Question d'origine :
Quel penseur ou philosophe développe une vision organique du savoir, de la connaissance, de la culture comme qqch de vivant ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/11/2019 à 15h35
Il semble que « la vision organique du savoir et de la culture » soit un concept assez nouveau. Les recherches relatives à cette « vision » impliquant que la connaissance aussi bien que la culture soient des éléments vivants et donc dynamiques, orienteraient vers les ouvrages de Vincent Cespedes. Dans « Oser la jeunesse », paru chez Flammarion en 2015, cet auteur fait l’apologie des qualités inhérentes aux jeunes, comme la curiosité et la propension à l’expérimentation, expression de leur immense créativité dont il donne de nombreux exemples à travers les siècles, de Blaise Pascal, inventeur de la machine à calculer à dix-huit ans (1641), à une certaine Lily Born qui, âgée de huit ans à peine, aurait « mis au point sa tasse incassable à trois jambes pour aider son grand-père atteint de Parkinson (2011)».
Parmi les nombreuses citations présentes dans le texte de « Oser la jeunesse », celle de l’écrivain italien Cesare Pavese : « Je suis arrivé à un point où le dilemme est : se rénover ou mourir » vient à appuyer le discours de V. Cepedes sans toutefois être contextualisée.
L’auteur poursuit : « Se rénover ou mourir » : une langue est vivante, une civilisation est vivante, une existence est vivante tant qu’elles innovent, c.a d. qu’elles laissent émerger la nouveauté. Inutile de la forcer coûte que coûte dans une surenchère concurrentielle, qui débouche toujours sur de l’absurde à forte odeur de suicide. Laisser au neuf de quoi fleurir pour fertiliser l’Histoire ; laisser à la jeunesse la possibilité de transformer le monde pour mieux répondre à nos besoins, en profiter pour demeurer vivant. Cependant, l’accueil passif du nouveau n’est pas suffisant, et peut même s’avérer dangereux. Le nouveau n’a de pertinence que par rapport au passé (qui l’autorise) et au passé (qu’il autorise) ; il revient alors à des aînés expérimentés, décideurs et visionnaires de l’insérer dans une trame optimiste, un récit mobilisateur. Ils doivent donner des directions humanistes aux tempêtes rafraîchissantes de la jeunesse ».
Dans un langage où règne la métaphore, il explique que la nouveauté est, pour lui, la condition essentielle d’une culture vivante, mais uniquement dans son lien avec le passé. C’est « la révolution sacrée des jeunes » qui porterait le flambeau de cette créativité « vivifiante » ou « organique » dans l’idée de l’auteur, qui ajoute un peu plus loin :
« Les jeunes ont besoin d’une solitude ressourçante pour construire leur univers personnel. Besoin de ce que le philosophe Gaston Bachelard appelle « l’immensité intime » : le mouvement de l’être immobile, le caractère dynamique et philosophique de la rêverie tranquille ». Une fois de plus, l’expression « le mouvement de l’être immobile » relève plutôt de l’oxymoron qu’elle n’apporte d’éclairage à l’agglomération d’idées contenues dans le livre.
Les recherches sur « la vision organique du savoir, de la connaissance et de la culture » ont également permis d’identifier une critique de ce concept, et notamment dans l’ouvrage de Henri de Monvallier et Nicolas Rousseau, intitulé « Les imposteurs de la philo », paru cette année aux éditions Le Passeur. Les auteurs lui consacrent un chapitre, dont nous citerons ici un bref passage : « Un peu comme Pierre Rabhi travaille sur la biodynamie », Cespedes travaille la « philodynamie » : du mouvement, de l’énergie, toujours plus de mouvement et d’énergie… Il se situe toujours sur un « plan vibratoire », il a toujours l’air de marcher sur des charbons ardents. Il ne tient pas en place, il saute d’une idée à l’autre, il accumule les anecdotes, les récites édifiants, les références approximatives (…) ».
Parmi les nombreuses citations présentes dans le texte de « Oser la jeunesse », celle de l’écrivain italien Cesare Pavese : « Je suis arrivé à un point où le dilemme est : se rénover ou mourir » vient à appuyer le discours de V. Cepedes sans toutefois être contextualisée.
L’auteur poursuit : « Se rénover ou mourir » : une langue est vivante, une civilisation est vivante, une existence est vivante tant qu’elles innovent, c.a d. qu’elles laissent émerger la nouveauté. Inutile de la forcer coûte que coûte dans une surenchère concurrentielle, qui débouche toujours sur de l’absurde à forte odeur de suicide. Laisser au neuf de quoi fleurir pour fertiliser l’Histoire ; laisser à la jeunesse la possibilité de transformer le monde pour mieux répondre à nos besoins, en profiter pour demeurer vivant. Cependant, l’accueil passif du nouveau n’est pas suffisant, et peut même s’avérer dangereux. Le nouveau n’a de pertinence que par rapport au passé (qui l’autorise) et au passé (qu’il autorise) ; il revient alors à des aînés expérimentés, décideurs et visionnaires de l’insérer dans une trame optimiste, un récit mobilisateur. Ils doivent donner des directions humanistes aux tempêtes rafraîchissantes de la jeunesse ».
Dans un langage où règne la métaphore, il explique que la nouveauté est, pour lui, la condition essentielle d’une culture vivante, mais uniquement dans son lien avec le passé. C’est « la révolution sacrée des jeunes » qui porterait le flambeau de cette créativité « vivifiante » ou « organique » dans l’idée de l’auteur, qui ajoute un peu plus loin :
« Les jeunes ont besoin d’une solitude ressourçante pour construire leur univers personnel. Besoin de ce que le philosophe Gaston Bachelard appelle « l’immensité intime » : le mouvement de l’être immobile, le caractère dynamique et philosophique de la rêverie tranquille ». Une fois de plus, l’expression « le mouvement de l’être immobile » relève plutôt de l’oxymoron qu’elle n’apporte d’éclairage à l’agglomération d’idées contenues dans le livre.
Les recherches sur « la vision organique du savoir, de la connaissance et de la culture » ont également permis d’identifier une critique de ce concept, et notamment dans l’ouvrage de Henri de Monvallier et Nicolas Rousseau, intitulé « Les imposteurs de la philo », paru cette année aux éditions Le Passeur. Les auteurs lui consacrent un chapitre, dont nous citerons ici un bref passage : « Un peu comme Pierre Rabhi travaille sur la biodynamie », Cespedes travaille la « philodynamie » : du mouvement, de l’énergie, toujours plus de mouvement et d’énergie… Il se situe toujours sur un « plan vibratoire », il a toujours l’air de marcher sur des charbons ardents. Il ne tient pas en place, il saute d’une idée à l’autre, il accumule les anecdotes, les récites édifiants, les références approximatives (…) ».
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