Question d'origine :
Quelles sont les différences entre un film tourné en vidéo numérique et un film tourné sur péliculle ? Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque système ? Pourquoi les professionels préfèrent-ils utiliser la péliculle ?
Réponse du Guichet
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- Département : Arts et Loisirs
Le 23/06/2005 à 13h22
Dans son ouvrage « Cinéma numérique : la technique derrière la magie», Philippe Loranchet dresse un tableau comparatif entre cinéma analogique (film tourné sur pellicule) et cinéma numérique pour en mettre en évidence leur avantages et inconvénients respectifs. Il ordonne sa comparaison pour chaque échelon de la fabrication d’un film. Ce qui suit est en substance ce que l’on peut retenir de ce tableau.
Lors de L'ACQUISITION
Les atouts principaux de l’acquisition argentique (ou tournage avec une caméra en 35 mm) sont « simplicité de mise en œuvre, la grande quantité de matériel disponible, l’incontestable expérience du personnel technique et surtout l’immense quantité d’informations que peut stocker la pellicule ». Ses inconvénients sont le coût important de matière première, l’absence de visionnage immédiat et le temps de prise de vue limité à 10 mn.
Pour le cinéma numérique, les avantages sont le visionnage immédiat du résultat et la possibilité de tournage jusqu’à 50 mn sans recharger la caméra. En revanche, la qualité de l’image inférieure au 35 mm, même si cela c’est amélioré ces dernières années. De plus, les caméras DV sont fragiles et la formation du personnel compétent en est à ses débuts. Pour le tournage, il existe deux sortes de captation différentes. La première utilise des formats vidéos de haute résolution (de type HD CAM Cine Alta) dont la qualité se rapproche du 35 mm (Star Wars) . La seconde utilise le format DV. La qualité est moindre mais elle permet une souplesse de prise de vue jusqu’à présent inimaginable.
Pour le TRAITEMENT ET le DEVELOPPEMENT
Pour les films sur pellicule, cette étape consiste à développer la pellicule exposée dans des laboratoires spécialisés. L’avantage réside dans l’expérience solide acquise par ces laboratoires et la possibilité de traitement spéciaux. Cependant, cette opération est complexe (risque d’erreur de manipulation, prestation très pointue non disponible partout dans le monde) et coûteuse en temps (délai très longs).
Le cinéma numérique, quant à lui, s’affranchit de l’étape de traitement et de développement puisqu’il permet de disposer immédiatement d’un « master » magnétique exploitable pour le traitement électronique ultérieur (effets spéciaux). En revanche, le support magnétique reste fragile.
Pour les EFFETS SPECIAUX :
Avec le cinéma analogique, les techniques des effets spéciaux sont certes anciennes mais elles ont le mérite d’être éprouvées. Toutefois, le processus de mise en effet est lent, l’image se dégrade à chaque génération et les contraintes techniques sur la créativité sont fortes.
Les effets spéciaux en numérique n’influent pas sur la qualité du film grâce aux multi générations. Ils permettent une créativité sans limite : cela a contribué à une nouvelle esthétique. Leur utilisation est très souple et le traitement des images numériques par ordinateur se fait rapidement. En revanche, le matériel est complexe et coûteux.
Exemple de films effets spéciaux numériques : “Jurassic park” (1993) ou Stars War épisode II (2001) de Georges Lucas.
Lors du MONTAGE :
Le cinéma analogique (35mm) emploie une technique ancienne mais éprouvée. Cependant, cette technique nécessite de longues manipulations de pellicule, un classement manuel des plans. De plus, il est difficile de réaliser plusieurs versions différents d’un montage. Ces contraintes techniques influent sur la marge de créativité.
Dans d’un montage numérique, il est avantageux de pouvoir gérer une grande quantité d’images et des sons et il est facile de réaliser plusieurs versions d’un même montage. D’autre part, les professionnels formés pour cela sont maintenant majoritairement nombreux. On constate une large appropriation du matériel et des logiciels et les techniques sont déjà très répandues depuis le début des années 90. Les monteurs effectuent un montage non linéaire, ou virtuel. Cela leur permet d’avoir d’avantage de souplesse de manipulation. Cependant, les logiciels sont encore très complexes.
ETALONNAGE
Pour le cinéma analogique, la technique de l’étalonnage est courante, acquise et accessible. Elle induit néanmoins un délai d’attente avant la visualisation et elle ne permet pas d’étalonnage sélectif, contrairement à l’étalonnage numérique. Ce dernier nécessite cependant un matériel coûteux.
DUPLICATION
La duplication de copies analogique d’exploitation est un système de copie basique, voir archaique puisqu’il n’a pas changé depuis un siècle. Son procédé est simple et le prix par copie est peu élevé (environ 1000 euros). D’autre part, le standard 35 mm possède l’atout important d’être connu et répandu dans le monde entier. « une projection tirée à Paris peut être quelques heures plus tard projetée dans une salle à Bombay sans aucun problème ».
Avec du numérique, la qualité du film n’est pas altéré lors de la duplication mais les enregistrements sont très coûteux et il n’existe pas de normalisation internationale.
DIFFUSION PROJECTION
Pour l’analogique, les principaux inconvénients sont le transport des bobines de films, encombrantes et volumineuses, l’usure de la copie et le peu de souplesse au niveau de la programmation, contrairement au cinéma numérique.
L’atout majeur de ce dernier réside dans le peu de matériel nécessaire à transporter d’un point de diffusion à un autre. Ce transport peut même se faire via le réseau informatique. L’inconvénient réside toutefois dans l’absence de protocole d’échange entre les structures. Celui-ci pèche en revanche sur le coût de ses projecteurs (au moins 10 fois plus cher) et la complexité de sa maintenance. On comprend la frilosité des exploitants à effectuer de si lourds investissements. De plus, peu de projecteurs numérique sont installés dans les salles de projection. 2 février 2000 : ouverture de la première salle en projection numérique à Paris
ARCHIVAGE
La conservation des films analogiques est très bonne (un siècle). Par contre, leur bonne conservation exige des conditions particulières (température et humidité) qui se posent souvent comme des contraintes.
L’avantage avec les films numériques c’est que l’information numérique ne se dégrade pas ou du moins difficilement. En revanche, nous n’avons pas encore assez de recul technique nécessaire pour prétendre évaluer la pérennité de ces supports.
Aujourd'hui, on assiste à une montée massive du cinéma numérique.
D'un point de vue général, l’avantage dominant qui nourrit l’expansion du cinéma numérique est d’ordre financier : le cinéma numérique coûte moins cher que le cinéma analogique, comme souligne Philippe Loranchet « les évolutions techniques du cinéma ont toujours eues des motivations financières, qu’il s’agisse d’attirer d’avantage de spectateurs dans les salles, ou bien diminuer les coûts de production. La révolution numérique n’échappa pas à cette règle.»
Les inconvénients du cinéma numérique sont relatifs à la maîtrise des outils informatiques. Ce dernier nécessite en effet une maîtrise de l’outil informatique qui peut s’avérer être plus difficilement accessible que la technique du cinéma analogique. Il nécessite d’être dans un contexte technologique avancé, comme le souligne Philippe Loranchet « dans un premier temps, les outils du cinéma numérique seront mis en place dans les pays les plus avancées technologiquement, comme les Etats-Unis, l’Asie du sud-est ou l’Europe ». Il ajoute plus loin que « toutes les technologies de pointent coûtent cher, mais elles peuvent également rapporter beaucoup. Le film « Blair Witch Project » de Daniel Mirick et Edouardo Sanchez, tourné avec une caméra amateur n’a coûté que 60 000 dollars et en a rapporté plus de 135 millions. »
Cette "révolution" du numérique dans le cinéma s'accompagne de nouvelles esthétiques et nouvelles approches des règles de narration. Cependant, cette révolution n'évince pas brutalement le cinéma analogique et la réalisation cinématographique s'alimente aujourd'hui de ses deux techniques.
Bien sûr, ces informations ne sont pas exhaustives et les dernières avancées technologiques peuvent éventuellement changer la donne.
D'autre part, vous avancez le fait que les professionnels préfèrent utiliser la pellicule. Or, il n’est pas prouvé qu’une telle information soit systématique. Le réalisateur Lars Von Trier a par exemple tourné en format numérique DV son film "Dancer in the Dark", premier film film sans pellicule à obtenir la Palme d'Or à Cannes. Preuve que ce type de tournage peut aboutir à des productions professionnelles de haut niveau.
Quant à ceux qui préfèrent utiliser la film sur pellicule, leur préférence est sans doute guidée par tous les avantages relatifs au cinéma analogique cités plus haut.
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