Question d'origine :
Chères et chers guichetières et guichetiers du savoir,
Cette phrase est monnaie courante dans les échanges ordinaires.
La question :"Où ,exactement l'as-tu vu sur internet?"est-elle totalement incongrue ?
Si la personne répond qu'elle n'en sait rien
1/sa réponse négative est liée intrinsèquement à internet (et donc la question était imbécile)
2/sa réponse négative tient au mode de consultation habituel d'internet qui 'par exemple laisserait au système le soin de se souvenir de nos sources de connaissances et nous encouragerait à limiter un max la mobilisation de notre mémoire.
3/cette réponse se réfère au même ordre de fonctionnement à l'oeuvre dans la vie courante où parfois on sait où et quand et grâce à qui on a appris quelque chose et parfois on n'en sait rien .
Merci pour votre éclairage !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/11/2019 à 14h54
Bonjour,
Nous ne sommes pas certains.es d'avoir tout à fait saisi l'objet de votre interrogation mais allons tenter d'apporter quelques éléments de réponse qui, nous l'espérons, vous aideront à mieux comprendre les mécanismes de la mémoire.
Où avons-nous lu cette information sur internet ?
La réponse dépendra de la façon dont nous organisons les informations que l'on mémorise. C'est-à-dire que non seulement nous retenons une information mais nous retenons aussi son "organisation" : la mémoire se raccroche à des repères précis et variés qui structurent cette information.
Dans votre cas, la mémoire fera appel à des éléments du contexte de lecture : il s'agissait d'un article sur un site de presse, d'un post facebook, d'une vidéo... et aux émotions ressenties.
Cette information sera stockée dans la mémoire à long terme qui est composée deplusieurs types de mémoires .
Pour retenir une information d'ordre général, on fait appel à lamémoire sémantique : c'est le système mnésique par lequel l'individu stocke ses connaissances générales et ses connaissances personnelles.
Lamémoire épisodique entre aussi en jeu dans le processus de mémorisation. Avec elle, on retient le contexte d'un évènement : "La mémoire épisodique est chargée de l’encodage, du stockage et de la récupération d’informations personnellement vécues, situées dans leur contexte temporel et spatial d’acquisition. Ce sont 3 étapes essentielles à la formation de souvenirs. Toutefois, le contexte d’encodage ne se limite pas au « quand » et au « où » l’information a été apprise mais intègre aussi de multiples détails perceptivo-sensoriels et phénoménologiques, comme l'état émotionnel dans lequel on se trouvait au moment de l'encodage, par exemple. "
source : Wikipedia
Elle peut aussi être combinée à lamémoire perceptive faisant appel aux cinq sens (on se rappellera par exemple des couleurs du site internet ou autres repères visuels ou encore du sentiment ressenti face aux images d'une vidéo...).
La mémoire à long terme est sélective. Avec le temps, le phénomène de "consolidation" permettra de ne conserver que certains éléments. La charge émotionnelle et la répétition (par exemple le fait de se remémorer un fait ou un évènement durant son sommeil ou d'en reparler à quelqu'un) permettent de renforcer un souvenir.
Pour aller plus loin :
- Les mécanismes de la mémoire / Serge Laroche - Pour la Science - 01 avril 2001 - DOSSIER POUR LA SCIENCE N° 31
- Comprendre le fonctionnement de la mémoire / INSERM
- Une approche cognitive du fonctionnement de la mémoire épisodique et de la mémoire autobiographique / Van der Linden Martial, Cliniques méditerranéennes, 2003/1 (no 67), p. 53-66.
- Mémoire sensorielle / Futura Sciences
L'utilisation d'internet peut-elle entrainer une baisse de nos capacités de mémorisation ?
" Pour Socrate déjà, l’écriture était un pharmakon : un remède mais aussi un poison, qui certes corrige les failles de la mémoire, mais l’affaiblit en même temps. Au IVe siècle avant notre ère, Platon a relayé cette menace : « Cette invention, en dispensant les hommes d’exercer leur mémoire, produira l’oubli… », écrit-il dans Phèdre. « Platon s’est planté : l’effort d’écriture ou de lecture, au contraire, entraîne un effort de mémoire », juge Francis Eustache.
De plus, sa diffusion sociale a été très progressive, au contraire de l’irruption soudaine d’Internet. « Avec Internet, le danger est là : les ordinateurs, les smartphones rendent l’information accessible à tous. Pour autant,on mesure très mal le retentissement d’Internet sur notre cerveau . » Une étude a cependant marqué les esprits. La psychologue Betsy Sparrow, de l'université Columbia (New York), a soumis des étudiants d'une université américaine à des questions difficiles. Résultat, publié en 2011 dans Science : en priorité, ces jeunes - pourtant cultivés - ont fait appel à Internet, plutôt qu'à leurs propres ressources cognitives. [...]
«Plus les informations sont traitées en surface, plus on risque de ne pas les mémoriser », note Francis Eustache. Par ailleurs, une utilisation excessive des écrans altère la durée ou la qualité du sommeil, donc nos capacités cognitives. Autre risque : l'appauvrissement de nos relations sociales et familiales."
source : Notre cerveau est-il fragilisé par Internet? / FL. R. - Le Monde - Science & Médecine, mercredi 23 août 2017
Lors de la publication de l'étude américaine Google Effects on Memory: Cognitive Consequences of Having Information at Our Fingertips, les chercheurs Betsy Sparrow, Jenny Liu, Daniel M. Wegner ont observé que ces cobayes utilisaient leur cerveau de manière différente :
" lorsqu'on leur demande de stocker des informations dans un ordinateur, ils oublient rapidement ce qu'ils ont écrit pour peu qu'on leur assure que le fichier Word sera bien stocké quelque part sur leur machine. Autre constat intéressant, ils retiennent avec une très grande précision l'endroit où est situé le dossier dans lequel chaque information est classée. Mis bout à bout, les différentes expériences menées par les trois chercheurs des universités Columbia, Harvard et du Wisconsin, sont sans appel :Internet change notre façon d'utiliser notre mémoire."
source : Internet change notre façon d'utiliser notre mémoire / Tristan Vey - Le Figaro - 15 juillet 2011
Lire aussi, si le sujet vous intéresse :
- Le numérique nous fait-il perdre la mémoire ? / Philippe Testard-Vaillant - CNRS le journal - 23.10.2014
- Internet nous rend-il idiots ? / Anne Pichon - Psychologies - 06 janvier 2011
- Internet : comment il influence la mémoire du futur / Francis Eustache - The Conversation - Science et vie - 08 sept 2019
Bonne journée.
Nous ne sommes pas certains.es d'avoir tout à fait saisi l'objet de votre interrogation mais allons tenter d'apporter quelques éléments de réponse qui, nous l'espérons, vous aideront à mieux comprendre les mécanismes de la mémoire.
La réponse dépendra de la façon dont nous organisons les informations que l'on mémorise. C'est-à-dire que non seulement nous retenons une information mais nous retenons aussi son "organisation" : la mémoire se raccroche à des repères précis et variés qui structurent cette information.
Dans votre cas, la mémoire fera appel à des éléments du contexte de lecture : il s'agissait d'un article sur un site de presse, d'un post facebook, d'une vidéo... et aux émotions ressenties.
Cette information sera stockée dans la mémoire à long terme qui est composée de
Pour retenir une information d'ordre général, on fait appel à la
La
source : Wikipedia
Elle peut aussi être combinée à la
La mémoire à long terme est sélective. Avec le temps, le phénomène de "consolidation" permettra de ne conserver que certains éléments. La charge émotionnelle et la répétition (par exemple le fait de se remémorer un fait ou un évènement durant son sommeil ou d'en reparler à quelqu'un) permettent de renforcer un souvenir.
- Les mécanismes de la mémoire / Serge Laroche - Pour la Science - 01 avril 2001 - DOSSIER POUR LA SCIENCE N° 31
- Comprendre le fonctionnement de la mémoire / INSERM
- Une approche cognitive du fonctionnement de la mémoire épisodique et de la mémoire autobiographique / Van der Linden Martial, Cliniques méditerranéennes, 2003/1 (no 67), p. 53-66.
- Mémoire sensorielle / Futura Sciences
" Pour Socrate déjà, l’écriture était un pharmakon : un remède mais aussi un poison, qui certes corrige les failles de la mémoire, mais l’affaiblit en même temps. Au IVe siècle avant notre ère, Platon a relayé cette menace : « Cette invention, en dispensant les hommes d’exercer leur mémoire, produira l’oubli… », écrit-il dans Phèdre. « Platon s’est planté : l’effort d’écriture ou de lecture, au contraire, entraîne un effort de mémoire », juge Francis Eustache.
De plus, sa diffusion sociale a été très progressive, au contraire de l’irruption soudaine d’Internet. « Avec Internet, le danger est là : les ordinateurs, les smartphones rendent l’information accessible à tous. Pour autant,
«
source : Notre cerveau est-il fragilisé par Internet? / FL. R. - Le Monde - Science & Médecine, mercredi 23 août 2017
Lors de la publication de l'étude américaine Google Effects on Memory: Cognitive Consequences of Having Information at Our Fingertips, les chercheurs Betsy Sparrow, Jenny Liu, Daniel M. Wegner ont observé que ces cobayes utilisaient leur cerveau de manière différente :
" lorsqu'on leur demande de stocker des informations dans un ordinateur, ils oublient rapidement ce qu'ils ont écrit pour peu qu'on leur assure que le fichier Word sera bien stocké quelque part sur leur machine. Autre constat intéressant, ils retiennent avec une très grande précision l'endroit où est situé le dossier dans lequel chaque information est classée. Mis bout à bout, les différentes expériences menées par les trois chercheurs des universités Columbia, Harvard et du Wisconsin, sont sans appel :
source : Internet change notre façon d'utiliser notre mémoire / Tristan Vey - Le Figaro - 15 juillet 2011
- Le numérique nous fait-il perdre la mémoire ? / Philippe Testard-Vaillant - CNRS le journal - 23.10.2014
- Internet nous rend-il idiots ? / Anne Pichon - Psychologies - 06 janvier 2011
- Internet : comment il influence la mémoire du futur / Francis Eustache - The Conversation - Science et vie - 08 sept 2019
Bonne journée.
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