"Tout est bon dans le cochon"
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/07/2019 à 20h13
622 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Est ce que l'expression "tout est bon dans le cochon" a un lien avec le Sabodet ?
En vous remerciant par avance pour votre travail de recherche,
Cordialement,
SL
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/07/2019 à 10h26
Bonjour,
Certes, le sabodet, saucisson à base de tête, de couenne et de viande de porc, est plutôt une bonne illustration de l’adage « tout est bon dans le cochon ». Dans ce sens il est indiscutable qu’un lien existe, toutefois il ne semble pas que le sabodet, spécifiquement, l’ait inspirée. En fait nos recherches nous amènent plutôt à penser que le sabodet est d'invention (ou du moins de notoriété) assez récente, car nous n'en trouvons pas de mention écrite antérieure au XXe siècle.
L'expression « tout est bon dans le cochon » reflète une réalité très littérale : traditionnellement, tout dans le cochon est utilisé, rien n'est jeté :
« Dans l’Europe médiévale tout dans le cochon est utilisé : depuis le sang et les os jusqu’aux oreilles et aux soies, en passant par la vessie et les intestins. Ce qui n’est le cas ni du bœuf, ni du mouton. »
Source : Symbolique médiévale et moderne, Michel Pastoureau
On attribue généralement cette expression à Brillat-Savarin, illustre gastronome épicurien, qui dans la Physiologie du goût s’exprime ainsi à l’égard du cochon :
« Cochon. C’est le roi des animaux immondes, c’est celui dont l’empire est le plus universel, et les qualités le moins contestées : sans lui point de lard, et par conséquent point de cuisine ; sans lui point de jambons, point de saucissons, point d’andouilles, point de boudins noirs, et par conséquent point de charcutiers. – Ingrats médecins ! vous condamnez le cochon ; il est sous le rapport des indigestions, l’un des plus beaux fleurons de votre couronne. – La cochonaille est beaucoup meilleure à Lyon et à Troyes que partout ailleurs. – Les cuisses et les épaules du cochon ont fait la fortune de deux villes, Mayence et Bayonne.Tout est bon en lui . – Par quel oubli coupable a-t-on pu faire de son nom une injure grossière ! »
Dans son sonnet gastronomique dédié au cochon, Charles Monselet reprend ses mots :
« LE COCHON
Cartout est bon en toi : chair, graisse, muscle, tripe !
On t’aime galantine, on t’adore boudin.
Ton pied, dont une sainte a consacré le type,
Empruntant son arôme au sol périgourdin,
Eût réconcilié Socrate avec Xantippe.
Ton filet, qu’embellit le cornichon badin,
Forme le déjeuner de l’humble citadin ;
Et tu passes avant l’oie au frère Philippe.
Mérites précieux et de tous reconnus !
Morceaux marqués d’avance, innombrables, charnus !
Philosophe indolent, qui mange et que l’on mange !
Comme dans notre orgueil nous sommes bien venus
A vouloir, n’est-ce pas, te reprocher ta fange ?
Adorable cochon ! animal roi ! — cher ange ! »
Notons que les français n’ont pas le monopole de cette expression populaire. Il en existe notamment une version anglaise : "You can eat all of the pig except the squeal", c'est à dire "Dans le cochon, tout est bon sauf le cri".
Bonne journée.
Certes, le sabodet, saucisson à base de tête, de couenne et de viande de porc, est plutôt une bonne illustration de l’adage « tout est bon dans le cochon ». Dans ce sens il est indiscutable qu’un lien existe, toutefois il ne semble pas que le sabodet, spécifiquement, l’ait inspirée. En fait nos recherches nous amènent plutôt à penser que le sabodet est d'invention (ou du moins de notoriété) assez récente, car nous n'en trouvons pas de mention écrite antérieure au XXe siècle.
L'expression « tout est bon dans le cochon » reflète une réalité très littérale : traditionnellement, tout dans le cochon est utilisé, rien n'est jeté :
« Dans l’Europe médiévale tout dans le cochon est utilisé : depuis le sang et les os jusqu’aux oreilles et aux soies, en passant par la vessie et les intestins. Ce qui n’est le cas ni du bœuf, ni du mouton. »
Source : Symbolique médiévale et moderne, Michel Pastoureau
On attribue généralement cette expression à Brillat-Savarin, illustre gastronome épicurien, qui dans la Physiologie du goût s’exprime ainsi à l’égard du cochon :
« Cochon. C’est le roi des animaux immondes, c’est celui dont l’empire est le plus universel, et les qualités le moins contestées : sans lui point de lard, et par conséquent point de cuisine ; sans lui point de jambons, point de saucissons, point d’andouilles, point de boudins noirs, et par conséquent point de charcutiers. – Ingrats médecins ! vous condamnez le cochon ; il est sous le rapport des indigestions, l’un des plus beaux fleurons de votre couronne. – La cochonaille est beaucoup meilleure à Lyon et à Troyes que partout ailleurs. – Les cuisses et les épaules du cochon ont fait la fortune de deux villes, Mayence et Bayonne.
Dans son sonnet gastronomique dédié au cochon, Charles Monselet reprend ses mots :
« LE COCHON
Car
On t’aime galantine, on t’adore boudin.
Ton pied, dont une sainte a consacré le type,
Empruntant son arôme au sol périgourdin,
Eût réconcilié Socrate avec Xantippe.
Ton filet, qu’embellit le cornichon badin,
Forme le déjeuner de l’humble citadin ;
Et tu passes avant l’oie au frère Philippe.
Mérites précieux et de tous reconnus !
Morceaux marqués d’avance, innombrables, charnus !
Philosophe indolent, qui mange et que l’on mange !
Comme dans notre orgueil nous sommes bien venus
A vouloir, n’est-ce pas, te reprocher ta fange ?
Adorable cochon ! animal roi ! — cher ange ! »
Notons que les français n’ont pas le monopole de cette expression populaire. Il en existe notamment une version anglaise : "You can eat all of the pig except the squeal", c'est à dire "Dans le cochon, tout est bon sauf le cri".
Bonne journée.
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