Question d'origine :
Bonjour,
On retrouve des représentations d'Isis, la femme d'Osiris et mère d'Horus, sous les traits d'une femme-serpent, et appelée Isis-Thermoutis. Pourquoi cette différence de nom ?
Merci pour votre réponse cher Guichet du Savoir ! Et continuez comme ça !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/11/2019 à 11h26
Bonjour,
A partir des Ptolémée et ensuite sous la domination romaine, l’Egypte est traversée d’influences grecques et romaines. La représentation des dieux en est changée. Dans les hymnes, comme dans les sculptures, le syncrétisme s’impose, tandis que Grecs et Romains adoptent des cultes égyptiens. C’est particulièrement le cas pour Isis, associée à de nombreuses autres déesses, et que les Grecs ont nommée « déesse aux mille noms ».
« Entre la fin du IVe siècle avant notre ère et la fin du IVe siècle de notre ère, le culte d'Isis se répand à travers le bassin méditerranéen et un nombre important de sanctuaires lui sont élevés en Grèce et en Italie. En ces nouveaux lieux, s'opère un syncrétisme où les rites égyptiens voués à la déesse sont adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine. »
Article Isis, sur Wikipedia
«A partir du Nouvel Empire mais surtout à l'époque impériale romaine,Isis est assimilée à la déesse serpent Renenutet, associée à l'idée de fertilité. »
Légende du Bas relief d' Agathodaimon et d'Isis-Thermoutis, sur le site des médailles.
Michel Mathieu-Colas dans le Dictionnaire des noms de divinités, 2017 ( halshs-00794125v7) détaille p. 181-182 tous les noms d’Isis.
Parmi eux :
Isis-Ermouthis - Isis-Hermouthis - Isis-Thermouthis - Isis-Thermuthis - → Ermouthis - → Renenoutet
divinité garante de l'abondance agricole, associant Isis à la déesse de la récolte Ermoutis (Thermoutis); représentée avec la tête d'Isis et le corps de la déesse-cobra.
L’ouvrage Les cultes isiaques dans le monde gréco-romain documents réunis, traduits et commentés par Laurent Bricault, nous en apprend davantage :
« Le genre littéraire hymnique, qui s’attache le plus souvent à célébrer une divinité particulière, est fortement ancré dans la religion égyptienne. Pour exprimer les multiples faces de la divinité honorée, leurs auteurs n’hésitaient pas à y introduire des éléments mythologiques caractéristiques de théologies élaborées dans d’autres centres religieux d’Egypte.Avec l’arrivée des Grecs et l’ouverture sur un monde plus vaste, plus riche, plus varié, les savants théologiens, face à un public considérablement élargi, allèrent multiplier les noms et les manifestations de leurs dieux et déesses, à commencer par Isis, en l’assimilant délibérément à de nombreuses divinités féminines étrangères à la vallée du Nil , selon un processus que l’on nomme hénothéisme.[…]. A l’instar de plusieurs autres dieux égyptiens, Isis fut qualifiée de déesse « aux noms multiples », en raison de cette multiplicité de noms servant à exprimer sa nature protéiforme .[…]. Les théologiens d’Isis [la qualifièrent] au moyen du néologisme myriônimos (ou d’un équivalent latin plus ou moins fidèle), que l’on peut traduire « aux dix mille noms » ou « aux noms innombrables, un second sens essentiel car il évoque non plus seulement la multiplicité, mais s’ouvre sur la notion d’infinité […] L’épithète myriônimos traduit l’aboutissement de l’hénothéisme isiaque à l’époque romaine, une conception qui fait d’Isis une déesse qui est à la fois elle-même et toutes les autres [...]. »
P. 464-465.Isis, la déesse myrionyme.
«Durant l’époque ptolémaïque, la déesse égyptienne Renenoutet, l’Ermouthis/Thermoutis des grecs, protectrice des récoltes et des greniers sous son aspect ophiomorphe, se trouve identifiée à Isis, dans plusieurs sites du Fayoum , à Narmouthis et Tebtynis notamment.[…] Cette association de Thermouthis […] et d’Isis s’explique en grande partie par le fait qu’en tant que mère, la première prend le nom de la seconde tandis qu’en tant que nourrice, la seconde prend le nom de la première. De nombreuses statuettes de terre cuite fabriquées au moule en deux parties reliées plus ou moins grossièrement, mais aussi d’argent, attestent la popularité du culte d’Isis-Thermouthis en Egypte à l’Epoque gréco-romaine. La déesse y est représentée avec un corps de serpent que surmonte un buste féminin à la poitrine prononcée. La chevelure, coiffée d’un basileion plus ou moins bien ouvragé, retombe en boucles sur les épaules. Souvent, un flambeau est maintenu droit par l’extrémité de la queue serpentiforme. Ce type de représentation exprime le caractère chtonien et garant de fertilité de la déesse, identifiée à la Démeter grecque ».
P. 480-481. Des Dieux … de multiples images.
Pour aller plus loin avec une spécialiste du culte d’Isis, Françoise Dunand :
Le Culte D'Isis Dans Le Bassin Oriental de la Méditerranée
Isis : mère des dieux
Bonnes lectures !
A partir des Ptolémée et ensuite sous la domination romaine, l’Egypte est traversée d’influences grecques et romaines. La représentation des dieux en est changée. Dans les hymnes, comme dans les sculptures, le syncrétisme s’impose, tandis que Grecs et Romains adoptent des cultes égyptiens. C’est particulièrement le cas pour Isis, associée à de nombreuses autres déesses, et que les Grecs ont nommée « déesse aux mille noms ».
« Entre la fin du IVe siècle avant notre ère et la fin du IVe siècle de notre ère, le culte d'Isis se répand à travers le bassin méditerranéen et un nombre important de sanctuaires lui sont élevés en Grèce et en Italie. En ces nouveaux lieux, s'opère un syncrétisme où les rites égyptiens voués à la déesse sont adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine. »
Article Isis, sur Wikipedia
«A partir du Nouvel Empire mais surtout à l'époque impériale romaine,
Légende du Bas relief d' Agathodaimon et d'Isis-Thermoutis, sur le site des médailles.
Michel Mathieu-Colas dans le Dictionnaire des noms de divinités, 2017 ( halshs-00794125v7) détaille p. 181-182 tous les noms d’Isis.
Parmi eux :
Isis-Ermouthis - Isis-Hermouthis - Isis-Thermouthis - Isis-Thermuthis - → Ermouthis - → Renenoutet
divinité garante de l'abondance agricole, associant Isis à la déesse de la récolte Ermoutis (Thermoutis); représentée avec la tête d'Isis et le corps de la déesse-cobra.
L’ouvrage Les cultes isiaques dans le monde gréco-romain documents réunis, traduits et commentés par Laurent Bricault, nous en apprend davantage :
« Le genre littéraire hymnique, qui s’attache le plus souvent à célébrer une divinité particulière, est fortement ancré dans la religion égyptienne. Pour exprimer les multiples faces de la divinité honorée, leurs auteurs n’hésitaient pas à y introduire des éléments mythologiques caractéristiques de théologies élaborées dans d’autres centres religieux d’Egypte.
P. 464-465.Isis, la déesse myrionyme.
«
P. 480-481. Des Dieux … de multiples images.
Pour aller plus loin avec une spécialiste du culte d’Isis, Françoise Dunand :
Le Culte D'Isis Dans Le Bassin Oriental de la Méditerranée
Isis : mère des dieux
Bonnes lectures !
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