Question d'origine :
Avez-vous connaissance d'études qui établiraient si les hommes et les femmes ont la même aptitude dans le lancer / le jet d'un objet, par exemple un caillou ?
Pour limiter éventuellement la question :
- sans tenir compte de puissance ou de force, si les hommes sont réputés physiquement plus forts,
- par exemple sur des questions de posture, de geste,
- par exemple sur des questions de précision,
- par exemple via des mesures sur des échantillons homogènes d'enfants des deux sexes,
- en excluant des populations spécialement entrainées (joueurs, joueuses, de handball, baseball, dont les aptitudes pourraient sortir de la moyenne, etc.)
Existe-t-il une bibliographie sur cette question ?
Bien à vous et merci de votre travail.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/09/2019 à 14h10
Bonjour,
A notre connaissance, il n’existe qu’une étude portant spécialement sur la capacité au lancer des garçons et des filles, menée par l’Université du Nord-Texas et citée par slate.com en anglais. Cette étude, menée en plusieurs endroits du monde, y compris au sein de groupes de chasseurs-cueilleurs australiens (où hommes et femmes chassent), tend à prouver que la différence d’aptitude au lancer est dès l’âge de quatre ans « trois fois supérieure aux différences rencontrées pour l’accomplissement d’aucune autre tâche motrice ». Apparemment, les garçons de toutes les cultures ont tendance à lancer en engageant tout le corps, tandis que les filles lancent une pierre comme nue fléchette, c’est-à-dire à la seule force du bras ! – aucune explication n’est cependant avancée pour expliquer ce fait.
En revanche, selon lequipe.fr, des différences physiologiques entre mâles et femelles de l’espèce homo sapiens existent, en termes de masse musculaire, mais également de capacité cardiaque et d’oxygénation :
« 1. La VO2max : consommation maximale d’oxygène
La VO2 max est la capacité maximale à emmagasiner, transporter et consommer de l'oxygène durant un exercice aérobie. En d’autres termes, c’est le volume maximal d’oxygène consommé pendant un effort. Au cours de celui-ci, vos muscles ont ainsi besoin d'oxygène pour produire de l’énergie. Plus votre VO2 max est élevée, plus votre corps est capable d'utiliser de l'oxygène afin de produire de l'énergie.
[…]
2. La FC Max : Fréquence Cardiaque Maximale
La FC Max ou Fréquence Cardiaque Maximale correspond au nombre maximum de battements que le cœur peut réaliser en l’espace d’une minute. Cette valeur qui est propre à chaque individu évolue également en fonction de l’âge mais aussi du sexe.
Le rythme cardiaque maximal est ainsi plus élevé chez la femme que chez l’homme. En moyenne, la femme atteindra 174 pulsations/min contre 169 puls/min pour un même exercice donné.
Par ailleurs, les femmes atteignent leur fréquence cardiaque maximale plus vite, en courant à des vitesses 10% inférieures, soit à 24km/h chez l’homme et 21km/h chez la femme.
[…]
3. La masse musculaire
La masse musculaire constitue en moyenne 35% de la masse totale d’un homme contre 28% chez la femme. Par ailleurs, la femme est également plus "grasse" que l’homme. La masse grasse d’une femme atteint en moyenne 20% contre 13% chez un homme. »
Les muscles des personnes des deux sexes présentent aussi des différences de structure :
« Pour les sports les plus « physiques » et ceux qui exigent beaucoup d’explosivité, comme le rugby ou le 100 mètres, le coach est par contre plus catégorique : les femmes ne peuvent pas et ne pourront jamais dominer les hommes. Rien de sexiste dans ce constat, c'est juste une question d'inégalité corporelle : d'un point de vue physiologique, les hommes ont plus de fibres musculaires que les femmes. « Je prends toujours l’exemple d’un tuyau représentant le muscle et à l’intérieur duquel il y aurait des élastiques jouant le rôle des fibres : un homme a 100 élastiques quand une femme en a seulement 70 à 80 », note le coach sportif. »
(Source: usbeketrica.com)
Ces différences physiologiques, et d’abord la masse musculaires, expliquent qu’ « Au lancer du poids, par exemple, le record du monde masculin est établi à 23,12 mètres, contre 22,63 mètres pour le record féminin. » (Source : letemps.ch) Mais évidemment, la masse musculaire ne fait pas tout : interrogée par lequipe.fr, la jeune lanceuse de marteau Juliette Ciofani, s’élève contre l’idée reçue selon laquelle
« « J'ai du mal à comprendre ce cliché de la femme qui doit être "forte" pour lancer (...) C'est la technique qui va me permettre de lancer loin. Il faut développer sa force, oui, mais pas forcément prendre du poids. »
[…]
Walter Ciofani modère les propos de sa fille, dont il est l'entraîneur. Lui non plus n'est pas adepte de l'idée préconçue qui assimile les lanceurs à des montagnes de muscles : « On a longtemps pensé que les lancers correspondaient à des gabarits hors normes... mais aujourd'hui on s'aperçoit que tout le monde peut bien lancer. » »
Ainsi, les études récentes tendent d’ailleurs à minorer l’importance des différences biologiques dans les résultats :
« Aujourd’hui pourtant, la communauté scientifique dans son ensemble modère ces constats : les recherches et analyses antérieures sont souvent fortement marquées par une idéologie qui prône le déterminisme biologique ou souffrent de carences méthodologiques. Les travaux plus récents (Vidal & Benoit-Browaeys, 2005) attestent que le sexe serait un facteur de peu d’importance dans la prédiction ou la limitation des performances physiques. Ce seraient davantage les compétences acquises, l’entraînement, la motivation, la maîtrise de techniques efficaces qui distingueraient entre eux les individus. Les performances exceptionnelles d’alpinistes, de marathoniennes et de nageuses indiquent l’ampleur des possibilités physiologiques de femmes convaincues et entraînées. La modicité des écarts entre les actuels records masculins et féminins contraste avec les fossés qui séparent hommes et femmes ordinaires. Des expériences contradictoires (Hudson, 1994) avec des enfants invités à lancer à bras cassé montrent que les écarts de distance constatés initialement avec le bras préférentiel s’estompent lors que le jeune lance avec son bras inhabituel… Ces exemples invitent à penser que les ressources biologiques d’un individu n’épuisent qu’une infime part des déterminants de la performance, quand les compétences acquises, l’entraînement, la maîtrise de techniques efficaces pèseraient considérablement. »
(Source : Cécile Vigneron « Les inégalités de réussite en EPS entre filles et garçons : déterminisme biologique ou fabrication scolaire ? », Revue française de pédagogie, 2006, lisible sur openedition.org)
Bonne journée.
A notre connaissance, il n’existe qu’une étude portant spécialement sur la capacité au lancer des garçons et des filles, menée par l’Université du Nord-Texas et citée par slate.com en anglais. Cette étude, menée en plusieurs endroits du monde, y compris au sein de groupes de chasseurs-cueilleurs australiens (où hommes et femmes chassent), tend à prouver que la différence d’aptitude au lancer est dès l’âge de quatre ans « trois fois supérieure aux différences rencontrées pour l’accomplissement d’aucune autre tâche motrice ». Apparemment, les garçons de toutes les cultures ont tendance à lancer en engageant tout le corps, tandis que les filles lancent une pierre comme nue fléchette, c’est-à-dire à la seule force du bras ! – aucune explication n’est cependant avancée pour expliquer ce fait.
En revanche, selon lequipe.fr, des différences physiologiques entre mâles et femelles de l’espèce homo sapiens existent, en termes de masse musculaire, mais également de capacité cardiaque et d’oxygénation :
« 1. La VO2max : consommation maximale d’oxygène
La VO2 max est la capacité maximale à emmagasiner, transporter et consommer de l'oxygène durant un exercice aérobie. En d’autres termes, c’est le volume maximal d’oxygène consommé pendant un effort. Au cours de celui-ci, vos muscles ont ainsi besoin d'oxygène pour produire de l’énergie. Plus votre VO2 max est élevée, plus votre corps est capable d'utiliser de l'oxygène afin de produire de l'énergie.
[…]
2. La FC Max : Fréquence Cardiaque Maximale
La FC Max ou Fréquence Cardiaque Maximale correspond au nombre maximum de battements que le cœur peut réaliser en l’espace d’une minute. Cette valeur qui est propre à chaque individu évolue également en fonction de l’âge mais aussi du sexe.
Le rythme cardiaque maximal est ainsi plus élevé chez la femme que chez l’homme. En moyenne, la femme atteindra 174 pulsations/min contre 169 puls/min pour un même exercice donné.
Par ailleurs, les femmes atteignent leur fréquence cardiaque maximale plus vite, en courant à des vitesses 10% inférieures, soit à 24km/h chez l’homme et 21km/h chez la femme.
[…]
3. La masse musculaire
La masse musculaire constitue en moyenne 35% de la masse totale d’un homme contre 28% chez la femme. Par ailleurs, la femme est également plus "grasse" que l’homme. La masse grasse d’une femme atteint en moyenne 20% contre 13% chez un homme. »
Les muscles des personnes des deux sexes présentent aussi des différences de structure :
« Pour les sports les plus « physiques » et ceux qui exigent beaucoup d’explosivité, comme le rugby ou le 100 mètres, le coach est par contre plus catégorique : les femmes ne peuvent pas et ne pourront jamais dominer les hommes. Rien de sexiste dans ce constat, c'est juste une question d'inégalité corporelle : d'un point de vue physiologique, les hommes ont plus de fibres musculaires que les femmes. « Je prends toujours l’exemple d’un tuyau représentant le muscle et à l’intérieur duquel il y aurait des élastiques jouant le rôle des fibres : un homme a 100 élastiques quand une femme en a seulement 70 à 80 », note le coach sportif. »
(Source: usbeketrica.com)
Ces différences physiologiques, et d’abord la masse musculaires, expliquent qu’ « Au lancer du poids, par exemple, le record du monde masculin est établi à 23,12 mètres, contre 22,63 mètres pour le record féminin. » (Source : letemps.ch) Mais évidemment, la masse musculaire ne fait pas tout : interrogée par lequipe.fr, la jeune lanceuse de marteau Juliette Ciofani, s’élève contre l’idée reçue selon laquelle
« « J'ai du mal à comprendre ce cliché de la femme qui doit être "forte" pour lancer (...) C'est la technique qui va me permettre de lancer loin. Il faut développer sa force, oui, mais pas forcément prendre du poids. »
[…]
Walter Ciofani modère les propos de sa fille, dont il est l'entraîneur. Lui non plus n'est pas adepte de l'idée préconçue qui assimile les lanceurs à des montagnes de muscles : « On a longtemps pensé que les lancers correspondaient à des gabarits hors normes... mais aujourd'hui on s'aperçoit que tout le monde peut bien lancer. » »
Ainsi, les études récentes tendent d’ailleurs à minorer l’importance des différences biologiques dans les résultats :
« Aujourd’hui pourtant, la communauté scientifique dans son ensemble modère ces constats : les recherches et analyses antérieures sont souvent fortement marquées par une idéologie qui prône le déterminisme biologique ou souffrent de carences méthodologiques. Les travaux plus récents (Vidal & Benoit-Browaeys, 2005) attestent que le sexe serait un facteur de peu d’importance dans la prédiction ou la limitation des performances physiques. Ce seraient davantage les compétences acquises, l’entraînement, la motivation, la maîtrise de techniques efficaces qui distingueraient entre eux les individus. Les performances exceptionnelles d’alpinistes, de marathoniennes et de nageuses indiquent l’ampleur des possibilités physiologiques de femmes convaincues et entraînées. La modicité des écarts entre les actuels records masculins et féminins contraste avec les fossés qui séparent hommes et femmes ordinaires. Des expériences contradictoires (Hudson, 1994) avec des enfants invités à lancer à bras cassé montrent que les écarts de distance constatés initialement avec le bras préférentiel s’estompent lors que le jeune lance avec son bras inhabituel… Ces exemples invitent à penser que les ressources biologiques d’un individu n’épuisent qu’une infime part des déterminants de la performance, quand les compétences acquises, l’entraînement, la maîtrise de techniques efficaces pèseraient considérablement. »
(Source : Cécile Vigneron « Les inégalités de réussite en EPS entre filles et garçons : déterminisme biologique ou fabrication scolaire ? », Revue française de pédagogie, 2006, lisible sur openedition.org)
Bonne journée.
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