Question d'origine :
Bonjour,
Dans les films sur la Première Guerre mondiale, on voit très souvent les soldats partir à l'assaut des lignes ennemis, et donc les hécatombes liées à ces assauts.
Ma question est : qu'elle était la fréquence des assauts ? 1 par jour ? 1 par semaine ?
Je sais bien que cela dépend du secteur du front et de l'année considérée, mais je cherche une éventuelle donnée sur l'ensemble de la guerre, si elle existe.
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/06/2019 à 09h52
Les Etats engagés dans le premier conflit mondial disposent de capacités institutionnelles, sociétales et technologiques permettant de mobiliser des armées de masse. Les armements ont bénéficié des grands progrès technologiques réalisés depuis la révolution industrielle. La Grande Guerre voit ainsi ces deux évolutions étroitement liées : la puissance du feu permet la mise en œuvre d’une violence conduisant à la mort de milliers voire de millions de soldats mobilisés.
Tous ces changements impliquent une mutation profonde de la forme traditionnelle de la guerre en Occident en ce début du XXe siècle. S. Audoin- Rouzeau constate « la mort de la bataille » dans laquelle, par un déploiement de violence maximal, mais limité dans le temps, les adversaires s’affrontaient pour remporter la victoire. Dans la Grande Guerre par-contre, les combats se déroulent sur des fronts stabilisés et se prolongent dans le temps. Le champ de bataille devient alors le théâtre d’une violence inouïe.
Le Nouveau dictionnaire militaire de 1891 précise que « l’assaut est une attaque vigoureuse contre un point faible, en vue de s’emparer de la position (…) et de s’y établir après en avoir expulsé l’ennemi. L’assaut est généralement préparé par une canonnade suffisante pour ébranler les défenseurs et faciliter le passage et l’entrée de l’assaillant, c.a.d. faire une brèche. (…)
On appelle assaut, dans le combat offensif de l’infanterie, la poussée en avant finale, qui doit briser la résistance de l’ennemi et faire tomber la position attaquée. »
Bien qu’il ait différents aspects, selon les armées, les fronts et les périodes de la Grande Guerre, l’assaut prend souvent la forme d’amples et dramatiques charges d’infanterie en terrain ouvert. Il est précédé d’une préparation d’artillerie, dont la durée et l’intensité s’accroissent dans le but d’anéantir la résistance de l’adversaire.
Malgré les efforts pour garder le secret des préparations, l’ennemi est souvent alerté par le rassemblement des moyens d’artillerie ou la circulation des trains de munitions. L’intensification de la canonnade est une alerte supplémentaire d’une attaque imminente de l’infanterie…
Avant la sortie des tranchées, l’officier responsable de la section adresse quelques mots à ses subalternes. Il ne leur reste plus que la course à travers le no man's land pour essayer d’éviter les balles et d’arriver sur le réseau de barbelés, prendre la tranchée ennemie dans un combat à la grenade ou au revolver. La contre-offensive de l’adversaire est la dernière étape de l’assaut.
Le Dictionnaire de la Grande Guerre 1914 – 1918 précise que « fort heureusement pour la santé mentale des combattants de première ligne, l’assaut ne constitue pas le quotidien du soldat de la Grande Guerre. Par ailleurs, sur le front occidental, les chefs militaires sont progressivement (trop lentement) tenus de prendre en compte la puissance de feu de l’adversaire. Le 25 septembre 1915, par exemple, Les Britanniques attaquent à Loos en 10 colonnes de 1 000 hommes chacune, en rangs serrés, comme à la parade. En revanche, en août 1918, les troupes du général Gouraud, formées aux nouvelles techniques de guerre, adoptent dans la plaine champenoise un dispositif aéré infiniment moins meurtrier ».
Bien qu’il ne soit pas le quotidien du soldat, les pertes de vies humaines que l’assaut entraîne sont immenses et l’adaptation aux nouvelles tactiques de la guerre est loin d’être au point tout au long de ce conflit.
1914 – 1918 L’Encyclopédie de la Grande Guerre de R.G. Grant donne quelques exemples qui illustrent la nature de l’assaut ainsi que sa fréquence :
Trois semaines plus tard,
Les assauts marquaient donc les différentes étapes des batailles de la Grande Guerre. Les combats se déroulaient toujours selon les instructions du Dictionnaire militaire de 1891. Les tactiques n’avaient donc pas évolué aussi vite que la puissance et l’efficacité des armes, d’où d’innombrables pertes de vies humaines. Comme le prouvent les exemples cités, les fréquences des assauts dépendaient de la stratégie adoptée par les armées, des cibles à atteindre et de leur importance stratégique, de la détermination des troupes mais aussi de la résistance de l’ennemi. Par ailleurs, les assauts étaient conditionnés par la qualité et de la quantité de l’armement dont disposaient les belligérants, par le relief du terrain à conquérir ou encore par les conditions météorologiques. Il est donc difficile de parler de moyennes, le paysage des combats variant selon les fronts et les offensives menées à différentes périodes de la Grande Guerre.
Pour aller plus loin :
La chair et l’acier : l’armée française et la guerre moderne (1914- 1918), M. Goya, éd. Tallandier 2004
Encyclopédie de la Grande Guerre 1914 – 1918, sous la dir. De S. Audoin- Rouzeau et J.-J. Becker, ed. Bayard, 2004
Notre baptême du feu : août- décembre 1914, photos et témoignages inédits, C. Dutrône, éd. Du Toucan, 2014
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