Pourquoi le coeur est un symbole de l’amour?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 21/11/2019 à 19h18
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Question d'origine :
Pourquoi le coeur est un symbole de l’amour?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/11/2019 à 10h11
Bonjour,
Avant de devenir un symbole stylisé (sa représentation n’a que peu à voir avec l’apparence réelle de cet organe) de l’amour romantique, le cœur a une symbolique liée aux fonctions qu’on lui attribuait dans l’antiquité, où il était considéré comme le siège de l’entendement, de la conscience et des sentiments.
Voici par exemple ce qu’indique l’Encyclopédie des symboles :
« Cœur
« C’est le cœur qui donne naissance à toute connaissance » ; « le geste des bras, la marche des jambes, les mouvements de toutes les parties du corps – tout obéit aux ordres donnés par le cœur ». Ces deux citations de l’Egypte antique prouvent qu’autrefois on attribuait au cœur des fonctions commandées par le cerveau. Organe central de la circulation sanguine, le cœur s’est en effet vu discerner différents rôles que, d’un point de vue tant mécanique que scientifique, il ne peut assumer. Il est pourtant difficile de distinguer ici la pure image rhétorique de la croyance véritable.Pour les Egyptiens, le cœur était le siège de l’entendement, de la volonté et des sentiments . Le dieu créateur Ptah établit un plan du cosmos dans son cœur avant de lui donner réalité par la parole. Lors du jugement des morts, le cœur des personnes défuntes est pesé à l’aide d’une plume (symbole de Maat, la justice), pour vérifier qu’il n’a pas été alourdi par les fautes et les crimes ; il est alors assimilé au pouvoir de la conscience , et particulièrement de ce que nous appellerions aujourd’hui la conscience morale dans son respect des devoirs et des bonnes manières d’agir. Le cœur est dans la Bible l’« être intérieur » car, tandis que l’homme regarde dans les yeux, Dieu regarde dans le cœur (Premier Livre de Samuel XVI, 7). De Dieu lui-même, il est dit qu’il « ressentit du chagrin en son cœur » (Genèse, VI, 6). D’après le Nouveau Testament, le Christ demeure dans le cœur des croyants (Epître de Saint Paul aux Ephésiens III, 17). En Inde, le cœur est le siège de l’Atman qui participe de l’absolu en l’homme (Brahman). Pour l’Islam, c’est dans le cœur protégé par plusieurs enveloppes que résident la spiritualité et la contemplation. – Les habitants de l’empire aztèque pensaient que le soleil perdait ses forces lors de son voyage nocturne à travers le monde souterrain, qu’il y était réduit à l’état de squelette et qu’il ne retrouvait sa vigueur que grâce au sang qui coulait du cœur des individus qu’on lui sacrifiait spécialement. Le cœur, yollotli, était considéré comme le siège de la vie et de l’âme . On plaçait dans la bouche des morts avant de les incinérer une pierre précieuse verte le symbolisant. – A partir du XIIIe siècle environ, le cœur prend un caractère sentimental dans la poésie européenne (voir par exemple le Cœur d’amour épris, du roi René d’Anjou), et il ne tarde pas à être représenté sous une forme stylisée très éloignée de son aspect réel avec une partie supérieure ressemblant à deux seins ; il est associé soit à l’amour terrestre, soit à l’amour mystique et céleste : il est dans ce cas un autel mystique sur lequel les pulsions de la chair sont détruites par le feu de l’Esprit-Saint. Le cœur transpercé de flèches est le symbole du Messie souffrant par amour pour les hommes. […] »
D’après le Petit Larousse des symboles, le cœur comme symbole de l’amour profane se développe parallèlement à son utilisation dans l’imagerie chrétienne :
« Le cœur chrétien
[…] le christianisme va s’inspirer de l’Ecclésiastique et opter pour la théorie « cardiocentrique » de la nature humaine.Le cœur devient le siège de l’amour de Dieu, mais aussi de l’amour du prochain . A un « docteur de la loi » qui cherche à le piéger par un raisonnement subtil, le Christ répond qu’il n’existe qu’un moyen de gagner la vie éternelle : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit, et votre prochain comme vous-même » (Luc, X, 27). Se purifier l’âme, avoir le cœur pur, signifie s’ouvrir à la vérité de Dieu et donc à l’amour. […]
Le sacré Cœur du Christ
L’iconographie chrétienne donne lieu à une représentation stylisée du cœur grâce au culte du sacré Cœur de Jésus. Ce culte catholique est tardif et apparaît vers le XIIe siècle, mais se répand au XVIe siècle. Représenté surmonté de flammes ou parfois percé ou entouré d’épines, le Sacré-Cœur symbolise l’amour rédempteur de Dieu et de la foi. Les origines du culte du Sacré-Cœur ont été attribuées entre autres à Sainte Gertrude (morte en 1302). Dans sa célèbre vision, la sainte repose sa tête près de la blessure du Christ et entend les battements du cœur divin. Elle demande à saint Jean l’Evangéliste si, lors de la Cène, lui aussi n’avait senti les pulsations divines et pourquoi il n’en avait jamais parlé. Saint Jean répond à Gertrude que cette révélation avait été réservée à une époque ultérieure, où le monde, refroidi, aurait besoin de rallumer son amour du Christ. On représente l’allégorie de la charité parfois avec un cœur enflammé à la main ; c’est aussi l’attribut de saint Augustin, de sainte Catherine de Sienne et de sainte Thérèse.
Le cœur d’amour
Il est significatif qu’à la même époquele cœur comme symbole de l’amour profane trouvera son expression dans la littérature courtoise […]. C’est également à la même période que le cœur est représenté graphiquement comme deux seins féminins de couleur rouge, couleur du sang et de la passion. Cette représentation du cœur, qui est devenu emblème universel, y compris dans le christianisme, symbolise l’amour charnel, car le cœur humain ne ressemble en rien à son symbole graphique. Cette représentation profane du cœur se renforcera aux abords de la Renaissance, où le cœur devient emblème de la déesse Vénus ; ce sont les flèches de Cupidon qui transperceront les cœurs humains, trop humains, frappés d’amour pour leurs semblables.
« Le cœur a ses raisons… »
La thématique du cœur de la vérité et de l’amour, inscrite dans la tradition catholique et la poésie courtoise, débouche sur unedichotomie entre les sentiments et la raison , exprimée par Blaise Pascal dans les Pensées : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce qu’est la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. »
Pour Pascal, le cœur est un supplément nécessaire à la finitude de la raison « intellectuelle », qui, elle, permet de découvrir les lois de la nature. Le cœur, sous la plume de ce mathématicien et physicien de génie, sert à soustraire la religion à la théologie « rationnelle » et met la foi sous son emprise.
« Je sens mon cœur… »
Plus tard, cette dichotomie sera encore plus nette, et le cœur « romantique », et lui seul, sera le siège de la vérité de l’homme. Jean-Jacques Rousseau, au tout début des Confessions, écrit : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi, seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis pas fait comme aucun de ceux que j’ai vus. » Vérité individuelle, vérité naturelle et connaissance de soi trouvent leur point de convergence dans le cœur unique et sincère de l’homme qui se raconte. Le cœur ne ment plus. C’est bien cette notion du cœur qui domine aujourd’hui dans nos sociétés et que l’on peut voir à l’œuvre dans des expressions comme « du fond de mon cœur », « écouter son cœur », « suivre son cœur », « cri du cœur », sans oublier le slogan préféré des agents immobiliers : « A voir absolument ! Coup de cœur ! » »
Bonne journée.
Avant de devenir un symbole stylisé (sa représentation n’a que peu à voir avec l’apparence réelle de cet organe) de l’amour romantique, le cœur a une symbolique liée aux fonctions qu’on lui attribuait dans l’antiquité, où il était considéré comme le siège de l’entendement, de la conscience et des sentiments.
Voici par exemple ce qu’indique l’Encyclopédie des symboles :
« Cœur
« C’est le cœur qui donne naissance à toute connaissance » ; « le geste des bras, la marche des jambes, les mouvements de toutes les parties du corps – tout obéit aux ordres donnés par le cœur ». Ces deux citations de l’Egypte antique prouvent qu’autrefois on attribuait au cœur des fonctions commandées par le cerveau. Organe central de la circulation sanguine, le cœur s’est en effet vu discerner différents rôles que, d’un point de vue tant mécanique que scientifique, il ne peut assumer. Il est pourtant difficile de distinguer ici la pure image rhétorique de la croyance véritable.
D’après le Petit Larousse des symboles, le cœur comme symbole de l’amour profane se développe parallèlement à son utilisation dans l’imagerie chrétienne :
« Le cœur chrétien
[…] le christianisme va s’inspirer de l’Ecclésiastique et opter pour la théorie « cardiocentrique » de la nature humaine.
Le sacré Cœur du Christ
L’iconographie chrétienne donne lieu à une représentation stylisée du cœur grâce au culte du sacré Cœur de Jésus. Ce culte catholique est tardif et apparaît vers le XIIe siècle, mais se répand au XVIe siècle. Représenté surmonté de flammes ou parfois percé ou entouré d’épines, le Sacré-Cœur symbolise l’amour rédempteur de Dieu et de la foi. Les origines du culte du Sacré-Cœur ont été attribuées entre autres à Sainte Gertrude (morte en 1302). Dans sa célèbre vision, la sainte repose sa tête près de la blessure du Christ et entend les battements du cœur divin. Elle demande à saint Jean l’Evangéliste si, lors de la Cène, lui aussi n’avait senti les pulsations divines et pourquoi il n’en avait jamais parlé. Saint Jean répond à Gertrude que cette révélation avait été réservée à une époque ultérieure, où le monde, refroidi, aurait besoin de rallumer son amour du Christ. On représente l’allégorie de la charité parfois avec un cœur enflammé à la main ; c’est aussi l’attribut de saint Augustin, de sainte Catherine de Sienne et de sainte Thérèse.
Le cœur d’amour
Il est significatif qu’à la même époque
« Le cœur a ses raisons… »
La thématique du cœur de la vérité et de l’amour, inscrite dans la tradition catholique et la poésie courtoise, débouche sur une
Pour Pascal, le cœur est un supplément nécessaire à la finitude de la raison « intellectuelle », qui, elle, permet de découvrir les lois de la nature. Le cœur, sous la plume de ce mathématicien et physicien de génie, sert à soustraire la religion à la théologie « rationnelle » et met la foi sous son emprise.
« Je sens mon cœur… »
Plus tard, cette dichotomie sera encore plus nette, et le cœur « romantique », et lui seul, sera le siège de la vérité de l’homme. Jean-Jacques Rousseau, au tout début des Confessions, écrit : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi, seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis pas fait comme aucun de ceux que j’ai vus. » Vérité individuelle, vérité naturelle et connaissance de soi trouvent leur point de convergence dans le cœur unique et sincère de l’homme qui se raconte. Le cœur ne ment plus. C’est bien cette notion du cœur qui domine aujourd’hui dans nos sociétés et que l’on peut voir à l’œuvre dans des expressions comme « du fond de mon cœur », « écouter son cœur », « suivre son cœur », « cri du cœur », sans oublier le slogan préféré des agents immobiliers : « A voir absolument ! Coup de cœur ! » »
Bonne journée.
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