Question d'origine :
Bonjour
nous allons commémorer les 75 ans de la dénomination du cours Henri à Montchat en cours du Docteur Jean Long attrapé par la milice le 22 octobre 1943 et assassiné le lendemain à st-Fons. De lui nous n'avons qu'une photo et qq élèments biographiques (comme le médecin des pauvres disait-on dans le quartier).
La bibliothèque possède-t-elle des articles de l'époque, une biographie, ou autre chose svp ?
Pourriez-vous faire une fiche sur cet homme svp ?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 04/03/2020 à 13h41
Bonjour,
Vous pouvez lire une notice consacrée à Jean Long dans le Dictionnaire historique de Lyon :
Long, Jean
Alby-sur-Chéran (Haute-Savoie), 1906 – Feyzin (Rhône), 1943
Issu d’une modeste famille de petits commerçants, né le 24 juillet 1906, il réussit à devenir médecin généraliste et rhumatologue à Lyon, et milite au parti radical-socialiste. Très tôt entré en Résistance, agent du Coq enchaîné dès 1941, il diffuse journaux et tracts, forme des équipes au sabotage, soigne les résistants, dirige le Service de santé de l’Armée secrète et fonde même une véritable organisation qui lui permet d’envoyer des résistants poursuivis et à qui il fournit ravitaillement et faux papiers, dans un coin perdu de sa Haute-Savoie natale. Après le départ à Londres du député socialiste André Philip, il reste son correspondant officiel à Lyon, mais la chose vient aux oreilles du redoutable Mouvement national anti-terroriste dirigé à Lyon par Francis André et qui regroupe des forcenés de l’ultra-collaboration avec les nazis ayant décidé de répondre aux attentats commis contre les « collabos », par l’exécution de victimes choisies parmi des notables regardés comme complices ou proches de la Résistance. Au soir du 22 octobre 1943, un groupe d’hommes, se présentant comme appartenant à la police allemande, enlève Jean Long à son domicile, le torture à la prison Montluc puis l’emmène au sud de Lyon et l’exécute d’une balle de revolver au lieu-dit les Quatre-Chemins, sur la commune de Feyzin, alors dans l’Isère (…)
Les 2 ouvrages cités en tant que référence pour cette notice sont :
- Bruno Permezel : Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours : 2824 engagements, éd. 2003
- Marcel Ruby, Résistance et Contre-Résistance à Lyon et en Rhône-Alpes, éd. Horvath, 1995
Vous pouvez consulter ou emprunter ces trois ouvrages à la bibliothèque.
Dans l’ouvrage de Marcel Ruby, plusieurs pages sont consacrées au mouvement de Résistance et journal « Le Coq Enchaîné ».
Par ailleurs, un index revoie aux noms cités. On peut lire, à propos de Jean Long, page 255 :
(…) Parmi les exactions qui eurent le plus grand retentissement à Lyon – par exemple l’assassinat du docteur Long et d’Antonin Jutard – bon nombre ont été réalisées par l’équipe de Francis André. Dans l’esprit de ce dernier, les exécutions auxquelles il procède sont des représailles à celles de la Résistance et elles visent à dissuader la Résistance d’abattre d’autres Collaborateurs.
Grégoire, membre du Directoire Fédéral Politique et responsable de la Section général du PPF à Lyon, signale à Francis André que le docteur Long est le correspondant officiel d’André Philip, député socialiste, qui se trouve à Londres. Francis André donne alors l’ordre à Gargaro de l’enlever et de l’abattre. Gargaro, accompagné de Moritz et d’un autre allemand appelé « le petit Maurice », se rend le 22 octobre 1943, vers 22 heures, au domicile du docteur Long. Moritz et son acolyte se présentent comme appartenant à la police allemande. Ils emmènent le docteur Long à Feyzin où Gargaro l’abat d’une balle de revolver. Il est laissé sur place. Sur son corps est placé une feuille de papier portant une inscription manuscrite en caractères d’imprimerie : « Terreur contre terreur. Cet homme paye de sa vie le meurtre d’un National ». Comme signature : « Mouvement National Anti-Terroriste ». (…)
Parmi les membres du PPF lyonnais les plus dangereux figure Francis André. Il illustre bien ce qu’a été le PPF local, tant dans son recrutement que dans son action.
Le Parti populaire français ou PPF (1936-1945), fondé et dirigé par Jacques Doriot, était le principal parti politique d'inspiration fasciste français en 1936-1939. Vous trouverez des informations à propos de Jacques Doriot et du PPF toujours dans l’ouvrage de Marcel Ruby, pages 252-253. Et également sur Francis André qui crée en novembre 1943, sur les directives de Jacques Doriot le MNAT (Mouvement National Anti-Terroriste) qui dans la région lyonnaise rassemble tous les membres du PPF volontaires et les forme en équipes pour la lutte contre la Résistance.
A la fin de la notice du Dictionnaire historique de Lyon, on peut lire :
(…) L’avis de décès qui paraît dans la presse lyonnaise du 25 octobre est censuré : la formule prévue, « lâchement assassiné », doit être remplacée par un laconique « décédé ». En avril 1945, le cours Henri, dans le quartier de Montchat, où habitait le médecin, devient le cours du Docteur-Long.
Vous pourriez consulter également :
A la bibliothèque :
-Guetty Long : hommage au docteur Long : la vie d’un héros, éd. 1994
Il s’agit du catalogue de l’exposition organisée par la Mairie du 3e arrondissement de la ville de Lyon, le CHRD, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, l’Association des Amis de Guetty Long. L’exposition a été présentée à la bibliothèque du 3eme arrondissement du 4 octobre au 25 octobre 1994 et au CHRD du 27 octobre au 17 novembre 1994.
Guetty Long est la fille de Jean Long, elle est peintre et graveur.
Au CHRD :
-Hommage au Docteur Jean Long (1906-1943) : de la Résistance à la liberté : [exposition, Centre culturel Léonard de Vinci de Feyzin, 6-29 janvier 2000 ; Maison des Ecritures de Lyon, 3-26 février 2000/ Guetty Long et Didier Bouillot, éd. 2000
-Hommage de Guetty Long à son père, le Dr. Jean Long [Dossier de presse], éd. 1994
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 05/03/2020 à 14h17
Sur le blog : Feyzin passé simple un article, qui relate l’inauguration en octobre 1995 de la route du docteur Long, est illustré d’un portrait de Jean Long.
Cette même photographie figure également dans l’ouvrage de Bruno Permezel Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, à côté de la notice consacrée à Jean Long.
Pour l’utilisation éventuelle d’une photographie, des droits sont bien sûr à respecter. Elle est autorisée 70 ans après la mort du photographe. A ce propos, vous pourriez peut être prendre contact avec Guetty Long.
DANS NOS COLLECTIONS :
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