Question d'origine :
Bonjour
Je ne comprends pas le poème de Verlaine, admirablement mis en chanson par Léo Ferré ; pouvez-vous m'aider svp ?
Merci
Âme, te souvient-il, au fond du paradis,
De la gare d’Auteuil et des trains de jadis
T’amenant chaque jour, venus de La Chapelle ?
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle
Mes stations au bas du rapide escalier
Dans l’attente de toi, sans pouvoir oublier
Ta grâce en descendant les marches, mince et leste
Comme un ange le long de l’échelle céleste,
Ton sourire amical ensemble et filial,
Ton serrement de main cordial et loyal,
Ni tes yeux d’innocent, doux mais vifs, clairs et sombres,
Qui m’allaient droit au cœur et pénétraient mes ombres.
Après les premiers mots de bonjour et d’accueil,
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil
Et, sous les arbres pleins d’une gente musique,
Notre entretien était souvent métaphysique.
Ô tes forts arguments, ta foi du charbonnier !
Non sans quelque tendance, ô si franche ! à nier,
Mais si vite quittée au premier pas du doute !
Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt,
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt,
Et dépêcher longtemps une vague besogne.
Mon pauvre enfant, ta voix dans le Bois de Boulogne !
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 06/12/2019 à 13h56
Bonjour,
C’est lecontexte biographique qui permet une meilleure compréhension du poème en question.
« Âme, te souvient-il » estle poème XVIII de la section Lucien Létinois du recueil Amour , publié en 1888 chez Léon Vanier. « Sous l’intitulé générique Amour, se déploie une sorte de variation autour des manifestations du désir et de l’attachement, abordant à la fois le mouvement du sujet pénitent vers Dieu, le sentiment patriotique, les heurts de la vie conjugale, les amitiés nourries jusqu’à la passion » précise Solenn Dupas dans sa présentation du recueil pour le volume Un concert d'enfers , vies et poésies d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, Quarto Gallimard 2017.
Dans ce même volume est précisé sous forme de note que « Lucien Létinois (1860-1886) fût l’élève de Verlaine au collège de Rethel. Le poète éprouva pour lui une vive affection […] Le jeune homme mourut de la fièvre typhoïde le 7 avril 1883 ».
La section Lucien Létinois, composée de vingt-cinq poèmes, rend donc hommage au jeune homme disparu quelques années avant la parution du recueil Amour.
Les références à lagare d’Auteuil , La Chapelle et au Bois de Boulogne présentes dans le poème qui vous intéresse permettent non seulement de localiser la promenade quotidienne des deux protagonistes du poème , mais également de situer dans la vie de Verlaine à quelle période fait-il référence en évoquant ce souvenir .
En effet, toujours d’après l’ouvrageUn concert d'enfers , de juillet à octobre 1882, « Verlaine […] pour se rapprocher de Létinois, qui y occupe un poste de surveillant, […] s’installe à Boulogne-sur-Seine, puis continue à y résider après que le jeune homme a été engagé au secrétariat d’une usine à Ivry, où sont revenus vivre ses parents. Paul et Lucien se retrouvent alors le dimanche à la gare d’Auteuil et passent des moments à converser ».
Ainsi le poète s’adresse à l’ « âme » de l’ami perdu, évoquant le souvenir précis de ces quelques mois passés à Boulogne-sur-Seine où tous deux prirent l’habitude de se retrouver « chaque jour » afin de se promener et converser ensemble (« notre entretien était souvent métaphysique »).
Leton élégiaque donné au poème (« au fond du paradis » vers 1, «dans l’attente de toi » v6, « comme un ange le long de l’échelle céleste » v7, « mon pauvre enfant »v23) vient souligner la perte de l’être aimé et la mélancolie dans laquelle se retrouve le poète de ne pouvoir plus partager ces moments d’amitié avec Lucien Létinois désormais disparu.
Bon weekend !
C’est le
« Âme, te souvient-il » est
Dans ce même volume est précisé sous forme de note que « Lucien Létinois (1860-1886) fût l’élève de Verlaine au collège de Rethel. Le poète éprouva pour lui une vive affection […] Le jeune homme mourut de la fièvre typhoïde le 7 avril 1883 ».
La section Lucien Létinois, composée de vingt-cinq poèmes, rend donc hommage au jeune homme disparu quelques années avant la parution du recueil Amour.
Les références à la
En effet, toujours d’après l’ouvrage
Ainsi le poète s’adresse à l’ « âme » de l’ami perdu, évoquant le souvenir précis de ces quelques mois passés à Boulogne-sur-Seine où tous deux prirent l’habitude de se retrouver « chaque jour » afin de se promener et converser ensemble (« notre entretien était souvent métaphysique »).
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Bon weekend !
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