Question d'origine :
Bonjour,
Je voudrais comprendre pourquoi on parle de démocratie athénienne, mais de république romaine : peut-on dire que la démocratie athénienne n'était pas une république ? que la république romaine n'était pas une démocratie ?
Merci beaucoup. Bien cordialement, Nidou
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/06/2019 à 10h51
Bonjour,
Nous devons prendre garde au sens qu’ont pris les motsdémocratie et république pour nous aujourd’hui. Comme le mentionne Danièle Roman en introduction à son livre Rome : la République impérialiste : « Le mot de république, si largement employé dans les sociétés contemporaines, procède indiscutablement de la res publica des Romains. On aurait tort cependant de voir la République romaine avec des yeux contemporains, en un mot de confondre la notion antique et la notion contemporaine. (…) [A Rome] Cela ne sous-entendait en rien l’idée d’un régime républicain au sens moderne du mot, et encore moins, l’idée d’un régime démocratique. Rome n’a jamais connu la démocratie ».
Nous devons le terme de démocratie à l’historien grecHérodote . C’est d’ailleurs sur un site portant le nom de ce célèbre historien de l’Antiquité que nous vous proposons de découvrir les grands traits de la démocratie athénienne .
Différents outils del’Encyclopaedia Universalis , consultable en ligne dans les locaux de la bibliothèque, et à distance pour nos abonnés, vous seront d’une grande aide pour y voir plus clair entre démocratie et république.
L’articleRépublique , par exemple, rappelle qu’une république n’implique pas nécessairement l’usage de la démocratie, car il peut s’agir d’une aristocratie.
Voir aussi celui sur la démocratie vue parAristote citant Platon :
« À l'inverse, la démocratie est, comme l'avait déjà reconnu Platon, le moins bon des bons gouvernements et le moins mauvais des pires : l'homme du peuple, pris individuellement, est certes très inférieur à l'homme compétent qui est censé commander dans la monarchie, mais, pris en corps, le peuple représente une somme de compétence et de prudence supérieure à celle d'un homme seul, quel qu'il soit. De plus, le peuple est, à proprement parler, l'usager de l'État : or l'utilisateur est plus à même de juger que le producteur, « l'invité juge mieux de la chère que le cuisinier » (III, 11, 1281 a 11 - 1282 a 41). Enfin, une grande quantité d'hommes est plus difficilement corruptible qu'une petite et, à plus forte raison, qu'un seul (1286 a 20). La tendance de ces passages est « étonnamment antisocratique » et « franchement démocratique » (O. Gigon). Pourtant, Aristote ne s'arrête pas à cette solution, sans doute parce qu'elle suppose dans le peuple un degré d'éducation qui est moins la condition que la conséquence d'un État bien policé. »
De même, en usant de la carte mentale de l’instauration de la démocratie à Athènes ou de celle de l’instauration de la République romaine vous aurez accès à de nombreux articles liés qui vous éclaireront certainement.
Sur l’origine du terme et l’histoire de la démocratie à Athènes vous pourrez lire cet article très fouillé de Jacques Jouanna, Athènes et la démocratie sur le site Persée.
En voici un extrait : « Certes l’Athènes ancienne, depuis la fin du VIe siècle avant J.-C. où Clisthène fonda la démocratie après le renversement de la tyrannie, vécut continuellement, à de brèves exceptions près, sous ce régime. Mais ce n’est pas à Athènes qu’est apparu pour la première fois le mot « démocratie » (qui signifie étymologiquement « le pouvoir du peuple »). C’est chez l’historien Hérodote, lequel naquit sur la côte asiatique dans la colonie dorienne d’Halicarnasse (l’actuelle Bodrum en Turquie) et rédigea son Enquête non dans la langue attique, mais dans le dialecte ionien, la langue savante de l’époque. Qui plus est, le mot apparaît, au livre VI, dans un contexte étonnant où le promoteur de la démocratie n’est ni athénien, ni même grec. Il s’agit, en fait, d’un noble Perse Otanès, lequel a installé la démocratie, à la place de la tyrannie, dans des cités grecques de la côte asiatique, après leur révolte contre la Perse au début du Ve siècle. »
Dans son ouvrage intitulé,Regards sur la démocratie athénienne , Claude Mossé insiste sur le fait que le droit égal et pour tous de participer à la vie publique ne concerne que « les citoyens », c’est-à-dire seulement une partie de la population, les femmes, esclaves, métèques, étrangers étant exclus. Egalité politique, oui, mais dans une société inégalitaire.
Moses I. Finley dresse, quant à lui, de nombreux parallèles entre Athènes et Rome dans son livre devenu un classique,L’invention de la politique : démocratie et politique en Grèce et dans la Rome républicaine . Il étudie les différentes modalités de participation populaire en mettant l’accent sur ce qui à Rome empêchait les citoyens de réellement participer à la vie publique, notamment la taille de l’empire et les nombreuses procédures qui assuraient aux élites la mainmise sur le pouvoir.
Autres ouvrages à butiner :
- Politique et société en Grèce ancienne et Les institutions grecques à l’époque classique de Claude Mossé
- La République romaine de Christophe Badel
- Res publica : histoire romaine de la chose publique de Claudia Moatti
- Jacqueline de Romilly
Bonnes lectures !
Nous devons prendre garde au sens qu’ont pris les mots
Nous devons le terme de démocratie à l’historien grec
Différents outils de
L’article
Voir aussi celui sur la démocratie vue par
« À l'inverse, la démocratie est, comme l'avait déjà reconnu Platon, le moins bon des bons gouvernements et le moins mauvais des pires : l'homme du peuple, pris individuellement, est certes très inférieur à l'homme compétent qui est censé commander dans la monarchie, mais, pris en corps, le peuple représente une somme de compétence et de prudence supérieure à celle d'un homme seul, quel qu'il soit. De plus, le peuple est, à proprement parler, l'usager de l'État : or l'utilisateur est plus à même de juger que le producteur, « l'invité juge mieux de la chère que le cuisinier » (III, 11, 1281 a 11 - 1282 a 41). Enfin, une grande quantité d'hommes est plus difficilement corruptible qu'une petite et, à plus forte raison, qu'un seul (1286 a 20). La tendance de ces passages est « étonnamment antisocratique » et « franchement démocratique » (O. Gigon). Pourtant, Aristote ne s'arrête pas à cette solution, sans doute parce qu'elle suppose dans le peuple un degré d'éducation qui est moins la condition que la conséquence d'un État bien policé. »
De même, en usant de la carte mentale de l’
Sur l’origine du terme et l’histoire de la démocratie à Athènes vous pourrez lire cet article très fouillé de Jacques Jouanna,
En voici un extrait : « Certes l’Athènes ancienne, depuis la fin du VIe siècle avant J.-C. où Clisthène fonda la démocratie après le renversement de la tyrannie, vécut continuellement, à de brèves exceptions près, sous ce régime. Mais ce n’est pas à Athènes qu’est apparu pour la première fois le mot « démocratie » (qui signifie étymologiquement « le pouvoir du peuple »). C’est chez l’historien Hérodote, lequel naquit sur la côte asiatique dans la colonie dorienne d’Halicarnasse (l’actuelle Bodrum en Turquie) et rédigea son Enquête non dans la langue attique, mais dans le dialecte ionien, la langue savante de l’époque. Qui plus est, le mot apparaît, au livre VI, dans un contexte étonnant où le promoteur de la démocratie n’est ni athénien, ni même grec. Il s’agit, en fait, d’un noble Perse Otanès, lequel a installé la démocratie, à la place de la tyrannie, dans des cités grecques de la côte asiatique, après leur révolte contre la Perse au début du Ve siècle. »
Dans son ouvrage intitulé,
Moses I. Finley dresse, quant à lui, de nombreux parallèles entre Athènes et Rome dans son livre devenu un classique,
Autres ouvrages à butiner :
- Politique et société en Grèce ancienne et Les institutions grecques à l’époque classique de Claude Mossé
- La République romaine de Christophe Badel
- Res publica : histoire romaine de la chose publique de Claudia Moatti
- Jacqueline de Romilly
Bonnes lectures !
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