Question d'origine :
Bonjour,
Quels sont les influences (scientifiquement prouvées) du cycle lunaire sur le comportement humain ?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 27/02/2020 à 12h48
Bonjour,
Réponse du département Sciences et Techniques
Sommeil, cycle menstruel, agressivité, accouchements… les croyances populaires attribuent en effet de nombreux pouvoir à la lune sur le comportement humain.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Ce sujet qui passionne a mené de nombreux scientifiques à se pencher sur la question. Et d’après nos recherches, il est difficile de vous dire clairement quelles influences sont confirmées scientifiquement car, quand une étude valide un effet, derrière, une autre étude l’invalide et vice versa…
Tour d’horizon :
Effets de la lune sur le sommeil
Voici ce que l’on peut lire dans cet article de Futura Sciences qui compile un certain nombre d’études :
"La première étude, parue en 2013 dans Current Biology, avait trouvé que, durant les nuits de pleine Lune, le sommeil profond diminuait de 30 % et la durée du sommeil de 20 minutes. La seconde étude, datant de 2016, portait sur le sommeil de 5.800 enfants à travers le monde et indiquait que leur sommeil diminuait seulement de cinq minutes en moyenne les nuits de pleine Lune. Une étude allemande de 2017 auprès de 1.400 adolescents n'a, quant à elle, pas trouvé d'effet de la Lune sur l'activité physique, la qualité de sommeil ou le temps passé au lit."
Cet article de Sciences et Avenir de décembre 2017 relaie également que les dernières études ne font pas de lien entre la lune et le sommeil.
Alors que cet article de Santé magazine publié en août 2019, semble plutôt retenir qu’il y aurait peut-être un effet :
"des études à petite échelle semblent suggérer que la pleine lune peut effectivement avoir des conséquences sur la qualité du sommeil. Des travaux publiés dans la revue Sleep Medicine en 2014 et menés sur 319 participants ont révélé que pendant la pleine lune, les phases de sommeil léger et d’éveil augmentent. "
A propos du cycle menstruel
Les études semblent faire consensus, il n’y a pas d’effets. Voici ce qu’on peut lire, toujours, dans l'article de Futura Sciences :
"En 1986, une étude sur plus de 800 femmes âgées de 16 à 25 ans a montré que 28 % d'entre elles avaient leurs règles au moment de la nouvelle Lune. Plus récemment, une autre étude, mais sur 74 femmes seulement, suivies pendant une année, n'a pas trouvé de lien entre le cycle menstruel et les phases de la Lune."
Ce que vient confirmer Santé magazine :
"Certaines personnes appellent encore les cycles menstruels "cycles lunaires", et restent convaincues qu'il existe une forme de synchronisme entre les phases de la lune et les règles. D’autres vont jusqu’à conseiller aux couples qui souhaitent avoir un enfant de maximiser leurs chances en tenant compte des phases lunaires.
Cette idée découle du concept selon lequel, en moyenne, un cycle menstruel dure 28 jours. La lune a besoin de 27 jours, 7 heures et 43 minutes pour faire le tour de la Terre, et 29,5 jours pour effectuer un cycle complet. Plusieurs études à petite échelle ont suggéré que les périodes d'ovulation coïncidaient respectivement avec la phase "lumière" (jusqu'à la pleine lune), et la phase "obscurité" (jusqu'à la nouvelle lune) du cycle lunaire. Certaines de ces études ont également trouvé des corrélations entre les phases lunaires, les changements dans les niveaux de mélatonine et la phase du cycle menstruel.
Cependant, il est peu probable que la plupart des cycles menstruels se synchronisent avec des phases de lune, sauf par coïncidence, indique le site Medical Neaws Today. Les cycles menstruels peuvent durer entre 21 et 35 jours, et leur durée peut également varier avec l'âge et les fluctuations hormonales."
Effets sur la santé cardiovasculaire
Les dernières études relayées encore par Futura Sciences semblent montrer un petit impact de la lune, mais rien de bien convaincant et assuré :
"En 2013, une recherche américaine a étudié la réussite d'opérations de l'aorte en fonction des saisons et des cycles de la Lune chez 210 patients, en majorité des hommes. Il n'y avait pas d'effet de la saison, mais les patients risquaient un peu moins de décéder en période de pleine Lune qu'en période de nouvelle Lune. De plus, les personnes opérées au moment de la pleine Lune restaient moins longtemps à l'hôpital.
En 2012, une étude allemande a analysé les données de plus de 15.000 personnes qui avaient fait une crise cardiaque entre 1985 et 2007. Globalement, il n'y avait pas d'association entre les phases de la Lune et le risque d'infarctus. Cependant, les chercheurs ont noté un léger effet « cardioprotecteur » trois jours après la nouvelle Lune (- 6 %). "
La lune et la santé mentale
...pas d’effet avéré, c’est ce que récapitule Santé Magazine :
"Une autre idée largement répandue concerne l’influence de la lune sur l'humeur et la santé mentale. La pleine lune, en particulier, pourrait nous rendre plus agressifs (comme un loup garou), et "mal lunés". Des recherches publiées en 2009 ont suggéré que les établissements psychiatriques accueillent plus de personnes pendant la pleine lune que d'habitude. Mais d’autres études ont précisé que la pleine lune ne rend les êtres humains plus agressifs. En 2019, des chercheurs suisses et américains ont analysé les données de 17 966 personnes traitées dans 15 services psychiatriques différents pendant dix ans. Cette étude n'a pas non plus trouvé de preuve d'une augmentation de l'agressivité pendant la phase de pleine lune.
"Les raisons de la persistance de ces croyances ne se trouvent peut-être pas dans une compréhension rationnelle, mais plutôt dans un désir primaire, émotionnel, de croire que nous ne sommes pas les seuls responsables de nos propres comportements", analysent les chercheurs."
Et que confirme RTL en citant d’autres sources :
"Selon une compilation d'étude de 1985. "Les relations présumées entre les phases de la lune et le comportement peuvent être attribuées à des analyses inappropriées, à un manque de prise en compte d'autres cycles (par exemple hebdomadaires) et à une volonté d'accepter tout écart par rapport au hasard comme preuve d'un effet lunaire", peut-on y lire. Plus récemment, en 2013, une étude confirme ce résultat, en établissant qu'il n'y a aucune corrélation entre la santé mentale et les cycles lunaires. Le seul résultat significatif de cette étude concerne le stress et l'anxiété, plus important au printemps et en été."
Enfin, les accouchements
Là aussi, il y a consensus depuis au moins 40 ans. Pas d’effets sur le comportement humain. Ce qu’explique cet article de Sciences et Avenir daté de 2015 :
"Il y a presque 40 ans, des chercheurs britanniques démontraient que le nombre de naissances n'est aucunement influencé par le cycle lunaire. En 2004, une étude espagnole suggérait que la pleine Lune influençait le nombre d'admissions à l'hôpital, en prenant l'exemple d'un service de soins situé à Barcelone. Jean-Luc Margot a identifié plusieurs lacunes dans la collecte et l'analyse des données de cette dernière étude. En analysant de nouveau les données, il a montré que le nombre d'admissions est sans rapport avec le cycle lunaire. "La Lune est innocente, affirme t-il. Elle n'a aucun lien avec le nombre d'hospitalisations, mais aussi avec le nombre d'accidents de voiture, les menstruations, les épisodes dépressifs, les comportements violents et l'activité criminelle."
Cette croyance serait "un biais cognitif appelé par les scientifiques "biais de confirmation" : "les gens ont tendance à interpréter l'information d'une manière qui confirme leurs croyances et ignore les données qui les contredisent, explique Jean-Luc Margot. Quand leur vie est trépidante un jour de pleine Lune, les gens se souviennent de l'association entre leur bonheur et l'apparence de l'astre tout simplement car elle confirme leur croyance. Ainsi, les journées en l'absence de pleine Lune sont rapidement ignorées et oubliées parce qu'elles ne renforcent pas leur conviction."
C’est un peu la même logique que développent les chercheurs qui n’ont pas trouvé de lien significatif entre sommeil et lune dans l'article de Sciences et Avenir :
"Les chercheurs dont les résultats ne montrent pas de lien significatif penchent, eux, pour le fait que "nos comportements sont largement influencés par bien d'autres facteurs comme les gènes, l'éducation, le niveau de revenus et les aspects psychosociaux, bien plus révélateurs que les forces gravitationnelles" concluait l'équipe canadienne citée plus haut, dans son étude. Quant à l'influence de la Lune, sur le sommeil, il est tout à fait possible qu'elle souffre de l'effet "vendredi 13". Un effet qui fait que certaines personnes superstitieuses ne se souviendront pas forcément de s'être cogné, d'avoir renversé leur bol de céréales ou perdu leurs clefs un jour "ordinaire", mais le remarqueront lorsqu'un tel évènement survient un vendredi 13. Car ce jour (c'est bien connu) porte malheur. De la même manière, on a peut-être tout simplement plus tendance à remarquer une belle pleine Lune qu'un simple croissant durant nos déambulations insomniaques nocturnes."
Bref, face à de telles controversent et à tant d’incertitudes on peut supposer que nos connaissances sur la lune et le comportement humain n’ont pas fini d’évoluer et les études de paraître…
Bonne journée !
Pour aller plus loin
Sous l'emprise de la lune : le regard de la science / Jérôme Bellayer
(Ouvrage que nous n’avons pu consulter car actuellement en prêt)
Sommeil, cycle menstruel, agressivité, accouchements… les croyances populaires attribuent en effet de nombreux pouvoir à la lune sur le comportement humain.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Ce sujet qui passionne a mené de nombreux scientifiques à se pencher sur la question. Et d’après nos recherches, il est difficile de vous dire clairement quelles influences sont confirmées scientifiquement car, quand une étude valide un effet, derrière, une autre étude l’invalide et vice versa…
Tour d’horizon :
Voici ce que l’on peut lire dans cet article de Futura Sciences qui compile un certain nombre d’études :
"La première étude, parue en 2013 dans Current Biology, avait trouvé que, durant les nuits de pleine Lune, le sommeil profond diminuait de 30 % et la durée du sommeil de 20 minutes. La seconde étude, datant de 2016, portait sur le sommeil de 5.800 enfants à travers le monde et indiquait que leur sommeil diminuait seulement de cinq minutes en moyenne les nuits de pleine Lune. Une étude allemande de 2017 auprès de 1.400 adolescents n'a, quant à elle, pas trouvé d'effet de la Lune sur l'activité physique, la qualité de sommeil ou le temps passé au lit."
Cet article de Sciences et Avenir de décembre 2017 relaie également que les dernières études ne font pas de lien entre la lune et le sommeil.
Alors que cet article de Santé magazine publié en août 2019, semble plutôt retenir qu’il y aurait peut-être un effet :
"des études à petite échelle semblent suggérer que la pleine lune peut effectivement avoir des conséquences sur la qualité du sommeil. Des travaux publiés dans la revue Sleep Medicine en 2014 et menés sur 319 participants ont révélé que pendant la pleine lune, les phases de sommeil léger et d’éveil augmentent. "
Les études semblent faire consensus, il n’y a pas d’effets. Voici ce qu’on peut lire, toujours, dans l'article de Futura Sciences :
"En 1986, une étude sur plus de 800 femmes âgées de 16 à 25 ans a montré que 28 % d'entre elles avaient leurs règles au moment de la nouvelle Lune. Plus récemment, une autre étude, mais sur 74 femmes seulement, suivies pendant une année, n'a pas trouvé de lien entre le cycle menstruel et les phases de la Lune."
Ce que vient confirmer Santé magazine :
"Certaines personnes appellent encore les cycles menstruels "cycles lunaires", et restent convaincues qu'il existe une forme de synchronisme entre les phases de la lune et les règles. D’autres vont jusqu’à conseiller aux couples qui souhaitent avoir un enfant de maximiser leurs chances en tenant compte des phases lunaires.
Cette idée découle du concept selon lequel, en moyenne, un cycle menstruel dure 28 jours. La lune a besoin de 27 jours, 7 heures et 43 minutes pour faire le tour de la Terre, et 29,5 jours pour effectuer un cycle complet. Plusieurs études à petite échelle ont suggéré que les périodes d'ovulation coïncidaient respectivement avec la phase "lumière" (jusqu'à la pleine lune), et la phase "obscurité" (jusqu'à la nouvelle lune) du cycle lunaire. Certaines de ces études ont également trouvé des corrélations entre les phases lunaires, les changements dans les niveaux de mélatonine et la phase du cycle menstruel.
Cependant, il est peu probable que la plupart des cycles menstruels se synchronisent avec des phases de lune, sauf par coïncidence, indique le site Medical Neaws Today. Les cycles menstruels peuvent durer entre 21 et 35 jours, et leur durée peut également varier avec l'âge et les fluctuations hormonales."
Les dernières études relayées encore par Futura Sciences semblent montrer un petit impact de la lune, mais rien de bien convaincant et assuré :
"En 2013, une recherche américaine a étudié la réussite d'opérations de l'aorte en fonction des saisons et des cycles de la Lune chez 210 patients, en majorité des hommes. Il n'y avait pas d'effet de la saison, mais les patients risquaient un peu moins de décéder en période de pleine Lune qu'en période de nouvelle Lune. De plus, les personnes opérées au moment de la pleine Lune restaient moins longtemps à l'hôpital.
En 2012, une étude allemande a analysé les données de plus de 15.000 personnes qui avaient fait une crise cardiaque entre 1985 et 2007. Globalement, il n'y avait pas d'association entre les phases de la Lune et le risque d'infarctus. Cependant, les chercheurs ont noté un léger effet « cardioprotecteur » trois jours après la nouvelle Lune (- 6 %). "
...pas d’effet avéré, c’est ce que récapitule Santé Magazine :
"Une autre idée largement répandue concerne l’influence de la lune sur l'humeur et la santé mentale. La pleine lune, en particulier, pourrait nous rendre plus agressifs (comme un loup garou), et "mal lunés". Des recherches publiées en 2009 ont suggéré que les établissements psychiatriques accueillent plus de personnes pendant la pleine lune que d'habitude. Mais d’autres études ont précisé que la pleine lune ne rend les êtres humains plus agressifs. En 2019, des chercheurs suisses et américains ont analysé les données de 17 966 personnes traitées dans 15 services psychiatriques différents pendant dix ans. Cette étude n'a pas non plus trouvé de preuve d'une augmentation de l'agressivité pendant la phase de pleine lune.
"Les raisons de la persistance de ces croyances ne se trouvent peut-être pas dans une compréhension rationnelle, mais plutôt dans un désir primaire, émotionnel, de croire que nous ne sommes pas les seuls responsables de nos propres comportements", analysent les chercheurs."
Et que confirme RTL en citant d’autres sources :
"Selon une compilation d'étude de 1985. "Les relations présumées entre les phases de la lune et le comportement peuvent être attribuées à des analyses inappropriées, à un manque de prise en compte d'autres cycles (par exemple hebdomadaires) et à une volonté d'accepter tout écart par rapport au hasard comme preuve d'un effet lunaire", peut-on y lire. Plus récemment, en 2013, une étude confirme ce résultat, en établissant qu'il n'y a aucune corrélation entre la santé mentale et les cycles lunaires. Le seul résultat significatif de cette étude concerne le stress et l'anxiété, plus important au printemps et en été."
Là aussi, il y a consensus depuis au moins 40 ans. Pas d’effets sur le comportement humain. Ce qu’explique cet article de Sciences et Avenir daté de 2015 :
"Il y a presque 40 ans, des chercheurs britanniques démontraient que le nombre de naissances n'est aucunement influencé par le cycle lunaire. En 2004, une étude espagnole suggérait que la pleine Lune influençait le nombre d'admissions à l'hôpital, en prenant l'exemple d'un service de soins situé à Barcelone. Jean-Luc Margot a identifié plusieurs lacunes dans la collecte et l'analyse des données de cette dernière étude. En analysant de nouveau les données, il a montré que le nombre d'admissions est sans rapport avec le cycle lunaire. "La Lune est innocente, affirme t-il. Elle n'a aucun lien avec le nombre d'hospitalisations, mais aussi avec le nombre d'accidents de voiture, les menstruations, les épisodes dépressifs, les comportements violents et l'activité criminelle."
Cette croyance serait "un biais cognitif appelé par les scientifiques "biais de confirmation" : "les gens ont tendance à interpréter l'information d'une manière qui confirme leurs croyances et ignore les données qui les contredisent, explique Jean-Luc Margot. Quand leur vie est trépidante un jour de pleine Lune, les gens se souviennent de l'association entre leur bonheur et l'apparence de l'astre tout simplement car elle confirme leur croyance. Ainsi, les journées en l'absence de pleine Lune sont rapidement ignorées et oubliées parce qu'elles ne renforcent pas leur conviction."
C’est un peu la même logique que développent les chercheurs qui n’ont pas trouvé de lien significatif entre sommeil et lune dans l'article de Sciences et Avenir :
"Les chercheurs dont les résultats ne montrent pas de lien significatif penchent, eux, pour le fait que "nos comportements sont largement influencés par bien d'autres facteurs comme les gènes, l'éducation, le niveau de revenus et les aspects psychosociaux, bien plus révélateurs que les forces gravitationnelles" concluait l'équipe canadienne citée plus haut, dans son étude. Quant à l'influence de la Lune, sur le sommeil, il est tout à fait possible qu'elle souffre de l'effet "vendredi 13". Un effet qui fait que certaines personnes superstitieuses ne se souviendront pas forcément de s'être cogné, d'avoir renversé leur bol de céréales ou perdu leurs clefs un jour "ordinaire", mais le remarqueront lorsqu'un tel évènement survient un vendredi 13. Car ce jour (c'est bien connu) porte malheur. De la même manière, on a peut-être tout simplement plus tendance à remarquer une belle pleine Lune qu'un simple croissant durant nos déambulations insomniaques nocturnes."
Bref, face à de telles controversent et à tant d’incertitudes on peut supposer que nos connaissances sur la lune et le comportement humain n’ont pas fini d’évoluer et les études de paraître…
Bonne journée !
Sous l'emprise de la lune : le regard de la science / Jérôme Bellayer
(Ouvrage que nous n’avons pu consulter car actuellement en prêt)
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