Question d'origine :
S.V.P. On vient d'apprendre, ce jour, la disparition de Monsieur Alain REY, ce très grand connaisseur de la langue française, lexicographe et auteur du dictionnaire LE ROBERT. Dans sa biographie, est également mentionné , le dictionnaire LE LITTRÉ ....dictionnaire que j'ai vu souvent mentionné, mais que je ne pense pas avoir connu ! Quelle est ou quelle était la particularité de ce dictionnaire, existe t il toujours et qu'elle est sa place à côté des Larousse et Robert , eux très répandus et connus? Existe t il ou a t'il existé , à part aussi, celui de l'Académie Française d'autres dictionnaire de langue dans les dernières années, disons même au XX° siècle ? Merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/10/2020 à 12h45
Bonjour,
Vous vous questionnez sur l'histoire des dictionnaires de langue française depuis le XIXe siècle, à commencer par le Littré.
Le Littré est un dictionnaire créé au XIXe siècle par Emile Littré, médecin, lexicographe, philosophe et homme politique français, surtout connu, justement, pour son Dictionnaire de la langue française :
« son travail capital et son principal titre, c'est incontestablement le Dictionnaire de la langue française, dont il avait conçu de bonne heure le projet. Il l'avait en effet fait accepter dès 1841 au chef de la maison Hachette, son condisciple et ami, Louis Hachette, mais ce projet ne reçut un commencement d'exécution que six ans plus tard. La rédaction dura de 1847 à 1865, et l'impression, commencée le 27 septembre 1859, ne fut terminée qu'en novembre 1872, après une interruption d'environ neuf mois en 1870-1871. On peut se rendre compte du travail qu'exigea ce Dictionnaire quand on sait que la copie comptait 415 636 feuillets, et qu'elle était rangée par paquets de mille feuilles dans huit caisses de bois blanc, déposées dans la cave de la maison de campagne de Littré au Mesnil-le-Roi. Au mois d'août 1870, en prévision d'opérations militaires aux environs de Paris, Littré fit transporter ces caisses à Paris, dans les sous-sols de la maison Hachette, pour les mettre hors de portée des obus. C'était le plus grand travail lexicographique entrepris jusque-là sur la langue française, et on ne sait ce qu'on doit admirer le plus chez l'auteur de cette œuvre : la sûreté de sa méthode, la sagacité de ses jugements, la profondeur de son érudition, la patience de ses recherches ou son infatigable activité, tout cela au milieu des plus vives angoisses patriotiques. »
Source : Wikipedia
Ce dictionnaire a connu plusieurs rééditions jusqu’à sa version contemporaine, assez éloignée du Littré d’origine :
« Rééditions modernes
• Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1956, 13 724 pages, 26x13, sept tomes (a-c, c-d, d-g, g-m, m-p, p-s, s-z), reliure cartonnée-toilée
• Dictionnaire de la langue française - Édition nouvelle en quatre tomes respectant le découpage de 1874 (a-c, d-i, j-p, q-z), maquette de Jacques Daniel, contenu expurgé des étymologies, "fausses pour la plupart ou peu précises", présentation sur deux colonnes
o Club français du livre, 1956-1958, reliure cartonnée-toilée
o réédition par les Éditions du Cap, Monte-Carlo (filiale du CFL), 1969, reliure skaï noir
• Éditions Encyclopædia Britannica
o Quatre tomes + supplément, 1974-
o Six tomes + supplément, 1997-
Version contemporaine
Une version mise à jour et augmentée de la version abrégée de 1874 est publiée à partir de 2004 sous le nom de Le Nouveau Littré et Le Nouveau Petit Littré. Toutefois, les versions contemporaines du Littré, en particulier les collections en plusieurs volumes (datant des années 1960 et au-delà), sont tout à fait différentes de l'édition originale, en se démarquant sur les points suivants : simplification sémantique de beaucoup d'articles, ce qui se traduit par la disparition de remarques grammaticales, des différences entre les divers synonymes, et surtout suppression pure et simple de l'étymologie des mots. D'autre part, la disposition typographique et l'organisation des articles dont le principal souci était la clarté des divers sens d'un mot (marquée par des paragraphes bien séparés dans l'édition originale) n'est plus reproduite dans le Nouveau Littré. À partir de son édition 2006, le Nouveau Littré a intégré toutes les rectifications orthographiques de 1990. »
Source : Wikipedia
Quant à Pierre Larousse, il crée son Grand dictionnaire universel du XIXe siècle en 1866.
« Il est d'abord publié en fascicules, à partir de 1863 sous le titre de Grand Dictionnaire géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique du xixe siècle, puis se transforme en Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.
Cet ouvrage compte 15 volumes, qui parurent de 1866 à 1876 et qui furent suivis de deux volumes de suppléments, en 1878 et 1888. Il totalise plus de 20 000 pages. Il a mobilisé 89 collaborateurs – mais les articles ne sont pas signés – et « demeure une incontournable référence sur son époque »1. Il a eu un énorme impact social.
À la différence d'Émile Littré, auteur d'un autre grand dictionnaire, Pierre Larousse ne s'intéresse pas d'abord « au sacré de la langue », mais à la description du monde2. Il croit au progrès (« La foi à la loi du progrès est la vraie foi de notre âge »2) et veut faire de son dictionnaire un instrument d'éducation populaire. Pour cela, il adopte un ton engagé, vibrant, volontiers imagé :
« S'il ne va pas jusqu'à écrire des articles à la première personne du singulier, il n'hésite pas devant l'évocation autobiographique, il raconte plus qu'il ne décrit ; il met en scène ses doutes, ses sentiments contradictoires, le cheminement de ses convictions, son immense bonheur d'apprendre » »
Source : Wikipedia
Nous arrivons au XXe siècle : Aristide Quillet publie la première édition de son Dictionnaire encyclopédique en 1934.
Le Robert est créé par Paul Robert en 1951, il bénéficie notamment de la collaboration d’Alain Rey :
« En répondant à une petite annonce parue dans… Le Monde, le jeune Alain Rey fit une rencontre déterminante. En effet, au tournant des années 1950, l’héritier d’une riche famille pied-noir d’Orléansville, Paul Robert, frustré des limites des dictionnaires existants, nourrissait le projet d’un ouvrage de type nouveau, basé non plus seulement sur l’ordre alphabétique, mais aussi sur des renvois analogiques (l’intertextualité avant l’heure…). Sa référence : le dictionnaire d’Emile Littré (1801-1881).
Alain Rey participa à cette « entreprise imaginative et invraisemblable » aux côtés de Josette Debove, sa future épouse. Celle-ci, lexicographe, sémiologue et universitaire, est morte en 2005, après une vie commune et une collaboration de cinquante années. Le couple n’a pas eu d’enfants, mais les nombreux ouvrages auxquels ils ont contribué constituent une postérité sans égal.
Et tout d’abord le « Grand Robert », dont la première édition (1953-1966), sous l’autorité de Paul Robert, sera suivie d’une deuxième (en 1985), avant une nouvelle édition augmentée (en 2001, avec Danièle Morvan). Un travail titanesque de réactualisation, exigeant la minutie de moines bénédictins, mais qui a bénéficié au fil du temps des apports de l’informatique et des techniques d’impression les plus performantes. Bien loin des fiches manuscrites de Paul Robert, à Casablanca, lors des débuts de l’entreprise…
En 1967 parut la première édition du Petit Robert (sous la triple houlette d’Alain Rey, Josette Rey-Debove et Henri Cottez), qui, « remanié et amplifié », fut suivi du Petit Robert des noms propres. Incontestable nouveauté par rapport à son concurrent, le septuagénaire Petit Larousse illustré : une plus grande ouverture au français du Québec ou de Bruxelles, une aptitude à capter l’air du temps, à intégrer les mots de tous les jours, y compris les onomatopées ou les mots argotiques.
Alain Rey, grand et éclectique lecteur, n’hésita pas à illustrer les définitions par des exemples issus de la littérature vivante, de Céline à Frédéric Dard en passant par Raymond Queneau. Le Petit Robert est, à sa manière, un enfant de Mai 68. »
Source : Alain Rey, l’un des maîtres d’œuvre du dictionnaire Le Robert, est mort, lemonde.fr
Le dictionnaire Hachette, concurrent direct de Larousse et du Robert, est plus jeune qu’eux : il est publié pour la première fois en 1980 par les éditions Hachette Livre.
Parmi les grands dictionnaires de la langue française citons encore le Dictionnaire historique de la langue française et le Dictionnaire culturel en langue française, tous les deux dirigés par Alain Rey, auxquels nous nous référons régulièrement pour répondre à des questions portant sur l’étymologie et la langue française.
Mais aussi le dictionnaire de l’Académie française, le Trésor de la langue française, et enfin le Grand Dictionnaire Terminologique élaboré par l’office québécois de la langue française.
Pour aller plus loin sur l’histoire des dictionnaires :
- Histoire du dictionnaire en France, Wikipedia
- Les dictionnaires de la langue française : une histoire et une dynamique, Jean Pruvost
- L'Histoire des dictionnaires, franceinter.fr (interview d’Alain Rey)
- Les dictionnaires du français moderne, academie-francaise.fr
Bonne journée.
Vous vous questionnez sur l'histoire des dictionnaires de langue française depuis le XIXe siècle, à commencer par le Littré.
Le Littré est un dictionnaire créé au XIXe siècle par Emile Littré, médecin, lexicographe, philosophe et homme politique français, surtout connu, justement, pour son Dictionnaire de la langue française :
« son travail capital et son principal titre, c'est incontestablement le Dictionnaire de la langue française, dont il avait conçu de bonne heure le projet. Il l'avait en effet fait accepter dès 1841 au chef de la maison Hachette, son condisciple et ami, Louis Hachette, mais ce projet ne reçut un commencement d'exécution que six ans plus tard. La rédaction dura de 1847 à 1865, et l'impression, commencée le 27 septembre 1859, ne fut terminée qu'en novembre 1872, après une interruption d'environ neuf mois en 1870-1871. On peut se rendre compte du travail qu'exigea ce Dictionnaire quand on sait que la copie comptait 415 636 feuillets, et qu'elle était rangée par paquets de mille feuilles dans huit caisses de bois blanc, déposées dans la cave de la maison de campagne de Littré au Mesnil-le-Roi. Au mois d'août 1870, en prévision d'opérations militaires aux environs de Paris, Littré fit transporter ces caisses à Paris, dans les sous-sols de la maison Hachette, pour les mettre hors de portée des obus. C'était le plus grand travail lexicographique entrepris jusque-là sur la langue française, et on ne sait ce qu'on doit admirer le plus chez l'auteur de cette œuvre : la sûreté de sa méthode, la sagacité de ses jugements, la profondeur de son érudition, la patience de ses recherches ou son infatigable activité, tout cela au milieu des plus vives angoisses patriotiques. »
Source : Wikipedia
Ce dictionnaire a connu plusieurs rééditions jusqu’à sa version contemporaine, assez éloignée du Littré d’origine :
« Rééditions modernes
• Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1956, 13 724 pages, 26x13, sept tomes (a-c, c-d, d-g, g-m, m-p, p-s, s-z), reliure cartonnée-toilée
• Dictionnaire de la langue française - Édition nouvelle en quatre tomes respectant le découpage de 1874 (a-c, d-i, j-p, q-z), maquette de Jacques Daniel, contenu expurgé des étymologies, "fausses pour la plupart ou peu précises", présentation sur deux colonnes
o Club français du livre, 1956-1958, reliure cartonnée-toilée
o réédition par les Éditions du Cap, Monte-Carlo (filiale du CFL), 1969, reliure skaï noir
• Éditions Encyclopædia Britannica
o Quatre tomes + supplément, 1974-
o Six tomes + supplément, 1997-
Version contemporaine
Une version mise à jour et augmentée de la version abrégée de 1874 est publiée à partir de 2004 sous le nom de Le Nouveau Littré et Le Nouveau Petit Littré. Toutefois, les versions contemporaines du Littré, en particulier les collections en plusieurs volumes (datant des années 1960 et au-delà), sont tout à fait différentes de l'édition originale, en se démarquant sur les points suivants : simplification sémantique de beaucoup d'articles, ce qui se traduit par la disparition de remarques grammaticales, des différences entre les divers synonymes, et surtout suppression pure et simple de l'étymologie des mots. D'autre part, la disposition typographique et l'organisation des articles dont le principal souci était la clarté des divers sens d'un mot (marquée par des paragraphes bien séparés dans l'édition originale) n'est plus reproduite dans le Nouveau Littré. À partir de son édition 2006, le Nouveau Littré a intégré toutes les rectifications orthographiques de 1990. »
Source : Wikipedia
Quant à Pierre Larousse, il crée son Grand dictionnaire universel du XIXe siècle en 1866.
« Il est d'abord publié en fascicules, à partir de 1863 sous le titre de Grand Dictionnaire géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique du xixe siècle, puis se transforme en Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.
Cet ouvrage compte 15 volumes, qui parurent de 1866 à 1876 et qui furent suivis de deux volumes de suppléments, en 1878 et 1888. Il totalise plus de 20 000 pages. Il a mobilisé 89 collaborateurs – mais les articles ne sont pas signés – et « demeure une incontournable référence sur son époque »1. Il a eu un énorme impact social.
À la différence d'Émile Littré, auteur d'un autre grand dictionnaire, Pierre Larousse ne s'intéresse pas d'abord « au sacré de la langue », mais à la description du monde2. Il croit au progrès (« La foi à la loi du progrès est la vraie foi de notre âge »2) et veut faire de son dictionnaire un instrument d'éducation populaire. Pour cela, il adopte un ton engagé, vibrant, volontiers imagé :
« S'il ne va pas jusqu'à écrire des articles à la première personne du singulier, il n'hésite pas devant l'évocation autobiographique, il raconte plus qu'il ne décrit ; il met en scène ses doutes, ses sentiments contradictoires, le cheminement de ses convictions, son immense bonheur d'apprendre » »
Source : Wikipedia
Nous arrivons au XXe siècle : Aristide Quillet publie la première édition de son Dictionnaire encyclopédique en 1934.
Le Robert est créé par Paul Robert en 1951, il bénéficie notamment de la collaboration d’Alain Rey :
« En répondant à une petite annonce parue dans… Le Monde, le jeune Alain Rey fit une rencontre déterminante. En effet, au tournant des années 1950, l’héritier d’une riche famille pied-noir d’Orléansville, Paul Robert, frustré des limites des dictionnaires existants, nourrissait le projet d’un ouvrage de type nouveau, basé non plus seulement sur l’ordre alphabétique, mais aussi sur des renvois analogiques (l’intertextualité avant l’heure…). Sa référence : le dictionnaire d’Emile Littré (1801-1881).
Alain Rey participa à cette « entreprise imaginative et invraisemblable » aux côtés de Josette Debove, sa future épouse. Celle-ci, lexicographe, sémiologue et universitaire, est morte en 2005, après une vie commune et une collaboration de cinquante années. Le couple n’a pas eu d’enfants, mais les nombreux ouvrages auxquels ils ont contribué constituent une postérité sans égal.
Et tout d’abord le « Grand Robert », dont la première édition (1953-1966), sous l’autorité de Paul Robert, sera suivie d’une deuxième (en 1985), avant une nouvelle édition augmentée (en 2001, avec Danièle Morvan). Un travail titanesque de réactualisation, exigeant la minutie de moines bénédictins, mais qui a bénéficié au fil du temps des apports de l’informatique et des techniques d’impression les plus performantes. Bien loin des fiches manuscrites de Paul Robert, à Casablanca, lors des débuts de l’entreprise…
En 1967 parut la première édition du Petit Robert (sous la triple houlette d’Alain Rey, Josette Rey-Debove et Henri Cottez), qui, « remanié et amplifié », fut suivi du Petit Robert des noms propres. Incontestable nouveauté par rapport à son concurrent, le septuagénaire Petit Larousse illustré : une plus grande ouverture au français du Québec ou de Bruxelles, une aptitude à capter l’air du temps, à intégrer les mots de tous les jours, y compris les onomatopées ou les mots argotiques.
Alain Rey, grand et éclectique lecteur, n’hésita pas à illustrer les définitions par des exemples issus de la littérature vivante, de Céline à Frédéric Dard en passant par Raymond Queneau. Le Petit Robert est, à sa manière, un enfant de Mai 68. »
Source : Alain Rey, l’un des maîtres d’œuvre du dictionnaire Le Robert, est mort, lemonde.fr
Le dictionnaire Hachette, concurrent direct de Larousse et du Robert, est plus jeune qu’eux : il est publié pour la première fois en 1980 par les éditions Hachette Livre.
Parmi les grands dictionnaires de la langue française citons encore le Dictionnaire historique de la langue française et le Dictionnaire culturel en langue française, tous les deux dirigés par Alain Rey, auxquels nous nous référons régulièrement pour répondre à des questions portant sur l’étymologie et la langue française.
Mais aussi le dictionnaire de l’Académie française, le Trésor de la langue française, et enfin le Grand Dictionnaire Terminologique élaboré par l’office québécois de la langue française.
- Histoire du dictionnaire en France, Wikipedia
- Les dictionnaires de la langue française : une histoire et une dynamique, Jean Pruvost
- L'Histoire des dictionnaires, franceinter.fr (interview d’Alain Rey)
- Les dictionnaires du français moderne, academie-francaise.fr
Bonne journée.
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