La vie et les engagements de Hans Vaihinger
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/09/2019 à 18h46
468 vues
Question d'origine :
Bonjour
Qui était Hans Vaihinger ? Sa vie ? Ses engagements politiques ? Son arcours
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 20/09/2019 à 09h53
Bonjour,
Voici ce que nous apprend Alain Degange dans le Dictionnaire des philosophes à propos de Hans Vaihinger (1852-1933) :
« Philosophe allemand, né à Nehren (Württemberg), mort à Halle. Professeur de philosophie aux Universités de Strasbourg et de Halle jusqu’en 1906. Il est le fondateur de la revue Kant-Studien (1896) et de la Kant-gesellschaft (1904). Hans Vaihinger est le représentant majeur d’un courant de pensée qui soutient le conventionnalisme des concepts scientifiques ainsi qu’une forme plus générale de pragmatisme philosophique. La formation de Vaihinger est presque exclusivement kantienne (Commentaire à la critique de la raison pure, 1881-1892). Selon l’orientation interprétative du néo-criticisme de Albert Lange (Hartmann, Düring und Lange, 1876), l’interprétation contenue en cet ouvrage trouve sa motivation en la fonction régulatrice et cognitive de l’idée telle qu’elle fut soutenue par Kant dans la dialectique transcendantale : les concepts métaphysico-religieux sont de libres inventions « poétiques » de l’esprit humain. Vaihinger élargit cette thèse au champ entier de la philosophie des sciences (Die Philosophie des Als-Ob, 1911) : tous les concepts sont des « fictions » utiles jugées « comme si » elles étaient vraies. Les notions de « chose », « propriété », « cause », etc., sont des conventions capables de donner un ordre à la multiplicité confuse des sensations. Conventionnels apparaissent également les principes fondamentaux des sciences, de la mathématique à la physique en passant par l’économie : ils sont des rationalisations fantastico-constructives de la réalité. Sur cette base (où le kantisme est dépouillé de sa plus profonde signification spéculative et réduit à une sorte de phénoménisme sceptique, dans lequel l’apparence transcendantale se confond avec l’apparence subjective et empirique), quelques disciples de Vaihinger, tels O. Kraus et F. Lipsius, firent la distinction entre concepts fictifs ou « fantaisies » et hypothèses empiriques, engageant à ce propos une discussion critique sur le principe de la relativité d’Einstein. Par contre, sous cet aspect, Vaihinger en suivant la pensée de Nietzsche avait souligné la dépendance des valeurs intellectuelles par rapport aux valeurs vitales : les buts et les nécessités pratiques de la vie déterminent la valeur de la raison. Si pour Vaihinger on ne peut pas dire que l’utile coïncide toujours avec le vrai, il est toutefois incontestable que le vrai acquiert un sens précisément en fonction d’un désir de vie plus ample. Notons que la forte empreinte positiviste qui pèse sur la philosophie du « comme si » (des Als-Ob) la contraint à se fonder sur le principe que ne soient tenus pour réels que les sentiments et les sensations selon leur enchaînement et leur coexistence. Par conséquent la pensée, considérée comme « fonction organique opérant selon des fins », concept en lequel se résout et se dissout l’idée traditionnelle de l’âme-substance, cesse de se poser comme activité théorique tendant à une vérité objective et prend en charge des tâches purement utilitaires, comme processus de systématisation et d’agencement du matériel sensible et ce à des fins uniquement pratiques. Sur ce présupposé Vaihinger avance la thèse que toute connaissance humaine est donc fiction. Le connaître, loin de refléter et reproduire une réalité préconstituée se résout en une production de schémas orientateurs, théoriquement contradictoires et où les données sensibles originaires résultent altérées à cause de la nécessité de fixer et d’agencer ce qui autrement ne serait que flux incontrôlé et irrésistible des sens. Ainsi, les concepts, les catégories et les principes tant des logiques que des gnoséologies traditionnelles sont réinterprétés, d’une façon pragmatique, par Vaihinger en termes d’illusions utiles ; lesquelles ne doivent pas être entendues dans le sens des « hypothèses », car à la différence de celles-ci qui prétendent reproduire une réalité grâce à laquelle elles espèrent trouver leur vérification, elles ont conscience du caractère purement pratique et instrumental de leur fonction propre. Conséquente par rapport à cette direction l’œuvre de Vaihinger s’engagera dans une analyse (où lourdeur et minutie s’interpénètrent), ne voulant épargner aucun des ensembles du champ du savoir et des sciences. »
Pour en savoir plus sur la pensée de ce philosophe, vous pourriez consulter ces ouvrages :
- La philosophie du comme si, Hans Vaihinger ; préface et traduction de Christophe Bouriau
- Le comme si : Kant, Vaihinger et le fictionalisme, Christophe Bouriau
(voir aussi cet article de Raphaël Ehrsam qui présente le livre de Christophe Bouriau : La philosophie du comme si)
Si vous êtes germanophone, vous trouverez également plusieurs liens vers des travaux d’Hans Vaihinger disponibles en ligne sur la page Wikipedia qui lui est consacrée.
Bonne journée.
Voici ce que nous apprend Alain Degange dans le Dictionnaire des philosophes à propos de Hans Vaihinger (1852-1933) :
« Philosophe allemand, né à Nehren (Württemberg), mort à Halle. Professeur de philosophie aux Universités de Strasbourg et de Halle jusqu’en 1906. Il est le fondateur de la revue Kant-Studien (1896) et de la Kant-gesellschaft (1904). Hans Vaihinger est le représentant majeur d’un courant de pensée qui soutient le conventionnalisme des concepts scientifiques ainsi qu’une forme plus générale de pragmatisme philosophique. La formation de Vaihinger est presque exclusivement kantienne (Commentaire à la critique de la raison pure, 1881-1892). Selon l’orientation interprétative du néo-criticisme de Albert Lange (Hartmann, Düring und Lange, 1876), l’interprétation contenue en cet ouvrage trouve sa motivation en la fonction régulatrice et cognitive de l’idée telle qu’elle fut soutenue par Kant dans la dialectique transcendantale : les concepts métaphysico-religieux sont de libres inventions « poétiques » de l’esprit humain. Vaihinger élargit cette thèse au champ entier de la philosophie des sciences (Die Philosophie des Als-Ob, 1911) : tous les concepts sont des « fictions » utiles jugées « comme si » elles étaient vraies. Les notions de « chose », « propriété », « cause », etc., sont des conventions capables de donner un ordre à la multiplicité confuse des sensations. Conventionnels apparaissent également les principes fondamentaux des sciences, de la mathématique à la physique en passant par l’économie : ils sont des rationalisations fantastico-constructives de la réalité. Sur cette base (où le kantisme est dépouillé de sa plus profonde signification spéculative et réduit à une sorte de phénoménisme sceptique, dans lequel l’apparence transcendantale se confond avec l’apparence subjective et empirique), quelques disciples de Vaihinger, tels O. Kraus et F. Lipsius, firent la distinction entre concepts fictifs ou « fantaisies » et hypothèses empiriques, engageant à ce propos une discussion critique sur le principe de la relativité d’Einstein. Par contre, sous cet aspect, Vaihinger en suivant la pensée de Nietzsche avait souligné la dépendance des valeurs intellectuelles par rapport aux valeurs vitales : les buts et les nécessités pratiques de la vie déterminent la valeur de la raison. Si pour Vaihinger on ne peut pas dire que l’utile coïncide toujours avec le vrai, il est toutefois incontestable que le vrai acquiert un sens précisément en fonction d’un désir de vie plus ample. Notons que la forte empreinte positiviste qui pèse sur la philosophie du « comme si » (des Als-Ob) la contraint à se fonder sur le principe que ne soient tenus pour réels que les sentiments et les sensations selon leur enchaînement et leur coexistence. Par conséquent la pensée, considérée comme « fonction organique opérant selon des fins », concept en lequel se résout et se dissout l’idée traditionnelle de l’âme-substance, cesse de se poser comme activité théorique tendant à une vérité objective et prend en charge des tâches purement utilitaires, comme processus de systématisation et d’agencement du matériel sensible et ce à des fins uniquement pratiques. Sur ce présupposé Vaihinger avance la thèse que toute connaissance humaine est donc fiction. Le connaître, loin de refléter et reproduire une réalité préconstituée se résout en une production de schémas orientateurs, théoriquement contradictoires et où les données sensibles originaires résultent altérées à cause de la nécessité de fixer et d’agencer ce qui autrement ne serait que flux incontrôlé et irrésistible des sens. Ainsi, les concepts, les catégories et les principes tant des logiques que des gnoséologies traditionnelles sont réinterprétés, d’une façon pragmatique, par Vaihinger en termes d’illusions utiles ; lesquelles ne doivent pas être entendues dans le sens des « hypothèses », car à la différence de celles-ci qui prétendent reproduire une réalité grâce à laquelle elles espèrent trouver leur vérification, elles ont conscience du caractère purement pratique et instrumental de leur fonction propre. Conséquente par rapport à cette direction l’œuvre de Vaihinger s’engagera dans une analyse (où lourdeur et minutie s’interpénètrent), ne voulant épargner aucun des ensembles du champ du savoir et des sciences. »
Pour en savoir plus sur la pensée de ce philosophe, vous pourriez consulter ces ouvrages :
- La philosophie du comme si, Hans Vaihinger ; préface et traduction de Christophe Bouriau
- Le comme si : Kant, Vaihinger et le fictionalisme, Christophe Bouriau
(voir aussi cet article de Raphaël Ehrsam qui présente le livre de Christophe Bouriau : La philosophie du comme si)
Si vous êtes germanophone, vous trouverez également plusieurs liens vers des travaux d’Hans Vaihinger disponibles en ligne sur la page Wikipedia qui lui est consacrée.
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