Question d'origine :
Bonjour
Y a-t-il des écrits sur l'art de conclure (non pas en affaires, mais en philosophie) ? On connait le mot de Flaubert (« la bêtise consiste à vouloir conclure »), mais trouve-t-on quelque part l'idée inverse : ne pas conclure est idiot ?
Merci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/09/2019 à 13h10
Bonjour,
Vous avez tout à fait raison, la notion de conclusion en philosophie est très importante. En voici une définition :
"Conséquent ou conclusion
Le conséquent ou la conclusion est l’énoncé qui désigne la nouvelle connaissance à laquelle on parvient par un raisonnement. Elle est la nouvelle connaissance qui découle de l’antécédent. Par exemple, si on dit « l’homme est responsable parce qu’il est libre », on a pour conséquent : « l’homme est responsable ». Si on rend explicite toutes les parties de ce raisonnement on obtient:
Tout être libre est responsable.
L’homme est libre.
donc L’homme est responsable."
(Source : sites.cegep-ste-foy.qc.ca/)
À vrai dire, l'essentiel de la tradition philosophique occidentale s'est bâtie sur le principe duraisonnement , opération logique qui se dirige, à travers un cheminement intellectuel, vers une conclusion . Voir l'article de l'Encyclopaedia universalis :
"Le raisonnement est une opération discursive (discurrere, courir çà et là) et se distingue ainsi de l'intuition (intueri, voir), qui est la saisie immédiate et globale d'un objet de pensée. Toutefois, on l'a dit, l'intelligence d'un raisonnement présuppose l'intuition de la relation illative : je puis, par le raisonnement, faire admettre une proposition en invoquant les prémisses convenables, mais mon raisonnement serait sans effet sur qui serait incapable de saisir le nexus qui rattache la conclusion aux prémisses. De plus, dès qu'un raisonnement atteint un certain degré de complexité, il faut, pour vraiment le comprendre, percevoir ce qui en fait l'unité, comment ses divers éléments se composent entre eux et convergent vers une certaine conclusion : ce qui est encore un acte d'intuition. C'est pourquoiDescartes , dans les Regulae, comptait parmi les « natures simples », objets d'intuition, les liaisons entre les vérités, et demandait en outre qu'on s'exerçât à parcourir la chaîne d'un raisonnement par un mouvement ininterrompu et de plus en plus rapide de la pensée, pour pouvoir finalement l'embrasser d'un seul coup. À quoi Leibniz objectait l'insécurité de l'intuition et du sentiment de l'évidence. S'inspirant de vues encore très sommaires et imparfaites de Lulle et de Hobbes, il demandait qu'on assurât la rigueur du raisonnement en le réduisant à un calcul sur des signes. Ce qui supposait, d'une part, la constitution d'une symbolique, d'une « langue caractéristique universelle », d'autre part, une généralisation de la notion de calcul, qui le dégageât de son asservissement à la quantité pour en faire un calculus ratiocinator. Cet idéal a été réalisé, au moins partiellement, autour de 1900, avec les travaux de Frege , de Peano et de Russell . Depuis, une exigence accrue de rigueur a abouti à la constitution de « systèmes formels », où l'intuition logique du rapport illatif est remplacée par l'intuition visuelle de la conformité des opérations symboliques à certaines règles arbitraires préalablement énoncées, concernant les manipulations de l'alphabet initialement choisi. De tels calculs ne sont plus proprement des raisonnements ; ils peuvent seulement le devenir quand le système admet, ce qui n'est pas toujours le cas, une interprétation dans le monde logique et qu'on utilise cette possibilité pour traduire en raisonnements les formules symboliques."
Parmi les raisonnement, il faut citer, défini parAristote , le syllogisme :
"Le syllogisme est une forme de raisonnement définie pour la première fois par Aristote : « Le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d'autre que ces données en découle nécessairement par le seul fait de ces données »(Topiques, I, 1, 100 a 25 et Premiers Analytiques, I, 1, 24 b 18-20). Un syllogisme comporte donc un point de départ – les prémisses – et une conclusion. Celle-ci doit être nouvelle par rapport aux prémisses (ce qui assure la fécondité du syllogisme), mais elle doit, d'autre part, découler nécessairement de ces prémisses et d'elles seules (ce qui assure la rigueur de ce type de raisonnement). Aristote distingue deux espèces de syllogisme : le syllogisme dialectique, dans lequel les prémisses sont simplement probables, et le syllogisme apodictique ou démonstratif, dont les prémisses sont nécessaires (soit qu'elles aient été préalablement démontrées, soit que leur nécessité soit évidente). Mais cette distinction n'affecte en rien la rigueur formelle du syllogisme, qui est égale dans les deux cas. C'est pourquoi Aristote ne tient pas compte de cette distinction dans sa théorie générale du syllogisme, à laquelle est consacré l'ouvrage intitulé Premiers Analytiques."
D'où découle une des grandes disciplines de la philosophie, la logique :
"Partant de la syllogistique, Leibniz construit des calculs logiques rédigés dans un symbolisme nouveau de type algébrique et étend son calcul au-delà du syllogisme. Il conçoit toute une hiérarchie de calculs auxquels son calcul logique devra servir de base : le calcul arithmétique (y compris l'arithmétique binaire), le calcul géométrique, le calcul algébrique, l'analyse infinitésimale. Cette nouvelle logique est au cœur de la méthodologie de Leibniz : elle est pour lui non seulement un art de juger, mais encore un art d'inventer. La clé de l'invention consiste dans l'établissement d'un inventaire complet des formes possibles par l'art combinatoire. Le De Arte combinatoria (1666), entre autres, démontre la complétude de la syllogistique. Aux 19 modes de la scolastique sont ajoutés les modes « faibles », obtenus par la subalternation de la conclusion dans les modes valides. Sur les 256 syllogismes possibles, Leibniz obtient 24 modes valides, 6 dans chaque figure."
Voici quelques sources philosophiques pour aller plus loin :
- Organon [Livre] Aristote
- Le raisonnement [Livre]
- Système de logique déductive et inductive [Livre] : exposé des principes de la preuve et des méthodes de recherche scientifique / John Stuart Mill ; trad. Louis Peisse
- Ecrits sur le corps et l'esprit [Livre] / Kant ; traduction et présentation par Grégoire Chamayou
- Nouveaux essais sur l'entendement humain [Livre] / Gottfried Wilhelm Leibniz ; chronol., bibliogr., introd. et notes par Jacques Brunschwig
- Changer d'idées [Livre] : les principes du raisonnement / Gilbert Harman ; traduit de l'anglais (EUA) par Jean-Marie Chevalier
- De la problématologie [Livre] : philosophie, science et langage / Michel Meyer
- Dialectique négative [Livre] / Theodor W. Adorno ; trad. de l'allemand par le Groupe de traduction du Collège de philosophie ; postf. Hans-Günter Holl
Bonnes lectures.
Vous avez tout à fait raison, la notion de conclusion en philosophie est très importante. En voici une définition :
"
Le conséquent ou la conclusion est l’énoncé qui désigne la nouvelle connaissance à laquelle on parvient par un raisonnement. Elle est la nouvelle connaissance qui découle de l’antécédent. Par exemple, si on dit « l’homme est responsable parce qu’il est libre », on a pour conséquent : « l’homme est responsable ». Si on rend explicite toutes les parties de ce raisonnement on obtient:
Tout être libre est responsable.
L’homme est libre.
donc L’homme est responsable."
(Source : sites.cegep-ste-foy.qc.ca/)
À vrai dire, l'essentiel de la tradition philosophique occidentale s'est bâtie sur le principe du
"Le raisonnement est une opération discursive (discurrere, courir çà et là) et se distingue ainsi de l'intuition (intueri, voir), qui est la saisie immédiate et globale d'un objet de pensée. Toutefois, on l'a dit, l'intelligence d'un raisonnement présuppose l'intuition de la relation illative : je puis, par le raisonnement, faire admettre une proposition en invoquant les prémisses convenables, mais mon raisonnement serait sans effet sur qui serait incapable de saisir le nexus qui rattache la conclusion aux prémisses. De plus, dès qu'un raisonnement atteint un certain degré de complexité, il faut, pour vraiment le comprendre, percevoir ce qui en fait l'unité, comment ses divers éléments se composent entre eux et convergent vers une certaine conclusion : ce qui est encore un acte d'intuition. C'est pourquoi
Parmi les raisonnement, il faut citer, défini par
"Le syllogisme est une forme de raisonnement définie pour la première fois par Aristote : « Le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d'autre que ces données en découle nécessairement par le seul fait de ces données »(Topiques, I, 1, 100 a 25 et Premiers Analytiques, I, 1, 24 b 18-20). Un syllogisme comporte donc un point de départ – les prémisses – et une conclusion. Celle-ci doit être nouvelle par rapport aux prémisses (ce qui assure la fécondité du syllogisme), mais elle doit, d'autre part, découler nécessairement de ces prémisses et d'elles seules (ce qui assure la rigueur de ce type de raisonnement). Aristote distingue deux espèces de syllogisme : le syllogisme dialectique, dans lequel les prémisses sont simplement probables, et le syllogisme apodictique ou démonstratif, dont les prémisses sont nécessaires (soit qu'elles aient été préalablement démontrées, soit que leur nécessité soit évidente). Mais cette distinction n'affecte en rien la rigueur formelle du syllogisme, qui est égale dans les deux cas. C'est pourquoi Aristote ne tient pas compte de cette distinction dans sa théorie générale du syllogisme, à laquelle est consacré l'ouvrage intitulé Premiers Analytiques."
D'où découle une des grandes disciplines de la philosophie, la logique :
"Partant de la syllogistique, Leibniz construit des calculs logiques rédigés dans un symbolisme nouveau de type algébrique et étend son calcul au-delà du syllogisme. Il conçoit toute une hiérarchie de calculs auxquels son calcul logique devra servir de base : le calcul arithmétique (y compris l'arithmétique binaire), le calcul géométrique, le calcul algébrique, l'analyse infinitésimale. Cette nouvelle logique est au cœur de la méthodologie de Leibniz : elle est pour lui non seulement un art de juger, mais encore un art d'inventer. La clé de l'invention consiste dans l'établissement d'un inventaire complet des formes possibles par l'art combinatoire. Le De Arte combinatoria (1666), entre autres, démontre la complétude de la syllogistique. Aux 19 modes de la scolastique sont ajoutés les modes « faibles », obtenus par la subalternation de la conclusion dans les modes valides. Sur les 256 syllogismes possibles, Leibniz obtient 24 modes valides, 6 dans chaque figure."
Voici quelques sources philosophiques pour aller plus loin :
- Organon [Livre] Aristote
- Le raisonnement [Livre]
- Système de logique déductive et inductive [Livre] : exposé des principes de la preuve et des méthodes de recherche scientifique / John Stuart Mill ; trad. Louis Peisse
- Ecrits sur le corps et l'esprit [Livre] / Kant ; traduction et présentation par Grégoire Chamayou
- Nouveaux essais sur l'entendement humain [Livre] / Gottfried Wilhelm Leibniz ; chronol., bibliogr., introd. et notes par Jacques Brunschwig
- Changer d'idées [Livre] : les principes du raisonnement / Gilbert Harman ; traduit de l'anglais (EUA) par Jean-Marie Chevalier
- De la problématologie [Livre] : philosophie, science et langage / Michel Meyer
- Dialectique négative [Livre] / Theodor W. Adorno ; trad. de l'allemand par le Groupe de traduction du Collège de philosophie ; postf. Hans-Günter Holl
Bonnes lectures.
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