Qu'est-ce qu'une maillardière ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/06/2019 à 10h40
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Question d'origine :
En pays de la Loire notamment, on trouve de nombreux endroits appelés "La Maillardière", "La Haute Maillardière" etc. mais que désigne une maillardière (une forêt ? une clairière ?) ?
J'ai découvert que cela est un nom de famille mais je n'ai pas trouvé la signification de ce nom ancien.
Merci pour votre réponse,
Guichetdusavoirement,
Rydder
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/06/2019 à 10h26
Bonjour,
Des informations trouvées dans le site du musée du Pays de Retz nous apprennent que le toponyme « La Maillardière » est formé à partir du nom de famille « Maillard ».
D’autres sources le confirment :
« Le Nord-Evronnais est partout un bocage. Ici, comme dans l’ensemble de l’Ouest français, l’habitat dispersé est caractéristique. Partout des fermes isolées, à la tête des vallons, au bord des ruisseaux, dans le fond des gorges, sur le flanc des collines ou sur le sommet des buttes ; elles portent de ces noms si communs dans tout l’ouest et qui révèlent l’identité du premier possesseur du terroir : la Guyardière, la Maillardière, la Durandière, la Foucherie. »
Source : Chronique géographique des pays celtes, André Meynier, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Année 1947, 54-1, pp. 133-178
« La toponymie est, au pied de la lettre, la preuve de l’attachement de l’Homme à la Terre. A tel point que le premier a souvent donné son nom à la seconde. Ce fut particulièrement vrai à partir du XIe siècle, où l’on a vu apparaître dans l’Ouest de la France les premières métairies et borderies, en même temps que toute une série de noms de lieux aujourd’hui composés de trois éléments :
1) L’article La ou Les ;
2) Le nom du propriétaire ;
3) Le suffixe –ière(s) (plus rarement –erie ou –aie).
Nous donnons ci-dessous une liste non exhaustive de près de 300 noms de ce type que l’on trouve en Maine-et-Loire. La plupart d’entre eux sont nés au Moyen Âge, du XIe au XIIIe siècle, à une époque qui s’est caractérisée par l’expansion du peuplement, par les progrès du défrichement des bois et forêts, ainsi que par l’apparition et le développement de la propriété individuelle.
Les nouveaux espaces ainsi cultivés portent le nom de leur propriétaire, augmentés du suffixe latin –aria qui indiquait un domaine, une plantation ou un territoire, et qui s’est généralement transformé en –ière.
Source : Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, Pierre-Louis Augereau
(l’extrait disponible dans Google Livre nous permet de confirmer que La Maillardière, construite avec le nom de famille Maillard, est incluse dans cette liste.)
Parmi les hypothèses avancées pour l'étymologie du nom de famille « Maillard », l'une le donne comme un dérivé de « mail ». D’après le Dictionnaire historique de la langue française :
« Mail est issu (1080) du latin malleus « marteau, maillet », mot technique de formation populaire (avec géminée intérieure) qui rappelle le vieux slavon mlatu (d’où le russe molot « marteau ») et le vieil islandais mjollnir désignant le marteau du dieu Thor.
Mail a perdu son sens premier de « gros marteau de fer » (mail de fer) au bénéfice du sens moderne (1636) spécialisé en jeu pour « maillet à long manche pour pousser la boule de bois (au jeu de mail) ». Par métonymie, il sert à désigner ce jeu (1636) et a développé le sens de « promenade publique » (1680) parce qu’on y jouait au mail, surtout dans les villes de la vallée de la Loire . Le sens initial survit dans l’usage technique à propos d’un gros marteau de carrier (1803). »
Voici en outre ce qu’indique l’ouvrage Origine, étymologie & signification des noms propres et des armoiries (Adolphe de baron Coston, 1867) :
« Maillard, premier auteur connu de la famille de Landreville, habitait Liège dans le XIVe siècle : c’était un homme de six pieds, qui devait ce surnom au maillet avec lequel il assommait ses ennemis (mal, piler, moudre, en sanscr.).
Jean Totsi, spécialiste d’onomastique, mentionne cette première piste mais privilégie l’hypothèse de l’origine germanique :
« Très porté en Normandie et en Picardie, c'est un nom de personne d'origine germanique, qui peut être au départ soit Magilhard > Malhard par contraction, soit Amalhard > Malhard par aphérèse. Dans les deux cas, hard = dur. Magil serait une forme élargie de mag = force, amal serait le nom d'un peuple ostrogoth, ou encore un adjectif signifiant laborieux. Ne pas oublier une autre hypothèse, surtout pour Maillard : un dérivé de mail = maillet. On rencontre la forme avec particule de Maillard dans le Bordelais. »
Enfin une troisième piste fait dériver « Maillard » de « maille » :
« Maillard aurait pu ainsi désigner le collecteur de l'impôt appelé maille, redevance féodale qui s'acquittait par le paiement d'une maille, monnaie valant un demi-denier. »
Sources :
- Les Noms de Famille En Lorraine, Daniel Bontemps, Martine Bontemps-Litique, Archives & Culture, 1999 - 222 pages
- Les noms de famille de l'Eure, Archives & culture, 2009 - 320 pages
- Revue internationale d'onomastique, Volume 7, Éditions d'Artrey., 1955
Bonne journée.
Des informations trouvées dans le site du musée du Pays de Retz nous apprennent que le toponyme « La Maillardière » est formé à partir du nom de famille « Maillard ».
D’autres sources le confirment :
« Le Nord-Evronnais est partout un bocage. Ici, comme dans l’ensemble de l’Ouest français, l’habitat dispersé est caractéristique. Partout des fermes isolées, à la tête des vallons, au bord des ruisseaux, dans le fond des gorges, sur le flanc des collines ou sur le sommet des buttes ; elles portent de ces noms si communs dans tout l’ouest et qui révèlent l’identité du premier possesseur du terroir : la Guyardière, la Maillardière, la Durandière, la Foucherie. »
Source : Chronique géographique des pays celtes, André Meynier, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Année 1947, 54-1, pp. 133-178
« La toponymie est, au pied de la lettre, la preuve de l’attachement de l’Homme à la Terre. A tel point que le premier a souvent donné son nom à la seconde. Ce fut particulièrement vrai à partir du XIe siècle, où l’on a vu apparaître dans l’Ouest de la France les premières métairies et borderies, en même temps que toute une série de noms de lieux aujourd’hui composés de trois éléments :
1) L’article La ou Les ;
2) Le nom du propriétaire ;
3) Le suffixe –ière(s) (plus rarement –erie ou –aie).
Nous donnons ci-dessous une liste non exhaustive de près de 300 noms de ce type que l’on trouve en Maine-et-Loire. La plupart d’entre eux sont nés au Moyen Âge, du XIe au XIIIe siècle, à une époque qui s’est caractérisée par l’expansion du peuplement, par les progrès du défrichement des bois et forêts, ainsi que par l’apparition et le développement de la propriété individuelle.
Les nouveaux espaces ainsi cultivés portent le nom de leur propriétaire, augmentés du suffixe latin –aria qui indiquait un domaine, une plantation ou un territoire, et qui s’est généralement transformé en –ière.
Source : Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, Pierre-Louis Augereau
(l’extrait disponible dans Google Livre nous permet de confirmer que La Maillardière, construite avec le nom de famille Maillard, est incluse dans cette liste.)
Parmi les hypothèses avancées pour l'étymologie du nom de famille « Maillard », l'une le donne comme un dérivé de « mail ». D’après le Dictionnaire historique de la langue française :
« Mail est issu (1080) du latin malleus « marteau, maillet », mot technique de formation populaire (avec géminée intérieure) qui rappelle le vieux slavon mlatu (d’où le russe molot « marteau ») et le vieil islandais mjollnir désignant le marteau du dieu Thor.
Mail a perdu son sens premier de « gros marteau de fer » (mail de fer) au bénéfice du sens moderne (1636) spécialisé en jeu pour « maillet à long manche pour pousser la boule de bois (au jeu de mail) ». Par métonymie, il sert à désigner ce jeu (1636) et a développé le sens de « promenade publique » (1680) parce qu’
Voici en outre ce qu’indique l’ouvrage Origine, étymologie & signification des noms propres et des armoiries (Adolphe de baron Coston, 1867) :
« Maillard, premier auteur connu de la famille de Landreville, habitait Liège dans le XIVe siècle : c’était un homme de six pieds, qui devait ce surnom au maillet avec lequel il assommait ses ennemis (mal, piler, moudre, en sanscr.).
Jean Totsi, spécialiste d’onomastique, mentionne cette première piste mais privilégie l’hypothèse de l’origine germanique :
« Très porté en Normandie et en Picardie, c'est un nom de personne d'origine germanique, qui peut être au départ soit Magilhard > Malhard par contraction, soit Amalhard > Malhard par aphérèse. Dans les deux cas, hard = dur. Magil serait une forme élargie de mag = force, amal serait le nom d'un peuple ostrogoth, ou encore un adjectif signifiant laborieux. Ne pas oublier une autre hypothèse, surtout pour Maillard : un dérivé de mail = maillet. On rencontre la forme avec particule de Maillard dans le Bordelais. »
Enfin une troisième piste fait dériver « Maillard » de « maille » :
« Maillard aurait pu ainsi désigner le collecteur de l'impôt appelé maille, redevance féodale qui s'acquittait par le paiement d'une maille, monnaie valant un demi-denier. »
Sources :
- Les Noms de Famille En Lorraine, Daniel Bontemps, Martine Bontemps-Litique, Archives & Culture, 1999 - 222 pages
- Les noms de famille de l'Eure, Archives & culture, 2009 - 320 pages
- Revue internationale d'onomastique, Volume 7, Éditions d'Artrey., 1955
Bonne journée.
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