Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche d'ouvrages (en philosophie notamment) qui traiteraient de la question des devoirs de l'homme et du citoyen. J'aimerais savoir si un auteur, un philosophe ou un essayiste notamment, aurait traité cette question des devoirs de l'homme et/ou du citoyen.
On parle toujours des droits mais rarement des devoirs que nous devrions plus suivre au quotidien dans la cité.
Merci beaucoup.
Bien cordialement,
Blaise Mijoule
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/11/2019 à 13h27
Bonjour,
En France, les devoirs du citoyen sont clairement exprimés dansLa Charte des droits et devoirs du citoyen français .
Sur le site du gouvernement intitulé Vie publique, à la rubrique Citoyenneté vous aurez accès à des commentaires surles devoirs du citoyen .
Voir aussiLa citoyenneté , un Que sais-je ? rédigé par Anicet Le Pors.
De nombreux ouvrages d’éducation morale et civique à destination des publics jeunes permettent une première approche de la question.
En introduction à son traitement philosophique, nous vous conseillons de vous reporter au petit ouvrage pédagogique de Philippe Fontaine,Le devoir , publié dans une collection d’étude des notions philosophiques, qui en pose clairement les termes: « Le devoir est une « autorité venant du dedans ». L’existence d’une telle autorité emporte une conséquence immédiate, concernant l’être même de l’homme : si l’homme se soumet à un certain nombre de « devoirs », c’est précisément qu’il peut ne pas les suivre, leur désobéir, bref, qu’il peut toujours agir autrement que ce que lui prescrit, par leur intermédiaire, les lois de la raison. C’est dire que le devoir relève de l’obligation, et non de la nécessité. L’obligation est morale, la nécessité physique. (…) Dès lors, le devoir présuppose, comme sa condition de possibilité, le principe de la liberté humaine. Seul un être libre peut choisir son action, puisqu’il échappe à la nécessitation stricte du déterminisme naturel. »
L’auteur présente ensuite l’éthique du devoir chez Kant , telle qu’elle apparaît notamment dans Fondements de la métaphysique des mœurs c’est-à-dire un impératif catégorique, une pure obéissance à la loi morale « Le devoir est la nécessité d’accomplir une action par pur respect pour la loi ».
Hegel critiquera cette conception de la loi morale dans ses Principes de la philosophie du droit arguant du fait que « dans le monde réel » vivre selon une telle règle morale semble impossible. Pour lui, l’Etat incarne la loi. L’individu étant à la fois sujet et citoyen, en tant que sujet il doit obéir à l’autorité de l’Etat, mais en tant que citoyen, il jouit d’une liberté et d’une reconnaissance de la part de l’Etat, ce « tout » dont il est un membre constitutif.
Jean-Jacques Rousseau dansDu contrat social, ou principes du droit politique , accessible en ligne, rappelle ce qui lie le citoyen et le sujet au corps social :
« En effet chaque individu peut, comme homme avoir une volonté particulière, contraire ou dissemblable à la volonté générale quʼil a comme citoyen. Son intérêt particulier peut lui parler tout autrement que lʼintérêt commun; son existence absolue & naturellement indépendante peut lui faire envisager ce quʼil doit à la cause commune comme une contribution gratuite, dont la perte sera moins nuisible aux autres que le payement nʼen est onéreux pour lui; & regardant la personne morale qui constitue lʼEtat comme un être de raison parce que ce nʼest pas un homme, il jouiroit des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet: injustice dont le progrès causeroit la ruine du Corps politique. Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, [208] il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera dʼobéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps: ce qui ne signifie autre chose, sinon quʼon le forcera dʼêtre libre: car telle est la condition qui donnant chaque citoyen à la patrie le garantit de toute dépendance personnelle; condition qui fait lʼartifice & le jeu de la machine politique, & qui seule rend légitimes les engagemens civils, lesquels sans cela seroient absurdes, tyranniques, & sujets aux plus énormes abus. »
Et plus loin : « Il faut donc des conventions & des loix pour unir les droits aux devoirs & ramener la justice à son objet. Dans lʼétat de nature, où tout est commun, je ne dois rien à ceux à qui je nʼai rien promis, je ne reconnois pour être à autrui que ce qui mʼest inutile. Il nʼen est pas ainsi dans lʼétat civil où tous les droits sont fixés par la loi. » Ou encore « Maintenant quʼil nʼy a plus & quʼil ne peut plus y avoir de religion nationale exclusive, lʼon doit tolérer toutes celles qui tolerent les autres, autant que leurs dogmes nʼont rien de contraire aux devoirs du citoyen. »
Vous trouverez une version plus lisible de cet ouvragedans nos collections .
Si Rousseau considère les devoirs du citoyen comme une des modalités de son appartenance au corps social,Nietzsche , lui, tient l’éducation aux devoirs pour un dressage, une entrave au plein épanouissement des facultés des hommes.
Le sociologueEmile Durkheim a traité de la question des devoirs de l’individu dans la société en terme d’obligation, celle qui contraint l’individu en le soumettant à une autorité qui lui est transcendante, mais qui l’oblige aussi de l’intérieur : « En exposant le concept du fait social, Durkheim présente comment la société, par l'intermédiaire des faits sociaux, influence la manière de penser et d'être d'un individu. Bien qu’au début de sa carrière, Durkheim se concentrait principalement sur la nature contraignante, et donc négative, des faits sociaux, il privilégia peu à peu, dans ses œuvres plus tardives, le côté positif des faits sociaux, c’est-à-dire leur nature libératrice. Comme Steven Lukes a noté, loin d’être des instances de « coercition » ou de « contraintes », les faits sociaux que Durkheim explore, par exemple, dans Les Formes, montrent comment des individus sont amenés à penser ou à sentir d’une certaine manière, à connaître et à valoriser certaines choses, et à agir en conséquence. »
Pour des références et perspectives plus contemporaines de philosophie politique, voir peut-être l’ouvrage d’Edouard Delruelle De l’homme et du citoyen , même si la question des « devoirs » n’y est pas traitée expressément.
Bonnes lectures !
En France, les devoirs du citoyen sont clairement exprimés dans
Sur le site du gouvernement intitulé Vie publique, à la rubrique Citoyenneté vous aurez accès à des commentaires sur
Voir aussi
De nombreux ouvrages d’
En introduction à son traitement philosophique, nous vous conseillons de vous reporter au petit ouvrage pédagogique de Philippe Fontaine,
L’auteur présente ensuite l’éthique du devoir chez
Jean-Jacques Rousseau dans
« En effet chaque individu peut, comme homme avoir une volonté particulière, contraire ou dissemblable à la volonté générale quʼil a comme citoyen. Son intérêt particulier peut lui parler tout autrement que lʼintérêt commun; son existence absolue & naturellement indépendante peut lui faire envisager ce quʼil doit à la cause commune comme une contribution gratuite, dont la perte sera moins nuisible aux autres que le payement nʼen est onéreux pour lui; & regardant la personne morale qui constitue lʼEtat comme un être de raison parce que ce nʼest pas un homme, il jouiroit des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet: injustice dont le progrès causeroit la ruine du Corps politique. Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, [208] il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera dʼobéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps: ce qui ne signifie autre chose, sinon quʼon le forcera dʼêtre libre: car telle est la condition qui donnant chaque citoyen à la patrie le garantit de toute dépendance personnelle; condition qui fait lʼartifice & le jeu de la machine politique, & qui seule rend légitimes les engagemens civils, lesquels sans cela seroient absurdes, tyranniques, & sujets aux plus énormes abus. »
Et plus loin : « Il faut donc des conventions & des loix pour unir les droits aux devoirs & ramener la justice à son objet. Dans lʼétat de nature, où tout est commun, je ne dois rien à ceux à qui je nʼai rien promis, je ne reconnois pour être à autrui que ce qui mʼest inutile. Il nʼen est pas ainsi dans lʼétat civil où tous les droits sont fixés par la loi. » Ou encore « Maintenant quʼil nʼy a plus & quʼil ne peut plus y avoir de religion nationale exclusive, lʼon doit tolérer toutes celles qui tolerent les autres, autant que leurs dogmes nʼont rien de contraire aux devoirs du citoyen. »
Vous trouverez une version plus lisible de cet ouvrage
Si Rousseau considère les devoirs du citoyen comme une des modalités de son appartenance au corps social,
Le sociologue
Pour des références et perspectives plus contemporaines de philosophie politique, voir peut-être l’ouvrage d’Edouard Delruelle
Bonnes lectures !
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