Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche à me renseigner sur la/les façon(s) dont sont financées les industries du sport (équipement,textile...) dans les métropoles ou intercommunalités européennes.
Quelles sont par exemple les parts d'investissements privés, publics ?
Tout renseignement sera le bienvenu et un grand merci par avance !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 31/12/2019 à 10h36
Bonjour,
Les industries du sport sont aujourd’hui essentiellement financées par des fonds privés, selon un modèle classique d’en
Il y a certes de nombreuses aides publiques destinées aux entreprises, notamment en France : vous pouvez en consulter la liste sur service-public.fr. Parmi celles-ci, on compte des aides dites sectorielles , destinées au secteur de l’environnement, de l’agriculture, de la recherche ou du spectacle, ou encore aux taxis… mais pas au secteur de l’industrie sportive. Ce qui ne veut pas dire que le secteur n’est pas aidé : des entreprises peuvent bénéficier d’allégements fiscaux ou de financement pour certaines embauches, l’aide à l’export, ou encore en cas de difficulté de l’entreprise, mais devront justifier de certains critères de taille, d’ancienneté, ou de géographie. Ces aides sont destinées à soutenir les secteurs en difficulté, l’économie d’une zone défavorisée, ou encore à aider les jeunes entrepreneurs à démarrer – or le secteur du sport est actuellement florissant.
On trouve sur entreprises.gouv.fr un rapport prospectif édifiant sur les « enjeux et perspectives des industries du sport en France et à l’international ». D’où il résulte que :
« Le marché français du sport, qui équivaut à la dépense sportive nationale, est composé des biens liés au sport (articles de sport), des services (ex. : billetterie, sponsoring, etc.) et la gestion d’infrastructures (ex. : stades, salles de sport). Ce marché a représenté, selon les sources, entre 35 milliards d’euros et 37,1 milliards d’euros en 2011, soit environ 1,9 % du PIB national.
[…]
Depuis une dizaine d’années, la dépense sportive est en augmentation constante en France (+ 42 % entre 2000 et 2010), bien que ralentie par les effets de la crise économique à partir de 2008. Une étude réalisée en 201249 indique que les loisirs sportifs arrivent en tête des loisirs des Français (pour 27 % d’entre eux), notamment chez les hommes et les CSP+, devant la lecture (19 %), la télévision (17 %), la musique (17 %) et la cuisine (10 %). Cependant, l’économie du sport reste relativement marginale en France, les ménages n’y affectant que 1,6 % de leurs dépenses de consommation en 2011 (ce qui les situe dans la moyenne européenne) et en relative stagnation depuis 2008. »
Le rapport indique que le marché jouit d’une croissance d’environ 2% par an, impulsée par dix acteurs majeurs qui drainent entre 40 et 60% du marché, soit à eux seuls 7 milliards d’euros par an, et dont les six plus gros (Decathlon, Intersport, Go sport, Sport 2000, Salomon, Rossignol et Babolar), sont des fabricants !
Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas de place pour de plus petites entreprises, notamment des « fabricants nouveaux entrants » :
« Cette catégorie rassemble un ensemble d’entreprises produisant un ou plusieurs articles de sport sur des segments de marchés émergents.
Ces acteurs sont donc positionnés à la pointe de l’innovation en matière de produits mais aussi de services permettant de différencier les articles de sport et de modifier les habitudes de pratique d’une activité sportive donnée.
C’est notamment le cas de PIQ, dont le périmètre d’action, très transverse, implique de nombreux partenariats avec des équipementiers (ex. : Babolat, Rossignol, etc.) ou de Volx Climbing, plus spécialisé sur le secteur de l’outdoor et proposant une solution intégrée permettant d’optimiser l’expérience de l’escalade indoor et de favoriser son accessibilité. »
Ce type de démarche partenariale intersectorielle n’est pas rare entre des « marques de sport [qui] disposent de compétences à haute valeur ajoutée dans les domaines du marketing et du sponsoring, et de l’autre, [des] acteurs sollicités [qui] possèdent le savoir-faire nécessaire pour développer et intégrer un apport technologique/technique aux produits sportifs (ex. : matériaux, design, technologie numérique, etc.) »
Quel rôle tiennent les métropoles et communautés de communes dans cette économie ?
Depuis la promulgation de la loi de Modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, dite loi MAPTAM, « le développement économique, le soutien de l’innovation, l’internationalisation des entreprises » est une des missions majeures des métropoles. Jusqu’ici cependant, cela se fait surtout par des formes de suivi ou « coaching » et des aides à la recherche de solutions immobilières – voir par exemple les métropoles de Lyon et de Rennes.
De plus, comme les métropoles ont la « compétence sport obligatoire », les regroupements de communes sont bien des acteurs de l’économie du sport, puisqu’elles sont parmi les commanditaires des fabricants d’équipements : « - près de neuf intercommunalités sollicitées sur dix (88 %) interviennent sur la compétence « construction, entretien et gestion des équipements ». Lesquels sont principalement structurants à l'image de centres aquatiques, gymnases, stades; », selon acteursdusport.fr.
La Banque des territoires relativise cependant l’impact économique de ces politiques : d’une part, parce que les compétences des métropoles (envers un mobilier urbain d’ « intérêt communautaire » non défini), d’autre part parce que les budgets sont très faibles : entre 0,1 et 3,5% des budgets des métropoles ! Nous vous laissons lire l’article in extenso, mais nous en avons retiré l’impression d’une action, dans de nombreux cas, encore balbutiante.
Nous serions bien en peine de vous faire un portrait-type des types d’interventions des « interco » européennes. Un coup d’œil à l’article de l’Association des communautés de France « L’intercommunalité est-elle une spécificité française ? » vous fera comprendre à quel point c’est la diversité qui, avant tout, caractérise les pratiques européennes en la matière, parfois même au sein du même Etat. L’autonomie financière, et donc la capacité d’aide à l’industrie, fait partie de ces facteurs extrêmement fluctuants d’un territoire à l’autre :
« Le degré d’autonomie financière s’apprécie au regard du volume de ressources propres des collectivités mais aussi de leur dynamisme et de leur nature. Dans certains Etats membres, ces ressources sont importantes mais résultent d’un partage d’impôts nationaux qui fait l’objet de négociations annuelles. La marge de manœuvre locale sur les taux d’imposition et sur la fixation des assiettes est très variable, mais assez faible en général. Les grandes communes scandinaves bénéficient de fractions de l’impôt sur le revenu. Les communes anglaises disposent de dotations largement fléchées sur des politiques précises, allouées en fonction de standards de coûts, comme la France avant la création de la DGF. Le pourcentage des ressources propres d’origine fiscale ou issues des tarifications locales est très variable d’un Etat membre à un autre, et d’un niveau territorial à un autre. De même que le degré de globalisation des concours de l’Etat et de la liberté d’affectation des recettes. »
Pour aller plus loin :
- Observatoire de l’économie du sport, « Macro économie de la dépense sportive », sur sports.gouv.fr
- Observatoire de l’économie du sport, 3e colloque de l’observatoire de l’économie du sport, sur sports.gouv.fr
- Perrine Goulet, députée, « Le Financement des politiques sportives en France : bilan et perspectives » sur vie-publique.fr
- Emilie Denètre, « En Europe, toujours plus de fusions de communes… pour des résultats en demi-teinte » sur - Vincent Pavanello, Pour une Europe des métropoles sur
Bonne journée.
Les industries du sport sont aujourd’hui essentiellement financées par des fonds privés, selon un modèle classique d’en
Il y a certes de nombreuses aides publiques destinées aux entreprises, notamment en France : vous pouvez en consulter la liste sur service-public.fr. Parmi celles-ci, on compte des aides dites
On trouve sur entreprises.gouv.fr un rapport prospectif édifiant sur les « enjeux et perspectives des industries du sport en France et à l’international ». D’où il résulte que :
« Le marché français du sport, qui équivaut à la dépense sportive nationale, est composé des biens liés au sport (articles de sport), des services (ex. : billetterie, sponsoring, etc.) et la gestion d’infrastructures (ex. : stades, salles de sport). Ce marché a représenté, selon les sources, entre 35 milliards d’euros et 37,1 milliards d’euros en 2011, soit environ 1,9 % du PIB national.
[…]
Depuis une dizaine d’années, la dépense sportive est en augmentation constante en France (+ 42 % entre 2000 et 2010), bien que ralentie par les effets de la crise économique à partir de 2008. Une étude réalisée en 201249 indique que les loisirs sportifs arrivent en tête des loisirs des Français (pour 27 % d’entre eux), notamment chez les hommes et les CSP+, devant la lecture (19 %), la télévision (17 %), la musique (17 %) et la cuisine (10 %). Cependant, l’économie du sport reste relativement marginale en France, les ménages n’y affectant que 1,6 % de leurs dépenses de consommation en 2011 (ce qui les situe dans la moyenne européenne) et en relative stagnation depuis 2008. »
Le rapport indique que le marché jouit d’une croissance d’environ 2% par an, impulsée par dix acteurs majeurs qui drainent entre 40 et 60% du marché, soit à eux seuls 7 milliards d’euros par an, et dont les six plus gros (Decathlon, Intersport, Go sport, Sport 2000, Salomon, Rossignol et Babolar), sont des fabricants !
Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas de place pour de plus petites entreprises, notamment des « fabricants nouveaux entrants » :
« Cette catégorie rassemble un ensemble d’entreprises produisant un ou plusieurs articles de sport sur des segments de marchés émergents.
Ces acteurs sont donc positionnés à la pointe de l’innovation en matière de produits mais aussi de services permettant de différencier les articles de sport et de modifier les habitudes de pratique d’une activité sportive donnée.
C’est notamment le cas de PIQ, dont le périmètre d’action, très transverse, implique de nombreux partenariats avec des équipementiers (ex. : Babolat, Rossignol, etc.) ou de Volx Climbing, plus spécialisé sur le secteur de l’outdoor et proposant une solution intégrée permettant d’optimiser l’expérience de l’escalade indoor et de favoriser son accessibilité. »
Ce type de démarche partenariale intersectorielle n’est pas rare entre des « marques de sport [qui] disposent de compétences à haute valeur ajoutée dans les domaines du marketing et du sponsoring, et de l’autre, [des] acteurs sollicités [qui] possèdent le savoir-faire nécessaire pour développer et intégrer un apport technologique/technique aux produits sportifs (ex. : matériaux, design, technologie numérique, etc.) »
Quel rôle tiennent les métropoles et communautés de communes dans cette économie ?
Depuis la promulgation de la loi de Modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, dite loi MAPTAM, « le développement économique, le soutien de l’innovation, l’internationalisation des entreprises » est une des missions majeures des métropoles. Jusqu’ici cependant, cela se fait surtout par des formes de suivi ou « coaching » et des aides à la recherche de solutions immobilières – voir par exemple les métropoles de Lyon et de Rennes.
De plus, comme les métropoles ont la « compétence sport obligatoire », les regroupements de communes sont bien des acteurs de l’économie du sport, puisqu’elles sont parmi les commanditaires des fabricants d’équipements : « - près de neuf intercommunalités sollicitées sur dix (88 %) interviennent sur la compétence « construction, entretien et gestion des équipements ». Lesquels sont principalement structurants à l'image de centres aquatiques, gymnases, stades; », selon acteursdusport.fr.
La Banque des territoires relativise cependant l’impact économique de ces politiques : d’une part, parce que les compétences des métropoles (envers un mobilier urbain d’ « intérêt communautaire » non défini), d’autre part parce que les budgets sont très faibles : entre 0,1 et 3,5% des budgets des métropoles ! Nous vous laissons lire l’article in extenso, mais nous en avons retiré l’impression d’une action, dans de nombreux cas, encore balbutiante.
Nous serions bien en peine de vous faire un portrait-type des types d’interventions des « interco » européennes. Un coup d’œil à l’article de l’Association des communautés de France « L’intercommunalité est-elle une spécificité française ? » vous fera comprendre à quel point c’est la diversité qui, avant tout, caractérise les pratiques européennes en la matière, parfois même au sein du même Etat. L’autonomie financière, et donc la capacité d’aide à l’industrie, fait partie de ces facteurs extrêmement fluctuants d’un territoire à l’autre :
« Le degré d’autonomie financière s’apprécie au regard du volume de ressources propres des collectivités mais aussi de leur dynamisme et de leur nature. Dans certains Etats membres, ces ressources sont importantes mais résultent d’un partage d’impôts nationaux qui fait l’objet de négociations annuelles. La marge de manœuvre locale sur les taux d’imposition et sur la fixation des assiettes est très variable, mais assez faible en général. Les grandes communes scandinaves bénéficient de fractions de l’impôt sur le revenu. Les communes anglaises disposent de dotations largement fléchées sur des politiques précises, allouées en fonction de standards de coûts, comme la France avant la création de la DGF. Le pourcentage des ressources propres d’origine fiscale ou issues des tarifications locales est très variable d’un Etat membre à un autre, et d’un niveau territorial à un autre. De même que le degré de globalisation des concours de l’Etat et de la liberté d’affectation des recettes. »
- Observatoire de l’économie du sport, « Macro économie de la dépense sportive », sur sports.gouv.fr
- Observatoire de l’économie du sport, 3e colloque de l’observatoire de l’économie du sport, sur sports.gouv.fr
- Perrine Goulet, députée, « Le Financement des politiques sportives en France : bilan et perspectives » sur vie-publique.fr
- Emilie Denètre, « En Europe, toujours plus de fusions de communes… pour des résultats en demi-teinte » sur - Vincent Pavanello, Pour une Europe des métropoles sur
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter