Femen

Réponse du Département Société

Bonjour,

Le 08 mars dernier à Paris, des militantes Femen ont manifesté à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Le nom Femen désigne un mouvement féministe radical et engagé, né en Ukraine en 2008. En 2012, Inna Shevchenko, une des activistes historiques des Femen se réfugie en France et y développe la branche française. Les Femen utilisent leur corps et la nudité pour exprimer leur opposition à la domination masculine, à la religion et à l’asservissement sexuel des femmes. Elles se disent « sextrémistes », c’est-à-dire qu’elles prônent un féminisme « agressif mais non-violent ». Elles sont présentes dans plusieurs pays.
Les activistes Femen ont publié en 2017 un ouvrage dans lequel elles exposent leurs idées et leurs combats.

Le mode d’action des militantes Femen leur a valu plusieurs procès et a, dès l’apparition du mouvement, fait réagir intellectuels et militantes féministes.

Olivier Goujon, journaliste et auteur de Femen : histoire d'une trahison, explique ici en quoi les Femen ont impacté les combats féministes : « Ce qui est certain, c’est que dans l’histoire du féminisme il y aura avant et après FEMEN. Ça c’est indéniable. Elles ont en réalité changé la face du féminisme. […] Si on prend par exemple comme mode d’action le surgissement, le topless, c’est révolutionnaire comme mode d’action. »
Christine Bard, historienne, pense que « se dévêtir et le mode opératoire des Femen reste pertinent aujourd’hui, notamment pour protester contre la pudeur imposée par les grandes religions monothéistes. ». Alice Coffin, militante féministe, « y voit avant tout un moyen efficace de mettre les revendications féministes sur les devants de la scène ». (Source : Les Femen, des seins nus pour quel dessein ?)

Mais Mona Chollet, journaliste et essayiste, a dénoncé le paradoxe de l’utilisation du corps féminin pour lutter contre le patriarcat : « La réduction permanente des femmes à leur corps et à leur sexualité, la négation de leurs compétences intellectuelles, l’invisibilité sociale de celles qui sont inaptes à complaire aux regards masculins constituent des pierres d’angle du système patriarcal. » (Source : Femen partout, féminisme nulle part. Une analyse partagée par Nicole Van Enis qui estime que « manifester seins nus joue le jeu du patriarcat ». (Source : Les Femen, des seins nus pour quel dessein ?)

Par ailleurs, le manque de réflexion de fond a été une critique récurrente. Par exemple, Eloïse Bouton, ancienne militante Femen, a dénoncé un « manque de nuances des actions faites à l’arrache ». (Source : Des seins nus aux livres politiques... Comment les Femen veulent faire peau neuve). Mona Chollet déclarait quant à elle, « Mais encore faut-il que derrière les « coups », il y ait un fond politique solide et bien pensé qui leur donne leur sens. Or, dans le cas des Femen, c’est peu dire que le discours ne suit pas. Quand il ne se révèle pas franchement désastreux » (Source : Femen partout, féminisme nulle part).

Pour aller plus loin :

- Confession d'une ex-Femen / Éloïse Bouton
- « Mon corps est une arme », des suffragettes aux Femen / Christine Bard. Dans Les Temps Modernes 2014/2 (n° 678), pages 213 à 240. En accès gratuit sur Cairn, à la Bibliothèque de Lyon.
- Seins nus : les Femen, phénomène médiatique ou féministe ? /Emilie Brouze . Dans L’Obs Rue 89. Publié le 24 janvier 2017 à 22h28
- Femen / Femen ; avec la collaboration de Galia Ackerman
- Inna / Caroline Fourest