Claude Levy-Strauss et les révolution néolithique et industr
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/01/2021 à 18h12
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Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous me dire dans quel écrit Claude Levy-Strauss parle-t-il de la "révolution néolithique " et de la "révolution industrielle" comme les événements les plus importants de l'histoire de l'Humanité ?
Merci d'avance pour ce que vous pourrez me dire
Très cordialement
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/01/2021 à 10h33
Bonjour,
La rupture marquée par lesrévolutions néolithique et industrielle est soulignée dans le petit livre Race et histoire [Livre] / Claude Lévi-Strauss ;, publié en 1952.
L'ouvrage, qui s'applique à déconstruire une idée reçue selon laquelle il y aurait deux types de cultures : des cultures "stationnaires", non soumises à l'histoire, perpétuant des modes de vies vus comme plus ou moins éternels ; et des cultures "cumulatives", accumulant les innovations techniques et scientifiques dans une démarche de progrès. Pour Lévi-Strauss, nous avons tendance à parler de cultures stationnaires « non pas nécessairement parce qu’elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de référence que nous utilisons. » Il faut donc se garder d'une approche ethnocentriste de la notion de progrès.
L'idée est résumée de façon limpide dans l'entrée "progrès" de l'Encyclopaedia universalis (consultable en ligne avec vos identifiants BmL :
"Récusant la distinction entre histoire progressive, acquisitive, cumulative et histoire stationnaire, Lévi-Strauss a démontré que le progrès n'est ni nécessaire ni continu . Il procède par bonds, par sauts, par mutations qui s'accompagnent de changements d'orientation. Il est fonction d'une « coalition entre les cultures », d'une « mise en commun des chances » que chaque culture rencontre dans son développement historique. Qualifiées par la diversité culturelle, les sociétés ne convergent donc pas vers un même but. "
Pour autant, remarque l'anthropologue dans Race et histoire, "la civilisation occidentale s'est montrée plus cumulative que les autres ; qu'après avoir disposé du même capital néolithique initial, elle a su apporter des améliorations (écriture alphabétique, arithmétique et géométrie) dont elle a d'ailleurs rapidement oublié certaines ; mais qu'après une stagnation qui, en gros, s'étale sur deux mille ou deux mille cinq cents ans (du 1er millénaire avant l'ère chrétienne jusqu'au XVIIIe siècle environ), elle s'est soudainement révélée comme le foyer d'une révolution industrielle dont, par son ampleur, son universalité et l'importance de ses conséquences, la révolution néolithique seule avait offert jadis un équivalent .
Deux fois dans son histoire , par conséquent, et à environ dix mille ans d'intervalle, l'humanité a su accumuler une multiplicité d'inventions orientées dans le même sens ; et ce nombre, d'une part, cette continuité, de l'autre, se sont concentrées dans un laps de temps suffisamment court pour que des hautes synthèses techniques s'opèrent ; synthèses qui ont entraîné des changements significatifs dans les rapports que l'homme entretient avec la nature et qui ont, à leur tour, rendu possibles d'autres changements."
Toutefois, dans les pages qui suivent, Lévi-Strauss apporte deux nuances : d'abord, si ces deux événements sont si importants, c'est qu'ils correspondent aux critères de progrès de l'humanité occidentale moderne, et, à ce titre, ce sont les seules grandes révolutions techniques qui lui sont pleinement concevables - ce qui n'exclut pas qu'il y en ait d'autres, dans d'autres cultures, mais que nous ne pouvons pas, du fait de notre tradition intellectuelle, appréhender comme telles. Ensuite, si elle a débuté en occident, la révolution industrielle procède des mêmes buts et mécanismes intellectuels que la révolution néolithique, ce qui doit conduire l'occident à ne pas céder au triomphalisme, puisque cette dernière s'est produite quasi simultanément en Europe, au Proche orient, dans la vallée de l'Indus, en Chine, et sans doute dans l'Amérique précolombienne.
Bonne journée.
La rupture marquée par les
L'ouvrage, qui s'applique à déconstruire une idée reçue selon laquelle il y aurait deux types de cultures : des cultures "stationnaires", non soumises à l'histoire, perpétuant des modes de vies vus comme plus ou moins éternels ; et des cultures "cumulatives", accumulant les innovations techniques et scientifiques dans une démarche de progrès. Pour Lévi-Strauss, nous avons tendance à parler de cultures stationnaires « non pas nécessairement parce qu’elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de référence que nous utilisons. » Il faut donc se garder d'une approche ethnocentriste de la notion de progrès.
L'idée est résumée de façon limpide dans l'entrée "progrès" de l'Encyclopaedia universalis (consultable en ligne avec vos identifiants BmL :
"Récusant la distinction entre histoire progressive, acquisitive, cumulative et histoire stationnaire, Lévi-Strauss a démontré que
Pour autant, remarque l'anthropologue dans Race et histoire, "la civilisation occidentale s'est montrée plus cumulative que les autres ; qu'après avoir disposé du même capital néolithique initial, elle a su apporter des améliorations (écriture alphabétique, arithmétique et géométrie) dont elle a d'ailleurs rapidement oublié certaines ; mais qu'après une stagnation qui, en gros, s'étale sur deux mille ou deux mille cinq cents ans (du 1er millénaire avant l'ère chrétienne jusqu'au XVIIIe siècle environ), elle s'est soudainement révélée comme le foyer d'
Toutefois, dans les pages qui suivent, Lévi-Strauss apporte deux nuances : d'abord, si ces deux événements sont si importants, c'est qu'ils correspondent aux critères de progrès de l'humanité occidentale moderne, et, à ce titre, ce sont les seules grandes révolutions techniques qui lui sont pleinement concevables - ce qui n'exclut pas qu'il y en ait d'autres, dans d'autres cultures, mais que nous ne pouvons pas, du fait de notre tradition intellectuelle, appréhender comme telles. Ensuite, si elle a débuté en occident, la révolution industrielle procède des mêmes buts et mécanismes intellectuels que la révolution néolithique, ce qui doit conduire l'occident à ne pas céder au triomphalisme, puisque cette dernière s'est produite quasi simultanément en Europe, au Proche orient, dans la vallée de l'Indus, en Chine, et sans doute dans l'Amérique précolombienne.
Bonne journée.
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