Question d'origine :
Bonjour
Je trouve dans un document de 1748 sur les mendiants une ligne où il est dit qu'ils devaient rentrer dans leur commune d'origine " s'ils sont munis de certificat et de passeport". Que sont ces documents ?
De plus puisje avoir des informations sur la crise de nourriture sous Louis XV à cette époque ? où trouver des infos sur internet ?
je vous remercie
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 12/10/2019 à 09h32
Bonjour,
Vous trouverez de nombreux éléments de réponse sur l’emploi des passeports et autres « papiers » permettant d’administrer la circulation des populations au XVIIIe siècle dans l’article de Vincent Denis : « Administrer l’identité » publié dans la revue Labyrinthe, accessible en ligne.
« Au début du siècle, l’usage des papiers pour prouver son identité reste relativement limité. Certes on connaît alors certaines institutions d’identification, mais leur utilisation n’a rien d’une règle générale. Assurément il existe des « passeports », et depuis plusieurs siècles. Le passeport est alors défini comme une permission et une recommandation donnée à un individu ou à un groupe pour se déplacer ».
« On constate […] un recours plus impérieux aux papiers à partir des années 1720-1730, en particulier dans un certain nombre de grandes villes du royaume. La lutte contre l’errance s’articule ici à un souci nouveau d’identification et de transparence de la part de certaines élites urbaines. L’identification devient synonyme de repérage et de classification des individus. Un témoin de cette inflexion brutale semble être la nouvelle politique de lutte contre la mendicité inaugurée par la déclaration royale de 1724 ».
De même, nous ne saurions trop vous recommander la lecture de l’article de l’historien spécialiste de l’immigration en France, Gérard Noiriel : « Surveiller les déplacements ou identifier les personnes ? Contribution à l'histoire du passeport en France de la Ière à la IIIe République » publié en 1998 dans la revue Genèses.
Il y rappelle notamment que « sous l'Ancien Régime, le passeport est un instrument privilégié, à la fois pour mettre en œuvre la politique économique mercantiliste (dans le but d'empêcher l'émigration des artisans les plus qualifiés) et pour appliquer les dispositions répressives visant les vagabonds et les indigents (rapatriés de force dans leur paroisse d'origine qui leur doit secours et protection). Mais le passeport fait aussi office de «sauf- conduit» délivré aux voyageurs par la multitude des «autorités» (l'administration royale, les corporations, les communautés urbaines, etc.) qui cohabitent et se chevauchent à l'intérieur du Royaume. Considéré comme un symbole de l'arbitraire et de l'autoritarisme de l'Ancien Régime, dès le début de la Révolution, le passeport fait l'objet de nombreuses critiques, perceptibles dans les cahiers de doléances »
A propos des crises alimentaires durant le règne de Louis XV, vous en trouverez des recensements sur les sites d’associations de généalogie, tels que celui de l’association nazairienne de généalogie ou encore celui du cercle généalogique lorrain d’Ile de France.
Il y est notamment fait mention de la crise de 1747 qui a touché le pays lyonnais, ou encore de la disette de 1752, que commente le frère d’un ministre du roi : « 3 octobre 1752. On est très mécontent de M. de Courteille, intendant des finances, qui a le département de l'abondance et du commerce des blés, et qui n'a pu empêcher que la disette ne fût plus grande que jamais dans une année de bonne récolte ».
A l’extrême fin du régime de Louis XV, deux mauvaises années de récolte, en 1773 et 1774, aboutissent en 1775 à une flambée de violence frumentaire nommée « guerre des farines ».
Enfin, le très complet Dictionnaire de l’Ancien régime, de Lucien Bely, vous fournira de précieuses informations sur les crises de subsistances à cette époque. Il y rappelle notamment que « des étés pourris et des hivers trop froids sont […] la cause fondamentale des crises ». Ainsi, « lors des années 1738 à 1743, la première crise (1738-1739) est due à un été pourri, la seconde (1740-1741) à un hiver trop froid ».
Bonnes lectures
Vous trouverez de nombreux éléments de réponse sur l’emploi des passeports et autres « papiers » permettant d’administrer la circulation des populations au XVIIIe siècle dans l’article de Vincent Denis : « Administrer l’identité » publié dans la revue Labyrinthe, accessible en ligne.
« Au début du siècle, l’usage des papiers pour prouver son identité reste relativement limité. Certes on connaît alors certaines institutions d’identification, mais leur utilisation n’a rien d’une règle générale. Assurément il existe des « passeports », et depuis plusieurs siècles. Le passeport est alors défini comme une permission et une recommandation donnée à un individu ou à un groupe pour se déplacer ».
« On constate […] un recours plus impérieux aux papiers à partir des années 1720-1730, en particulier dans un certain nombre de grandes villes du royaume. La lutte contre l’errance s’articule ici à un souci nouveau d’identification et de transparence de la part de certaines élites urbaines. L’identification devient synonyme de repérage et de classification des individus. Un témoin de cette inflexion brutale semble être la nouvelle politique de lutte contre la mendicité inaugurée par la déclaration royale de 1724 ».
De même, nous ne saurions trop vous recommander la lecture de l’article de l’historien spécialiste de l’immigration en France, Gérard Noiriel : « Surveiller les déplacements ou identifier les personnes ? Contribution à l'histoire du passeport en France de la Ière à la IIIe République » publié en 1998 dans la revue Genèses.
Il y rappelle notamment que « sous l'Ancien Régime, le passeport est un instrument privilégié, à la fois pour mettre en œuvre la politique économique mercantiliste (dans le but d'empêcher l'émigration des artisans les plus qualifiés) et pour appliquer les dispositions répressives visant les vagabonds et les indigents (rapatriés de force dans leur paroisse d'origine qui leur doit secours et protection). Mais le passeport fait aussi office de «sauf- conduit» délivré aux voyageurs par la multitude des «autorités» (l'administration royale, les corporations, les communautés urbaines, etc.) qui cohabitent et se chevauchent à l'intérieur du Royaume. Considéré comme un symbole de l'arbitraire et de l'autoritarisme de l'Ancien Régime, dès le début de la Révolution, le passeport fait l'objet de nombreuses critiques, perceptibles dans les cahiers de doléances »
A propos des crises alimentaires durant le règne de Louis XV, vous en trouverez des recensements sur les sites d’associations de généalogie, tels que celui de l’association nazairienne de généalogie ou encore celui du cercle généalogique lorrain d’Ile de France.
Il y est notamment fait mention de la crise de 1747 qui a touché le pays lyonnais, ou encore de la disette de 1752, que commente le frère d’un ministre du roi : « 3 octobre 1752. On est très mécontent de M. de Courteille, intendant des finances, qui a le département de l'abondance et du commerce des blés, et qui n'a pu empêcher que la disette ne fût plus grande que jamais dans une année de bonne récolte ».
A l’extrême fin du régime de Louis XV, deux mauvaises années de récolte, en 1773 et 1774, aboutissent en 1775 à une flambée de violence frumentaire nommée « guerre des farines ».
Enfin, le très complet Dictionnaire de l’Ancien régime, de Lucien Bely, vous fournira de précieuses informations sur les crises de subsistances à cette époque. Il y rappelle notamment que « des étés pourris et des hivers trop froids sont […] la cause fondamentale des crises ». Ainsi, « lors des années 1738 à 1743, la première crise (1738-1739) est due à un été pourri, la seconde (1740-1741) à un hiver trop froid ».
Bonnes lectures
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