Question d'origine :
Bonjour, je gère une petite bibliothèque ou j'accueille les écoles. Pour la rentrée de septembre, nous envisageons une expo sur le courrier écrits .Ma question : existe t'il des lettres manuscrites notable qui ont changer l'histoire ????du style une missive qui empêche une guerre ou au contraire favorise, voir des courriers qui ne sont pas arrivés à temps a leurs destinataires et qui ont changer l'histoire???
si vous avez des référence de livres jeunesse dont le sujet est une ou des lettres manuscrites je suis preneuse;
cordialement
Bonnet Sandrine
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/02/2020 à 16h14
Bonjour,
Dans l’ouvrage 12 lettres qui ont changé l'Histoire [Livre] Christian Bouyer cite des documents qui devraient vous intéresser ; il y est question de la déclaration de guerre de Louis XIII à l’Espagne en 1635, la lettre confirmant l’élection du maréchal Bernadotte sur le trône de Suède, la dernière lettre de Marie-Antoinette, la démission du général Mac-mahon… ou encore la lettre de Louis XVI convoquant les Etats Généraux, action qui, on le sait, aboutira sur une révolution et la décapitation de l’épistolier !
De plus en plus d’études semblent sur les lettres comme objet d’études historiques. Sur hypotheses.org, on trouve ainsi la transcription et le commentaire d’une lettre de chachet de Louis XIV, relative à l’organisation des Etats Généraux en 1651, par Giulia Duponchel, Lucas Marienne, Corentin Poirier, Julien Proust, donnant une idée de l’ampleur de l’organisation que demandait la sollicitation de l’avis de délégués de son peuple par un roi de France au XVIIe siècle.
Sur hypotheses.org également, une lettre adressée par Henri IV à son peuple, où il évoque sa conversion au catholicisme. le document date de 1693 et marque l’achèvement de l’unification du royaume après dix ans de reconquête guerrière – et accessoirement, la fin des guerres de religion :
« Ce document est, en tout cas, un remarquable témoin de la politique d’unification et d’affermissement du pouvoir royal menée par Henri IV dans le cadre de la reconquête de son royaume, projet qu’il doit mener de front avec la consolidation de sa propre légitimité. De par la rhétorique qui y est employée et les enjeux qu’elle nous laisse entrevoir, la lettre de conversion d’Henri IV constitue une source historique essentielle pour comprendre le rôle joué par la politique royale dans l’apaisement des guerres de Religion à la fin du XVIe siècle. »
L’intéressé (assassiné en 1610) ne va peut-être pas nous en vouloir de reproduire ici son texte in extenso, ne serait-ce que pour le plaisir de la langue du XVIe siècle :
De par le Roy,
Nos amez et feaulx, suivant la promesse que nous feismes à nostre advenement a cette couronne par la mort du feu Roy, nostre tres honoré seigneur et frere dernier deceddé que Dieu absolve, et la convocation par nous faicte des prelatz de nostre royaume, pour entendre a nostre instruction par nous tant desiree et tant de fois interrompue par les artifices de nos ennemys, enfin nous avons Dieu mercy conferé avecq les ditz prelatz et docteurs, assemblez en nostre ville pour cest effect des poinctz sur lequelz nous desirions estre esclairci. Et après la grace qu’il a pleu a Dieu nous faire par l’inspiration de son sainct esprit, que nous avons recherchee par tous nos voeuz et de tout nostre cœur, pour nostre salut et satisfaict par les preuves que iceulz prelatz et docteurs nous ont rendues, par les escriptz des aspotres, des saints peres et docteurs receuz en l’eglise ; recongnoissant l’eglise catholique apostolique et romaine estre la vraie eglise de Dieu plaine de verité et laquelle ne peut erreur, nous l’avons embrassee et nous sommes resolu d’y vivre et mourir. Et pour donner commancement a ce bon œuvre et faire congnoistre que nos intentions n’ont eu jamais aultre but que d’estre instruict, sans aulcune oppiniastreté, et d’estre esclairci de la verité et de la vraye relligion pour la suivre, nous avons esté ce jourd’huy a la messe et joint et uny nos prieres avecq la dicte eglise, après les ceremonyes necessaires et accoustumees en telles choses, resolu d’y continuer le reste des jours qu’il plaira a Dieu nous donner en ce monde, dont nous avons bien voulu vous advertir pour vous resjouyr d’une sy agreable nouvelle, et confondre par noz actions les bru[its] que nos dictz ennemys ont faict courir jusques a cette heure que la [pro]messe que nous en avions cy devant faicte estoit seullement pour abu[ser] nos bons subjectz et les entretenir d’une vayne esperance, sans a[uc]une volonté de la mettre a execution ; vous priant d’en faire rendre graces a Dieu par processions et prieres publicques, affin qu’il plaise a sa divi[ne] bonté nous confirmer et maintenir le reste de nos jours en une si bonne et saincte resolution. Et nous le prierons qu’il vous ayt, nos amez et feaulx, en sa saincte et digne garde. Escript à Sainct-Denis en France ce dimanche XXVeme juillet 1593.
Bien qu’il ne s’agisse pas de lettres manuscrites, nous ne pouvions pas ne pas signaler les « Willy-Nicky telegrams » (reproduits sur lib.byu.edu, courte correspondance de deux cousins, à savoir Guillaume II, empereur d’Allemagne, et Nicolas II, tsar de Russie, à l’été 1914, dont le but, non atteint, était d’empêcher le déclenchement d’une guerre mondiale :
"Je te prie, au nom de notre vieille amitié, de faire ce que tu peux (pour) éviter la calamité d'une guerre européenne": dans la nuit du 29 juillet 1914, alors que l'Autriche-Hongrie vient d'attaquer la Serbie, le Tsar Nicolas II en appelle directement au Kaiser Guillaume II dans une tentative de dernière minute désespérée pour éviter un embrasement généralisé.
Pendant quatre jours, les deux souverains, qui sont cousins et se connaissent bien à défaut d'être proches, vont échanger en anglais une dizaine de télégrammes personnels, signés de leurs petits noms "Willy" (pour Guillaume II) et "Nicky" (pour Nicolas II), protestant de leur affection réciproque et de leur désir de sauver la paix. Jusqu'à ce que "Willy" déclare la guerre à "Nicky" le 1er août à 19h00. »
(Source : huffingtonpost.ca)
Dans un article intitulé « Ces lettres qui ont changé l’histoire », Vanity Fair cite entre autres une missive de Pierre Curie à Raymond Poincaré (à l’époque sénateur de la Meuse, d’après Wikipédia lui indiquant qu’il n'accepterait pas le prix Nobel « si sa femme [Maire Curie] n'y [était] pas associée » - ce qui aboutira à la première obtention par une femme de la précieuse récompense !
Particulièrement précieuse par son ancienneté, la correspondance de Bar Kokhba, chef d’une rébellion juive contre les Romains au IIe siècle, a été découverte en 1960 en Israël, présente, sur papyrus, ce qui est sans doute la plus ancienne collection de manuscrit autographes d’un chef politique !
Citons encore la lettre du commandant William B. Travis écrite durant le siège de fort Alamo, épisode iconique de la révolution Texane, en 1836. Voici une traduction de celle-ci accompagnée du commentaire qu’on trouve sur Wikipédia (car les sources en français manquent, hélas) :
« Le 24 février 1836, durant le siège de Fort Alamo par Santa Anna, Travis écrit une lettre adressée « au peuple du Texas et à tous les américains dans le monde » :
Camarades et compatriotes,
Je suis assiégé par plus de mille Mexicains sous le commandement du général Santa Anna. J'ai subi un bombardement continuel depuis 24 heures sans perdre un seul homme. L'ennemi a demandé notre reddition sans condition sous peine de passer toute la garnison par les armes si le fort était pris. J'ai répondu à leur demande par un coup de canon et notre drapeau flotte encore au-dessus de nos murs. Je ne me rendrai jamais. Je vous lance un appel, au nom de la liberté, du patriotisme et de tout ce qui forme le caractère unique américain, de venir nous aider aussi vite que possible. Jour après jour l'ennemi reçoit des renforts et ses forces se monteront sans aucun doute à 3 ou 4 000 hommes d'ici quatre ou cinq jours. Même si cet appel n'est pas entendu, je suis déterminé à résister aussi longtemps que possible et à mourir comme un soldat qui n'oublia jamais ce qui est dû à son propre honneur et à son pays. La victoire ou la mort.
William Barret Travis
Lt. Col. Comdt.
Il confie cette lettre au courrier Alber Martin. La lettre, bien que ne permettant pas d'apporter de l'aide à la garnison d'Alamo, est principalement destinée à motiver l'armée texane et les aider à rallier les États-Unis à leur cause. Elle permet aussi d'élever Travis au rang de héros de la révolution texane. »
Pour finir, nous vous conseillons le très intéressant site Des Lettres, auquel nous n’avons pas réussi à nous connecter aujourd’hui pour une raison qui tient peut-être à la vétusté de notre matériel informatique, mais qui, la dernière fois que nous l’avons consulté, rassemblait des missives des personnalités artistiques et historiques les plus diverses, et était gratuit et sans inscription.
Bonne journée.
Dans l’ouvrage 12 lettres qui ont changé l'Histoire [Livre] Christian Bouyer cite des documents qui devraient vous intéresser ; il y est question de la déclaration de guerre de Louis XIII à l’Espagne en 1635, la lettre confirmant l’élection du maréchal Bernadotte sur le trône de Suède, la dernière lettre de Marie-Antoinette, la démission du général Mac-mahon… ou encore la lettre de Louis XVI convoquant les Etats Généraux, action qui, on le sait, aboutira sur une révolution et la décapitation de l’épistolier !
De plus en plus d’études semblent sur les lettres comme objet d’études historiques. Sur hypotheses.org, on trouve ainsi la transcription et le commentaire d’une lettre de chachet de Louis XIV, relative à l’organisation des Etats Généraux en 1651, par Giulia Duponchel, Lucas Marienne, Corentin Poirier, Julien Proust, donnant une idée de l’ampleur de l’organisation que demandait la sollicitation de l’avis de délégués de son peuple par un roi de France au XVIIe siècle.
Sur hypotheses.org également, une lettre adressée par Henri IV à son peuple, où il évoque sa conversion au catholicisme. le document date de 1693 et marque l’achèvement de l’unification du royaume après dix ans de reconquête guerrière – et accessoirement, la fin des guerres de religion :
« Ce document est, en tout cas, un remarquable témoin de la politique d’unification et d’affermissement du pouvoir royal menée par Henri IV dans le cadre de la reconquête de son royaume, projet qu’il doit mener de front avec la consolidation de sa propre légitimité. De par la rhétorique qui y est employée et les enjeux qu’elle nous laisse entrevoir, la lettre de conversion d’Henri IV constitue une source historique essentielle pour comprendre le rôle joué par la politique royale dans l’apaisement des guerres de Religion à la fin du XVIe siècle. »
L’intéressé (assassiné en 1610) ne va peut-être pas nous en vouloir de reproduire ici son texte in extenso, ne serait-ce que pour le plaisir de la langue du XVIe siècle :
De par le Roy,
Nos amez et feaulx, suivant la promesse que nous feismes à nostre advenement a cette couronne par la mort du feu Roy, nostre tres honoré seigneur et frere dernier deceddé que Dieu absolve, et la convocation par nous faicte des prelatz de nostre royaume, pour entendre a nostre instruction par nous tant desiree et tant de fois interrompue par les artifices de nos ennemys, enfin nous avons Dieu mercy conferé avecq les ditz prelatz et docteurs, assemblez en nostre ville pour cest effect des poinctz sur lequelz nous desirions estre esclairci. Et après la grace qu’il a pleu a Dieu nous faire par l’inspiration de son sainct esprit, que nous avons recherchee par tous nos voeuz et de tout nostre cœur, pour nostre salut et satisfaict par les preuves que iceulz prelatz et docteurs nous ont rendues, par les escriptz des aspotres, des saints peres et docteurs receuz en l’eglise ; recongnoissant l’eglise catholique apostolique et romaine estre la vraie eglise de Dieu plaine de verité et laquelle ne peut erreur, nous l’avons embrassee et nous sommes resolu d’y vivre et mourir. Et pour donner commancement a ce bon œuvre et faire congnoistre que nos intentions n’ont eu jamais aultre but que d’estre instruict, sans aulcune oppiniastreté, et d’estre esclairci de la verité et de la vraye relligion pour la suivre, nous avons esté ce jourd’huy a la messe et joint et uny nos prieres avecq la dicte eglise, après les ceremonyes necessaires et accoustumees en telles choses, resolu d’y continuer le reste des jours qu’il plaira a Dieu nous donner en ce monde, dont nous avons bien voulu vous advertir pour vous resjouyr d’une sy agreable nouvelle, et confondre par noz actions les bru[its] que nos dictz ennemys ont faict courir jusques a cette heure que la [pro]messe que nous en avions cy devant faicte estoit seullement pour abu[ser] nos bons subjectz et les entretenir d’une vayne esperance, sans a[uc]une volonté de la mettre a execution ; vous priant d’en faire rendre graces a Dieu par processions et prieres publicques, affin qu’il plaise a sa divi[ne] bonté nous confirmer et maintenir le reste de nos jours en une si bonne et saincte resolution. Et nous le prierons qu’il vous ayt, nos amez et feaulx, en sa saincte et digne garde. Escript à Sainct-Denis en France ce dimanche XXVeme juillet 1593.
Bien qu’il ne s’agisse pas de lettres manuscrites, nous ne pouvions pas ne pas signaler les « Willy-Nicky telegrams » (reproduits sur lib.byu.edu, courte correspondance de deux cousins, à savoir Guillaume II, empereur d’Allemagne, et Nicolas II, tsar de Russie, à l’été 1914, dont le but, non atteint, était d’empêcher le déclenchement d’une guerre mondiale :
"Je te prie, au nom de notre vieille amitié, de faire ce que tu peux (pour) éviter la calamité d'une guerre européenne": dans la nuit du 29 juillet 1914, alors que l'Autriche-Hongrie vient d'attaquer la Serbie, le Tsar Nicolas II en appelle directement au Kaiser Guillaume II dans une tentative de dernière minute désespérée pour éviter un embrasement généralisé.
Pendant quatre jours, les deux souverains, qui sont cousins et se connaissent bien à défaut d'être proches, vont échanger en anglais une dizaine de télégrammes personnels, signés de leurs petits noms "Willy" (pour Guillaume II) et "Nicky" (pour Nicolas II), protestant de leur affection réciproque et de leur désir de sauver la paix. Jusqu'à ce que "Willy" déclare la guerre à "Nicky" le 1er août à 19h00. »
(Source : huffingtonpost.ca)
Dans un article intitulé « Ces lettres qui ont changé l’histoire », Vanity Fair cite entre autres une missive de Pierre Curie à Raymond Poincaré (à l’époque sénateur de la Meuse, d’après Wikipédia lui indiquant qu’il n'accepterait pas le prix Nobel « si sa femme [Maire Curie] n'y [était] pas associée » - ce qui aboutira à la première obtention par une femme de la précieuse récompense !
Particulièrement précieuse par son ancienneté, la correspondance de Bar Kokhba, chef d’une rébellion juive contre les Romains au IIe siècle, a été découverte en 1960 en Israël, présente, sur papyrus, ce qui est sans doute la plus ancienne collection de manuscrit autographes d’un chef politique !
Citons encore la lettre du commandant William B. Travis écrite durant le siège de fort Alamo, épisode iconique de la révolution Texane, en 1836. Voici une traduction de celle-ci accompagnée du commentaire qu’on trouve sur Wikipédia (car les sources en français manquent, hélas) :
« Le 24 février 1836, durant le siège de Fort Alamo par Santa Anna, Travis écrit une lettre adressée « au peuple du Texas et à tous les américains dans le monde » :
Camarades et compatriotes,
Je suis assiégé par plus de mille Mexicains sous le commandement du général Santa Anna. J'ai subi un bombardement continuel depuis 24 heures sans perdre un seul homme. L'ennemi a demandé notre reddition sans condition sous peine de passer toute la garnison par les armes si le fort était pris. J'ai répondu à leur demande par un coup de canon et notre drapeau flotte encore au-dessus de nos murs. Je ne me rendrai jamais. Je vous lance un appel, au nom de la liberté, du patriotisme et de tout ce qui forme le caractère unique américain, de venir nous aider aussi vite que possible. Jour après jour l'ennemi reçoit des renforts et ses forces se monteront sans aucun doute à 3 ou 4 000 hommes d'ici quatre ou cinq jours. Même si cet appel n'est pas entendu, je suis déterminé à résister aussi longtemps que possible et à mourir comme un soldat qui n'oublia jamais ce qui est dû à son propre honneur et à son pays. La victoire ou la mort.
William Barret Travis
Lt. Col. Comdt.
Il confie cette lettre au courrier Alber Martin. La lettre, bien que ne permettant pas d'apporter de l'aide à la garnison d'Alamo, est principalement destinée à motiver l'armée texane et les aider à rallier les États-Unis à leur cause. Elle permet aussi d'élever Travis au rang de héros de la révolution texane. »
Pour finir, nous vous conseillons le très intéressant site Des Lettres, auquel nous n’avons pas réussi à nous connecter aujourd’hui pour une raison qui tient peut-être à la vétusté de notre matériel informatique, mais qui, la dernière fois que nous l’avons consulté, rassemblait des missives des personnalités artistiques et historiques les plus diverses, et était gratuit et sans inscription.
Bonne journée.
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