Où étaient produits les mousquets et arquebuses au 17e siècl
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/03/2020 à 15h15
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Question d'origine :
Nous savons qu'avec l'arrivée de la poudre à canon, l'artillerie s'est rapidement transformée au Moyen-Âge, puis les armes de jets ont progressivement été remplacées par les armes à feu. Au même moment, le mercantilisme poussait les métropoles à coloniser de vastes territoires, une conquête qui nécessitait de nombreuses armes. Y avait-il des régions spécialisées dans la production de ces armes pendant le 17e siècle, particulièrement au niveau des arquebuses et des mousquets, largement utilisées en Amérique? Ces régions étaient-elles concentrées en Europe, ou y avait-il de la production locale au sein des colonies? Toutes les métropoles possédaient-elles leur propre production ou certaines (comme le Portugal) devaient-elles importer des armes de ses concurrentes?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/03/2020 à 11h58
Bonjour,
Utrecht et Liège sont les principaux centres européens de production d'armes à feu au XVIIe siècle. Pour la France, sous l'impulsion de Maximilien Titon, Charleville, Tulle et Saint-Etienne vont se développer et approvisionner l'armée française. Il va mener une politique d'armement fondée sur le monopole et la centralisation.
Quelques extraits d'articles qui pourront vous intéresser :
''Au milieu du XVIIe siècle, la fabrication des armes de l'infanterie et de la cavalerie françaises est encore très artisanale . En cas de guerre, elle est complétée par des achats à l'étranger. Mais quand Louis XIV prend personnellement le gouvernement de la France, ces moyens sont insuffisants pour équiper les importants effectifs qu'il met sur pied. Une véritable industrie d'armement est nécessaire. C'est Maximilien Titon (1632-1711) qui est chargé de la constituer. Obscur marchand d'armes, d'origine très modeste, mais dans doute protégé par des personnages influents, il obtient de Le Tellier, en 1665, le monopole de la production des armes pour toute la France, avec le titre de directeur général du magasin d'armes de la Bastille, qu'il crée. La fabrication est assurée dans deux manufactures privées à Charleville et à Saint-Étienne , où il a des commis. Titon fait venir des ouvriers de Liège, construit des fabriques près de Charleville : la production augmente rapidement.
[...]
... les artisans et marchands d'armes français sont incapables de faire face à l'accroissement de la demande dès les premiers préparatifs de la guerre en 1665 et 1666. Il n'existe aucune réserve d'armes : la seule ressource consiste à les acheter à l'étranger.Les achats sont faits surtout à Liège et à Utrecht et un peu en Allemagne . Aussi, l'armement de ses armées devient-il une préoccupation du gouvernement royal, d'autant plus que les difficultés causées par l'accroissement des effectifs sont aggravées par l'apparition concomitante d'une profonde mutation dans le domaine technique de l'armement, la création du fusil, dont le succès est rapide : quelques capitaines l'auraient déjà introduits dans certains régiments avant 1650, mais c'est en 1652 que le maréchal d'Hocquincourt, commandant en chef en Catalogne, lève le premier régiment de fusiliers (14). [...]
[Maximilien Titon] regroupera la fabrication de toutes les armes à l'exclusion de celles destinées à la marine et aux colonies et de l'artillerie, autour dedeux manufactures de statut privé, à Charleville et à Saint-Etienne , où il sera représenté par un intermédiaire à son compte, un commissionnaire ou commis."
source : Bonnefoy François. Maximilien Titon, directeur général des Magasins d'armes de Louis XIV, et le développement des armes portatives en France. In: Histoire, économie et société, 1986, 5ᵉ année, n°3. pp. 353-380.
" Les manufactures sont proches des troupes mais surtout d’un univers technologique déjà établi.Saint-Étienne et Tulle ont leur histoire propre. La première possède une tradition armurière attestée dès le XVIe siècle par les terriers et par la trace d’un envoyé de François 1er. (1532 ?). Dubessy mentionne un statut de 1659 approuvé par le roi pour une « corporation des maîtres fourbisseurs, enrichisseurs, limeurs et forgeurs de gardes d’épée ». Une délibération des Consuls en date du 7 juin 1636 fait apparaître parmi eux deux Girard, arquebusiers. Enfin sur les 28 000 habitants de 1669, 50 sont canoniers et 600 armuriers. A Tulle aussi, la tradition d’arquebuserie est attestée, ainsi que le grand nombre de moulins à canons. Yves Cayre en cite une vingtaine pour la période du XVIIe siècle qui précède la formation de la Manufacture. Ils font à la St. Jean une sorte de fantasia en tirant du haut des tourelles de la cathédrale. La proximité des ouvriers liégeois tend à fixer les manufactures du Nord-Est.
source : MORTAL, Patrick. – 1 – De la fabrique à la manufacture royale In : Les armuriers de l’État : Du Grand Siècle à la globalisation 1665-1989 [en ligne]. Villeneuve d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2007
Vous trouverez plus de précisions dans ces documents :
- LES ARMES PORTATIVES DE LA MARINE FRANÇAISE (1660-1789) / François BONNEFOY
- Les armes à feu portatives: leur origine et leur développement historique et technique jusqu'à nos jours / Rudolf Schmidt
- Louvois et la politique d'armement des troupes / Bonnefoy François. In: Histoire, économie et société, 1996, 15ᵉ année, n°1. Louvois. pp. 95-103.
Une thèse sur le sujet : Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789 : de l'indépendance à la primauté / par le colonel... François Bonnefoy ; sous la dir. de André Corvisier est consultable partiellement sur Gallica :
- Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789 : de l'indépendance à la primauté. Tome 1
- Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789 : de l'indépendance à la primauté. Tome 2
Un extrait :
" Des villes étrangères sont spécialisées dans cette production d'armes. En Italie, les armuriers de Milan assuraient, dès le milieu du XVème siècle, l'armement de plusieurs milliers d'hommes. Ferrare et Venise avaient, au XVIème siècle, de vastes manufactures d'armes à feu, et à l'occasion des guerres de cette période, les armées françaises s'y étaient largement approvisionnées. L'Espagne était renommée pour ses armes blanches de Tolède, Madrid, Cordoue. En Allemagne, au XVIème siècle, presque toutes les villes ont des armuriers. La fabrication des lames à Solingen commence à la fin du XIIIème siècle. Les manufactures de Suhl fournissent, vers 1580, des milliers d'armes par an. Mais ce sont les Pays-Bas qui sont le centre principal du commerce au XVIIème siècle: Maestricht, Breda, Utrecht sont les marchés les mieux achalandés. Le plus important lieu de production est toutefois Liège, dont les ateliers remontent au XIVème siècle. "
Vous pouvez contacter la bibliothèque du Musée des armées pour plus d'information : bibliotheque@musee-armee.fr
Bonne journée.
Utrecht et Liège sont les principaux centres européens de production d'armes à feu au XVIIe siècle. Pour la France, sous l'impulsion de Maximilien Titon, Charleville, Tulle et Saint-Etienne vont se développer et approvisionner l'armée française. Il va mener une politique d'armement fondée sur le monopole et la centralisation.
Quelques extraits d'articles qui pourront vous intéresser :
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[...]
... les artisans et marchands d'armes français sont incapables de faire face à l'accroissement de la demande dès les premiers préparatifs de la guerre en 1665 et 1666. Il n'existe aucune réserve d'armes : la seule ressource consiste à les acheter à l'étranger.
[Maximilien Titon] regroupera la fabrication de toutes les armes à l'exclusion de celles destinées à la marine et aux colonies et de l'artillerie, autour de
source : Bonnefoy François. Maximilien Titon, directeur général des Magasins d'armes de Louis XIV, et le développement des armes portatives en France. In: Histoire, économie et société, 1986, 5ᵉ année, n°3. pp. 353-380.
" Les manufactures sont proches des troupes mais surtout d’un univers technologique déjà établi.
source : MORTAL, Patrick. – 1 – De la fabrique à la manufacture royale In : Les armuriers de l’État : Du Grand Siècle à la globalisation 1665-1989 [en ligne]. Villeneuve d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2007
Vous trouverez plus de précisions dans ces documents :
- LES ARMES PORTATIVES DE LA MARINE FRANÇAISE (1660-1789) / François BONNEFOY
- Les armes à feu portatives: leur origine et leur développement historique et technique jusqu'à nos jours / Rudolf Schmidt
- Louvois et la politique d'armement des troupes / Bonnefoy François. In: Histoire, économie et société, 1996, 15ᵉ année, n°1. Louvois. pp. 95-103.
Une thèse sur le sujet : Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789 : de l'indépendance à la primauté / par le colonel... François Bonnefoy ; sous la dir. de André Corvisier est consultable partiellement sur Gallica :
- Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789 : de l'indépendance à la primauté. Tome 1
- Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789 : de l'indépendance à la primauté. Tome 2
Un extrait :
" Des villes étrangères sont spécialisées dans cette production d'armes. En Italie, les armuriers de Milan assuraient, dès le milieu du XVème siècle, l'armement de plusieurs milliers d'hommes. Ferrare et Venise avaient, au XVIème siècle, de vastes manufactures d'armes à feu, et à l'occasion des guerres de cette période, les armées françaises s'y étaient largement approvisionnées. L'Espagne était renommée pour ses armes blanches de Tolède, Madrid, Cordoue. En Allemagne, au XVIème siècle, presque toutes les villes ont des armuriers. La fabrication des lames à Solingen commence à la fin du XIIIème siècle. Les manufactures de Suhl fournissent, vers 1580, des milliers d'armes par an. Mais ce sont les Pays-Bas qui sont le centre principal du commerce au XVIIème siècle: Maestricht, Breda, Utrecht sont les marchés les mieux achalandés. Le plus important lieu de production est toutefois Liège, dont les ateliers remontent au XIVème siècle. "
Vous pouvez contacter la bibliothèque du Musée des armées pour plus d'information : bibliotheque@musee-armee.fr
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