Mais qui moquait Emmanuel Théaulon ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 08/06/2020 à 14h55
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Question d'origine :
La comédie-vaudeville en cinq actes d’Emmanuel Théaulon, Armand d’Artois et Francis Baron d’Allarde, Le Candidat ou l’Athénée de Beaune a été créée au théâtre des Variétés, à Paris, en 1826. Cette pièce se moque des candidats qui se présentaient cette année-là à l’Académie française et le personnage de M. Doucet représenterait un écrivain alors connu que les spectateurs de l’époque auraient aisément reconnu. Près de deux siècles plus tard, je me (et vous) demande qui pouvait être cet écrivain. Si vous savez le reconnaître et le nommer, je vous en saurai beaucoup gré.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 09/06/2020 à 15h30
Bonjour,
D’après les informations que nous avons trouvées au cours de nos recherches, nous ne pouvons pas affirmer que le personnage de Doucet représentait la caricature d’un écrivain spécifique ou unique. En revanche, la pièce se moquait bien de l’Académie française en tant qu’institution, ce qui lui valut presque l’interdiction. C’est finalement au prix de nombreuses coupures qu’elle put être représentée.
« Respect à l’Académie française. Théaulon et D’Artois avaient écrit Le Candidat à l’académie de province. Et le titre indiquait assez bien qu’il s’agissait d’une petite académie de rien du tout. Mais la comédie était toute pleine d’allusions à l’Académie française. Lacretelle rédigea son rapport :
« Une espèce d’imbécile, M. Doucet, ancien confiseur, a la prétention de se faire recevoir à l’Académie ; il fait la visite chez des académiciens, accompagné d’un ami dont l’esprit s’exerce vainement à couvrir les sottises qui échappent au candidat. Tous les académiciens que l’on passe en revue sont représentés comme des personnages plats dont la stupidité est à peu près égale à celle du candidat qui veut devenir leur collègue. En outre, chacun d’eux est accessible aux séductions les plus basses, telles que des pâtés de truffes, etc… M. Doucet dans sa confiance s’est déjà fait faire l’habit de membre de l’Académie ; l’auteur a voulu évidemment mettre en scène l’habit de l’Institut pour le vouer à des risées. M. Doucet cependant manque son élection ; mais il est plein de confiance pour une élection nouvelle.Une attaque aussi directe contre une des institutions les plus illustres de nos rois ne me paraît pas pouvoir être tolérée. On y reconnaît cet esprit révolutionnaire qui ne pardonne pas à l’Académie française de se montrer constamment soit dans ses élections, soit dans ses principes, indocile à sa misérable et dangereuse influence . »
Ce Lacretelle, n’est-ce pas celui qui, en 1811, s’était présenté à l’Académie contre Chateaubriand ? Il n’avait eu, au bout du compte, qu’une voix de moins que son rival. Et cette aventure ne le rendait pas sceptique. Il avait l’énergie morale d’un censeur.
Il fallut que Théaulon et Dartois fissent des coupures. Les allusions ôtées, la comédie de valait rien. On la représenta en 1828. »
Source : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, 22 novembre 1913
« De la gaieté, plusieurs jolis couplets, quelques saillies nouvelles, et surtout le jeu des acteurs, ont assuré le succès de cette bouffonnerie. On a beaucoup ri ; ce qui ne prouve pas que la pièce soit excellente. Elle manque de cet intérêt qui doit être le principal lien des scènes et les faire désirer les unes après les autres. Au lieu d’aperçus nouveaux et ingénieux, de vieilles plaisanteries mises en action ;la vérité presque toujours sacrifiée à des charges qui sont rarement de bon goût ; enfin, presque rien d’applicable aux dernières élections académiques… Mais le public aime tant à s’amuser aux dépens de nos quarante, qu’il leur a attribué toutes les sottises de MM. Doucet, Bonichon, Fait-rien, et compagnie . Sans doute les auteurs, qui sont gens d’esprit, avaient fait une meilleure pièce ; mais les censeurs sont académiciens . »
Source : Le Globe, 1826
Malheureusement nous n’avons pas pu consulter directement l’ouvrage de Christian A.E. Jensen : L'évolution du romantisme : l'année 1826, qui est actuellement conservé aux Archives départementales en raison des travaux du silo. Néanmoins des extraits de ce livre sont consultables dans Google Livres :
« Le Candidat, ou l’Athénée de Beaune, de Théaulon, Francis et Dartois, exerce un double attrait sur les critiques soucieux de réforme. Comme Le Chiffonnier, c’est une pièce en cinq petits actes, dont chacun se passe dans un lieu différent. Mais Le Candidat est encore une satire des candidats qui se présentaient en 1826 à l’Académie française. Le Constitutionnel estime que les auteurs, empêchés par la censure de mettre en scène un aspirant à un fauteuil de l’Académie française, en furent réduits à faire la satire du modeste Athénée de Beaune, mais qu’il ne faut voir dans le candidat de la pièce que « la copie, ou la caricature de quelques-uns de ces candidats qui se mettent chaque jour sur les rangs pour arriver à une immortalité académique d’un ordre plus élevé ». »
Bonne journée.
D’après les informations que nous avons trouvées au cours de nos recherches, nous ne pouvons pas affirmer que le personnage de Doucet représentait la caricature d’un écrivain spécifique ou unique. En revanche, la pièce se moquait bien de l’Académie française en tant qu’institution, ce qui lui valut presque l’interdiction. C’est finalement au prix de nombreuses coupures qu’elle put être représentée.
« Respect à l’Académie française. Théaulon et D’Artois avaient écrit Le Candidat à l’académie de province. Et le titre indiquait assez bien qu’il s’agissait d’une petite académie de rien du tout. Mais la comédie était toute pleine d’allusions à l’Académie française. Lacretelle rédigea son rapport :
« Une espèce d’imbécile, M. Doucet, ancien confiseur, a la prétention de se faire recevoir à l’Académie ; il fait la visite chez des académiciens, accompagné d’un ami dont l’esprit s’exerce vainement à couvrir les sottises qui échappent au candidat. Tous les académiciens que l’on passe en revue sont représentés comme des personnages plats dont la stupidité est à peu près égale à celle du candidat qui veut devenir leur collègue. En outre, chacun d’eux est accessible aux séductions les plus basses, telles que des pâtés de truffes, etc… M. Doucet dans sa confiance s’est déjà fait faire l’habit de membre de l’Académie ; l’auteur a voulu évidemment mettre en scène l’habit de l’Institut pour le vouer à des risées. M. Doucet cependant manque son élection ; mais il est plein de confiance pour une élection nouvelle.
Ce Lacretelle, n’est-ce pas celui qui, en 1811, s’était présenté à l’Académie contre Chateaubriand ? Il n’avait eu, au bout du compte, qu’une voix de moins que son rival. Et cette aventure ne le rendait pas sceptique. Il avait l’énergie morale d’un censeur.
Il fallut que Théaulon et Dartois fissent des coupures. Les allusions ôtées, la comédie de valait rien. On la représenta en 1828. »
Source : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, 22 novembre 1913
« De la gaieté, plusieurs jolis couplets, quelques saillies nouvelles, et surtout le jeu des acteurs, ont assuré le succès de cette bouffonnerie. On a beaucoup ri ; ce qui ne prouve pas que la pièce soit excellente. Elle manque de cet intérêt qui doit être le principal lien des scènes et les faire désirer les unes après les autres. Au lieu d’aperçus nouveaux et ingénieux, de vieilles plaisanteries mises en action ;
Source : Le Globe, 1826
Malheureusement nous n’avons pas pu consulter directement l’ouvrage de Christian A.E. Jensen : L'évolution du romantisme : l'année 1826, qui est actuellement conservé aux Archives départementales en raison des travaux du silo. Néanmoins des extraits de ce livre sont consultables dans Google Livres :
« Le Candidat, ou l’Athénée de Beaune, de Théaulon, Francis et Dartois, exerce un double attrait sur les critiques soucieux de réforme. Comme Le Chiffonnier, c’est une pièce en cinq petits actes, dont chacun se passe dans un lieu différent. Mais Le Candidat est encore une satire des candidats qui se présentaient en 1826 à l’Académie française. Le Constitutionnel estime que les auteurs, empêchés par la censure de mettre en scène un aspirant à un fauteuil de l’Académie française, en furent réduits à faire la satire du modeste Athénée de Beaune, mais qu’
Bonne journée.
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