Question d'origine :
Bonjour à vous tous guichetiers du savoir, utilisateurs du guichet ,savants et curieux de tous acabits et mes meilleurs vœux pour une année 2019 sous le signe de plus de justice sociale et d'un retour massif des services publics!
existe-t-il une association ,un centre de recherche ,où il est possible de déposer une correspondance familiale de 1960 à 1980. je fais actuellement du tri et l'heure fatidique approchant je me demande s'il faur jeter à la poubelle ou avoir une démarche d'archive. je connais les noms de Lejeune ,Cécile Dauphin mais je ne sais pas quoi en faire.Merci mille fois.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/01/2019 à 13h36
Bonjour,
L’équipe du Guichet vous remercie de vos vœux et vous souhaite une année 2019 pleine de joie et de points d’interrogation !
Sur les correspondances familiales, voici ce que dit le site des Archives départementales du Finistère ( archives-finistere.fr) :
« Les archives privées sont complémentaires des archives publiques. Originales et méconnues, elles apportent des informations souvent uniques. D'ailleurs, la loi prévoit même que les archives privées présentant "pour des raisons historiques un intérêt public" peuvent être classées comme archives historiques, comme un bâtiment est classé au titre des monuments historiques.
[…]
Il existe cinq modes d'entrée des archives privées :
Le don : il implique un transfert de propriété du donateur au service d’archives. Il se fait par acte notarié, sous peine de nullité ().Toutefois, la jurisprudence admet le don « manuel » pour des documents n’ayant aucune valeur marchande. Le don s’accompagne d’une lettre d’intention du donateur.
Le dépôt : dans le cas d’un dépôt, le propriétaire garde son droit de propriété sur ses archives mais confie celles-ci au service d’archives, dépositaire, pour les conserver et les communiquer. Le dépôt est révocable à tout moment, et peut être dénoncé par l’une ou l’autre des parties. (Modèle de contrat de dépôt)
L’achat : le service d’archives peut acheter, auprès de particuliers ou de professionnels, des documents d’origine privée présentant un intérêt historique pour le département.
Le legs : il s’agit de la remise de documents à un service d’archives par dispositions testamentaires. Le legs est accepté par écrit par le légataire, et implique un transfert de propriété.
La dation : il s’agit du règlement d’impôts (droits de succession, impôt sur la fortune…) par la remise d’archives à l’Etat (code général des Impôts, art. 1716 bis). Pour les archives néanmoins, cette procédure est rarissime ! »
Certaines grandes villes comme Lyon possèdent leurs propres archives. Les archives personnelles y sont acceptées si elles représentent un intérêt particulier vis-à-vis de la ville, si votre correspondance y est ancrée, par exemple. Si c’est votre cas, vous pouvez contacter la responsable des fonds privés Virginie Gentien, à l’adresse mail des Archives, aml@mairie-lyon.fr.
Dans les autres cas, c’est aux archives de votre département qu’il convient de vous adresser.
Certaines bibliothèques à vocation patrimoniale peuvent être intéressées. Nos collègues du fonds régional, que nous remercions au passage, nous ont indiqué, notamment, que la BmL pouvait accepter certains dons, dans le cas où les épistoliers auraient eu, par exemple, des fonctions politiques, une vie artistique ou publique.
En ce qui concerne les chercheurs que vous citez, nous comprenons votre perplexité : en effet, Cécile Dauphin, ingénieure de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et Philippe Lejeune sont tous deux des spécialistes reconnus dans leur domaine, respectivement l’histoire et la critique littéraire, mais s’ils se sont tous deux intéressés aux correspondances privées – Philippe Lejeune est l’un des instigateurs Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM), sous l’égide du CNRS ENS, ils sont spécialistes du XIXè siècle. De même qu’Alain Corbin, un des chefs de file français de l’histoire des sensibilités, auteur entre autres du livre Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot [Livre] : sur les traces d'un inconnu, 1798-1876, récit de la vie d’un sabotier analphabète de la Basse-Frêne, reconstitué à partir de documents d’archives.
Cela dit, notre recherche sur Philippe Lejeune nous a fait connaître une association que nous vous invitons à contacter, l’Association pour l’autobiographie :
« L’APA est une association de personnes intéressées par la démarche autobiographique, dont l’objectif premier est la collecte, la conservation, la valorisation de textes autobiographiques inédits.
Pour mener à bien cet objectif elle accueille, lit, conserve tous les documents autobiographiques inédits (récits, correspondances, journaux) qu’on veut bien lui confier. Elle a ainsi constitué un fonds d’archives, riche de plus de 3000 dépôts. Elle l’offre à la lecture des chercheurs et curieux dans l’espace mis à notre disposition au sein des Archives municipales de la ville d’Ambérieu-en-Bugey (Ain), près de Lyon. Les documents ainsi rassemblés qui vont de la fin du 18° siècle à nos jours et couvrent tous les milieux sociaux, constituent une source remarquable très précieuse, notamment pour les chercheurs en Sciences Humaines. »
(Site : autobiographie.sitapa.org)
Bien que les archives territoriales aient aussi vocation à servir le travail des historiens, l’APA se démarque par une approche originale consistant à donner de la visibilité aux fonds, de manière à faciliter ce qui est souvent un travail de fourmi :
« Les textes reçus sont d’abord lus « en sympathie » selon un protocole précis, par l’un de ses quatre groupes de lecture, qui établit un compte rendu, soumis pour approbation au déposant. L’APA ne publie pas les textes eux-mêmes, mais diffuse ces comptes rendus (« échos de lecture ») dans son catalogue raisonné, le Garde-mémoire. Ces échos indexés sont également consultables en ligne. »
Enfin, quant à savoir que garder et pourquoi le garder, nous vous invitons, à l’heure fatidique, à méditer sur les mots d’un document mis en ligne par les Archives départementales d’Indre-et-Loire et intitulé Laisser à la postérité... Trier et conserver ses papiers personnels :
«La valeur historique et sentimentale
Dans ce domaine, la subjectivité domine, de même que la sensibilité. Que faire de toute la correspondance de mes ancêtres ? Des photographies de famille ? Des divers dossiers constitués au fil du temps ?
Il n’existe pas, pour le tri de ces documents, de critères objectifs et il ne peut être question dans le cas d’archives familiales privées d’appliquer les mêmes règles que pour les archives publiques (échantillonnage).
Les Archives départementales du Lot-et-Garonne donnent quelques critères intéressants de tri sur leur site internet :,
- l’intérêt des documents dans une perspective historique du point de vue politique, littéraire ou artistique,
- la qualité du producteur,
- le contexte de production,
- l’histoire locale.
Il n’existe pas, pour le tri de ces documents, de critères objectifs et il ne peut être question dans le cas d’archives familiales privées d’appliquer les mêmes règles que pour les archives publiques (échantillonnage). Les Archives départementales du Lot-et-Garonne donnent quelques critères intéressants de tri sur leur site internet :
- l’intérêt des documents dans une perspective historique du point de vue politique, littéraire ou artistique,
- la qualité du producteur,
- le contexte de production,
- l’histoire locale.
Exemple : – Correspondance de Maurice Sieklucki (– 3 août 1914-3 septembre 1917)
Le fonds Maurice Sieklucki est constitué de 106 lettres, écrites entre août 1914 et septembre 1917, ou cartes imprimées. Dans cette correspondance il raconte sa vie au front ainsi que son long séjour à l’hôpital suite à une grave blessure reçue dans la Somme en octobre 1916. Ces correspondances échangées dans des périodes historiques sont souvent utiles aux historiens pour étudier l’histoire des mentalités dans ces périodes troublantes.
Ainsi, la correspondance d’un ancien poilu aura sans doute plus de « valeur » historique qu’une correspondance quelques années plus tôt.
Dans tous les cas, seule une lecture attentive des pièces et une bonne connaissance de l’histoire familiale permettront de faire un choix éclairé et pertinent.
L’appel à un archiviste peut également s’avérer utile en cas de doute… »
Bonne journée.
L’équipe du Guichet vous remercie de vos vœux et vous souhaite une année 2019 pleine de joie et de points d’interrogation !
Sur les correspondances familiales, voici ce que dit le site des Archives départementales du Finistère ( archives-finistere.fr) :
« Les archives privées sont complémentaires des archives publiques. Originales et méconnues, elles apportent des informations souvent uniques. D'ailleurs, la loi prévoit même que les archives privées présentant "pour des raisons historiques un intérêt public" peuvent être classées comme archives historiques, comme un bâtiment est classé au titre des monuments historiques.
[…]
Le don : il implique un transfert de propriété du donateur au service d’archives. Il se fait par acte notarié, sous peine de nullité ().Toutefois, la jurisprudence admet le don « manuel » pour des documents n’ayant aucune valeur marchande. Le don s’accompagne d’une lettre d’intention du donateur.
Le dépôt : dans le cas d’un dépôt, le propriétaire garde son droit de propriété sur ses archives mais confie celles-ci au service d’archives, dépositaire, pour les conserver et les communiquer. Le dépôt est révocable à tout moment, et peut être dénoncé par l’une ou l’autre des parties. (Modèle de contrat de dépôt)
L’achat : le service d’archives peut acheter, auprès de particuliers ou de professionnels, des documents d’origine privée présentant un intérêt historique pour le département.
Le legs : il s’agit de la remise de documents à un service d’archives par dispositions testamentaires. Le legs est accepté par écrit par le légataire, et implique un transfert de propriété.
La dation : il s’agit du règlement d’impôts (droits de succession, impôt sur la fortune…) par la remise d’archives à l’Etat (code général des Impôts, art. 1716 bis). Pour les archives néanmoins, cette procédure est rarissime ! »
Certaines grandes villes comme Lyon possèdent leurs propres archives. Les archives personnelles y sont acceptées si elles représentent un intérêt particulier vis-à-vis de la ville, si votre correspondance y est ancrée, par exemple. Si c’est votre cas, vous pouvez contacter la responsable des fonds privés Virginie Gentien, à l’adresse mail des Archives, aml@mairie-lyon.fr.
Dans les autres cas, c’est aux archives de votre département qu’il convient de vous adresser.
Certaines bibliothèques à vocation patrimoniale peuvent être intéressées. Nos collègues du fonds régional, que nous remercions au passage, nous ont indiqué, notamment, que la BmL pouvait accepter certains dons, dans le cas où les épistoliers auraient eu, par exemple, des fonctions politiques, une vie artistique ou publique.
En ce qui concerne les chercheurs que vous citez, nous comprenons votre perplexité : en effet, Cécile Dauphin, ingénieure de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et Philippe Lejeune sont tous deux des spécialistes reconnus dans leur domaine, respectivement l’histoire et la critique littéraire, mais s’ils se sont tous deux intéressés aux correspondances privées – Philippe Lejeune est l’un des instigateurs Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM), sous l’égide du CNRS ENS, ils sont spécialistes du XIXè siècle. De même qu’Alain Corbin, un des chefs de file français de l’histoire des sensibilités, auteur entre autres du livre Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot [Livre] : sur les traces d'un inconnu, 1798-1876, récit de la vie d’un sabotier analphabète de la Basse-Frêne, reconstitué à partir de documents d’archives.
Cela dit, notre recherche sur Philippe Lejeune nous a fait connaître une association que nous vous invitons à contacter, l’Association pour l’autobiographie :
« L’APA est une association de personnes intéressées par la démarche autobiographique, dont l’objectif premier est la collecte, la conservation, la valorisation de textes autobiographiques inédits.
Pour mener à bien cet objectif
(Site : autobiographie.sitapa.org)
Bien que les archives territoriales aient aussi vocation à servir le travail des historiens, l’APA se démarque par une approche originale consistant à donner de la visibilité aux fonds, de manière à faciliter ce qui est souvent un travail de fourmi :
« Les textes reçus sont d’abord lus « en sympathie » selon un protocole précis, par l’un de ses quatre groupes de lecture, qui établit un compte rendu, soumis pour approbation au déposant. L’APA ne publie pas les textes eux-mêmes, mais diffuse ces comptes rendus (« échos de lecture ») dans son catalogue raisonné, le Garde-mémoire. Ces échos indexés sont également consultables en ligne. »
Enfin, quant à savoir que garder et pourquoi le garder, nous vous invitons, à l’heure fatidique, à méditer sur les mots d’un document mis en ligne par les Archives départementales d’Indre-et-Loire et intitulé Laisser à la postérité... Trier et conserver ses papiers personnels :
«
Dans ce domaine, la subjectivité domine, de même que la sensibilité. Que faire de toute la correspondance de mes ancêtres ? Des photographies de famille ? Des divers dossiers constitués au fil du temps ?
Il n’existe pas, pour le tri de ces documents, de critères objectifs et il ne peut être question dans le cas d’archives familiales privées d’appliquer les mêmes règles que pour les archives publiques (échantillonnage).
Les Archives départementales du Lot-et-Garonne donnent quelques critères intéressants de tri sur leur site internet :,
- l’intérêt des documents dans une perspective historique du point de vue politique, littéraire ou artistique,
- la qualité du producteur,
- le contexte de production,
- l’histoire locale.
Il n’existe pas, pour le tri de ces documents, de critères objectifs et il ne peut être question dans le cas d’archives familiales privées d’appliquer les mêmes règles que pour les archives publiques (échantillonnage). Les Archives départementales du Lot-et-Garonne donnent quelques critères intéressants de tri sur leur site internet :
- l’intérêt des documents dans une perspective historique du point de vue politique, littéraire ou artistique,
- la qualité du producteur,
- le contexte de production,
- l’histoire locale.
Le fonds Maurice Sieklucki est constitué de 106 lettres, écrites entre août 1914 et septembre 1917, ou cartes imprimées. Dans cette correspondance il raconte sa vie au front ainsi que son long séjour à l’hôpital suite à une grave blessure reçue dans la Somme en octobre 1916. Ces correspondances échangées dans des périodes historiques sont souvent utiles aux historiens pour étudier l’histoire des mentalités dans ces périodes troublantes.
Ainsi, la correspondance d’un ancien poilu aura sans doute plus de « valeur » historique qu’une correspondance quelques années plus tôt.
Dans tous les cas, seule une lecture attentive des pièces et une bonne connaissance de l’histoire familiale permettront de faire un choix éclairé et pertinent.
L’appel à un archiviste peut également s’avérer utile en cas de doute… »
Bonne journée.
Commentaire de
fouèse :
Publié le 14/02/2019 à 14:32
Merci pour la richesse de votre réponse à ma question initiale. Un point particulier m'a bien fait rire .Vous avez écrit en vous référant aux Archives d'Indre et Loire :"Laisser la postérité .Trier conserver les papiers personnels " ce que j'ai interprété :"Laissez votre postérité se débrouiller avec les papiers personnels que vous lui laissez". En réalité ,le texte exact était :"Laisser à la postérité."(suite identique) ce qui exclut l'irresponsabilité sous-entendue dans mon interprétation!!Sur un exemple de réception et de communication par les héritiers de papiers personnels voir le magnifique documentaire (DVD dans les bibliothèques) "Où sont nos amoureuses" de Robin Hunzinger. et surtout ne lisez pas le résumé de couverture si vous voulez apprécier le magnifique intérêt de ce documentaire que j'ai revu grâce à votre réponse. Bonne découverte !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/02/2019 à 16h17
Bonjour,
Nous vous remercions pour votre remarque : nous venons de corriger le titre du document !
et merci aussi pour le renvoi au DVD : "Où sont nos amoureuses" de Robin Hunzinger que nous ne manquerons pas de visionner avec intérêt.
Bonne journée.
Nous vous remercions pour votre remarque : nous venons de corriger le titre du document !
et merci aussi pour le renvoi au DVD : "Où sont nos amoureuses" de Robin Hunzinger que nous ne manquerons pas de visionner avec intérêt.
Bonne journée.
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Commentaires 1
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