Au seuil de la liberté, René Magritte

Réponse du Département Arts et loisirs

Nous vous proposons tout d’abord des titres pour aborder l’analyse de cette œuvre : contexte de réalisation, éléments iconographiques, sémiotique…. Ces pistes méthodologiques seraient applicables à d'autres études si besoin.

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- Les Dessous des chefs d'œuvre de Rose-Marie et Rainer Hagen
- Voir, comprendre, analyser les images de Laurent Gervereau


Sur le mouvement surréaliste :

Surréalisme de May Ann Caws
les surréalistes de Laura Thompson
Le surréalisme belge:
Peintres de l'imaginaire : symbolistes et surréalistes belges

Pour comprendre son rapport à l’objet les écrits complets de l’artiste fourmillent d’éléments pour décrypter l’oeuvre.
Magritte pratique ce qu’il appelle le dépaysement des objets : la création d’objets nouveaux, la transformation d’objets connus, le ciel de bois par exemple.

« Je montrais dans mes tableaux des objets situés là où nous ne les rencontrons jamais. C’est la réalisation d’un désir réel, sinon conscient, pour la plupart des hommes. Le peintre banal n’essaie-t-il pas déjà, dans les limites qu’on lui a fixées, de déranger l’ordre dans lequel il voit toujours les objets ? Il se permettra de timides audaces, de vagues allusions. Etant donné ma volonté de faire hurler les objets les plus familiers, ceux-ci devraient être disposés dans un ordre nouveau et acquérir un sens bouleversant »(-)

Paul Nougé note que les titres des tableaux sont une « commodité pour la conservation, qu’ils ne sont pas des explications » « les titres » dira Magritte « sont choisis de telle façon qu’ils empêchent de situer mes tableaux dans une région familière que le déroulement automatique de la pensée lui trouverait afin de ne pas devoir s’inquiéter. Les titres doivent donc être une protection supplémentaire qui découragera toute tentative de réduire la poésie à un jeu sans conséquence ».

La monographie Magritte de David Sylvester reste l’un des ouvrages les plus complets pour évaluer et interpréter l’œuvre et se trouve être le pendant analytique du catalogue raisonné.

Contexte de la réalisation :
Nous sommes fin 1936, Edward James avait été très impressionné par l’exposition sur le surréalisme international.

Magritte doit peindre trois grands tableaux pour Edward James, son patron et collectionneur d’art moderne. Ceux-ci sont destinés à décorer une salle de bal néo-classique, encastrés dans les murs derrière des miroirs sans tain, visibles lorsque les lumières seront allumées. La commande stipule que les trois pièces doivent être de grandes tailles. Au seuil de la liberté mesure 258x190cm. C’est la plus grande huile sur toile jamais peinte par l’artiste.
Cette œuvre est la version verticale du tableau éponyme réalisé en 1936 (page 302)

Vous trouverez (page 229) un facsimilé d’une lettre adressée à Nougé en 1930. Pour lui donner une idée de ses œuvres et à défaut de photographie Magritte lui adresse des croquis accompagnés de descriptions. A l’approche d’une future exposition à Paris Avec Au seuil de la liberté et l’Annonciation, deux grandes toiles représentant une scène d’intérieur et une d’extérieur fonctionnent tels des pendants. Elles possèdent des éléments communs : un rideau de fer hérissé de grelots, un ciel peuplé de nuages, de la végétation, un motif de papier découpé qui rappelle celui d’un bouclier en bois (Nouvelle Guinée ou d’iles océaniennes que les surréalistes jugent remarquables).
Le canon a l’air d’un intrus mais cette intrusion est métaphorique et dramatique.
Au seuil de la liberté renvoie très probablement à une œuvre antérieure de 10 ans titrée Le Masque vide dans laquelle tous les éléments constitutifs du Seuil sont livrés, (excepté le canon) sous une forme de polyptique. Les six éléments peint un an plus tard remplace le découpage par un corps de femme dénudée, avec un ordre différent de présentation.

« Au seuil de la liberté regroupe donc la totalité des éléments précédents, plus des lattes de plancher. Par rapport aux œuvres précédentes, la structure est plus ou moins retournée comme un gant : le paravent compartimenté du Masque vide et des Six éléments est pour ainsi dire repoussé, pour devenir, une fois remis d’équerre, le mur du fond et les extrémités des murs latéraux. Le sol ainsi dégagé permet d’y ranger le canon. L’œuvre semble conçue comme un résumé des manifestations répétées de ce thème. »

Nous ne connaissons pas votre niveau d’étude mais avons écarté les ouvrages dédiés à un jeune public. Pour approfondir votre lecture de l'oeuvre, nous vous invitons à butiner les documents suivants. Certaines sources pourront être redondantes sur des points abordés systématiquement…

René Magritte : signes et images Harry Torczymer

Magritte avec un essai de Robert Hughes

Magritte, la trahison des images Sylvain Bergere

Magritte: ceci n'est pas une biographie scénario Vincent Zabus ; dessin Thomas Campi

Magritte [exposition, Paris,] Galerie nationale du Jeu de Paume, 11 février-9 juin 2003
Magritte : la trahison des images : exposition, Paris, Centre national d'art et de culture Georges Pompidou, 21 septembre 2016 - 23 janvier 2017

L'immersion dans l'art : comment donner sens aux oeuvres de 7 artistes, le maître de Flémalle, O. Leduc, Magritte, Mondrian, Lichtenstein, Rothko, Molinari Fernande Saint-Martin

Les mots et les images : choix d'écrits René Magritte

Interpréter l'art contemporain: la sémiotique peircienne appliquée aux oeuvres de Magritte, Klein, Duras, Wenders, Chavez, Parant et Corillon Nicole Everaert-Desmedt

Le Musée Magritte est également un lieu ressource