Question d'origine :
madame, monsieur,
J'aimerais savoir à quelle date est paru le premier ouvrage sur la direction d'école primaire peut être en 1955 date de la création des cddp
merci
cordialement
V.Lefèvre
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 21/06/2019 à 08h21
Bonjour,
Malgré de longues recherches, nous n’avons pas pu trouver d’ouvrage spécifique sur la direction d’écoles antérieur à1990 . Le livre le plus ancien que nous ayons identifié (sur le catalogue de la BnF), est celui-ci :
Diriger une école maternelle ou élémentaire / Daniel Suzan
Bien sûr, le XIXe siècle fut riche en débats et mutations pédagogiques, et il est probable que dans des ouvrages tels que Mémorial législatif, administratif et pédagogique des instituteurs primaires contenant les lois, décrets, arrêtés ; des formules d'actes ; des instructions sommaires sur les méthodes d'enseignement ; l'hygiène des écoles ; les principaux devoirs des instituteurs ; des principes d'éducation ; l'indication des ouvrages utiles à la bibliothèque de l'instituteur et des livres classiques... par M. F.-J. Vincent, datant de 1864, contiennent des indications intéressant les directeurs, mais nous n’avons pas pu consulter l’ouvrage.
On trouve en ligne un article très complet sur l’évolution du statut et de la formation des directeurs d’écoles au cours du XIXe siècle : Krop Jérôme, Lemercier Claire, Schermutzki Pierre, « Relations sociales et désignation des directeurs d'école dans le département de la Seine, 1870-1914 », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2010, consultable en bibliothèque sur cairn.info.
Il en résulte qu’au moment de la généralisation de l’instruction publique, dans les années 1880, les directeurs d’écoles étaient moins choisis pour des compétences particulières que pour les qualités morales que leur prêtent les inspecteurs siégeant dans les commissions chargées de les nommer :
« Pour les inspecteurs primaires, dont les avis sont décisifs dans les commissions attribuant les postes de directeur, un bon directeur d’école doit bénéficier d’une autorité morale incontestée aux yeux des parents et de ses adjoints, sans pour autant l’exercer avec autoritarisme, ce qui ne manquerait pas de provoquer des conflits. Il doit donc faire preuve de calme et de pondération en toutes circonstances et d’un dévouement exemplaire, susceptible d’attirer un public nombreux dans son école, surtout s’il est confronté à la concurrence directe d’un établissement privé congréganiste. Dans une administration dont le fonctionnement est l’héritage d’un régime autoritaire, la direction de l’enseignement primaire doit extraire du corps des instituteurs de la Seine un groupe de directeurs réunissant ces qualités jugées indispensables. Les inspecteurs primaires jouent un rôle essentiel dans ce processus. Leur avis est décisif dans les commissions attribuant les directions d’écoles : les « commissions des inspecteurs », précédant la réunion du conseil départemental de l’enseignement primaire. Celui-ci entérine leurs propositions avant que les nominations soient avalisées par le directeur de l’enseignement primaire et officialisées par le préfet. Les inspecteurs primaires sont majoritairement issus du corps des professeurs des Écoles normales ou des élèves de l’École normale supérieure ; ils sont pour la plupart titulaires du baccalauréat. Leur autorité est ainsi en partie fondée sur leur proximité avec la culture légitime propre à l’enseignement secondaire. »
Un examen comportant trois études pratiques, et donc basées sur l’expérience plus que sur des connaissances spécifique complète ce test de personnalité. Mais bientôt, celui-ci sera augmenté d’un diplôme qui deviendra peu à peu indispensable : le Certificat d’aptitude pédagogique, le CAP de l’époque.
« Ce CAP vise à consacrer un savoir-faire professionnel attestant de l’aptitude à la direction des écoles publiques comprenant plusieurs classes. Trois conditions sont exigées pour être candidat : avoir 21 ans, être titulaire du BE et avoir enseigné au moins deux ans (enseignement de l’École normale inclus). Suivent trois épreuves : une composition française sur un sujet relatif à la tenue de l’école ou aux procédés d’enseignement (éliminatoire), une correction orale d’un devoir d’élève et une leçon faite aux élèves devant un jury. Un décret et un arrêté du 30 décembre 1884 y ajoutent l’appréciation par le candidat d’un cahier de devoirs mensuels et une interrogation orale portant sur des questions de pédagogie pratique. Le détenteur du CAP peut postuler pour devenir directeur d’école. »
Puis, le CAP devenant obligatoire pour tous les enseignants du primaire, l’obtention du statut de directeur réclame des diplômes de plus en plus élevés… sans qu’il soit fait mention d’un manuel ou d’un guide à destination des directeurs. Lesquels devaient selon toute vraisemblance recevoir leurs instructions principalement par voie hiérarchique, à travers des circulaires.
On trouve cependant sur Gallica une source datant de 1877, et qui nous fait approcher de l’image au moins idéale que le siècle se faisait du directeur d’école primaire : il s’agit de l’éloge funèbre A la mémoire de Auguste Demkès, directeur de l’école primaire communale de la rue des Batignolles par Léon Cosnard, maire du 17e arrondissement de Paris.
Plus près de nous (géographiquement), un document des Archives de Lyon, « L’Ecole républicaine en France », vous donnera une idée des enjeux de la massification de l’éducation aux XIXe et XXe siècles, et du rôle des directeurs dans cette vaste politique publique.
Notre récolte est bien maigre, et nous nous en excusons, mais nous avons contacté le réseau Canopé de Lyon, qui est la branche locale du CNDP pour en savoir plus. Nous vous ferons part de leur réponse éventuelle.
Ouvrages consultés :
-L'école primaire française [Livre] : de l'Ancien Régime à l'éducation prioritaire / Marc Loison
-Directeur d'école, un métier de l'éducation / [Livre] / Nicole Marty,... ; préf. d'Alain Bouchez,...
-Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation en France [Livre] / publiée sous la direction de Louis-Henri Parias ; préface de René Rémond [/ur]
-
-« La formation des maîtres en France, 1792-1990. Textes officiels » sur cnrs.frs
Bonne journée.
Malgré de longues recherches, nous n’avons pas pu trouver d’ouvrage spécifique sur la direction d’écoles antérieur à
Diriger une école maternelle ou élémentaire / Daniel Suzan
Bien sûr, le XIXe siècle fut riche en débats et mutations pédagogiques, et il est probable que dans des ouvrages tels que Mémorial législatif, administratif et pédagogique des instituteurs primaires contenant les lois, décrets, arrêtés ; des formules d'actes ; des instructions sommaires sur les méthodes d'enseignement ; l'hygiène des écoles ; les principaux devoirs des instituteurs ; des principes d'éducation ; l'indication des ouvrages utiles à la bibliothèque de l'instituteur et des livres classiques... par M. F.-J. Vincent, datant de 1864, contiennent des indications intéressant les directeurs, mais nous n’avons pas pu consulter l’ouvrage.
On trouve en ligne un article très complet sur l’évolution du statut et de la formation des directeurs d’écoles au cours du XIXe siècle : Krop Jérôme, Lemercier Claire, Schermutzki Pierre, « Relations sociales et désignation des directeurs d'école dans le département de la Seine, 1870-1914 », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2010, consultable en bibliothèque sur cairn.info.
Il en résulte qu’au moment de la généralisation de l’instruction publique, dans les années 1880, les directeurs d’écoles étaient moins choisis pour des compétences particulières que pour les qualités morales que leur prêtent les inspecteurs siégeant dans les commissions chargées de les nommer :
« Pour les inspecteurs primaires, dont les avis sont décisifs dans les commissions attribuant les postes de directeur, un bon directeur d’école doit bénéficier d’une autorité morale incontestée aux yeux des parents et de ses adjoints, sans pour autant l’exercer avec autoritarisme, ce qui ne manquerait pas de provoquer des conflits. Il doit donc faire preuve de calme et de pondération en toutes circonstances et d’un dévouement exemplaire, susceptible d’attirer un public nombreux dans son école, surtout s’il est confronté à la concurrence directe d’un établissement privé congréganiste. Dans une administration dont le fonctionnement est l’héritage d’un régime autoritaire, la direction de l’enseignement primaire doit extraire du corps des instituteurs de la Seine un groupe de directeurs réunissant ces qualités jugées indispensables. Les inspecteurs primaires jouent un rôle essentiel dans ce processus. Leur avis est décisif dans les commissions attribuant les directions d’écoles : les « commissions des inspecteurs », précédant la réunion du conseil départemental de l’enseignement primaire. Celui-ci entérine leurs propositions avant que les nominations soient avalisées par le directeur de l’enseignement primaire et officialisées par le préfet. Les inspecteurs primaires sont majoritairement issus du corps des professeurs des Écoles normales ou des élèves de l’École normale supérieure ; ils sont pour la plupart titulaires du baccalauréat. Leur autorité est ainsi en partie fondée sur leur proximité avec la culture légitime propre à l’enseignement secondaire. »
Un examen comportant trois études pratiques, et donc basées sur l’expérience plus que sur des connaissances spécifique complète ce test de personnalité. Mais bientôt, celui-ci sera augmenté d’un diplôme qui deviendra peu à peu indispensable : le Certificat d’aptitude pédagogique, le CAP de l’époque.
« Ce CAP vise à consacrer un savoir-faire professionnel attestant de l’aptitude à la direction des écoles publiques comprenant plusieurs classes. Trois conditions sont exigées pour être candidat : avoir 21 ans, être titulaire du BE et avoir enseigné au moins deux ans (enseignement de l’École normale inclus). Suivent trois épreuves : une composition française sur un sujet relatif à la tenue de l’école ou aux procédés d’enseignement (éliminatoire), une correction orale d’un devoir d’élève et une leçon faite aux élèves devant un jury. Un décret et un arrêté du 30 décembre 1884 y ajoutent l’appréciation par le candidat d’un cahier de devoirs mensuels et une interrogation orale portant sur des questions de pédagogie pratique. Le détenteur du CAP peut postuler pour devenir directeur d’école. »
Puis, le CAP devenant obligatoire pour tous les enseignants du primaire, l’obtention du statut de directeur réclame des diplômes de plus en plus élevés… sans qu’il soit fait mention d’un manuel ou d’un guide à destination des directeurs. Lesquels devaient selon toute vraisemblance recevoir leurs instructions principalement par voie hiérarchique, à travers des circulaires.
On trouve cependant sur Gallica une source datant de 1877, et qui nous fait approcher de l’image au moins idéale que le siècle se faisait du directeur d’école primaire : il s’agit de l’éloge funèbre A la mémoire de Auguste Demkès, directeur de l’école primaire communale de la rue des Batignolles par Léon Cosnard, maire du 17e arrondissement de Paris.
Plus près de nous (géographiquement), un document des Archives de Lyon, « L’Ecole républicaine en France », vous donnera une idée des enjeux de la massification de l’éducation aux XIXe et XXe siècles, et du rôle des directeurs dans cette vaste politique publique.
Notre récolte est bien maigre, et nous nous en excusons, mais nous avons contacté le réseau Canopé de Lyon, qui est la branche locale du CNDP pour en savoir plus. Nous vous ferons part de leur réponse éventuelle.
-L'école primaire française [Livre] : de l'Ancien Régime à l'éducation prioritaire / Marc Loison
-Directeur d'école, un métier de l'éducation / [Livre] / Nicole Marty,... ; préf. d'Alain Bouchez,...
-Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation en France [Livre] / publiée sous la direction de Louis-Henri Parias ; préface de René Rémond [/ur]
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-« La formation des maîtres en France, 1792-1990. Textes officiels » sur cnrs.frs
Bonne journée.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/07/2019 à 07h15
Bonjour,
Suite à votre question sur les ouvrages destinés aux directeurs d'école primaire, nous avions contacté le réseau Canopé. Voici la réponse de Christelle Rival, que nous remercions :
"A ma connaissance, le premier ouvrage édité sur cette thématique est le Guide pour l’auto-évaluation de l’établissement scolaire, en 1990.
La série du Livre bleu des personnels de direction / Le Livre bleu de la direction d’école a été éditée entre ~1984 et 2013 (la collection semble incomplète dans le fonds patrimonial).
A suivi le titre La direction d’école, en 2015, aujourd’hui épuisé.
On m’a aussi signalé que pendant de nombreuses années, les enseignants et les directeurs d'école utilisaient le Code soleil des éditions SUDEL/ (fondé par des militants du syndicat national des instituteurs).
fiche wikipedia sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_Soleil
Cordialement,
Christelle Rival"
Bonne journée.
Suite à votre question sur les ouvrages destinés aux directeurs d'école primaire, nous avions contacté le réseau Canopé. Voici la réponse de Christelle Rival, que nous remercions :
"A ma connaissance, le premier ouvrage édité sur cette thématique est le Guide pour l’auto-évaluation de l’établissement scolaire, en 1990.
La série du Livre bleu des personnels de direction / Le Livre bleu de la direction d’école a été éditée entre ~1984 et 2013 (la collection semble incomplète dans le fonds patrimonial).
A suivi le titre La direction d’école, en 2015, aujourd’hui épuisé.
On m’a aussi signalé que pendant de nombreuses années, les enseignants et les directeurs d'école utilisaient le Code soleil des éditions SUDEL/ (fondé par des militants du syndicat national des instituteurs).
fiche wikipedia sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_Soleil
Cordialement,
Christelle Rival"
Bonne journée.
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