Qu'est-ce qu'un système d'aide à la décision clinique ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 06/03/2020 à 14h20
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Question d'origine :
Bonjour,
Je me renseigne aujourd'hui sur la médecine factuelle dans le cadre de mes études. Et je voulais savoir ce qu'est concrètement un SADM (Système d'Aide à la Décision Médical) ? Je suis tombé sur plusieurs sites comme...
Uptodate avec une vidéo sur le Chu de Grenoble
Chu de Rouen
Puisque ça à l'air si bien, pourquoi ce n'est pas plus utilisé dans les hôpitaux ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 09/03/2020 à 10h02
Bonjour,
Voici plusieurs extraits de documents qui vous aideront à répondre à vos interrogations sur les SADM :
« Les systèmes d’aide à la décision médicale (SADM) sont « des applications informatiques dont le but est de fournir aux cliniciens en temps et lieux utiles les informations décrivant la situation clinique d’un patient ainsi que les connaissances appropriées à cette situation, correctement filtrées et présentées afin d’améliorer la qualité des soins et la santé des patients ».
Jusqu’au début des années 90, leur utilisation s’est limitée à quelques Institutions pionnières US1 qui ont développé, régulièrement évalué et progressivement amélioré leurs propres systèmes d’information clinique comportant des fonctions de gestion du dossier patient, de prescription des actes diagnostiques et des médicaments, et d’aide à la décision clinique.
La démonstration par ces Institutions du potentiel des technologies de l’information et de la communication en santé (TICS) et des SADM en termes d’amélioration de la qualité, de la sécurité et de l’efficience des soins jointe à la publication dans les années 2000 de constats sur la qualité insuffisante des soins par l’US Institute Of Médicine, ont conduit à partir des années 90 le gouvernement fédéral des Etats Unis, les systèmes d’assurance publics ou privés et les organisations de soins intégrées à des initiatives ayant pour objectifs :
• D’améliorer la qualité des soins au moyen de systèmes d’information cliniques comportant un dossier patient associé à des fonctions de prescription informatisés et d’aide à la décision
• De favoriser le développement d’une offre commerciale comportant des services d’aide à la décision par les fournisseurs de systèmes d’information clinique.
En Amérique du nord, l’usage des SADM s’est lentement développé au-delà des Institutions pionnières au début des années 2000, puis s’est accéléré au cours de ces dernières années sous l’effet des mesures prises par l’Etat fédéral et les assureurs de santé en faveur de l’utilisation des technologies de l’information en santé.
En Europe, de nombreux travaux de recherche et développement sur les SADM cofinancés par la communauté européenne ou les Etats membres ont été réalisés à partir des années 90 par des consortiums rassemblant laboratoires universitaires, industriels et groupes d’utilisateurs ; d’autres sont actuellement en cours dans le cadre des actions en faveur de la qualité et la sécurité des soins. Cependant, la diffusion des ces systèmes dans les établissements et les structures de soins ambulatoires s’est faite inégalement selon les pays.
Compte-tenu du potentiel démontré des SADM en termes d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, la plupart des autorités responsables des systèmes de santé d’Europe et d’Amérique du Nord estiment aujourd’hui que le problème n’est plus désormais de décider si la diffusion des SADM doit ou non être encouragée, mais de décider comment faire pour parvenir à en généraliser progressivement l’usage. »
Source : Etude des systèmes d’aide à la décision médicale : étude commanditée par la Haute Autorité de Santé et réalisée par Cegedim-Activ, has-sante.fr
« Compte tenu du potentiel démontré de certains types de SADM en termes d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, la plupart des autorités responsables des systèmes de santé d’Europe et d’Amérique du Nord estiment aujourd’hui que le problème n’est plus, désormais, de décider si la diffusion des SADM doit ou non être encouragée, mais de décider comment s’y prendre pour parvenir à en généraliser progressivement l’usage.L’apparition, puis l’explosion des smartphones et des tablettes tactiles constituent sans doute un moyen intéressant pour améliorer la pénétration des SADM . On ne recense plus les milliers d’applications médicales spécifiquement développées pour ces outils intelligents. Nombre d’entre elles sont d’authentiques SADM qui permettent, par exemple, de réaliser des calculs plus ou moins simples : index de masse corporelle, taux de clairance de la créatinine… »
Source : Darmoni, Stefan, Nicolas Griffon, et Philippe Massari. « Les systèmes d'aide à la décision médicale », Annales des Mines - Réalités industrielles, vol. novembre 2014, no. 4, 2014, pp. 47-50.
« Les systèmes d'aide à la décision médicale (SADM) sont des outils informatiques capables de traiter l'ensemble des caractéristiques d'un patient donné afin de générer les diagnostics probables de son état clinique (aide au diagnostic) ou les traitements qui lui seraient adaptés (aide à la thérapeutique). Le terme SADM recouvre aujourd'hui un ensemble d'outils variés, plus ou moins complexes. Cet article dresse un panorama de ces différents outils et des approches qui en sous-tendent le fonctionnement. Les approches numériques se fondent essentiellement sur l'analyse de jeux de données. Elles ont initialement été appliquées à l'aide au diagnostic. Du fait du déploiement des dossiers patients informatisés, on dispose aujourd'hui de nombreuses données utilisées par les modèles prédictifs d'aide à la thérapeutique. Les approches symbo- liques utilisent une modélisation des connaissances mobilisées par le raisonnement pour décider. Elles ont été initialement mises en œuvre avec les systèmes experts qui visaient à reproduire le raisonnement des experts cliniciens engagés dans une démarche décisionnelle. Récemment, conformément au principe de la médecine fondée sur les données probantes, l'expertise subjective des systèmes experts a été remplacée par les connaissances objectives des recommandations de bonne pratique dans les SADM modernes. Ces systèmes, qu'ils soient historiques ou actuels, sont décrits, les différents types d'exploitation des connaissances qu'ils proposent, que ce soit en mode automatique ou en mode documentaire, sont présentés. Longtemps cantonnés aux laboratoires de recherche et aux expérimentations pilotes, il est probable que, compte tenu des exigences sociétales en termes de qualité des soins, les SADM soient dans un futur proche appelés à être utilisés en routine afin d'orienter les pratiques et d'évaluer les performances. […]
Au cours des cinquante dernières années, les SADM se sont développés par vague. D’abord centrés sur l’aide au diagnostic, ils ont récemment évolué pour fournir un support à décision thérapeutique, en particulier par la mise en œuvre des RPC.Même si de nombreux outils existent déjà, leur déploiement en pratique reste modeste, en tout cas au niveau du territoire français. Quelques explications peuvent être proposées.
Tout d’abord, les RPC qui constituent les sources de connaissances des SADM sont très critiquées par les professionnels de santé (Cabanaet al., 1999). En effet, au-delà des doutes que certains expriment sur la fiabilité scientifique des contenus (cf. l’actualité récurrente sur les problèmes liés aux conflits d’intérêt des experts), les RPC sont souvent considérées comme non appropriées aux cas particuliers, inutiles pour les cas simples et manquantes pour les cas complexes. Issues des résultats des essais cliniques disponibles sur une thématique donnée, elles sont par nature incomplètes et ne proposent pas de solution de prise en charge pour de nombreux profils cliniques. Supposées s’appuyer sur des données probantes, on constate que peu de recommandations sont effectivement associées à un grade et que la majorité d’entre elles reposent sur des accords professionnels. Enfin, le temps mis pour l’élaboration des RPC (entre 18 et 24 mois) et la fréquence de leur réactualisation (tous les 5 à 10 ans), font que ces documents sont rapidement obsolètes.
Il existe d’autres obstacles à la mise en œuvre des SADM que le contenu des RPC, et on pourra se reporter à la revue de Flottorp et al. (2013) pour une classification des facteurs déterminant les pratiques médicales. En particulier, si l’effet des SADM sur les pratiques est variable, mais globalement positif, avec une amélioration des mesures de performance comme le suivi des recommandations (Jaspers et al., 2011; Roshanov et al., 2013), l’impact clinique de l’usage de ces outils reste encore faible. Pour relativiser ces résultats, on pourra objecter que ces conclusions s’appuient sur des publications anciennes ayant testé des SADM encore plus anciens. Mais les choses sont en train de changer avec le développement des objets connectés, et la mise à disposition, notamment du grand public, de service numériques liés à la santé et à la médecine via des applications, en particulier mobiles (sur smartphones et tablettes). Ces applications proposent aux professionnels de santé le calcul de scores, la consultation de RPC, l’accès à la littérature, et selon Worster et Haynes (2012), il est à présent aisé d’obtenir des réponses aux questions cliniques qu’un médecin se pose. Des outils similaires sont développés à destination des patients et plus largement des usagers. Par exemple, sympto-check et e-docteur en France permettent au patient d’identifier un diagnostic probable à partir d’un interrogatoire et du recueil de signes et de symptômes à la manière de DXplain. Une application mobile comme «AVC, agir vite» permet à chacun de diagnostiquer une situation d’urgence et d’alerter la SAMU en cas de suspicion d’AVC à travers une procédure formalisée évaluant l’état de conscience, la qualité du discours, les anomalies du bras et du visage.
Aujourd’hui, la manière de concevoir les SADM a évolué et, même s’il ne sont pas encore énormément répandus, ils continuent d’être envisagés comme des instruments d’évaluation des états de santé, de promotion des bonnes pratiques et de personnalisation des soins. Face à la demande actuelle d’efficience et de qualité des soins, leur développement et leur diffusion vont s’amplifier comme en témoigne les incitatifs mis en œuvre à la manière du «Meaningful use» aux Etats-Unis (rémunération perçue sur la preuve d’usage des technologies de l’information en santé), avec, pour la ville, la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) incluant déjà l’informatisation du cabinet, l’utilisation d’un dossier patient informatisé et le recueil d’indicateurs cliniques, et le programme Hôpital Numérique pour les établissements de santé. Toutefois, la place des SADM ne sera ni unique, ni centrale, et devra se concevoir au sein d’approches multidimensionnelles jouant sur tous les leviers pour permettre le transfert efficace des connaissances, et la promotion des bonnes pratiques (Grimshaw et al.,2012).Il est donc vraisemblable que la médecine aura à s’exercer dans un environnement de plus en plus informatisé et connecté où les SADM joueront des rôles variés. Pour les professionnels de santé, ce seront des outils simplificateurs, garants d’une pratique de qualité. Pour les établissements de santé, ce seront des instruments d’harmonisation des pratiques et de mesure de performance. Utilisés par les patients, les SADM participeront à leur autonomisation, source potentielle d’adhésion aux soins et d’observance. Dans tous les cas, la qualité et la pertinence des messages délivrés par les SADM dépendront des ressources sur lesquelles ils seront adossés, que ce soit les jeux de données, les bases de connaissances, mais aussi les données utilisées pour décrire les patients. Aux développeurs de SADM d’être explicites sur l’origine des ressources utilisées. Aux médecins de s’informer tout en conservant leurs sens critique et clinique afin de tirer parti de ces nouveaux outils dans leurs prises de décision. »
Source : Systèmes informatiques d'aide à la décision en médecine : panorama des approches utilisant les données et les connaissances, Brigitte Séroussi, Jacques Bouaud
Quelques ressources complémentaires :
- Systèmes informatiques d'aide à la décision médicale, Sara Si-Moussi
- Développement des systèmes d’aide à la décision dans les cabinets de médecine générale en France Application avec l’AntibioVille 2015 de la formalisation d’une recommandation médicale et son intégration dans un logiciel métier, Mathieu Moreno
Bonne journée.
Voici plusieurs extraits de documents qui vous aideront à répondre à vos interrogations sur les SADM :
« Les systèmes d’aide à la décision médicale (SADM) sont « des applications informatiques dont le but est de fournir aux cliniciens en temps et lieux utiles les informations décrivant la situation clinique d’un patient ainsi que les connaissances appropriées à cette situation, correctement filtrées et présentées afin d’améliorer la qualité des soins et la santé des patients ».
Jusqu’au début des années 90, leur utilisation s’est limitée à quelques Institutions pionnières US1 qui ont développé, régulièrement évalué et progressivement amélioré leurs propres systèmes d’information clinique comportant des fonctions de gestion du dossier patient, de prescription des actes diagnostiques et des médicaments, et d’aide à la décision clinique.
La démonstration par ces Institutions du potentiel des technologies de l’information et de la communication en santé (TICS) et des SADM en termes d’amélioration de la qualité, de la sécurité et de l’efficience des soins jointe à la publication dans les années 2000 de constats sur la qualité insuffisante des soins par l’US Institute Of Médicine, ont conduit à partir des années 90 le gouvernement fédéral des Etats Unis, les systèmes d’assurance publics ou privés et les organisations de soins intégrées à des initiatives ayant pour objectifs :
• D’améliorer la qualité des soins au moyen de systèmes d’information cliniques comportant un dossier patient associé à des fonctions de prescription informatisés et d’aide à la décision
• De favoriser le développement d’une offre commerciale comportant des services d’aide à la décision par les fournisseurs de systèmes d’information clinique.
En Amérique du nord, l’usage des SADM s’est lentement développé au-delà des Institutions pionnières au début des années 2000, puis s’est accéléré au cours de ces dernières années sous l’effet des mesures prises par l’Etat fédéral et les assureurs de santé en faveur de l’utilisation des technologies de l’information en santé.
En Europe, de nombreux travaux de recherche et développement sur les SADM cofinancés par la communauté européenne ou les Etats membres ont été réalisés à partir des années 90 par des consortiums rassemblant laboratoires universitaires, industriels et groupes d’utilisateurs ; d’autres sont actuellement en cours dans le cadre des actions en faveur de la qualité et la sécurité des soins. Cependant, la diffusion des ces systèmes dans les établissements et les structures de soins ambulatoires s’est faite inégalement selon les pays.
Compte-tenu du potentiel démontré des SADM en termes d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, la plupart des autorités responsables des systèmes de santé d’Europe et d’Amérique du Nord estiment aujourd’hui que le problème n’est plus désormais de décider si la diffusion des SADM doit ou non être encouragée, mais de décider comment faire pour parvenir à en généraliser progressivement l’usage. »
Source : Etude des systèmes d’aide à la décision médicale : étude commanditée par la Haute Autorité de Santé et réalisée par Cegedim-Activ, has-sante.fr
« Compte tenu du potentiel démontré de certains types de SADM en termes d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, la plupart des autorités responsables des systèmes de santé d’Europe et d’Amérique du Nord estiment aujourd’hui que le problème n’est plus, désormais, de décider si la diffusion des SADM doit ou non être encouragée, mais de décider comment s’y prendre pour parvenir à en généraliser progressivement l’usage.
Source : Darmoni, Stefan, Nicolas Griffon, et Philippe Massari. « Les systèmes d'aide à la décision médicale », Annales des Mines - Réalités industrielles, vol. novembre 2014, no. 4, 2014, pp. 47-50.
« Les systèmes d'aide à la décision médicale (SADM) sont des outils informatiques capables de traiter l'ensemble des caractéristiques d'un patient donné afin de générer les diagnostics probables de son état clinique (aide au diagnostic) ou les traitements qui lui seraient adaptés (aide à la thérapeutique). Le terme SADM recouvre aujourd'hui un ensemble d'outils variés, plus ou moins complexes. Cet article dresse un panorama de ces différents outils et des approches qui en sous-tendent le fonctionnement. Les approches numériques se fondent essentiellement sur l'analyse de jeux de données. Elles ont initialement été appliquées à l'aide au diagnostic. Du fait du déploiement des dossiers patients informatisés, on dispose aujourd'hui de nombreuses données utilisées par les modèles prédictifs d'aide à la thérapeutique. Les approches symbo- liques utilisent une modélisation des connaissances mobilisées par le raisonnement pour décider. Elles ont été initialement mises en œuvre avec les systèmes experts qui visaient à reproduire le raisonnement des experts cliniciens engagés dans une démarche décisionnelle. Récemment, conformément au principe de la médecine fondée sur les données probantes, l'expertise subjective des systèmes experts a été remplacée par les connaissances objectives des recommandations de bonne pratique dans les SADM modernes. Ces systèmes, qu'ils soient historiques ou actuels, sont décrits, les différents types d'exploitation des connaissances qu'ils proposent, que ce soit en mode automatique ou en mode documentaire, sont présentés. Longtemps cantonnés aux laboratoires de recherche et aux expérimentations pilotes, il est probable que, compte tenu des exigences sociétales en termes de qualité des soins, les SADM soient dans un futur proche appelés à être utilisés en routine afin d'orienter les pratiques et d'évaluer les performances. […]
Au cours des cinquante dernières années, les SADM se sont développés par vague. D’abord centrés sur l’aide au diagnostic, ils ont récemment évolué pour fournir un support à décision thérapeutique, en particulier par la mise en œuvre des RPC.
Tout d’abord, les RPC qui constituent les sources de connaissances des SADM sont très critiquées par les professionnels de santé (Cabanaet al., 1999). En effet, au-delà des doutes que certains expriment sur la fiabilité scientifique des contenus (cf. l’actualité récurrente sur les problèmes liés aux conflits d’intérêt des experts), les RPC sont souvent considérées comme non appropriées aux cas particuliers, inutiles pour les cas simples et manquantes pour les cas complexes. Issues des résultats des essais cliniques disponibles sur une thématique donnée, elles sont par nature incomplètes et ne proposent pas de solution de prise en charge pour de nombreux profils cliniques. Supposées s’appuyer sur des données probantes, on constate que peu de recommandations sont effectivement associées à un grade et que la majorité d’entre elles reposent sur des accords professionnels. Enfin, le temps mis pour l’élaboration des RPC (entre 18 et 24 mois) et la fréquence de leur réactualisation (tous les 5 à 10 ans), font que ces documents sont rapidement obsolètes.
Il existe d’autres obstacles à la mise en œuvre des SADM que le contenu des RPC, et on pourra se reporter à la revue de Flottorp et al. (2013) pour une classification des facteurs déterminant les pratiques médicales. En particulier, si l’effet des SADM sur les pratiques est variable, mais globalement positif, avec une amélioration des mesures de performance comme le suivi des recommandations (Jaspers et al., 2011; Roshanov et al., 2013), l’impact clinique de l’usage de ces outils reste encore faible. Pour relativiser ces résultats, on pourra objecter que ces conclusions s’appuient sur des publications anciennes ayant testé des SADM encore plus anciens. Mais les choses sont en train de changer avec le développement des objets connectés, et la mise à disposition, notamment du grand public, de service numériques liés à la santé et à la médecine via des applications, en particulier mobiles (sur smartphones et tablettes). Ces applications proposent aux professionnels de santé le calcul de scores, la consultation de RPC, l’accès à la littérature, et selon Worster et Haynes (2012), il est à présent aisé d’obtenir des réponses aux questions cliniques qu’un médecin se pose. Des outils similaires sont développés à destination des patients et plus largement des usagers. Par exemple, sympto-check et e-docteur en France permettent au patient d’identifier un diagnostic probable à partir d’un interrogatoire et du recueil de signes et de symptômes à la manière de DXplain. Une application mobile comme «AVC, agir vite» permet à chacun de diagnostiquer une situation d’urgence et d’alerter la SAMU en cas de suspicion d’AVC à travers une procédure formalisée évaluant l’état de conscience, la qualité du discours, les anomalies du bras et du visage.
Aujourd’hui, la manière de concevoir les SADM a évolué et, même s’il ne sont pas encore énormément répandus, ils continuent d’être envisagés comme des instruments d’évaluation des états de santé, de promotion des bonnes pratiques et de personnalisation des soins. Face à la demande actuelle d’efficience et de qualité des soins, leur développement et leur diffusion vont s’amplifier comme en témoigne les incitatifs mis en œuvre à la manière du «Meaningful use» aux Etats-Unis (rémunération perçue sur la preuve d’usage des technologies de l’information en santé), avec, pour la ville, la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) incluant déjà l’informatisation du cabinet, l’utilisation d’un dossier patient informatisé et le recueil d’indicateurs cliniques, et le programme Hôpital Numérique pour les établissements de santé. Toutefois, la place des SADM ne sera ni unique, ni centrale, et devra se concevoir au sein d’approches multidimensionnelles jouant sur tous les leviers pour permettre le transfert efficace des connaissances, et la promotion des bonnes pratiques (Grimshaw et al.,2012).Il est donc vraisemblable que la médecine aura à s’exercer dans un environnement de plus en plus informatisé et connecté où les SADM joueront des rôles variés. Pour les professionnels de santé, ce seront des outils simplificateurs, garants d’une pratique de qualité. Pour les établissements de santé, ce seront des instruments d’harmonisation des pratiques et de mesure de performance. Utilisés par les patients, les SADM participeront à leur autonomisation, source potentielle d’adhésion aux soins et d’observance. Dans tous les cas, la qualité et la pertinence des messages délivrés par les SADM dépendront des ressources sur lesquelles ils seront adossés, que ce soit les jeux de données, les bases de connaissances, mais aussi les données utilisées pour décrire les patients. Aux développeurs de SADM d’être explicites sur l’origine des ressources utilisées. Aux médecins de s’informer tout en conservant leurs sens critique et clinique afin de tirer parti de ces nouveaux outils dans leurs prises de décision. »
Source : Systèmes informatiques d'aide à la décision en médecine : panorama des approches utilisant les données et les connaissances, Brigitte Séroussi, Jacques Bouaud
- Systèmes informatiques d'aide à la décision médicale, Sara Si-Moussi
- Développement des systèmes d’aide à la décision dans les cabinets de médecine générale en France Application avec l’AntibioVille 2015 de la formalisation d’une recommandation médicale et son intégration dans un logiciel métier, Mathieu Moreno
Bonne journée.
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