Question d'origine :
Quels sont les penseurs et philosophes du « on » ?
Quel adjectivisation pourrait-on former pour le pronom « on » ? « Onique » ? « Onien » ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/01/2020 à 09h54
Bonjour,
Le « on » est plus souvent étudié en linguistique qu’en philosophie. Dans le premier cas, il fait l’objet de diverses études dont celles de Jacques Goudet, Les marques pronominales de la troisième personne dans le système du français contemporain (L'information grammaticale Année 1983 19 pp. 11-15 ) ou de Frédéric Landragin et Noalig Tanguy, Référence et coréférence du pronom indéfini on (Langages 2014/3 (N° 195), pages 99 à 115 ) qui expliquent ainsi :
« Le pronom on ne réfère qu’à des référents humains. Qu’on le considère comme un pronom personnel, un pronom indéfini, voire comme pronom personnel indéfini (Sandfeld 1970 ; Charaudeau 1992 ; Grevisse & Goosse 2002), il a ceci de particulier qu’il peut référer aussi bien à une personne précise qu’à un générique, à un collectif clairement identifiable qu’à un groupe de personnes à l’étendue et aux limites vagues ; il peut inclure ou exclure le locuteur, renvoyer aussi bien aux interlocuteurs qu’à de tierces personnes. En contexte, compte tenu de l’ensemble de ces possibilités, la référence de on est parfois ambiguë et parfois sous-déterminée (Fuchs 1996) : le lecteur ou l’interlocuteur détermine facilement l’inclusion ou non de quelques personnes saillantes telles que les interlocuteurs, mais détermine plus difficilement l’inclusion ou non de référents supplémentaires ».
En philosophie, l’étude du « je », le Moi prévaut sur celle du « on » et, à ce sujet, Heiddeger demeure la référence :
« On trouve déjà ici une analogie remarquable entre la conception religieuse que Kierkegaard a de l’existence et celle que développera Heidegger dans Être et temps. Les descriptions que Kierkegaard fait de la foule, et celle que Heidegger donne du « On », coïncident. Le « On » heideggérien, c’est en effet ce qui définit le mode d’existence quotidien qui est celui d’un être avec les autres indifférencié. Car à ce niveau, les autres ne s’opposent pas au moi, ils sont ceux, comme le souligne Heidegger, dont le je fait partie. L’existence quotidienne ne connaît donc pas la solitude, et elle est soumise à ce que Heidegger nomme la « dictature » du On, qui impose à tous des modes d’existence qui n’ont nullement été choisis par les individus. Ce qui implique que le véritable sujet de l’existence quotidienne est un « On » impersonnel, qui impose à tous des normes moyennes de comportement et retire à chacun par là le sentiment de sa responsabilité. Ce « On » qui au fond n’est personne définit la forme de base de l’être en commun, dans lequel l’existant n’a pas encore pris conscience de sa singularité. C’est la raison pour laquelle ce niveau du « On » est celui de l’inauthenticité, ou plus précisément de l’impropriété, celui du « ne pas être proprement un existant », dont l’existant « authentique » ou « proprement soi-même » n’est d’ailleurs qu’une modification ».
Source : Dastur Françoise, L'universel et le singulier, Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2011/3 (Tome 95), p. 581-599.
Par ailleurs, les divers dictionnaires de philosophie comme Grand Dictionnaire de la philosophie apportent de brefs éclairages sur le « on » :
« Chez Heiddeger, l’être au monde quotidien de l’homme. Le On est l’existential caractérisant le Dasein immergé dans la préoccupation quotidienne.
Etant ontiquement l’étant le plus proche de nous, mais ontologiquement le plus éloigné, le Dasein se comprend à partir de l’étant qu’il n’est pas lui-même mais avec lequel il est en commerce. Il n’est donc pas d’abord lui-même, mais le On qui détermine l’être soi-même quotidien. Dans le monde ambiant quotidien, chacun ressemble à chacun : nous voyons et jugeons comme on voit et juge selon un nivellement qui fait que la « publicité », le domaine public en général, régit toute explicitation du monde, pré-donnant toute décision et retirant au Dasein sa responsabilité. Exerçant sa dictature de manière imperceptible, le On se dévoile comme le sujet le plus réel de la quotidienneté … »
Nous vous laissons poursuivre la lecture.
Vous trouverez d’autres considérations sur le « on » dans :
Fasula Pierre, « Interroger la subjectivité. «Pour qui se prend-on ?» », Archives de Philosophie, 2018/2 (Tome 81), p. 373-386. DOI : 10.3917/aphi.812.0373. URL : https://www.cairn.info/revue-archives-d ... ge-373.htm
Par ailleurs, d’autres auteurs abordent très rapidement la notion de « on » même s’ils privilégient celle du « il »:
Première, deuxième, troisième personne publié par Natalie Depraz.
« Singularité et absolu dans la philosophie de Hegel », Jean-François Marquet , Revue des Sciences philosophiques et théologiques , Vol. 80, No. 1, (Janvier 1996), pp. 45-57.
Pour l'adjectivisation, tout est envisageable mais nous partirions plutôt de son étymologie : om (842), puis hom, hum(1050) ... alors pourquoi pas humanum ...
Le « on » est plus souvent étudié en linguistique qu’en philosophie. Dans le premier cas, il fait l’objet de diverses études dont celles de Jacques Goudet, Les marques pronominales de la troisième personne dans le système du français contemporain (L'information grammaticale Année 1983 19 pp. 11-15 ) ou de Frédéric Landragin et Noalig Tanguy, Référence et coréférence du pronom indéfini on (Langages 2014/3 (N° 195), pages 99 à 115 ) qui expliquent ainsi :
« Le pronom on ne réfère qu’à des référents humains. Qu’on le considère comme un pronom personnel, un pronom indéfini, voire comme pronom personnel indéfini (Sandfeld 1970 ; Charaudeau 1992 ; Grevisse & Goosse 2002), il a ceci de particulier qu’il peut référer aussi bien à une personne précise qu’à un générique, à un collectif clairement identifiable qu’à un groupe de personnes à l’étendue et aux limites vagues ; il peut inclure ou exclure le locuteur, renvoyer aussi bien aux interlocuteurs qu’à de tierces personnes. En contexte, compte tenu de l’ensemble de ces possibilités, la référence de on est parfois ambiguë et parfois sous-déterminée (Fuchs 1996) : le lecteur ou l’interlocuteur détermine facilement l’inclusion ou non de quelques personnes saillantes telles que les interlocuteurs, mais détermine plus difficilement l’inclusion ou non de référents supplémentaires ».
En philosophie, l’étude du « je », le Moi prévaut sur celle du « on » et, à ce sujet, Heiddeger demeure la référence :
« On trouve déjà ici une analogie remarquable entre la conception religieuse que Kierkegaard a de l’existence et celle que développera Heidegger dans Être et temps. Les descriptions que Kierkegaard fait de la foule, et celle que Heidegger donne du « On », coïncident. Le « On » heideggérien, c’est en effet ce qui définit le mode d’existence quotidien qui est celui d’un être avec les autres indifférencié. Car à ce niveau, les autres ne s’opposent pas au moi, ils sont ceux, comme le souligne Heidegger, dont le je fait partie. L’existence quotidienne ne connaît donc pas la solitude, et elle est soumise à ce que Heidegger nomme la « dictature » du On, qui impose à tous des modes d’existence qui n’ont nullement été choisis par les individus. Ce qui implique que le véritable sujet de l’existence quotidienne est un « On » impersonnel, qui impose à tous des normes moyennes de comportement et retire à chacun par là le sentiment de sa responsabilité. Ce « On » qui au fond n’est personne définit la forme de base de l’être en commun, dans lequel l’existant n’a pas encore pris conscience de sa singularité. C’est la raison pour laquelle ce niveau du « On » est celui de l’inauthenticité, ou plus précisément de l’impropriété, celui du « ne pas être proprement un existant », dont l’existant « authentique » ou « proprement soi-même » n’est d’ailleurs qu’une modification ».
Source : Dastur Françoise, L'universel et le singulier, Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2011/3 (Tome 95), p. 581-599.
Par ailleurs, les divers dictionnaires de philosophie comme Grand Dictionnaire de la philosophie apportent de brefs éclairages sur le « on » :
« Chez Heiddeger, l’être au monde quotidien de l’homme. Le On est l’existential caractérisant le Dasein immergé dans la préoccupation quotidienne.
Etant ontiquement l’étant le plus proche de nous, mais ontologiquement le plus éloigné, le Dasein se comprend à partir de l’étant qu’il n’est pas lui-même mais avec lequel il est en commerce. Il n’est donc pas d’abord lui-même, mais le On qui détermine l’être soi-même quotidien. Dans le monde ambiant quotidien, chacun ressemble à chacun : nous voyons et jugeons comme on voit et juge selon un nivellement qui fait que la « publicité », le domaine public en général, régit toute explicitation du monde, pré-donnant toute décision et retirant au Dasein sa responsabilité. Exerçant sa dictature de manière imperceptible, le On se dévoile comme le sujet le plus réel de la quotidienneté … »
Nous vous laissons poursuivre la lecture.
Vous trouverez d’autres considérations sur le « on » dans :
Fasula Pierre, « Interroger la subjectivité. «Pour qui se prend-on ?» », Archives de Philosophie, 2018/2 (Tome 81), p. 373-386. DOI : 10.3917/aphi.812.0373. URL : https://www.cairn.info/revue-archives-d ... ge-373.htm
Par ailleurs, d’autres auteurs abordent très rapidement la notion de « on » même s’ils privilégient celle du « il »:
Première, deuxième, troisième personne publié par Natalie Depraz.
« Singularité et absolu dans la philosophie de Hegel », Jean-François Marquet , Revue des Sciences philosophiques et théologiques , Vol. 80, No. 1, (Janvier 1996), pp. 45-57.
Pour l'adjectivisation, tout est envisageable mais nous partirions plutôt de son étymologie : om (842), puis hom, hum(1050) ... alors pourquoi pas humanum ...
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