Question d'origine :
Je cherche à savoir ce qu’est devenue la guillotine qui a tranché la tête de Louis XVI ?
Je parle bien ici de l’objet physique. La guillotine qui était placée place de la Concorde
J’imagine bien évidement qu’elle n’a pas été conservée. Mais l’histoire de cet objet, symbole de la révolution français, m’interesse particulièrement
Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/10/2019 à 10h08
Bonjour,
Tout d'abord veuillez nous excuser pour ce retard dans la réponse, dû à une erreur de manipulation.
A notre connaissance, aucune source fiable ne permet de savoir ce qu'est devenue la guillotine ayant servi à l'exécution de Louis XVI. Ce qui nous a été confirmé par le personnel du Musée de la Révolution française de Vizille, que nous remercions :
"Nous ignorons si la guillotine qui a servi à guillotiner Louis XVI existe toujours. Il faut savoir que les guillotines ont continué à servir après la Révolution, puis ont sans doute été améliorées et remplacées. La seule guillotine d’époque révolutionnaire authentifiée est celle du Musée national Allemand à Nuremberg. Toutes les autres, passées en vente aux enchères ou présentes dans les collections publiques françaises (non exposées) datent de la seconde partie du XIXe siècle début XXe siècle."
Si on ne sait rien des destinées de la guillotine régicide, on connaît en revanche les différents emplacements où les exécutions parisiennes ont eu lieu, du temps de "la veuve" :
"Inaugurée en 1792 en place de Grève (actuelle place de l’Hôtel de Ville), la guillotine a par la suite beaucoup voyagé dans Paris. Place de la Concorde, place de la Nation, cour du Louvre… Des exécutions publiques qui, aux heures les plus sombres de la Révolution française, proposaient au peuple, avide de spectacle et de sang, une mise en scène grandiloquente.
Mais les moeurs changent et, vers le milieu du 19e siècle, les exécutions, toujours publiques, se déroulaient plus sobrement à l’entrée des prisons.
À l’angle de la rue de la Croix-Faubin et de la rue de la Roquette actuelles, dans le 11e arrondissement, se trouvait la prison de la Grande Roquette, où étaient enfermés les condamnés à mort . À partir de 1851, la guillotine est installée à l’entrée de cette prison. Cinq dalles plates sont alors fabriquées au milieu de la rue, à l’époque pavée, pour que les pieds de l’échafaud soient stables."
(Source : unjourdeplusaparis.com)
Cette absence de traces de l'objet originelles n'empêcha pas ça et là quelques rumeurs de réapparitions de reliques de la Terreur, probablement destinées profiter de la crédulité de collectionneurs et/ou d'institutions. Une guillotine présentée comme celle utilisée pour la décollation du roi a été ainsi proposée à la vente à la ville d'Auch (Gers) en 1893, comme le signale un débat reproduit dans la Revue de Gascogne : bulletin mensuel du Comité d'histoire et d'archéologie de Gascogne (première livraison), consultable sur Gallica :
" La guillotine ayant servi à l'exécution de Louis XVI attribuée à Auch
M. Tierny signale aux Membres de la Société un fait assurément nouveau pour beaucoup et qui serait intéressant pour l'histoire locale
s'il était prouvé. D'après un contemporain, on aurait tiré au sort la guillotine ayant servi à l'exécution de Louis XVI, et elle échut à la
ville d'Auch. C'est ce qu'on peut lire clans un ouvrage intitulé : Modes et usages du temps de Marie-Antoinette ; Livre-Journal de Madame
Eloffe, couturiere-lingère ordinaire de la Reine et des Dames de sa Cour.
M. Tierny a reçu récemment une demande de recherches à ce sujet. Aucun document conservé aux Archives départementales ne vient confirmer cette assertion. Peut-être serait-on plus heureux en consultant les Archives de la Ville ?
M. Dellas dit que tout ce qui regardait les guillotines était du ressort des administrations départementales et il cite les faits suivants à l'appui de son observation.
Le département du Gers avait son exécuteur des arrêts criminels. L'article 1er de la loi du 13 juin 1793 porte, en effet, qu'il y aura, dans chacun des départements près les tribunaux criminels un exécuteur de leurs jugements."
[...]
"La guillotine avait été mis en permanence à Auch, en mai 1793 ; elle fut enlevée à la suite d'une motion faite par Daubons, alors administrateur du district de Nogaro ; cette motion fut accueillie à Auch avec transport par toute l'assemblée, qui était alors fort nombreuse."
[...]
[Au XIXe siècle] Le Préfet, sur la demande du Ministère public, faisait construire ou réparer les instruments servant aux exécutions, soit par adjudication, soit de gré à gré, soit enfin par voie de réquisition. On ne trouverait donc rien à la mairie.
MI Tierny répond à l'observation de M. Dellas qu'il ne s'agit pas ici d'une guillotine devant servir aux exécutions, mais d'un objet historique, d'une pièce de musée en quelque sorte. Il se pourrait que la municipalité ait accepté, ne fût-ce que pour faire preuve de civisme, et qu'elle ait ensuite reculé devant les frais occasionnés [...]"
Dans la suite du débat, un des participant affirme que la fameuse guillotine serait " à Londres, au Musée de Madame Tussauds" - vérification faite, ladite lame est selon le musée lui-même " prétendument " celle ayant servi à la décapitation de la reine Marie-Antoinette, sans qu'aucun élément sérieux ne puisse le prouver ou l'infirmer. Tout ce qu'on sait, c'est que cette lame a été acquise par Marie Tussaud en 1854, probablement à un descendant de la famille Sanson, dynastie de bourreaux qui exécuta les hautes oeuvres à Paris en 1688 à 1847.
Il semble que le marché de la collection macabre se porte bien, puisqu'encore récemment, en 2011, une guillotine portant l'inscription " Armées de lma République " a été adjugée 223.056 euros dans une vente aux enchères à Drouot... avant de se révéler être un faux :
"Mais la guillotine est un faux! «Il s'agit d'une copie de la deuxième moitié du XIXe siècle», selon Alain Chevalier, directeur du Musée de la Révolution française, à Vizille (Isère), qui a expertisé l'objet."
(Source : Le Figaro)
Quelques documents pour aller plus loin :
- La guillotine et l'imaginaire de la terreur [Livre] / Daniel Arasse
- Dictionnaire historique de la Révolution française / [sous la dir.] d' Albert Soboul ; dir. scientifique Jean-René Suratteau, François Gendron
- La Terreur [Livre] / Jean-Clément Martin
- Louis XVI [Livre] / Jean-Christian Petitfils
- Mémoires des Sanson [Livre] : sept générations d'exécuteurs, 1688-1847 / mis en ordre, rédigés et publiés par Henri-Clément Sanson,... ; texte présenté par Pascal Bastien
Bonne journée.
Tout d'abord veuillez nous excuser pour ce retard dans la réponse, dû à une erreur de manipulation.
A notre connaissance, aucune source fiable ne permet de savoir ce qu'est devenue la guillotine ayant servi à l'exécution de Louis XVI. Ce qui nous a été confirmé par le personnel du Musée de la Révolution française de Vizille, que nous remercions :
"Nous ignorons si la guillotine qui a servi à guillotiner Louis XVI existe toujours. Il faut savoir que les guillotines ont continué à servir après la Révolution, puis ont sans doute été améliorées et remplacées. La seule guillotine d’époque révolutionnaire authentifiée est celle du Musée national Allemand à Nuremberg. Toutes les autres, passées en vente aux enchères ou présentes dans les collections publiques françaises (non exposées) datent de la seconde partie du XIXe siècle début XXe siècle."
Si on ne sait rien des destinées de la guillotine régicide, on connaît en revanche les différents emplacements où les exécutions parisiennes ont eu lieu, du temps de "la veuve" :
"Inaugurée en 1792 en place de Grève (actuelle place de l’Hôtel de Ville), la guillotine a par la suite beaucoup voyagé dans Paris. Place de la Concorde, place de la Nation, cour du Louvre… Des exécutions publiques qui, aux heures les plus sombres de la Révolution française, proposaient au peuple, avide de spectacle et de sang, une mise en scène grandiloquente.
Mais les moeurs changent et, vers le milieu du 19e siècle, les exécutions, toujours publiques, se déroulaient plus sobrement à l’entrée des prisons.
À l’angle de la rue de la Croix-Faubin et de la rue de la Roquette actuelles, dans le 11e arrondissement, se trouvait la prison de la Grande Roquette, où étaient enfermés les condamnés à mort . À partir de 1851, la guillotine est installée à l’entrée de cette prison. Cinq dalles plates sont alors fabriquées au milieu de la rue, à l’époque pavée, pour que les pieds de l’échafaud soient stables."
(Source : unjourdeplusaparis.com)
Cette absence de traces de l'objet originelles n'empêcha pas ça et là quelques rumeurs de réapparitions de reliques de la Terreur, probablement destinées profiter de la crédulité de collectionneurs et/ou d'institutions. Une guillotine présentée comme celle utilisée pour la décollation du roi a été ainsi proposée à la vente à la ville d'Auch (Gers) en 1893, comme le signale un débat reproduit dans la Revue de Gascogne : bulletin mensuel du Comité d'histoire et d'archéologie de Gascogne (première livraison), consultable sur Gallica :
" La guillotine ayant servi à l'exécution de Louis XVI attribuée à Auch
M. Tierny signale aux Membres de la Société un fait assurément nouveau pour beaucoup et qui serait intéressant pour l'histoire locale
s'il était prouvé. D'après un contemporain, on aurait tiré au sort la guillotine ayant servi à l'exécution de Louis XVI, et elle échut à la
ville d'Auch. C'est ce qu'on peut lire clans un ouvrage intitulé : Modes et usages du temps de Marie-Antoinette ; Livre-Journal de Madame
Eloffe, couturiere-lingère ordinaire de la Reine et des Dames de sa Cour.
M. Tierny a reçu récemment une demande de recherches à ce sujet. Aucun document conservé aux Archives départementales ne vient confirmer cette assertion. Peut-être serait-on plus heureux en consultant les Archives de la Ville ?
M. Dellas dit que tout ce qui regardait les guillotines était du ressort des administrations départementales et il cite les faits suivants à l'appui de son observation.
Le département du Gers avait son exécuteur des arrêts criminels. L'article 1er de la loi du 13 juin 1793 porte, en effet, qu'il y aura, dans chacun des départements près les tribunaux criminels un exécuteur de leurs jugements."
[...]
"La guillotine avait été mis en permanence à Auch, en mai 1793 ; elle fut enlevée à la suite d'une motion faite par Daubons, alors administrateur du district de Nogaro ; cette motion fut accueillie à Auch avec transport par toute l'assemblée, qui était alors fort nombreuse."
[...]
[Au XIXe siècle] Le Préfet, sur la demande du Ministère public, faisait construire ou réparer les instruments servant aux exécutions, soit par adjudication, soit de gré à gré, soit enfin par voie de réquisition. On ne trouverait donc rien à la mairie.
MI Tierny répond à l'observation de M. Dellas qu'il ne s'agit pas ici d'une guillotine devant servir aux exécutions, mais d'un objet historique, d'une pièce de musée en quelque sorte. Il se pourrait que la municipalité ait accepté, ne fût-ce que pour faire preuve de civisme, et qu'elle ait ensuite reculé devant les frais occasionnés [...]"
Dans la suite du débat, un des participant affirme que la fameuse guillotine serait " à Londres, au Musée de Madame Tussauds" - vérification faite, ladite lame est selon le musée lui-même " prétendument " celle ayant servi à la décapitation de la reine Marie-Antoinette, sans qu'aucun élément sérieux ne puisse le prouver ou l'infirmer. Tout ce qu'on sait, c'est que cette lame a été acquise par Marie Tussaud en 1854, probablement à un descendant de la famille Sanson, dynastie de bourreaux qui exécuta les hautes oeuvres à Paris en 1688 à 1847.
Il semble que le marché de la collection macabre se porte bien, puisqu'encore récemment, en 2011, une guillotine portant l'inscription " Armées de lma République " a été adjugée 223.056 euros dans une vente aux enchères à Drouot... avant de se révéler être un faux :
"Mais la guillotine est un faux! «Il s'agit d'une copie de la deuxième moitié du XIXe siècle», selon Alain Chevalier, directeur du Musée de la Révolution française, à Vizille (Isère), qui a expertisé l'objet."
(Source : Le Figaro)
Quelques documents pour aller plus loin :
- La guillotine et l'imaginaire de la terreur [Livre] / Daniel Arasse
- Dictionnaire historique de la Révolution française / [sous la dir.] d' Albert Soboul ; dir. scientifique Jean-René Suratteau, François Gendron
- La Terreur [Livre] / Jean-Clément Martin
- Louis XVI [Livre] / Jean-Christian Petitfils
- Mémoires des Sanson [Livre] : sept générations d'exécuteurs, 1688-1847 / mis en ordre, rédigés et publiés par Henri-Clément Sanson,... ; texte présenté par Pascal Bastien
Bonne journée.
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