apparaît alors que si le pouvoir décisionnel réside entre les mains de l’Etat, l’instance qui fasse réellement autorité en la matière, soit l’Académie Française. Mais là encore, est-ce réellement le cas ?
Si l’on examine la Déclaration de l’Académie française sur la « réforme de l’orthographe »adoptée dans la séance du jeudi 11 février 2016, la chose se complique encore.
On peut y lire les mots suivants :
« L’Académie a réaffirmé qu’il n’appartient ni au pouvoir politique ni à l’administration de légiférer ou de réglementer en matière de langage, l’usage, législateur suprême, rendant seul compte des évolutions naturelles de la langue, qui attestent sa vitalité propre. »
Plus que toute institution, ce serait donc pour les académiciens avant tout l’usage que nous faisons d’une langue qui règnerait sur celle-ci et lui dicterait son évolution.
Ainsi, c’est de l’usage que naitrait le « bon usage », ce qui est assez comique quand on pense que pour tout ce qui concerne la grammaire française, l’ouvrage qui fait référence depuis 1936 (s’adaptant à chaque nouvelle édition aux changements que connaît la langue française) s’appelle justement Le Bon Usage, et qu’il a été rédigé par Maurice Grevisse, un grammairien non pas Français, mais Belge !
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