Question d'origine :
Bonjour, je souhaiterai savoir l'histoire des égouts de Lyon et non celles des souterrains car je suis aussi passionné par l'assainissement de Lyon et je souhaiterai avoir des archives et des photos sur la construction des collecteurs d'assainissement car j'ai hélas pas trouvé grand chose sur le net concernant les égouts de Lyon à par une petite archive sur la construction du grand collecteur des rives gauches mais c'est tout, merci?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 15/07/2019 à 14h47
Bonjour,
Voici tout d'abord un extrait du document intitulé Lyon : genèse de l’intercommunalité et de l’idée d’agglomération avant 1969 Contribution à une histoire du Grand Lyon :
Le développement des égouts lyonnais commence sous le Second Empire, à partir d’embryons de canalisations plus anciennes.Le premier réseau d’égouts et collecteurs digne de ce nom est formé entre 1854 et 1870, avec environ 80 km de développement linéaire . Il dessert environ 30% de la voirie urbaine, mais il est surtout présent dans les rues de la ville traditionnelle, alors que les anciens faubourgs sont inégalement desservis, et qu’il n’y a rien ou presque sur la rive gauche du Rhône ; de plus, les chemins vicinaux et privés, constituent plus de la moitié de la voirie lyonnaise et n’ont pas d’égout.
L’organisation du réseau se fait à partir des quatre quais des fleuves, avec en plus un dispositif de collecte dans chaque partie de la ville. Les grands collecteurs se terminent par des exutoires directement dans le Rhône et la Saône. Ce système sert à la fois à évacuer les eaux usées, les eaux de pluie, les eaux de lavage des rues, les eaux sales de l’abattoir de Vaise…
La gestion de l’assainissement se transforme radicalement après la première guerre mondiale , avec l’urbanisation à marche forcée des communes de l’Est lyonnais : « Villeurbanne et d'autres communes de banlieue (…) sont tributaires des collecteurs lyonnais pour évacuer leurs eaux pluviales et usées en aval dans le Rhône. Cet arrangement local (…) passe presque inaperçu tant que le linéaire d'égouts construits est faible. Il en va autrement dans la décennie suivante lorsque, comme à Villeurbanne, le linéaire d'égouts est multiplié par quatre en 8 ans. Au cours des années 1920, le dispositif morphologique du réseau se révèle de plus en plus inadapté : les égouts de liaison débordent, rompent, et les inondations se multiplient. Ce dysfonctionnement du réseau manifeste directement la prégnance de la référence au territoire communal. » (Scherrer, 1995)
De 1925 à 1935, la longueur des égouts des communes de la rive gauche du Rhône qui se raccordent à ceux de Lyon est en effet passée, de 15 à 84 km, les trois quarts pour Villeurbanne. Il devient nécessaire de transformer le réseau des égouts de Lyon par la construction d’un grand collecteur desservant à la fois Lyon et les communes de la rive gauche du Rhône. Du fait des implantations industrielles, elles sont en forte urbanisation (Villeurbanne, Saint-Fons, Vénissieux, Vaulx-en-Velin).
Ce secteur de la rive gauche comprend 450 000 habitants, soit la moitié de l’agglomération. Deux ingénieurs de la ville de Lyon exposent ainsi le problème en 1937 :
« Les égouts de ce secteur reçoivent l’effluent des quartiers dont le développement démographique a été le plus intense, et celui des communes suburbaines dont l’extension rapide a dépassé toutes prévisions. Ainsi, bon nombre de terrains de la périphérie, qui n’étaient occupés que par des cultures, sont maintenant couverts de constructions (…). La ville de Lyon se trouve d’ailleurs d’autant plus obligée de recevoir ces effluents — particulièrement ceux de Vaulx-en-Velin et de Villeurbanne —, qu’il lui importe de ne pas laisser souiller les rives du Rhône, à l’amont immédiat des plages où sont prélevées, par puits filtrants l’eau d’alimentation par les Services de Distribution et celle du réseau suburbain de la Cie Générale des Eaux. »
Les ingénieurs décrivent ici un système d’interdépendance entre Lyon et les communes de la rive gauche du Rhône. Ils disent par conséquent la nécessité de se mettre d’accord pour trouver des solutions techniques aux problèmes d’assainissement, eux-mêmes en interaction avec ceux de l’alimentation en eau potable et de la « préservation de l’environnement », exposant du coup le principe même de la construction de l’intercommunalité : malgré des rivalités, des difficultés techniques, des freins financiers, des différences de préoccupations, il n’y a pas d’autre choix que de se mettre d’accord.
Du coup, on comprend pourquoi 1931 est une date clé de l’intercommunalité lyonnaise, avec la création du Syndicat Intercommunal d’Assainissement de la Rive Gauche du Rhône, premier syndicat lyonnais qui ait réellement porté et réalisé des projets, en l’occurrence la réalisation du nouveau collecteur qui doit permettre d’éviter les déversements dans le Rhône. Nos deux ingénieurs imaginent alors, toujours en 1937, la station d’épuration à Saint-Fons, réalisée 35 ans plus tard !
« La totalité des eaux de la Rive gauche du Rhône sera ainsi drainée vers l’aval de l’agglomération et pourra être traitée à une station d’épuration, qui sera située près du débouché du grand collecteur dans le Rhône, dans les terrains désaffectés de la Poudrerie de St-Fons ».
Ce document cite la thèse de Franck Scherrer : L'Egout, patrimoine urbain : l'évolution dans la longue durée du réseau d'assainissement de Lyon que vous pourrez consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon (Part Dieu - 4e étage).
Nous vous renvoyons également aux documents suivants :
- Genèse et métamorphoses d'un territoire d'agglomération urbaine: de Lyon au Grand Lyon (version provisoire) / Franck Scherrer
- Genèse et métamorphose d'un territoire d'agglomération urbaine : de Lyon au Grand Lyon / Scherrer Franck - In: Revue de géographie de Lyon, vol. 70, n°2, 1995. Les nouvelles mailles du pouvoir local. pp. 105-114.
- Ville de Lyon : eaux des égouts : projet de la société anonyme "l'hygiène à Lyon" (consultable sur Numelyo)
- CONSTRUCTION DE L'ÉGOUT COLLECTEUR DE LA RIVE GAUCHE DU RHÔNE 1897-1973 répertoire d'archives de la Métropole.
Pour plus d'informations, vous pouvez contacter le service des archives départementales et métropolitaines ou M. Franck SCHERRER en personne.
Bonne journée.
Voici tout d'abord un extrait du document intitulé Lyon : genèse de l’intercommunalité et de l’idée d’agglomération avant 1969 Contribution à une histoire du Grand Lyon :
Le développement des égouts lyonnais commence sous le Second Empire, à partir d’embryons de canalisations plus anciennes.
L’organisation du réseau se fait à partir des quatre quais des fleuves, avec en plus un dispositif de collecte dans chaque partie de la ville. Les grands collecteurs se terminent par des exutoires directement dans le Rhône et la Saône. Ce système sert à la fois à évacuer les eaux usées, les eaux de pluie, les eaux de lavage des rues, les eaux sales de l’abattoir de Vaise…
De 1925 à 1935, la longueur des égouts des communes de la rive gauche du Rhône qui se raccordent à ceux de Lyon est en effet passée, de 15 à 84 km, les trois quarts pour Villeurbanne. Il devient nécessaire de transformer le réseau des égouts de Lyon par la construction d’un grand collecteur desservant à la fois Lyon et les communes de la rive gauche du Rhône. Du fait des implantations industrielles, elles sont en forte urbanisation (Villeurbanne, Saint-Fons, Vénissieux, Vaulx-en-Velin).
Ce secteur de la rive gauche comprend 450 000 habitants, soit la moitié de l’agglomération. Deux ingénieurs de la ville de Lyon exposent ainsi le problème en 1937 :
« Les égouts de ce secteur reçoivent l’effluent des quartiers dont le développement démographique a été le plus intense, et celui des communes suburbaines dont l’extension rapide a dépassé toutes prévisions. Ainsi, bon nombre de terrains de la périphérie, qui n’étaient occupés que par des cultures, sont maintenant couverts de constructions (…). La ville de Lyon se trouve d’ailleurs d’autant plus obligée de recevoir ces effluents — particulièrement ceux de Vaulx-en-Velin et de Villeurbanne —, qu’il lui importe de ne pas laisser souiller les rives du Rhône, à l’amont immédiat des plages où sont prélevées, par puits filtrants l’eau d’alimentation par les Services de Distribution et celle du réseau suburbain de la Cie Générale des Eaux. »
Les ingénieurs décrivent ici un système d’interdépendance entre Lyon et les communes de la rive gauche du Rhône. Ils disent par conséquent la nécessité de se mettre d’accord pour trouver des solutions techniques aux problèmes d’assainissement, eux-mêmes en interaction avec ceux de l’alimentation en eau potable et de la « préservation de l’environnement », exposant du coup le principe même de la construction de l’intercommunalité : malgré des rivalités, des difficultés techniques, des freins financiers, des différences de préoccupations, il n’y a pas d’autre choix que de se mettre d’accord.
« La totalité des eaux de la Rive gauche du Rhône sera ainsi drainée vers l’aval de l’agglomération et pourra être traitée à une station d’épuration, qui sera située près du débouché du grand collecteur dans le Rhône, dans les terrains désaffectés de la Poudrerie de St-Fons ».
Ce document cite la thèse de Franck Scherrer : L'Egout, patrimoine urbain : l'évolution dans la longue durée du réseau d'assainissement de Lyon que vous pourrez consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon (Part Dieu - 4e étage).
Nous vous renvoyons également aux documents suivants :
- Genèse et métamorphoses d'un territoire d'agglomération urbaine: de Lyon au Grand Lyon (version provisoire) / Franck Scherrer
- Genèse et métamorphose d'un territoire d'agglomération urbaine : de Lyon au Grand Lyon / Scherrer Franck - In: Revue de géographie de Lyon, vol. 70, n°2, 1995. Les nouvelles mailles du pouvoir local. pp. 105-114.
- Ville de Lyon : eaux des égouts : projet de la société anonyme "l'hygiène à Lyon" (consultable sur Numelyo)
- CONSTRUCTION DE L'ÉGOUT COLLECTEUR DE LA RIVE GAUCHE DU RHÔNE 1897-1973 répertoire d'archives de la Métropole.
Pour plus d'informations, vous pouvez contacter le service des archives départementales et métropolitaines ou M. Franck SCHERRER en personne.
Bonne journée.
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