Question d'origine :
Bonjour,
Dans différents articles que voua avez mis en ligne, j'ai pu lire que vous indiquiez que la cour des Voraces a été construite vers 1840 selon l'Atlas historique du grand Lyon de Charles Delfante et Jean Pelletier.
Mais sait-on qui a fait construire et qui en a été l'architecte de cette célèbre envolée d'escaliers ?
D'avance merci pour votre aide à retrouver cette origine.
Cordialement,
JCa
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 26/11/2019 à 17h18
Bonjour,
Le nom de l’architecte de la célèbre envolée d’escaliers que l’on peut voir au 9 de la place Colbert n’est pas indiqué dans les documents que possède la bibliothèque ni sur les sites consultés.
Cependant voici les informations concernant la Cour des Voraces et son célèbre escalier trouvées lors de nos recherches :
- Le site Patrimoine Lyon.org nous précise que les parcelles où allait être construite la Cour des Voraces étaient jusqu’à la Révolution propriété de diverses congrégations et occupées par des couvents ; saisies après 1793, elles furent vendues comme Biens nationaux en 1810, puis immédiatement rebâties. Dès 1832, selon le plan cadastral, la Cour des Voraces avait déjà l’allure qu’elle a encore aujourd’hui. L’époque de la construction de cet ensemble s’est donc étendue sur une durée relativement brève, de 1810 à 1848.
- Dans Traboules de Lyon : histoire secrète d'une ville de René Dejean : on l’appelle « la Cour des Voraces » ou « Maison de la République ». La légende raconte qu’elle aurait servi de retranchement important durant les révoltes de 1831 et 1834. Mais son palmarès sans conteste vient de son architecture particulière dans ce quartier unique. Dans la première cour, un monumental escalier de façade de six étages domine une descente centrale aux rudes marches, dotée d’une grille ouverte, ajoutant une ombre de forteresse à cet espace cependant construit pour des ateliers de canuts, qui travaillaient peut-être pour les châtelains interchangeables de l’époque. Descente de deux étages. Corridor en sous-sol, avec caves d’un côté. Sortie par un sombre couloir sur une autre traboule, exceptionnellement transversale.
- L'article de 2007 "La cour des Voraces conserve son mystère", retrouvé sur Europresse (base de données numérique que vous pouvez utiliser à distance si vous êtes abonné à notre bibliothèque, dans le cas contraire vous pouvez venir la consulter sur place à la BML sur l’ensemble des ordinateurs dédiés au public) nous donne ces précisions : l'immeuble, en forme de U, composé de trois corps de bâtiments, a été construit au début du XIXe siècle, pour les besoins de l'industrie de la soie, alors florissante à Lyon. Les appartements-ateliers, avec leurs 4 mètres sous plafond, étaient destinés à accueillir les hauts métiers à tisser Jacquard au domicile des canuts.... . Au début des années 1830, les ouvriers, qui ont bien du mal à gagner leur vie, commencent à protester et à s'organiser. Une loi est alors votée, interdisant les rassemblements. Les canuts, réunis sous forme de syndicat, entament de lourds mouvements de grève. Ils prennent l'habitude de se retrouver ici, dans cette cour aux trois issues, bien pratique pour échapper aux assauts de la police. A trois reprises, en 1831, 1833 et 1848, leur révolte, réprimée avec violence par les forces de l'ordre, finit dans le sang. Ce n'est qu'après ces épisodes, à la fin du XIXe, qu'un particulier fortuné a fait construire le quatrième immeuble qui vient clore la cour avec son imposant escalier, considéré comme une oeuvre compagnonnique parfaite. Vers les années 1960, la vie s'est progressivement retirée de la cour des Voraces avec le déclin de l'industrie de la soie. Les ateliers ont cessé de fonctionner, le lieu, dégradé, a été peu à peu abandonné puis squatté. Jusqu'au jour où le père Bernard Devers, « le curé promoteur » comme on l'appelle à Lyon, fondateur d'Habitat et Humanisme, le rachète et entreprend, en 1995, de le restaurer pour y loger, selon le principe cher à son association, les plus démunis mêlés aux bourgeois.
Les travaux vont durer de décembre 1990 à fin 1992.
L’escalier, quant-à lui, est décrit sur le site Patrimoine Lyon.org. La construction de cet escalier, au début du XIXe siècle, a constitué un exploit technique et architectural. Les volées sont droites. Elles reposent sur des limons obliques formés chacun d’une seule pierre monumentale. Les pièces, tant verticales qu’obliques, sont de section modérée ; à leurs articulations, des sortes de rotules assurent la transmission des charges. Les pièces, gros blocs de pierre, doivent peser des dizaines de tonnes et sont pourtant ajustées avec précision. Au sommet de l’escalier, l’étage supérieur est construit en bois, dans le même style. On peut observer que la construction de cet escalier n’est pas irréprochable : les chemins des descentes de charges ne sont ni rectilignes, ni parfaitement logiques.
Un autre document Lyon : silhouettes d'une ville recomposée : architecture et urbanisme, 1789-1914 donne p. 295 une description de l’escalier : L’escalier dit de la cour des Voraces …. est d’une grande force plastique. Il appartient à une parcelle inscrite sur une pente accélérée et doit sa célébrité au recul dont le spectateur bénéficie de la plate-forme surélevée de l’immeuble opposé. Sa structure étirée au maximum, s’achève comme il se doit par un escalier à la parisienne en bois puisqu’il ne dessert pas moins de huit nivaux. Il joue également sur un effet de perceptive entre les deux travées rampantes aux angles adoucis de la volée et les quatre travées du palier. S’ajoute une hardiesse supplémentaire avec la taille du limon et des paliers en console au départ de chaque volée de façon à en réduire l’épaisseur. Plus encore qu’ailleurs, les dalles de pierre amincies poussent à l’extrême limite les possibilités de stabilité.
Cet escalier, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, a souvent servi de décor pour des tournages de films.
Autres documents consultés :
- La Croix-Rousse en flânant = Walks in the Croix-Rousse tartempion,
- Lyon méconnu. 01 : Neuf promenades entre Rhône et Saône de Régis Neyret, Jean-Luc Chavent,
- Le site Le Lyon des Gones.
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