Question d'origine :
Bonjour, Je m’intéresse au maxime « connais-toi toi-même » et j’aimerais savoir en quelle année on a trouvé la plaque contenant l’inscription. Merci!
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/02/2021 à 09h39
Bonjour,
L’expression en grec ancien Gnothi seauton, « connais-toi toi-même », était l’un des trois préceptes gravés à l'entrée du temple de Delphes, érigé au cours du du IVe siècle av. J.-C., sur les restes d'un temple plus ancien datant du VIe siècle av. J.-C.
Le témoignage le plus ancien sur cette inscription qui soit parvenu jusqu’à nous est celui de Platon dans son Charmide, rédigé soit en 405 av J.-C., soit en 388 av J.-C.. La Description de Delphes de Pausanias le Périégète (né vers l’an 115, et mort vers l’an 180) confirme l’existence de cette inscription.
Voici les précisions que nous trouvons dans le mémoire de Jean Provençal, Le sens premier du « connais-toi toi-même » Ou la connaissance de soi avant Socrate :
« Le premier temple dont on a trouvé des vestiges substantiels est celui qui fut construit en pierre par les architectes béotiens Trophonios et Agamédès dans la seconde moitié du VIIe siècle : un temple de luxe, tout en pierres, construit au-dessus du site oraculaire de Gâ. En 548, selon Hérodote, le temple fut incendié. Puis, il fut reconstruit en plus grand avec façade de marbre grâce aux dons d'une souscription panhellénique, le tout fut supervisé par la famille aristocratique athénienne des Alcméonides alors en exil à Delphes. C'est sur ce dernier temple qu'auraient été inscrites les maximes, dont le « Connais-toi toi-même » ainsi que le « E » delphique. […]
Nous disions donc que le « Connais-toi toi-même » aurait été inscrit sur le temple d'Apollon. En fait, il faisait partie d'un ensemble de maximes. Difficile d'être plus précis car, déjà dans l'antiquité, on ne s'entendait ni sur le nombre ni sur les auteurs de ces maximes. Pour ce qui est de leur nombre, on peut se faire une idée de l'ampleur des variations possibles en comparant la liste du gymnase de Théra, qui ne cite que les quatre maximes les plus connues, avec celle du gymnase de Miletopolis, qui n'en compte pas moins de cinquante-six. Les sources les plus sérieuses parlent de trois maximes, mais, la plupart du temps, on n'en mentionne que deux. : « Connais-toi toi-même » et « Rien de trop ». À cet égard, les témoignages concordants de Platon, le plus vieux que nous ayons, et celui de Plutarque, nous sont les plus précieux. Témoignages de premier ordre en effet pour la place d'importance que chacun fit à l'oracle dans leur œuvre : Platon en lui donnant un rôle essentiel dans la législation de la cité parfaite ; Plutarque, dans sa vie même, devenant prêtre et défenseur de l'oracle de Delphes. Les trois maximes qu'ils mentionnent sont les suivantes (les deux premières étant les plus fréquemment citées): « gnoti sauton / connais-toi toi-même », « mêden agan / rien de trop », « eggua, para d'atê / prendre un engagement, c'est s'exposer à un égarement fatal ». Cependant, et malgré de nombreux passages témoignant en faveur de leur présence sur les murs du temple d'Apollon Pythien, aucune trace de ces maximes n'a été trouvée lors des fouilles de Delphes. Pourtant, au IIe siècle de notre ère, Pausanias rapporte encore que « Dans le pronaos du temple sont gravés d'utiles conseils concernant la vie humaine...» dont les fameux « Connais-toi toi-même» et «Rien de trop» (...)», et, comme Platon dans le Protagoras, il attribue ces maximes aux Sept Sages. Plutarque, dans son traité Du bavardage, dit plutôt que ce serait les Amphictyons qui les y firent graver — ce qui n'exclut pas, il est vrai, que les sages aient pu en être les auteurs...
2.2-Des maximes de sagesses
Quant à vérifier s'il en fut effectivement ainsi, c'est impossible. Encore ici, l'impuissance de l'histoire nous oblige à nous en remettre aux légendes. Car il faut bien l'avouer, l'existence même du collège des Sept Sages est problématique. D'une part, ces hommes illustres provenaient des quatre coins de la Grèce et d'autre part, il n'est pas certain qu'ils aient tous vécu à la même période. On n'a qu'à consulter les quelques lignes que leur consacre Diogène Laërce pour être confronté à l'embarras dans lequel nous laissent les différents témoignages. On ne s'entend ni sur le nombre ni sur l'identité de ces sages, chacun sélectionnant les candidats selon ses intérêts et convictions. Ce qui est clair, c'est que ces maximes sont associées à la sagesse grecque du VIe siècle, fin du VIIe, et, qu'en les inscrivant à Delphes, c'est cette sagesse même que l'on liait à l'Oracle. Là-dessus, je pense comme J. Defradas dans Les thèmes de la propagande delphique qui dit, qu' « en les adoptant, le clergé d'Apollon avait revendiqué pour son dieu le rôle d'un dieu de sagesse. » Qu'ensuite les responsables de l'oracle aient fait courir la légende d'une offrande des Sept Sages en l'honneur du dieu de Delphes, cela semble être en parfait accord avec la façon de faire delphique, du moins, telle que nous la restitue J. Defradas. Une chose cependant témoigne en faveur de l'existence des Sept Sages : ils vécurent aux alentours duVIIe et VIe siècle av. J.-C, période où la célébrité de l'Oracle atteignit son apogée, attirant de nombreux penseurs et artistes. Il est ainsi à peu près certain que de tels sages séjournèrent à Delphes à un moment ou à un autre. Qu'ils se soient rassemblés, par exemple, lors d'un banquet comme le suggère Plutarque, il est facile de l'imaginer. »
Aucune source que nous avons consultée ne mentionne une plaque du temple qui aurait été retrouvée et qui porterait cette inscription. Votre question concerne-t-elle un autre site archéologique ? N’hésitez pas à poser une nouvelle question via "je pose ma question" avec davantage de précisions si cette réponse est hors sujet.
Pour aller plus loin :
Inscriptions de Delphes, Jean Bousquet, Bulletin de Correspondance Hellénique Année 1956 80 pp. 547-597
Question sur les préceptes de Delphes adressée au service Interroge
Bonne journée.
L’expression en grec ancien Gnothi seauton, « connais-toi toi-même », était l’un des trois préceptes gravés à l'entrée du temple de Delphes, érigé au cours du du IVe siècle av. J.-C., sur les restes d'un temple plus ancien datant du VIe siècle av. J.-C.
Le témoignage le plus ancien sur cette inscription qui soit parvenu jusqu’à nous est celui de Platon dans son Charmide, rédigé soit en 405 av J.-C., soit en 388 av J.-C.. La Description de Delphes de Pausanias le Périégète (né vers l’an 115, et mort vers l’an 180) confirme l’existence de cette inscription.
Voici les précisions que nous trouvons dans le mémoire de Jean Provençal, Le sens premier du « connais-toi toi-même » Ou la connaissance de soi avant Socrate :
« Le premier temple dont on a trouvé des vestiges substantiels est celui qui fut construit en pierre par les architectes béotiens Trophonios et Agamédès dans la seconde moitié du VIIe siècle : un temple de luxe, tout en pierres, construit au-dessus du site oraculaire de Gâ. En 548, selon Hérodote, le temple fut incendié. Puis, il fut reconstruit en plus grand avec façade de marbre grâce aux dons d'une souscription panhellénique, le tout fut supervisé par la famille aristocratique athénienne des Alcméonides alors en exil à Delphes. C'est sur ce dernier temple qu'auraient été inscrites les maximes, dont le « Connais-toi toi-même » ainsi que le « E » delphique. […]
Nous disions donc que le « Connais-toi toi-même » aurait été inscrit sur le temple d'Apollon. En fait, il faisait partie d'un ensemble de maximes. Difficile d'être plus précis car, déjà dans l'antiquité, on ne s'entendait ni sur le nombre ni sur les auteurs de ces maximes. Pour ce qui est de leur nombre, on peut se faire une idée de l'ampleur des variations possibles en comparant la liste du gymnase de Théra, qui ne cite que les quatre maximes les plus connues, avec celle du gymnase de Miletopolis, qui n'en compte pas moins de cinquante-six. Les sources les plus sérieuses parlent de trois maximes, mais, la plupart du temps, on n'en mentionne que deux. : « Connais-toi toi-même » et « Rien de trop ». À cet égard, les témoignages concordants de Platon, le plus vieux que nous ayons, et celui de Plutarque, nous sont les plus précieux. Témoignages de premier ordre en effet pour la place d'importance que chacun fit à l'oracle dans leur œuvre : Platon en lui donnant un rôle essentiel dans la législation de la cité parfaite ; Plutarque, dans sa vie même, devenant prêtre et défenseur de l'oracle de Delphes. Les trois maximes qu'ils mentionnent sont les suivantes (les deux premières étant les plus fréquemment citées): « gnoti sauton / connais-toi toi-même », « mêden agan / rien de trop », « eggua, para d'atê / prendre un engagement, c'est s'exposer à un égarement fatal ». Cependant, et malgré de nombreux passages témoignant en faveur de leur présence sur les murs du temple d'Apollon Pythien, aucune trace de ces maximes n'a été trouvée lors des fouilles de Delphes. Pourtant, au IIe siècle de notre ère, Pausanias rapporte encore que « Dans le pronaos du temple sont gravés d'utiles conseils concernant la vie humaine...» dont les fameux « Connais-toi toi-même» et «Rien de trop» (...)», et, comme Platon dans le Protagoras, il attribue ces maximes aux Sept Sages. Plutarque, dans son traité Du bavardage, dit plutôt que ce serait les Amphictyons qui les y firent graver — ce qui n'exclut pas, il est vrai, que les sages aient pu en être les auteurs...
2.2-Des maximes de sagesses
Quant à vérifier s'il en fut effectivement ainsi, c'est impossible. Encore ici, l'impuissance de l'histoire nous oblige à nous en remettre aux légendes. Car il faut bien l'avouer, l'existence même du collège des Sept Sages est problématique. D'une part, ces hommes illustres provenaient des quatre coins de la Grèce et d'autre part, il n'est pas certain qu'ils aient tous vécu à la même période. On n'a qu'à consulter les quelques lignes que leur consacre Diogène Laërce pour être confronté à l'embarras dans lequel nous laissent les différents témoignages. On ne s'entend ni sur le nombre ni sur l'identité de ces sages, chacun sélectionnant les candidats selon ses intérêts et convictions. Ce qui est clair, c'est que ces maximes sont associées à la sagesse grecque du VIe siècle, fin du VIIe, et, qu'en les inscrivant à Delphes, c'est cette sagesse même que l'on liait à l'Oracle. Là-dessus, je pense comme J. Defradas dans Les thèmes de la propagande delphique qui dit, qu' « en les adoptant, le clergé d'Apollon avait revendiqué pour son dieu le rôle d'un dieu de sagesse. » Qu'ensuite les responsables de l'oracle aient fait courir la légende d'une offrande des Sept Sages en l'honneur du dieu de Delphes, cela semble être en parfait accord avec la façon de faire delphique, du moins, telle que nous la restitue J. Defradas. Une chose cependant témoigne en faveur de l'existence des Sept Sages : ils vécurent aux alentours duVIIe et VIe siècle av. J.-C, période où la célébrité de l'Oracle atteignit son apogée, attirant de nombreux penseurs et artistes. Il est ainsi à peu près certain que de tels sages séjournèrent à Delphes à un moment ou à un autre. Qu'ils se soient rassemblés, par exemple, lors d'un banquet comme le suggère Plutarque, il est facile de l'imaginer. »
Aucune source que nous avons consultée ne mentionne une plaque du temple qui aurait été retrouvée et qui porterait cette inscription. Votre question concerne-t-elle un autre site archéologique ? N’hésitez pas à poser une nouvelle question via "je pose ma question" avec davantage de précisions si cette réponse est hors sujet.
Inscriptions de Delphes, Jean Bousquet, Bulletin de Correspondance Hellénique Année 1956 80 pp. 547-597
Question sur les préceptes de Delphes adressée au service Interroge
Bonne journée.
Commentaire de
Moka :
Publié le 19/02/2021 à 11:53
Bonjour,
Donc, pour être plus précise, lorsque nous avons fait des fouilles en Grèce pour trouver des vestiges et que nous avons découvert l’inscription « connais-toi toi-même », c’était en quelle année?
Merci!
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/02/2021 à 12h20
Bonjour,
La formulation de notre première réponse n'était peut-être pas claire : d'après les sources que nous avons consultées, l'inscription "connais-toi toi-même" du temple de Delphes n'a pas survécu jusqu'à nous, ou du moins n'a jamais été retrouvée. Nous ne pouvons donc pas vous fournir d'année de découverte pour cette inscription.
Si votre question concerne une inscription trouvée sur un autre site archéologique, merci de nous fournir des précisions qui nous permettront d'orienter nos recherches : de quel site s'agit-il ? Avez-vous une référence d'article, site internet, ouvrage, etc, qui mentionne cette plaque ? Car les recherches que nous avons menées ne nous donnent aucune piste...
La formulation de notre première réponse n'était peut-être pas claire : d'après les sources que nous avons consultées, l'inscription "connais-toi toi-même" du temple de Delphes n'a pas survécu jusqu'à nous, ou du moins n'a jamais été retrouvée. Nous ne pouvons donc pas vous fournir d'année de découverte pour cette inscription.
Si votre question concerne une inscription trouvée sur un autre site archéologique, merci de nous fournir des précisions qui nous permettront d'orienter nos recherches : de quel site s'agit-il ? Avez-vous une référence d'article, site internet, ouvrage, etc, qui mentionne cette plaque ? Car les recherches que nous avons menées ne nous donnent aucune piste...
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